jeudi 25 avril 2013

This Is Not a Rebel Song

...
Comme tous les ados tombés amoureux du premier album de Placebo en 1996, je n'éprouve qu'une indifférence un peu gênée pour tout ce que le groupe a pu produire par la suite. Je n'ai jamais ressenti de véritable trahison lorsque le petit combo bruyant et nihiliste a viré mainstream, car quelque part le groupe portait en lui le germe de sa propre décadence (il suffisait de lire une interview de Brian Molko à l'époque pour deviner comment tout cela allait se terminer). Je n'ai jamais réellement pu reprocher au groupe d'avoir voulu faire autre chose, ni d'avoir vendu des palanquées de disques chez les fans d'Indochine, et même pas d'avoir squatté les ondes tellement longtemps en 2003-04 que même au moment d'écrire cette chronique, je n'ai pas trouvé la force de réécouter "The Bitter End". J'en ai voulu à Billy Corgan de reformer les Smashing Pumpkins. J'en ai voulu à Rivers Cuomo de se mettre à enregistrer des albums à peine dignes d'illustrer des vidéos de skateboard. Je n'ai jamais complètement pardonné à Pavement l'existence de The Terror Twlight ou à Beck de devenir une icône pour lecteurs de Télérama... mais curieusement, je n'ai jamais ressenti la moindre amertume à l'égard de Placebo, que je n'aimais pourtant pas moins, au milieu des années quatre-vingt-dix. Sans doute qu'au fond de moi, je savais qu'il ne pouvait y avoir qu'un seul "Teenage Angst", un seul "36 Degrees". Sans doute n'ai-je jamais réellement cru en l'avenir de ce groupe, du moins tel qu'il existait en 1996 ou 1997.

C'est donc de loin et avec parfois un certain amusement que j'ai suivi l'évolution de sa carrière. Ces albums qui étaient toujours plus produits, toujours plus poseurs, et qui bizarrement avaient toujours plus de succès. Je ne me retrouvais plus dans le groupe, du tout. Ç'aurait aussi pu en être un autre portant le même nom que je n'aurais pas vu de différence : tout ce qui était bien - ou du moins tout ce que j'aimais - dans Placebo n'était déjà plus dans Without You, I'm Nothing. Mais dans le fond, même si le groupe avait décliné son premier album durant les quelques années suivantes, ça n'aurait plus non plus été pareil. Placebo était le groupe d'un album et encore, peut-être même pas : juste le groupe d'une poignée de chansons sentant la branlette et le mauvais déodorant qu'on vaporise après avoir fumé en cachette. Je n'allais tout de même pas en vouloir à Brian Molko de ne pas avoir succombé à une O.D. un soir de 97, ni d'avoir voulu continuer à faire ce qu'il aimait et que, de toute évidence, plein de gens aimaient aussi. Marrant, quand j'y pense, que j'aie toujours éprouvé une coupable sympathie pour un type aussi profondément antipathique.


