vendredi 8 février 2013

[GOLBEUR EN SÉRIES] Semaine 20

Cette semaine, trois blondes anorexiques, Kevin Bacon, Dieu et un procureur super cool sont dans un bateau. Devinez qui tombe à l'eau.


👍 666 PARK AVENUE L’Australie est un pays génial. Il fait beau, il y a des kangourous, Alessandro Del Piero, et en plus désormais, il y a les derniers épisodes de 666, qu'ABC a renoncé à diffuser avant (au mieux) l'été prochain. Faute d'audiences, paraît-il. En vrai parce qu'ABC est une chaîne totalement crétine qui lance quatre-cent-cinquante séries à chaque rentrée pour mieux en annuler 80 % trois semaines plus tard (et dire qu'à une époque ce network diffusait Twin Peaks et Lost... on ose imaginer ce que ces monuments subiraient s'ils débutaient sur la même chaîne aujourd'hui). En plus, en Australie, ils n'ont même pas la trêve annuelle du Superbowl. Ce qui n'empêche absolument pas de le regarder. Autant le dire, ce pays est génial (dommage qu'à part Rake - et encore - les séries locales soient globalement toutes pourries). Avec lui, c'est tout un pôle de résistance qui s'est créé, allant de l'Espagne à la Nouvelle-Zélande. J'en pleurerais presque, pas vous ? Alors à ce niveau bien sûr, la seule question est de savoir si 666 aura une fin décente ou non. La série étant de toute façon annulée, et le tournage terminé, le fait que les derniers épisodes soient géniaux ou médiocres n'a plus qu'intérêt relatif. L'essentiel est d'avoir droit à une dernière petite rasade de ce très bon plaisir coupable, qui après le monstre de fumée aura même osé nous faire le coup du monstre en matière sombre (oui oui, la même que dans X-Files ! Les spectateurs américains ne savent pas ce qu'ils ratent...) Quand même, ces mecs osaient tout. Pas étonnant qu'on les ait tout de suite reconnus.

Dans 666, l'héroïne est une concierge qui n'en branle pas une. N'allez pas y voir de rapport avec le dernier édito.

👎👎 THE CARRIE DIARIES Dans une autre vie, peut-être même une autre dimension, j'ai été un inconditionnel de Sex & The City. Je n'ai jamais vraiment su déterminer (parce que j'étais relativement jeune quand la série a commencé et ne l'ai jamais revue depuis) si la comédie du HBO est devenue totalement merdique sur la fin (par pudeur je ne parlerai même pas des films) ou bien si elle l'a toujours été sans que je m'en aperçoive. Toujours est-il qu'eu égard aux heures passées devant les premières saisons, il était impensable que je n'aille pas jeter un œil à ce prequel. Je savais avant même de le voir que ce serait nul, le casting avait l'air bidon, on passait de HBO à CW, les critiques étaient ultra-négatives, la nouvelle héroïne avait la tronche d'une effroyable pétasse... à peine si l'on pouvait voir, sur le papier, le rapport avec l'original. On pouvait même se demander dans quelle mesure le terme prequel était approprié, puisque tout concordait à laisser penser qu'il s'agissait surtout d'une de ces petites failles juridiques dont Hollywood raffole, et qu'au final le seul point commun qu'on trouverait entre The Carrie Diaries et Sex & The City serait l'envie des producteurs du premier de capitaliser au maximum sur le succès des films faisant suite au second (non, n'insistez pas : je ne parlerai pas de ces films - d'ailleurs ils n'ont jamais existé). N'empêche : il fallait que je voie de mes yeux. J'ai vu.

