En 2022 comme pour l’Éternité, chaque nouvelle sortie de weezer amène son lot de surprises, d'interrogations, de questionnements métaphysiques bien vite balayés par les océans d'émotion débordant de presque chaque refrain.
vendredi 30 septembre 2022
dimanche 25 septembre 2022
Wilco - Le Stetson vous va si bien...
Si les grandes équipes ne meurent jamais, le grands groupes peuvent faire pire que mourir : se perdre sur le chemin escarpé menant à l'auditeur. Des manières de s'égarer ou de chuter dans le fossé, il en existe plus d'une en la matière et Wilco, pour avoir été un très grand groupe, les a presque toutes essayées. Depuis son triomphe de la fin 90's/début 2000, Wilco n'a jamais eu la politesse de disparaître très longtemps. On le déplore. À son public, ne rien fut épargné : changements de caps brutaux, fluctuations de line-up, albums incompréhensibles ou ennuyeux ou ratés ou les trois à la fois – parfois tellement prévisibles qu'on avait l'impression de les connaître avant de les entendre, d'autres si improbables qu'on les aurait largement préférés prévisibles. On aura eu tôt fait de blâmer la versatilité de son leader, Jeff Tweedy. Personnage surdoué mais ambivalent, dépositaire d'un son qu'il s'empressera de renier de peur de s'y voir réduit, Tweedy partage surtout avec nombre de songwriters de sa génération (Ryan Adams, Howe Gelb, E) une propension à écrire et publier beaucoup trop de chansons pour son propre bien. Aussi fréquemment admirable que pénible, le garçon aime les concepts et les exercices de styles, qu'il a une fâcheuse tendance à transformer en faux (nouveaux) départs. Le genre de type capable de démarrer la décennie 2010 de manière pétaradante (The Whole Love) et de vous faire croire qu'enfin les années d'errances sont derrière lui... pour enchaîner avec une profusion de disques à la qualité aléatoire, dont pas moins de quatre sous le nom Wilco sans qu'une seule fois le groupe n'y figurât au complet, ni n'y tînt son rang. On se souviendra longtemps de l'amertume ressentie à l'écoute de Star Wars ou Schmilco, albums mal branlés sonnant comme des side-projects promus à la dernière minute au rang de magnum opus. Il est sans doute triste d'en arriver à écrire cela d'ouvrages dans l'ensemble plutôt corrects, mais un grand chef-d’œuvre implique de grandes responsabilités. Entre 1996 et 2002, Tweedy et Wilco en publièrent pas moins de trois à la file (Being There, Summerteeth et Yankee Hotel Foxtrot1) dans des registres si variés qu'ils ne pouvaient pousser qu'à l'exigence la plus extrême. Il n'était plus question d'entendre un album de Wilco sympa, ni de savoir ce que jouait Tweedy avec son fiston pour s'occuper le dimanche. À vrai dire, on n'avait même pas envie de l'entendre s'il n'avait pas quelque chose d'un minimum grandiose à nous jouer.
Catégories
Musique
jeudi 22 septembre 2022
Mariage dérangé
[Mes disques à moi (et rien qu'à moi) - N°121]
Dust - Screaming Trees (1996)
Mark Lanegan a tellement vomi (sur) son groupe dans ses mémoires qu'on en viendrait presque à manquer de mots pour le défendre. Dès lors que l'icône elle-même voue aux gémonies la musique qu'elle jouait à l'époque, qui serions-nous pour oser prétendre la contredire ? Voilà qui place en tout cas le chroniqueur (appelons-le Thomas), dans une position pour le moins inconfortable, si ce n'est paradoxale. L'exercice de la critique rock entraîne plutôt à défendre la carrière solo du chanteur, injustement restée dans l'ombre du groupe vedette. Le plaisir quasi masochiste avec lequel Dark Mark qualifie les albums des Screaming Trees de merdiques, inaudibles... tout juste potables dans le meilleur des cas, place tous ceux l'ayant découvert par ce biais face à leurs propres contradictions, et tous ceux ayant un jour eu la prétention d'écrire à ce sujet au pied du mur de lieux communs qu'ils s'infligèrent alors, croyant bien faire.