Sleeping with Ghosts est sans doute, objectivement, l'album le plus abouti du groupe. C'est-à-dire le plus mûr et donc le plus fade. Il marque un tournant dans la carrière de Placebo non pas tant parce qu'il aura un succès dépassant l'entendement humain, que parce que jusqu'à lui, le trio arrivait encore à se faire occasionnellement violence et à laisser percevoir une émotion ou deux sous le rimmel L'Oréal. Avec Sleeping with Ghosts, tout cela est terminé : c'est carré mais rien n'est caché dans les coins. C'est du rock Monsieur Propre, net, sans bavure et sans âme. L'interview qui paraît ce mois-là dans Rock & Folk parvient à résumer l'album sans même avoir besoin d'en parler : Molko se répand sur le piratage (à l'époque on se préoccupe encore beaucoup de la copie CD... ce qui résume - aussi - bien involontairement tout le décalage qui a toujours existé entre l'industrie du disque et la réalité à laquelle elle entendait s'attaquer, vu qu'en 2003, on était tous passés depuis longtemps au p2p) et soudain, au milieu de considérations sommes toutes défendables1, lâche une punchline qui fait encore trembler bien des fans "Et qui va payer l'école de nos enfants ?" Voilà, c'était fini. Neuf mots avaient suffi : on savait désormais que Brian Molko n'était pas un punk. Pas qu'on y croyait beaucoup avant : on était plus là dans la confirmation que dans la révélation. Mais subitement, cette interview dramatique venait sonner le glas du groupe en révélant à ceux qui en doutaient encore que ses poses sex, drugs & rock'n'roll n'étaient que cela : des poses. Que le nihilisme affecté de "Protect Me from What I Want" (ou, sur l'album d'avant, de "Special K") n'était qu'une mauvaise performance d'acteur. Peut-être que pour lui c'était cela, créer. Quatre ans plus tard, il attaquerait Voici pour avoir publié des clichés de lui en bon père de famille. On en a beaucoup ri ; ce n'était pas si drôle : cela disait tout de la mue qui s'était opérée au fil des années. Mieux : cela démontrait combien le songwriter, en vrai fétichiste rock, savait comme ce genre de chose (qui aurait pu arriver à bien des rockstars des générations précédentes, ne nous leurrons pas) pouvait détruire non un succès, mais une crédibilité. Tout le monde s'est payé sa tronche quand dans le fond, il n'avait pas forcément tort. Le rock'n'roll est affaire de détails, pour ne pas dire que tout ce qui la fait différence entre un groupe qui écrit de bonnes chansons rock et un grand groupe de rock n'est qu'affaire d'image - de fantasme.

Pourtant, même si je ne l'écoute jamais, j'aime bien ce Sleeping with Ghosts. D'ailleurs, hormis le dernier qui est franchement pénible, j'ai une relative sympathie pour tous les albums de Placebo. Je ne suis pas loin de penser que cet album et les singles qu'il a générés sont ce que le rock mainstream a offert de mieux ces dix dernières années - c'est-à-dire qu'à l'époque encore, on pouvait entendre de bons morceaux bien foutus à la radio. C'était il y a dix ans et pourtant, chaque fois que j'allume la radio aujourd'hui, j'ai l'impression que c'était il y a un siècle. Après son premier album tout revêche et strident quoique désespérément pop, Placebo s'est progressivement métamorphosé en une machine à (bons) tubes, en un vrai bon groupe à singles dont il demeure rare qu'il ne glisse pas un hit en puissance même au milieu de l'album le plus paresseux et rentier qui soit. Si Molko et ses copains (je ne sais même plus qui sont les membres du groupe aujourd'hui - je m'en fous un peu, à vrai dire) ont récolté plus de moqueries que d'autres, c'est avant tout - soyons un minimum honnêtes - parce que chez eux les hits ne l'ont jamais été qu'en puissance, ce qui n'est pas loin d'être devenu au fil du temps un péché rock mortel. Il a dû leur en falloir de l'aplomb, à tous ces mauvais chroniqueurs des années 2000, pour encenser tout le bassinant revival new wave tout en pissant sur Placebo chaque fois que l'occasion se présentait. Il a dû leur en falloir, de l'abnégation et de l'auto-persuasion, pour ne jamais avoir à écrire que pas un seuls tous ces groupes n'était capable de singles new wave aussi solides, immédiats et efficaces que "Second Sight" ou "This Picture". Au moins Molko, lorsqu'il pompait sans vergogne les classiques du genre, avait-il suffisamment de talent pour le faire avec des refrains imparables et un sens mélodique digne de ce nom. S'il n'avait pas vendu autant de disques, il serait peut-être même devenu culte pour quelques snobs qui se seraient fait un plaisir de ronchonner (et comment leur donner tort ?) des "ouais bof, c'est sympa ton truc mais quitte à écouter du revival new wave, je préfère un bon vieux Placebo - putain j'ai jamais compris que ce groupe n'ait pas plus de succès !" La postérité tient à peu de choses, parfois. Très peu de choses.