THE FOLLOWING Dans le précédent épisode de cette rubrique, j'avais expédié la nouvelle série de la FOX en expliquant que Kevin Bacon + Kevin Williamson + une histoire de serial killer, ce ne pouvait être que du racolage de Golb. Trois épisodes plus tard, je dois bien avouer que pour l'instant, la série ne racole pas grand monde, puisqu'elle n'exploite réellement aucun de ces aspects - à part le serial killer, mais finalement si peu. Il y a beaucoup de qualités dans The Following, notamment le traitement assez fin des "suiveurs" du titre, aux motivations, passés et psychologies desquels Williamson entend accorder un peu plus de place chaque semaine. Bien vu, car ici se situe la véritable valeur ajoutée d'une série qui, pour le reste, risque de devenir un procédural assez banal et manquant tragiquement d'atmosphère (comme il est loin, le temps où la traque de serial killers à la télé donnait des choses aussi bizarre et malades que Profiler ou Millenium...) Je dis bien risque : il est beaucoup trop tôt pour tirer de telles conclusions (même si beaucoup de commentateurs semblent avoir déjà zappé... drôle d'époque où les gens n'ont même plus le courage de regarder les cinq épisodes réglementaires avant de juger) ; à ce stade, la série peut encore basculer à tout moment, ne serait-ce que parce qu'elle a tout de même Bacon comme acteur principal. Un mec capable d'injecter du malaise et de la glauquerie dans la comédie romantique la plus nunuche ne peut être qu'un atout dans une histoire de tueur en série (a fortiori un tueur en série obsédé par l'univers de Poe, dont on ne retrouve cela dit - c'était prévisible - pas grand-chose à l'écran). On ne peut qu'espérer que la suite exploite un peu mieux ce talent, la meilleure scène du dernier épisode étant sans aucun doute le face à face entre Ryan Hardy et Joe Carroll, que Bacon, fidèle à lui-même, interprète presque uniquement avec le regard et la gestuelle.

"Moi, c'est Kevin. Et toi t'es qui, putain ?"

MONDAY MORNINGS Les années 90 sont mortes. À l'époque, David Kelley était ce qui se rapprochait le plus d'un Dieu pour la télévision américaine. Un mec qui transformait tout ce qu'il touchait en or, et à qui l'on ne refusait rien. En 1999/2000, son pic de créativité autant que de notoriété, le premier showrunner superstar (on ne comptera pas David Lynch) pouvait se permettre d'écrire cinq séries simultanément et d'en lancer une nouvelle quand bon lui semblait. Et puis le temps a passé. Et puis la roue a tourné. Aujourd'hui, quand Kelley essaie de revenir sur le devant de la scène, soit le projet est tué dans l’œuf par des chaînes à qui il a beaucoup rapporté mais aussi beaucoup coûté, soit il doit littéralement recycler de vieux trucs. C'était le cas de Harry's Law (dont une chronique traîne dans les cartons de ce blog), qui n'apportait strictement rien au genre judiciaire mais permettait d'assurer que Kelley allait faire du Kelley, et qui donc eut un peu plus de chances que The Weddings Bells (annulée au bout de deux épisodes), Legally Mad ou Wonder Woman (arrêtées à leurs pilotes). Aujourd'hui, TNT signe un chèque en blanc au même Kelley (oui : TNT. Rien que ça dit tout de la chute du gars - Dieu ne va pas sur TNT) pour... faire du Kelley, dans une série médicale cette fois, comme au bon vieux temps de Chicago Hope, son premier gros hit. L'impression de déjà-vu est immédiate, et en même temps quiconque a aimé un jour que Kelley fasse du Kelley aura énormément de mal à résister. D'autant que, fourberie ultime, le gaillard revient avec dans sa besace Jennifer Finnigan, bien connue des lecteurs du Golb... et surtout des Chroniques d'Amour, Gloire & Beauté, pour avoir été l'incarnation ultime de Bridgounette Forrester. Encore un qui sait comment s'y prendre pour racoler Le Golb...

Là où vont mourir les anciens jeunes premiers de la télé US une fois les rides venues...

À part ça...

À part ça ? Eh bien : à part ça, je continue à m'endormir presque chaque soir en compagnie de Law & Order, que malgré les années je ne connais toujours pas par cœur... et dont je ne me lasse pas. Je vais vous dire : je crois que cette série vieillit moins vite que moi. Quelle que soit la saison, quel que soit le casting du moment... il y a toujours le risque de tomber sur un épisode exceptionnel, à l'intrigue faussement facile et aux retournements improbables. J'entends bien que je ne fais ici que répéter ce que j'ai déjà écrit par le passé dans un long article consacré à la franchise. Mais je m'étais assez peu concentré sur la matrice de tous ces cop-shows d'une impeccable qualité ; je n'ai pas assez dit à quel point le L&O premier du nom était une série que l'on pouvait redécouvrir à l'infini, notamment pour sa partie judiciaire (entre nous je doute que beaucoup de fans de la série le soient à cause de la partie enquête, toujours beaucoup simple et de plus en plus rapidement évacuée au fil des saisons). Revoir les premiers épisodes (je n'en suis plus là depuis longtemps) est évidemment un quasi voyage temporel tant les méthodes d'investigation ont évolué en vingt-trois ans. En revanche, les constructions intellectuelles permettant à Benjamin Stone puis à Jack McCoy de traduire en justice les criminels sont inaltérables, toujours aussi fascinantes des décennies plus tard. C'est un inconditionnel des legal dramas qui vous le dit : aucune série dans l'histoire du genre n'a su à ce point épouser toute la complexité et toute la subtilité du système judiciaire américain. Ce en ne consacrant finalement qu'une vingtaine de minutes chaque semaine à ce sujet. Une sacrée prouesse.