Catégories
Mes disques à moi (et rien qu'à moi),
Musique
dimanche 18 septembre 2022
Suede - Le Bonheur dans l'Échec
Certains effets d'annonce sont terribles. La plupart, heureusement,
n'ont plus le moindre sens dans une époque où les réseaux sociaux
rectifient la moindre erreur en cinq minutes et ou n'importe qui peut
écouter n'importe quel album avant même de savoir qu'il existe. Restent
donc les effets d'annonce qui prêtent à sourire, les plus nombreux, les
plus embarrassants. C'est peu dire qu'il fallut à tous les fidèles de
Suede beaucoup de self-control pour contenir leur hilarité en apprenant
que Attention m'am m'sieur on ne rit plus : sur son nouvel album, Suede
s'est retroussé les manches, a ressorti les guitares électriques et va
cogner comme jamais il n'a cogné. Même que l'album va s'appeler Autofiction
pour bien montrer qu'il est celui d'un Suede à cœur ouvert, d'un vrai
groupe qui saigne et balance la purée – la blague n'étant visiblement
pas assez drôle en tant que telle, il fallut que Brett Anderson se
sentît obliger de l'assaisonner encore en lâchant le mot "punk". Comment dire ?... ce
n'est pas qu'on n'aime pas le groupe londonien, loin s'en faut. Sur Le
Golb, on a même tendance à le trouver injustement déconsidéré de nos
jours, alors qu'outre une palanquée d'excellents singles et d'encore
plus excellentes faces B. à l'époque de son époque, on doit mettre à son
crédit d'avoir depuis offert une reformation toute à fait correcte. Suede n'a
sans doute rien publié de bien transcendant dix ans après son retour,
mais aucun des trois "nouveaux" albums ne sombrait dans le ridicule ni
l'indignité. Le groupe restait fidèle à lui-même, claquait de temps à
autre une vraie bonne chanson, et ses points faibles étaient somme toute
les mêmes qu'autrefois. À savoir un goût évident pour le rock
pompier et la sexytitude surjouée de son leader, dont la
pseudo-androgynie paraissait de plus en plus désuète au fur et à mesure
que le terme non-binaire entrait dans le langage courant.
Catégories
Musique
mercredi 14 septembre 2022
Je suis une Célébrité, sortez-moi de Moi !
[Mes disques à moi (et rien qu'à moi) - Hors-série N°16]
Richard Ashcroft m'est une énigme. Depuis le premier jour ou presque, lorsque je découvris ce jeune homme dégingandé bousculant sans sourciller les pauvres figurants d'un des clips les plus iconiques des années 90. Dans la fort prolifique histoire de la bousculade, personne n'avait jamais bousculé son prochain avec autant de classe. Ashcroft ne se contentait pas d'avancer : il fondait sur le monde tel un mort de faim, si ce n'est la Mort elle-même. Qu'on aime ou non la chanson – à vrai dire, je ne l'aimais pas tant que cela – on était immédiatement aimanté par son auteur. Un mec pareil ne pouvait être qu'un génie ou un branleur ou les deux à la fois. Bizarrement, à l’écoute de ses disques, il ne paraissait pourtant ni franchement l'un, ni tout à fait l'autre – les deux ? peut-être, oui. Seulement par intermittence.
Catégories
Mes disques à moi (et rien qu'à moi),
Musique
samedi 10 septembre 2022
Brother in Larmes
[Mes disques à moi (et rien qu'à moi) - Hors-série N°15]
Ma rencontre avec Jesse Malin s'est faite dans le bruit et le chaos. D Generation. Live. Cela ressemblait à peu de choses près à cela. C'était comme ça, ce jour-là.
Catégories
Mes disques à moi (et rien qu'à moi),
Musique
mardi 6 septembre 2022
Le Monde a besoin de Kula Shaker
Vingt-cinq ans, une résurrection et six petits (grands) albums plus tard, le fait que chroniquer Kula Shaker sonne comme un éternel recommencement doit forcément signifier quelque chose. Calé sur un rythme d'un album tous les six ans (soit sur la période contemporaine un ratio d'une publication par décennie), le groupe anglais le plus culte de sa génération impose de le ré-introduire au lecteur à la moindre occasion, à plus forte raison désormais que chaque nouvel ouvrage semble un écho déformé des précédents – Kula Shaker, comme tous les grands à force de boxer seuls dans leur catégorie, a fini par ne plus se mesurer qu'à l'aune de lui-même. L'album précédent, K 2.0, reprenait jusqu'au titre du premier opus ; son éclectisme avait le côté carte de visite et la fraîcheur d'un debut-album. On les connaissait depuis des lustres que pour le Xe fois, ils venaient se présenter : Bonjour, nous sommes Kula Shaker, certains disent que nous sommes le meilleur groupe psyché en activité, voilà notre nouveau premier album – on vous laisse en juger.