👍 Sleeping with Ghosts 
Placebo | Elevator Music/Virgin, 2003


1. Rappelons tout de même, pour ceux qui auraient la mémoire courte et pour les jeunes qui nous lisent et se figurent probablement mal qu'à une époque certains groupes vendaient vraiment des disques, que Brian Molko a sans doute gagné plus d'argent avec ce seul album que tous les artistes de notre dernière sélection mensuelle mis bout à bout sur l'ensemble de leur carrière passée et à venir. Oui, même en comptant Suede.

33 commentaires:

  1. Tu as vraiment un don pour écrire des remarques qui se veulent positives et qui sont, en fait, encore plus méchantes que des critiques :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Attends un peu que je te fasse un compliment, pour vous ;-)

      Supprimer
  2. Ah parce que c'est le même groupe que dans les années 90 en fait? On me dit jamais rien!! :D

    RépondreSupprimer
  3. "une poignée de chansons sentant la branlette et le mauvais déodorant qu'on vaporise après avoir fumé en cachette." GE-NIAL.

    RépondreSupprimer
  4. Je n'étais déjà plus ado en 1996 et il était évident après avoir vu Placebo passer d'une version très crade de Bruise Pristine chez Fierce Panda à Deceptive puis Hut, que le groupe avait des ambitions très mainstream... et une capacité à écrire de grandes chansons pop. Pas pour rien qu'aucun des nombreux imitateurs du groupe dans les années 96-00 n'a duré longtemps...

    Après, c'est sûr que d'album en album et de succès en triomphe, ça ne s'est pas amélioré... Même s'il y a toujours quelque chose à garder dans un album (et même dans le dernier EP) de Placebo.

    "il serait peut-être même devenu culte pour quelques snobs qui se seraient fait un plaisir de ronchonner" à qui tu penses ? :-) Très bon billet encore une fois...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout de suite. Je ne considère tout de même pas le verbe "ronchonner" comme l'immédiat synonyme de LYLE. Tu confonds avec bougonner ;-)

      Supprimer
  5. Ouais ouais, super article etoutetou. Bon après si vous cherchez quelqu'un pour se dévouer pour dire que quand même, Placebo c'est de la grosse merde ben, je suis là hein :D

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On n'a pas vraiment dit que c'était bien en même temps ;)

      Supprimer
    2. Ah si si, moi je l'ai dit, mais comme l'a noté LIL plus je dis ce genre de chose plus que je fais du mal au groupe :D

      Supprimer
  6. Et dire qu'en te lisant, je me suis dit :"Profitons-en pour réécouter ce disque qu'on n'a pas écouté depuis... dix ans". Bon j'ai vite arrêté parce que c'est vite insupportable ;)

    Bizarrement je n'ai pas aimé le premier album de Placebo. Peut-être parce que je l'ai découvert après le deuxième album de Placebo et que tous ceux que j'ai écouté par la suite m'ont apparu comme extraordinairement creux et, comme tu le soulignes, plein de prétention.

    Placebo ce n'est pas tellement du rock. Plus une sorte de pose vaguement romantique pour ados désespérés qui se cherchent musicalement. Et encore moins ce que le rock mainstream a pu offrir de mieux ces dernières années. Quid de celui que tu cites au début, à savoir les Smashing Pumpkins?

    Je trouve même que le "Origin of Symmetry" de Muse (autre groupe dont le "talent" se sera dégonflé à la vitesse d'une baudruche et avec lequel les médias aiment créer une sorte de guéguerre) a plus de gueule que n'importe quel disque de Brian "j'ai toujours des coupes de cheveux incongrues" Molko. Mais bon, en même temps j'ai grandi en écoutant pêle mêle Queen, Nirvana, The Cure, The Doors, Patti Smith, Janis Joplin, Rancid ou The Offspring avant d'écouter Placebo; je ne peux guère être objectif...


