mardi 4 juillet 2017

Le 10 Years After des 10 Years After – N°5

The Red Room – Venus (2006)

Post-blues. Le plus fou, ce n'est pas que The Red Room soit un chef-d’œuvre. Venus avait toujours été un très bon groupe, et Mark Huyghens avait souvent caressé de très près la perfection (notamment sur le précédent Vertigone, sommet de pop cristalline presque complètement éclipsé par un hit en trompe-l’œil). Ce n'est pas non plus que The Red Room se soit finalement avéré être l'ultime album des Belges, tant le fonctionnement interne de ce qui ressemblait plus à collectif qu'à un bon vieux combo semblait compliqué et peu maniable (ce que nous confirma plus son tard son ex-frontman en interview). Non, le plus fou, c'est que cet album soit à ce point passé inaperçu au moment de sa sortie. Qu'un disque d'une telle valeur, produit par Head (PJ Harvey, Marianne Faithfull, Giant Sands) et signé par un groupe sortant d'un énorme tube ("Beautiful Day", donc) ait eu si peu de presse, si peu de retentissement et, finalement, si peu de postérité. C'est une véritable anomalie car The Red Room n'est pas seulement le meilleur album de ses (son ?) auteur(s), ni même l'un des meilleurs de l'année 2006. C'est assurément l'un des meilleurs des années 2000 – tout court. Un ouvrage dur et revêche, entre art-rock et blues sauvage, produit et arrangé de main de maître et emmené par une voix qui n'a jamais sonné aussi juste, puissante et vraie. Un album dont pas un titre... pas une seconde n'est à jeter ni ne lasse, en dépit de centaines... peut-être de milliers d'écoute. Un album, surtout, qui se paie le luxe, souvent revendiqué mais tellement rare de nos jours, de ne ressembler à personne - en tout cas personne de contemporain, car il n'est pas interdit de penser qu'il aura pu inspirer des gens Mark Lanegan ou Duke Garwood pour leurs productions les plus récentes, qui ne manquent pas d’accointances avec ce post-blues-rock ténébreux, tendu, sophistiqué... résolument moderne. Ceux qui n'ont pas parlé de ce disque méritent tout simplement la potence (ouf ! Sur Le Golb, on l'avait mis dans le classement de fin d'année... même si on ne lui avait pas accordé d'article jusqu'à ce jour1). Et vous savez le pire ? S'il était sorti un an après, au moment de l'âge d'or des blogs et de l'explosion des réseaux sociaux, il aurait sans doute eu dix fois plus de succès. Vraiment pas de bol, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.



Aussi conseillé sur cette période 2006-16 : il n'y en a pas eu
Face B : JOY, de JOY (2010), premier album du désormais plus si nouveau projet de Mark A. Huygens, et suite presque logique à The Red Room.



1. En fait, il avait eu droit à une mini-chronique dans une sélection trimestrielle qui a été perdue dans un déménagement du Golb  - lequel n'existait que depuis une poignée de semaines à sa sortie.

17 commentaires:

  1. Oh cool, on va avoir un article dédié pour chacun des 5 premiers :-)

    Bon je ne connais pas cet album sinon (vaguement le groupe) mais apparemment c'est normal...

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    1. Et même deux articles pour le 4e, trois pour le 3e, quatre pour le 2e et 5 pour le premier, plus un bonus ;-)

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  2. C'est album est fou tu le dis très bien, c'est un grand disque inconnu qui est sorti à une époque où les grands disques inconnus n'existent presque plus. Je l'adore et je suis toujours étonné de voir que même maintenant il n'a pas du tout la reconnaissance qu'il devrait avoir.

    Par contre l'extrait, c'est vraiment pas le meilleur morceau...

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    1. Je suis d'accord, j'aurais préféré mettre "Who the Fuck Gave You This Invitation?" ou "Everybody Wants to Be Loved" mais la non-notoriété de l'album fait que je n'avais pas beaucoup de choix.

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  3. J'allais faire ma vanne rituelle sur les mauvais disques et là... Le drame, je lance la musique, c'est vachement bien.

    Je vais essayer de trouver cet album.

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    1. HA HA HA HA HA HA HA !

      Il m'a fallu 101 LPs avant d'y parvenir, mais je savais bien que je finirais par t'avoir ;-))

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  4. J'ai une légère préférence pour "Vertigone" (pas la "golbodécade", je sais, je sais), mais tous les albums de Venus sont des splendeurs chacun dans son genre.

    Je ne pensais pas retrouver Red Room si haut mais ça ne me déplaît pas ;)

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    1. Je ne pensais pas le mettre si haut non plus au départ.

      Bon, il était déjà assez haut dans la première liste (je dirais Top 20).

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  5. Ok arrête tout ce que tu fais et prépare le mouchoir :

    https://www.jadwio.fr/boutique/

    Putain 10 ans!!

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    1. Je suis au courant (je suis "ami" avec Bortek sur Facebook ^^).

      C'est marrant parce que tu es la deuxième personne à me dire ça en très peu de temps, à se demander si je ne suis pas le seul fan de Jad Wio que vous connaissez tous.