34 commentaires:

  1. Ouais, j'aime bien Kevin Bacon mais je trouve que c'est quand même un acteur ultra surcoté. Il est charismatique et il a un côté rock&roll alors il est devenu culte mais franchement il y a quand même pas grand chose à sauver dans sa filmo.

    Sinon t'es au courant qu'il y a plusieurs bonnes séries qui viennent de commencer là ? :D

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    1. Tu n'as pas tout à fait tort concernant Kevin Bacon. C'est vrai que son côté loser, le Brat Pack, des choix de carrières parfois erratiques, son groupe de rock, ses rôles parfois borderline... tout ça mit bout à bout fait que son capital sympathie est sans doute supérieur à son talent. Mais cela reste malgré tout un sacré bon acteur, qui n'a pas eu la carrière à laquelle son charisme et sa sensibilité le prédestinaient...

      Quant aux autres séries, il n'y a pas que cette rubrique, tu sais ? Il y a aussi des articles spécifiques. J'imagine que tu faisais allusion à House of Cards ou The Americans, mais de toute façon pour l'instant je n'ai commencé ni l'une, ni l'autre...

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  2. J'avoue que moi aussi, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder Carrie Diaries :) J'ai été bien punie, parce que c'est très, très, très, très nul...

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  3. Difficile d'être fan de la partie "policière" de L&O, en même temps : les personnages sont ultra-réacs, c'est limite supportable par moment : la moindre personne ayant une liaison adultérine est quasi l'incarnation du Malin, alors c'est sûr que les gens doivent préféré la partie "justice"...

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    1. Pardon : je dis "réac" mais c'est surtout "moralisateur", que je pense.

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    2. C'est les deux, en fait. Moralisateur ET réac. Les premières saisons sont un quasi panégyrique de tous les clichés possibles dans le genre (limite si on ne nous explique pas le micro-onde donne le cancer). Cela dit, c'est tout de même un peu plus nuancé à partir du moment où arrive le personnage de van Buren, qui est beaucoup plus ouverte et libérale que ses inspecteurs.

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    3. Oui mais Van Buren reste un personnage secondaire. Pas Lenny Briscoe, qui est des personnages de télé les plus rétrogrades que je connaisse. Il est contre tout ce qui est nouveau quasi par principe :-(

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    4. Secondaire, ça dépend des moments.

      Je crois que la place de van Buren vient du contexte dans lequel le personnage a été créé : Wolf a été obligé par NBC de créer des personnages féminins (et c'est vrai que les deux/trois premières saisons, les flics sont de bons beaufs passant beaucoup de temps à faire des blagues à deux balles sur leurs femmes ou leurs belle-mères...) ; et on sent bien que ça le faisait chier tant les premiers personnages féminins de la série sont clichesques (van Buren est La Mère, Claire Kincaid est La Sensibilité, toutes deux sont La Tolérance... BOF). Les choses vont se nuancer dans les saisons suivantes quand Wolf va avoir la bonne idée de créer des procurettes à la dent dure, souvent ultra-conservatrices et républicaines.

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    5. Intéressant, je ne connaissais pas cette anecdote.

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    6. Waouh, quelle horreur "être obligé de créer des personnages féminins" :)

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    7. Je me suis mal exprimé : le problème posé était que la volonté de la chaîne de créer des personnages féminins n'était pas accompagnée d'une augmentation de budget. Du coup, Wolf a été contraint et forcé de purement et simplement supprimer des personnages masculins (c'est ce qui explique que Paul Robinette et le Capitaine Cragen disparaissent du jour au lendemain).

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    8. (enfin : le lieutenant Cragen, à l'époque ^^)

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  4. Toujours dans ma logique 'je ne pers plus mon précieux temps à des séries dont je crains la nullité' (tout ça c'est la faute à Heroes !), j'ai totalement zappé Carrie Diaries, préférant rester à mon bon souvenir de cette série que j'ai dévorée il y a quelques années... J'ai bien fait apparemment.