    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Défendez Placebo en sauvant Muse des eaux. Vous avez deux heures" :-)

      Je dois dire que j'adore ta punchline sur Placebo, le rock et la pose. Ça sonne tellement bien que j'ai presque envie de faire comme si j'étais d'accord, alors que je ne le suis évidemment pas du tout. D'ailleurs dans les thèmes, la démarches ou les influences, Placebo est fondamentalement plus rock'n'roll que ces gros bourrins de Muse, qui de toute façon n'ont rien à envier à personne dans le genre "pose" et "qui se cherche musicalement". Origin of Symetry a peut-être plus de gueule, en même temps c'est à partir de l'album suivant que Muse devient mainstream ; en 2001, il est encore à ranger dans la catégorie "gros (faux) indé", exactement comme Placebo en 1998. Et puis pour moi, le rock mainstream se mesure à la qualité des singles, or ça fait très (très très très) longtemps que je n'ai pas entendu un single potable de Muse (le dernier devait être "Supermassive Black Hole", qui ne date pas de la semaine dernière). Les singles de Muse sont même souvent particulièrement laids et putassiers, je préfère encore me taper tout le greatest hits de Britney Spears (cela dit je préfère aussi me taper le greatest hits de Britney que n'importe quel album récent de Placebo en entier ^^)

      En revanche, tu n'as pas forcément tort de contester mon affirmation car je m'aperçois du coup que j'ai tout de même oublié quelques groupes de pop et de rock mainstream qui ont plutôt tenu haut le flambeau d'une FM qu'on pouvait écouter sans avoir envie de casser son auto-radio. Finalement, le meilleur du rock mainstream depuis dix ans, c'est sans doute Coldplay. Un groupe qui partage avec Muse et d'autres un certain goût pour l'emphase mais qui en parallèle a toujours été capable d'une certaine finesse dans les mélodies et qui, surtout et à la grande différence d'un Placebo ou d'un Muse, n'a jamais versé dans le racolage actif et a même plutôt connu le succès par accident. Cela dit ça fait longtemps que je n'ai pas bloqué sur un de leurs singles.

      Supprimer
    2. Normal puisque c'est le double inversé. Placebo et Muse, ce sont des groupes mainstream "déguisés" en indé à leur début, alors que Coldplay, c'est un groupe indé qui s'est mis à avoir un succès inimaginable.

      Supprimer
    3. "Placebo et Muse, ce sont des groupes mainstream "déguisés" en indé à leur début, alors que Coldplay, c'est un groupe indé qui s'est mis à avoir un succès inimaginable."

      Mouais... Le raccourci est un peu facile... Placebo (split single chez Fierce Panda) et Muse (deux EP sur un petit label) ont eu des débuts aussi "indé" que Coldplay (un autoprod + un Fierce Panda). Et les trois groupes ont eu avant même leur signature sur un gros label une bonne petite équipe promo derrière eux (et donc beaucoup de presse outre-Manche)...

      Par contre, ce qui est clair c'est qu'en passant comme producteur de leur début à leur premier album de Tipler à Wood ou de Reese à Leckie, Placebo comme Muse montraient bien un désir (le leur ou celui de la maison de disque...) d'avoir un son "facile" d'accès. Alors que Coldplay a toujours gardé la main sur la production de ses disques.

      Supprimer
    4. Je ne suis pas vraiment sûr que tu dises le contraire, tu sais ? ^^

      On en revient toujours à ce vieux débat "qu'est-ce qui définit le mainstream. En ce qui me concerne, peu importe le label, la question n'est pas vraiment là et Muse par exemple était déjà bien mainstream même lorsqu'il était indé...

      Supprimer
    5. Je voulais juste dire que Coldplay était pas plus indé ni musicalement ni par sa carrière que les deux autres.

      Les trois groupes sont d'ailleurs assez similaires : versions bien propres de groupes populaires (Radiohead, Manics), court passage sur le circuit des toilettes avant d'être signé, petite sortie indé pour avoir de la crédibilité alors qu'on a déjà une solide équipe derrière...