      Oh, wait... :-(

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  6. suite à cet article et la participation du chanteur sur d'excellents titres du projet Valparaiso, un ami m'a prêté Vertigo et the Red Room. Deux disques excellents et assez différents. le premier est plus lumineux, sans doute plus accessible, celui que j'ai préféré en première écoute. mais je comprend bien pourquoi tu mets celui ci en avant: plus sombre, et avec des textes qui semble plus importants, qui semblent aller chercher les sentiments humains désagréables, se frotter à la réalité.
    tu dis que ce disque ne ressemble à personne, moi il m'a fait penser à plein de choses. tu vas peut etre bondir, mais j'y ai entendu du Placebo ("Who the Fuck Gave you this invitation") et meme du... Muse ("Love& Loss", et aussi des titres plus calmes, comme le dernier, je trouve que Huygens a parfois des accents de Belamy)
    mais sur l'ensemble de l'album, ca m'a l'air assez unique; le terme de Post Blues est extrêmement bien trouvé.
    dommage que je découvre ca si tard, ca m’empêche certainement de les apprécier à leur juste valeur et de les placer dans mon panthéon...

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    1. Content d'avoir pu permettre cette découverte. Je vois très bien ce que tu veux dire quand tu parles de Muse, d'ailleurs les deux groupes, dont les premiers albums sont parus en même temps, ont souvent été rapprochés à leurs débuts (sous l'angle des "héritiers de Radiohead", bien évidemment, même si c'était beaucoup plus flagrant chez Muse). L'un et l'autre ont d'ailleurs dérivé vers une forme de rock progressif, mais plutôt bourrin et pompier pour Muse, et plus arty pour Venus (en gros, les deux aiment beaucoup Genesis, mais pas du tout les mêmes albums ^^).

      Je ne vois en revanche pas trop le rapport avec Placebo ("Who the Fuck" me paraît dix fois plus intense et aride que n'importe quel hit de Placebo même s'il y a peut-être un truc dans la mélodie de voix...), il doit quand même y avoir des références un peu plus flatteuses (même si je ne déteste pas Placebo), genre Nick Cave ou PJ Harvey... mais bon... pourquoi pas.

      Si tu as aimé ces deux albums, il t'en reste encore quelques uns à découvrir, à commencer par ceux de JOY (qui sont dans la droite ligne de The Red Room), mais également les premiers Venus qui sont aussi très bon (Welcome to the Modern Dancehall part dans tous les sens mais presque tous ses titres sont des tubes en puissance, quant à l'album "philharmonique" - qui peut presque être envisagé comme un album original tant il est différent du studio - il souligne bien, un peu par l'absurde, comme Venus n'avait rien à voir avec Muse, parce que c'est un peu le contrepied absolu à tous les albums de rock symphoniques enregistrés depuis l'invention des albums de rock symphonique, alors que Muse on n'ose même pas imaginer de quoi une démarche similaire pourrait accoucher ^^)

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    2. ah mais oui, le lien s'explique! j'avais complètement oublié cette période où Muse était présenté comme un héritier de Radiohead (il faut dire qu'aujourd'hui ca parait incroyable). Mais maintenant que tu replaces dans le contexte, effectivement (Radiohead a été la première référence à s'imposer à moi à l'écoute de Vertigo), étonnant d'ailleurs que je sois passé à coté de Venus car j'étais assez attentif à ca à l'époque (cela dit la moitié des groupes qui sortaient un disque de pop mélodique vaguement triste était rapproché de Radiohead). j'ai quand meme instantanément reconnu le tube "Beautiful Day", que je n'aurai su connecter à aucun groupe avant.
      bref je vais m'intéresser au premier disque. Particulier aussi le coup du live symphonique dès le deuxième album !


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    3. Eh oui, la belle époque du "nouveau Radiohead du mois" ^^

      Au final Venus était peut-être le seul à être vraiment intéressant, en tout cas c'est le seul dont j'ai réellement suivi la carrière par la suite, les autres je me souviens de quelques noms mais je serais à peu près incapable de dire ce qu'ils sont devenus. Ironiquement, Vertigone évoque sans doute beaucoup plus Radiohead que l'album qui leur avait valu de devenir le nouveau Radiohead du mois en 1999, comme quoi... ^^

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    4. ah ah ! j'y suis presque arrivé dans la rétrospective de mes vieilles cassettes, peut être vais je tomber sur un de ces fameux nouveaux Radiohead (curieusement je n'arrive pas à retrouver un nom en particulier, tu pensais à quoi ?)
      j'ai déjà exhumé récemment Our Lady Peace, qui sortait son 3eme disque alors et qu'on m'avait présenté sans rire comme les nouveaux Smashing Pumpkins. Et je crois que les nouveaux Nirvana (alias Silverchair) sortaient aussi leur 3eme disque.
      Quelle époque, l'une des meilleures période de ma vie....

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    5. Arid, Stomy Sleep, Addict, I Am Kloot, Unbelievable Truth...

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