    Concernant The Following, lire en résumé que ça parle d'un tueur en série qui rassemble des tueurs en série m'a fait rire, vu le cerveau bien individualiste des psychopathes, sociopathes et autres trucs en -pathes. Même Kevin Bacon que j'aime énormément n'est pas suffisant comme carotte... J'attends la fin de la première saison et l'avis d'un pote qui la trouve pas mal, au final...

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    1. The Following ne parle pas exactement d'un tueur en série rassemblant d'autres tueurs en série. C'est plutôt un tueur en série "gourou" comme il y en a eu quelques uns (les références à Charles Manson sont innombrables). Mais ses "suiveurs" ne sont pas à proprement parler des tueurs en série, plutôt des gamins paumés, c'est d'ailleurs ce qui rend leur trajectoire souvent plus intéressante que celle du tueur-en-chef lui-même...

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    2. Ah ben merci pour l'info ! Parce que je trouvais cette histoire de rassemblement proche du foutage de tronche.
      Ce que tu en dis me semble nettement plus intéressant par contre... Mais je vais quand même attendre la fin de la saison =)

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    3. La promo était en effet assez mal foutue. D'ailleurs elle insistait aussi sur le fait qu'il les avait réunis via les réseaux sociaux... sujet qui doit représenter à peu près 40 secondes sur les trois épisodes diffusés, c'est dire.

      Tu as raison d'attendre la fin, d'autant que pour l'instant je ne me risquerai pas à affirmer que tu loupes quelque chose :-)

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  5. Mes gosses ont adoré 666... C'est quand même pas mal foutu même si cliché...
    Et puis j'adore Terry O'Quinn!En méchant il est encore meilleur qu'en gentil incompris...

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    1. Pas mal foutu dans quel sens ? Parce que moi je trouve que pas mal de trucs sont assez cheap, malgré tout...

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    2. Mes gamins ont marché à fond sur le suspens... et même si on voit venir les trucs à trois km, ben on a adhéré (faut dire que perso je supporte pas bien les films d'horreur... donc là ça m'a suffit!)
      alors cheap... ben ouais surement.. mais suffisant pour nos âmes sensibles! ^^

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    3. Oui, et puis ils sont petits, tes gamins :-)

      C'est vrai que tu m'avais raconté les problèmes que les histoires d'horreur te posaient ^^

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    4. Petits, petits, faut le dire vite..
      Hier soir on a regardé Requiem for a dream... Ils ont à peine cillé... :-O

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    5. Ah ! Jeunesse décérébrée et insensible :-D

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  6. Dis, je relis ton post dans une autre diagonale et je vois que les trêves dans les séries seraient dues au Superbowl ? AU SUPERBOWL ??? Mais putain, je pensais que c'était une histoire de fête chrétienne ou que sais-je mais c'est pire, c'est le SuperBowl ?! Quel peuple quand même...

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    1. Il y a pas vraiment de "trève du Superbowl", c'est juste que pas mal de séries passent le dimanche soir et que donc elles passent pas celui du Superbowl...

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    2. Voilà, c'est bien résumé.

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  7. Je suis à peu près sûr que The Following, c'est complètement con. Mais je ne peux pas le prouver. C'est grave ? ^_^

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  8. Bon, c'est bien gentil tout ça, mais elle est comment la nouvelle série de Warehouse 13 ? :-)

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    1. J'ai l'air d'avoir tant de temps que ça à perdre ? ^^

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    2. Vu certains trucs dont tu parles, oui ! Et même plus ! :-)

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    3. La différence entre - par exemple Warehouse 13 et The Carrie Diaries, c'est que Warehouse 13 je m'en suis déjà bouffé deux saisons entières. Je pense qu'on peut dire que je lui déjà accordé pas mal de mon temps par le passé, non ?

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  9. Question : sincèrement, est-ce que ça vaut le coup de découvrir L&O (je connais pas du tout l'original) en 2013 ? Et de se manger 20 ou 21 saisons ?

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    1. Bien sûr. Après, se manger toutes les saisons, je ne sais pas. Je te dirais bien de commencer aux alentours de la 5 ou de la 6, déjà parce que le niveau des épisodes est vraiment exceptionnel à cette période, et aussi parce que comme beaucoup de personnages arrivent à ce moment, ce n'est pas très difficile de s'y retrouver.

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