      Après il y a un groupe dont le chanteur a l'air d'un gars simple et sympa et deux autres où il a l'air d'un *** se prenant pour une rock-star... :-)

      Supprimer
    6. Tu as peut-être raison. Le type est vraiment sympathique et a beaucoup de dérision, ce qui a tendance à l'épargner parfois. Cf. sa guest hilarante dans Extras, dont on parlait sur ce blog il y a quelques jours. J'ai beau la connaître par cœur, j'éclate de rire à tous les coups ("Coud they be holding the album?"... je ne m'en lasse pas...)

      Supprimer
  7. Ah mais on est totalement d'accord, au contraire. De plus, pour les avoir vus en concert précisément au moment de la sortie d'Absolution, Muse est une imposture racoleuse. Ce n'est pas parce qu'on joue fort qu'on sait faire du rock...Et puis loin de moi l'idée de vouloir défendre Placebo (ou Muse d'ailleurs).

    Totalement d'accord avec Lil sur la place et l'évolution de Coldplay. Il faut dire que Parachutes (très bel album au demeurant) ne sortait pas tellement les guitares en branchant les amplis à fond. Placebo et Muse l'ont fait, y ont certainement cru, et ont de plus été galvanisés par l'accueil critique des débuts. Coldplay est aujourd'hui devenu un truc mammouthesque qui tente de nous faire croire qu'il pratique encore une musique intimiste.

    Et je te déconseille d'écouter un single de leur dernier opus, c'est vraiment très mauvais. Pas efficace hein? Mauvais ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un très bel album, Parachutes... ne pousse pas trop non plus. C'est un bon album, c'est déjà pas mal ;-)

      Je suis évidemment d'accord aussi avec LIL, puisque j'avais même évoqué le cas Coldplay dans un précédent article de cette rubrique (il y a facile trois ans).

      Supprimer
  8. J'ai toujours eu un faible pour les deux premiers. Après, mon intérêt est allé en déclinant et les deux derniers Placebo, je ne les ai même pas écoutés. Par contre, Without You I'm Nothing, je le réécoute assez régulièrement et je ne me lasserai jamais de Pure Morning en somptueuse ouverture.
    Texte très pertinent sinon.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quoi ? Tu n'as pas écouté les deux derniers ? Oh ! Bon ok, moi oui, mais je les ai totalement oubliés ^^

      Supprimer
  9. Moi j'adore ce disque, peut être même plus que le précédent! en tout cas je le réécoute plus souvent....
    pas mal ta réflexion de se dire que Molko ayant toujours été un trou du cul même à la grande époque, on lui en a moins voulu qu'à d'autres de se vautrer par la suite... je n'y avais pas pensé, mais je m'y retrouve effectivement...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "trou du cul", "trou du cul"... je te laisse tes mots;-)

      Supprimer
  10. Article étonnant... tu dis tout et son contraire et tu mets 4 coeurs à cet album que tu n'écoutes jamais comme tout le monde d'ailleurs!
    Pour toute personne en 1996 qui avait dépassé les 15 ans le premier album de Placebo fut une baffe car TRES novateur rythmiquement et avec des textes sexuellement engagés pour l'époque. Je trouve d'ailleurs que Placebo avec Schultzberg était incroyablement plus original qu' il ne le sera jamais avec Hewitt. Pourtant ce qui FAIT un groupe c'est son deuxième album et c'est bel et bien ce qui arrivera à Placebo. "Whitout you..." est le meilleur album du groupe voire de l'année 1998 et c'est ce qui fera le succès de Placebo et évidemment aussi ce qui creusera sa tombe. "Black market.." 3 coeurs. Après c'est le néant, à part pour ceux qui avait 20ans en 2003. Est-ce ton cas Thomas?
    P.S pour Weezer il fallait attendre 2 ans et "Make Believe" qui vaut le détour et quant aux Smashing, "Zeitgeist" est un chef-d'oeuvre (merci Jimmy Chamberlain sobre) passé inaperçu car sonnant trop 90's.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "pour Weezer il fallait attendre 2 ans et "Make Believe"

      Hé mec t'es au courant que Make Belive est pas le 2e album de Weezer rassure-nous ? ;)