Catégories
Musique
samedi 3 septembre 2022
Peter Doherty & Frédéric Lo. Ou peut-être pas, finalement.
Vingt ans après la déflagration "What a Waster", la discographie de Pete Doherty est peu ou prou à l'image de son apparence physique. Selon l'angle où l'on se place, elle paraîtra toute bouffie ou simplement bien portante, crado même lorsqu'elle est fraîche et rasée de frais, et malgré ses fringues mal assorties, elle persiste à dégager une espèce de classe aussi indiscutable que tout à fait indescriptible. Hormis le troisième Babyshambles, Doherty n'a jamais publié de mauvais album (et encore l'affirme-t-on en n'ayant jamais réécouté Sequel to the Prequel une seule fois depuis sa sortie en 2013). Mais il n'en a plus publié de spécialement mémorable depuis si longtemps que chaque sortie des dernières années était accueillie avec un étonnement poli et une curiosité en constante diminution, puisqu'on savait à peu près chaque fois ce que l'on y entendrait : trois fulgurances poétiques, deux redites, quatre ou cinq titres de remplissages, le tout interprété d'une voix râpeuse dont la candeur touchait de moins en moins au fur et à mesure que son propriétaire paraissait devenir trop vieux pour ces conneries niaiseries. Programmé par les tabloïds anglais et le directeur marketing de son label pour mourir à vingt-sept ans, Doherty s'est vu chiper son ticket pour le Nirvana par Amy Winehouse et a péniblement atteint la trentaine, puis la quarantaine, à sa propre surprise sans doute et surtout : plus ou moins en même temps que nous, puisqu'il partageait avec ladite Amy la particularité d'être la seule rockstar de sa génération à être, réellement et littéralement, de notre génération. Ainsi va la vie, n'est-ce pas ? Nous sommes devenus assureurs, banquiers ou agents immobiliers ; il est devenu ringard, saturé de tics d'écriture et prisonnier d'un univers romantico-punk à peu près insoutenable passé un certain âge. Dès Grace/Wastelands en 2009, il était évident que Pete ne parviendrait jamais à se réinventer – comment l'aurait-il pu alors qu'il était déjà virtuellement mort trois ans plus tôt ? Chacune de ses sorties depuis lors ne fit que témoigner de cette incapacité, cette inaptitude, même, à être autre chose que lui-même, avec tout ce que cela impliquait de magie intermittente et de semi-bides artistiques à répétition. Un genre de clochard céleste dont on ne saurait sans doute jamais si son potentiel était destiné à rester éternellement inassouvi, ou s'il avait juste tout donné avant d'atteindre le quart de siècle.
Catégories
Musique
jeudi 1 septembre 2022
L'Idole de tes idoles
[Mes disques à moi (et rien qu'à moi) - N°120]
Suicaine Gratifaction - Paul Westerberg (1999)
Suicaine Gratifaction - Paul Westerberg (1999)
Je n'ai pas d'anecdote avec Suicaine Gratifaction. Pas de petite histoire et à peine de grande (son auteur ne s'y prête pas). Il n'a accompagné aucune de mes ruptures (peut-être la prochaine, qui sait ?), je ne l'écoute jamais lorsque je suis déprimé, je ne l'associe à personne en particulier. Il n'y a pas de majesté notable présidant à sa création – à vrai dire, je ne connais que très vaguement le contexte entourant celle-ci. Je pourrais bien entendu étaler ma science et vous raconter tout un tas de choses passionnantes sur Paul Westerberg. Même que je l'appellerais le Grand Paul Westerberg et que j'y mettrais toutes les majuscules de rigueur. Mais cela ne ferait en définitive que vous renvoyer vers son ancien groupe, les Replacements, et je finirais probablement par accoucher d'un paragraphe introductif d'une page Word apportant beaucoup à votre culture (ce groupe est tellement méconnu et non, arrêtez de faire semblant : vous ne le connaissez pas, vous et moi le savons parfaitement), tout en rendant bien peu grâce à ce magnifique album paru dans une indifférence à peu près générale un beau soir – c'était forcément un soir – de 1999. J'écris au conditionnel pour la forme : j'ai essayé. Plus longue intro que j'aie jamais écrite. Les habitués de ces pages savent qu'il en faut pourtant beaucoup dans le genre pour m'effrayer.
Catégories
Mes disques à moi (et rien qu'à moi),
Musique
Inscription à :
Articles (Atom)