      Supprimer
    2. Tout et son contraire ? Je ne vois pas où, tu as des exemples ? En même temps peut-être qu'il vaut mieux écrire tout et son contraire que des énormités telles " le premier album de Placebo fut une baffe car TRES novateur rythmiquement et avec des textes sexuellement engagés pour l'époque". Le premier album de Placebo, que j'ai adoré à l'époque et qui me touche toujours pas mal aujourd'hui, n'a rien de novateur à aucun point de vue, c'est une version Canada Dry de noisy-pop qui doit à peu près tout à un axe Bowie-Pumpkins-Jesus Lizard-Smiths. Quant aux textes, le rock est "sexuellement" engagé depuis un petit moment en 1996, je dirais une bonne trentaine d'années à vue de pif, et on ne trouve pas grand-chose chez Placebo qui soit beaucoup sulfureux que ce qu'on a pu entendre chez les Smiths, les Stones, Velvet et tant d'autres (d'autant que Placebo apparaît à une époque où le sexe choque beaucoup moins). Il y a quelque chose de joliment trash et décadent dans ce disque, cela dit il y a une marge avant qu'on puisse confondre "Nancy Boy" avec un "Stray Cat Blues" ou un "Venus in Furs". Surtout qu'en 1996, le glam-rock et son jeu sur les ambiguïtés sexuelles revient à la mode depuis quelques temps déjà, et que des groupes comme NIN ou Suede sont déjà passés pour décrocher d'énormes tubes avec des chansons traitant de sexe et de défonce à qui-mieux-mieux.

      Je ne vois pas vraiment le problème de mettre 4/6 à un album que je n'écoute jamais. Je possède approximativement 10 000 disques, inutile de dire qu'il y en a un paquet que je n'écoute jamais et que ça ne signifie pas pour autant que ce sont de mauvais de disques. Celui-là, ma nana de l'époque était super fan, je l'ai entendu des milliers de fois souvent à mon corps défendant, ce n'est pas forcément celui que j'ai envie de sortir spontanément (j'écoute même plus souvent le suivant, Meds. C'est dire, parce que je n'écoute jamais Meds non plus ^^)

      Ce n'est pas tout à fait faux, ce que tu dis sur le 2e album, mais il y a tout de même pas mal de contre-exemples ; je ne pense pas que ce soit une grille de lecture qu'on puisse appliquer à tous les groupes, loin de là. Pas besoin du 2e album pour savoir dès 1979 que Joy Division est un groupe majeur, idem pour les Stooges et pas mal d'autres (sans oublier ceux qui n'ont publié qu'un seul album génial pour des raisons X ou Y). A l'inverse, il y a aussi tout un tas d'artistes dont on ne peut pas dire que leurs deuxième album les a FAITS... à commencer par l'idole absolue de Placebo, Bowie, dont on ne peut pas vraiment dire que le deuxième album indique quoi que ce soit de ce qui va suivre...

      Sinon, comme SERIOUS, je n'ai rien compris à ta remarque sur weezer et Make Believe (qui est un chouette album). J'ai compris sur les Pumpkins, en revanche, et j'avoue que j'ai souri car réussir à placer le mot "sobre" dans une phrase concernant Zeitgeist, c'est assez balaise tant ce (bon) album brille par sa prétention et son emphase. En plus en collant le mot "sobre" à Jimmy Chamberlin, genre le problème majeur des Pumpkins c'était Jimmy... genre LE mec qui manquait de sobriété au sein des Pumpkins, c'est ce pauvre Jimmy :-) Cela dit je suis assez d'accord sur le fait que le disque a souffert de son côté années 90. De là à dire qu'il est passé "inaperçu"... Zeitgeist, ça te fera plaisir de l'apprendre puisque tu avais l'air déçu, a été un grand succès et a tapé le Top 10 presque dans tous les pays occidentaux. Donc ça va, je pense que le groupe s'en est pas mal sorti, d'autant que même s'il a été tapé par la critique, elle en a parlé plus qu'à son tour.

      Supprimer
  11. Merci pour ta réponse.
    Concernant tout et son contraire, je n'ai pas trop envie de décomposer chaque phrase pour y trouver des exemples mais dès ma première lecture, eh oui.. il y en eu d'autres, je me suis dit: "ce type est torturé, il devrait choisir! Oui, le premier album de Placebo est un chef-d'oeuvre on en est tous tombé amoureux, le reste c'est de la merde mainstream." Le problème c'est que pour ton article Ten Years After ça ne l'aurait pas fait. Voilà ce qui me gêne, car dès ta 2ème phrase "tu n'éprouve qu'une indifférence un peu gênée pour tout ce que le groupe a pu produire par la suite", alors à quoi bon écrire un papier sur Sleeping with Ghosts ??
    Concernant Jimmy, dont je suis fan, étant batteur moi-même (ceci explique cela), je faisais référence au fait que tu étais déçu de la reformation des Smashing car si j'ai bien compris ce que tu disais de manière sous-jacente c'est qu'après leur séparation ils ne pourraient plus rien faire de mieux. Ce à quoi je répondais que Zeitgeist était un grand album qui méritait une écoute plus attentive...
    Et.. donc petite précision concernant Jimmy l'éponge. Il était à la base de la séparation du groupe en 2000, par conséquent après ces 5 années de cure de désintox, je pensais qu'on pouvait le remercier d'être à la base de leur reformation... voilà ce que je voulais dire.
    Au plaisir de te relire en 2015 pour "Make Believe" ;-

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Aaaaah, c'était ça que tu voulais dire !

      Mais en tant que fan de musique - et musicien de surcroît - tu sais sûrement que les choses sont plus complexes que cela. Quand un groupe te marque, tu continues souvent à l'écouter, même s'il t'intéresse de moins en moins. En plus dans ce cas précis, c'est démultiplié par le fait que l'album a eu un succès tellement énorme que c'était quasiment impossible de passer à côté. Et puis en 2003, le premier album de Placebo n'était si loin, quand on y pense. Il est évident - enfin je crois - que SWG est le dernier Placebo auquel j'ai laissé autant de "chances" que ça. Je n'ai d'ailleurs qu'un souvenir très vague du dernier.

      Je ne dis pas vraiment que le premier album de Placebo est un chef-d’œuvre et que le reste est de la merde mainstream (en tout cas ce n'est pas ce que je voulais dire). D'abord parce qu'avec le recul, le premier Placebo a pas mal de défauts, et est déjà très mainstream (même si à l'époque j'étais trop jeune pour réellement m'en rendre compte). Et en suite parce qu'il n'y a pas réellement d'attaque en règle contre le rock mainstream dans cet article. Je ne suis pas un obsédé de l'underground qui ne jure que par les groupes indés et je n'ai absolument aucun problème avec le mainstream, lorsqu'il est de qualité.

      Sur les Pumpkins, je suis effectivement déçu mais ceci dit la déception ne date pas vraiment de Zeitgeist ; sans aller jusqu'à le considérer comme un "grand album", je le considère comme un album réussi et tout à fait honorable, même si j'ai regretté à l'époque que Corgan ait choisi de faire une espèce de Siamese Dream version blockbuster plutôt que de creuser le sillon de Machina ou de son album solo (dont on reparlera sûrement dans cette rubrique en 2015 ^^). Bon, pour être tout à fait franc, j'ai regretté aussi qu'il reforme le groupe sans James. Même s'il composait peu (et pour cause puisque Corgan ne le laissait jamais placer ses chansons), il est évident pour moi que sa sensibilité et la finesse de son jeu manquent beaucoup aux "nouveaux Pumpkins". Mais Zeitgeist est bon, aucun problème là-dessus (d'ailleurs je suis en train de l'écouter à cette minute, un peu grâce à toi). C'est plutôt Oceania qui m'a affligé. C'est comme si Corgan avait voulu faire un album concentrant quasiment tous les reproches qu'on lui fait depuis plus de vingt ans. Pour te dire, je n'ai même pas écrit une ligne dessus alors que ce groupe m'a traumatisé plus qu'un autre et que j'en connais la moindre face B par cœur. Ca et la posture très hypocrite l'entourant ("je vais faire mon nouvel album gratuitement sur le Net... mais en fait, peut-être qu'avant je vais faire un vrai disque. Oh et puis rééditer mes vieux albums avec des inédits que tout le monde connaît déjà. J'ai quand même des impôts à payer"... le cynisme, c'est ce qui a tué le groupe à mes yeux, plus encore que sa reformation...)

      Supprimer
    2. Ouais enfin sur les Pumpkins faut quand même remettre les pendules à l'heure : quand le groupe a splitté Corgan disait dans les interviews que c'était parce que plus personne ne s'intéressait au rock et qu'il en avait marre de faire des bides (Machina ayant été genre 2 ou 3 chez Billboard ça en dit long sur sa mégalo). Après avec Zwan et son album solo il a essayé de faire des trucs différents qui ont été d'énormes bides et finalement il a fait quoi ? ben il a reformé son vieux groupe pour faire un album de post-grunge. On peut aimer certains titres depuis 2007 et reconnaitre que Corgan est la CARICATURE du mec qui fait des reformations pour des raisons purement commerciales, surtout quand on sait comment s'est reformé le groupe (il a même pas eu les couilles de passer un coup de téléphone aux autres quoi !) On a mille fois le droit d'en vouloir à ce mec, ça me fait halluciner quand je lis que Molko est un "trou du cul" et qu'on va trouver des excuses à Corgan qui n'est qu'une petite pute qui a toujours voulu être être une superstar (une petite pute GENIALE mais une petite pute quand meme ^^) je l'adore comme songwriter mais Corgan a toujours été crevard et cynique, c'est meme pour ça que Cobain le vomissait. Le pseudo album gratuit, s'il le finit il s'empressera de le publier en physique pour presser ses vaches de fans (il a déjà commencer à sortir les eps virtuels dans des coffrets hideux et hors de prix) et le côté gratuit c'est uniquement pour se donner bonne conscience et faire son altruiste.

      Supprimer
    3. Ah mais... je suis assez d'accord avec toi. Où ai-je dit le contraire ? J'irai même plus loin : les Smashing Pumpkins d'aujourd'hui ne sont pas une reformation, dans la mesure où Chamberlin, le seul membre originel avec Corgan, a joué dans tous ses projets durant la période où le groupe n'existait officiellement plus. On est plus proche de la "reformation" des Guns'N'Roses que de n'importe quoi d'autre. Il a juste repris le nom, mais je peux comprendre que certains fans considèrent que le groupe actuel n'est pas les Pumpkins (même si ce n'est pas mon avis).

      Quand je parlais de cynisme, ce n'était pas dans la démarche mais dans la musique elle-même ; il y avait une vraie candeur chez les Pumpkins, un côté premier degré sur-affirmé qui en faisait quelque chose de très pur. Corgan était peut-être cynique au quotidien, mais il ne trichait pas sur les albums. L'émotion n'était pas affectée.

      Supprimer
  12. C'est très intéressant car c'est la première fois que j'écris plus de deux commentaires sur un blog... découvert par hasard en cherchant des infos sur Game Of Thrones!
    Mais comme aussi par hasard le jour de mes recherches il y avait un article avec une intro "accrocheuse" et dans le premier paragraphe le nom de trois groupes phares de ma vingtaine que je connais bien et que j'ai pu apprécié en live à plusieurs reprises, je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire...
    Merci pour tes réponses fouillées et parfois plus pondérées et constructives dans les commentaires que dans l'écriture de tes textes. Tu a gagné un nouveau lecteur occasionnel!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Écoute, on appelle ça la politesse, je crois :-)

      A bientôt, alors.

      Supprimer

Si vous n'avez pas de compte blogger, choisir l'option NOM/URL et remplir les champs adéquats (ce n'est pas très clair, il faut le reconnaître).