vendredi 14 avril 2017

Doctor Who - Le Procès de Steven Moffat. Enfin.


La nouvelle est tombée il y a quelques mois et c’est peu dire qu’elle a fait frémir (de joie) les lecteurs du Golb : la dixième saison de Doctor Who, qui débute demain soir sur la BBC, serait la dernière pilotée par Steven Moffat. Enfin. Après sept interminables années, soit le second run le plus long de toute l’histoire de la série derrière celui de John Nathan-Turner dans les années quatre-vingts (le plus contesté de tous, également, comme quoi la longévité n’est pas forcément bon signe du côté de DW), le type le plus fatigant dont accoucha l’Angleterre des sixties acceptait (enfin ! enfin ! enfin !) de lâcher son jouet. Évidemment, cette excellente nouvelle fut immédiatement suivie par une mauvaise : son successeur ne serait autre que Chris Chibnall, créateur de l’ultra fade et ultra surcotée Broadchurch mais surtout, à l’échelle de Doctor Who, auteur de quelques uns des plus mauvais épisodes de la version moderne (sans oublier sa participation plus que notable aux deux premières saisons de Torchwood, ce qui se passe de commentaires). Mais après tout, pourquoi pas ? On se souviendra que lorsque Moffat reprit le show dans la foulée de Russell T. Davies, il était auréolé de dithyrambes et considéré comme le meilleur choix possible sur la foi d’une poignée d’épisodes devenus instantanément cultes (« The Doctor Dances », « Blink », « Silence in the Library » « The Girl in the Fireplace »… etc.) Peut-être vaut-il mieux que Doctor Who soit conduite par un honnête artisan plutôt que par un artiste autoproclamé, à l’égo surdimensionné et à la mégalomanie remuante1. Nous verrons ce qu’il en sera dans l’avenir. D’ici là et compte tenu du temps que nous avons pu passer, sur ce blog, à râler après Steven, il semblait tout à fait normal de lui organiser un pot de départ en bonne et due forme. Lequel, hélas, se trouve avoir dégénéré en authentique procès. Bien entendu, vous êtes cordialement invités à vous prononcer dans les commentaires, et même à ajouter chefs d'inculpations et pièces à charge si cela vous chante. Sur ce... Accusé, levez-vous !

Chef d’inculpation N°1 : Monsieur Moffat ici présent est accusé d’avoir passé sept années à américaniser le plus british de tous les shows télé britanniques. Plusieurs associations ont également porté plainte pour teen-showisation, mais nous avons dû les débouter faute de preuves.

M. le Procureur Sinaeve : Votre Honneur, est-il vraiment nécessaire de se lancer dans un long exposé ? Il suffit d’avoir vu un ou deux épisodes de Doctor Who ces dernières années pour constater les graves dégradations occasionnées par l’occupation de l’accusé. Monsieur Moffat n’a pas ménagé ses efforts pour transformer un show sympathique, inventif et relativement fauché (certains ajouteraient kitsch) en gros machin qui fait boum splash waouh, avec plus de scènes d’actions dans chaque saison que durant les quelques quarante-sept années précédentes, sans même parler des demoiselles en détresse et des emprunts pénibles à tout un pan de la culture populaire américaine contre laquelle on n’a rien mais que l’on n’a pas forcément envie de voir, aussi, dans la meilleure de toutes les séries européennes. Afin d’appuyer mon propos, je proposerai au jury de revisionner les épisodes « The Impossible Astronaute » (6x01), « The Wedding of River Song » (6x13) ou encore, dans un autre registre mais pour un délit similaire, « A Town Called Mercy » (7x03).

La Parole est à la Défense : Votre Honneur, chers jurés, va-t-on réellement reprocher à mon client d’avoir fait de Doctor Who une œuvre au rayonnement mondial, adulée par des millions de fans, qui grâce à un budget enfin décent a pu rivaliser avec les productions hollywoodiennes ? Sans doute quelques erreurs ont-elles pu être commises mais, puisque nous en sommes à visionner d’anciens épisodes, peut-être pourrions-nous juste jeter un œil à « The Unicorn and the Wasp » (4x07), diffusé peu de temps avant la promotion de Monsieur Moffat. Pensez-vous vraiment qu’en continuant, au XXIe siècle, à produire des choses aussi... cheap, Doctor Who aurait pu fêter son cinquantième anniversaire ? Je vous pose la question.

VERDICT : responsable, mais pas coupable.


Chef d’inculpation N°2 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir sciemment viré tout ce qui était cool dans le run de Russell T. Davies, à l’exception de ses propres créations en tant que scénariste.

M. le Procureur Sinaeve : Votre Honneur, mon respecté collègue fait bien d’évoquer ce qui se faisait avant lui. On ne peut pas dire en effet que, pour quelqu’un se présentant comme le plus grand fan de la série que la terre ait jamais porté (je cite, votre honneur, je cite), l’Accusé se soit franchement comporté comme tel. J’en veux pour preuve la manière extrêmement cavalière dont il s’est débarrassé de l’héritage de son prédécesseur, allant jusqu'à carrément effacer la Time War, après avoir débuté en relaunchant un show qui l’avait déjà été seulement cinq ans auparavant. Il fallait au moins le Cinquantième Anniversaire de la série pour que Monsieur Moffat se rappelle de l’existence de Rose Tyler, pour ne citer qu'elle. La totalité de ces personnages, que nous aimions, Votre Honneur, ont totalement été effacés de la mémoire collective : plus d’apparitions, plus de citations, plus RIEN. C’est comme si la saison 5 avait été une saison 1 et, d’ailleurs, c’est souvent ainsi qu’elle fut présentée par les thuriféraires de Monsieur Moffat. Considérant qu'une série aussi mythique appartient un peu à chacun d'entre vous (je vois déjà l'Accusé se tortiller sur sa chaise), nous sommes face à un exemple caractérisé de détournement de bien public à des fins d'enrichissement personnel.

La Parole à la Défense : Votre Honneur, cher jury, tout ceci est ridicule ! Jamais dans l’époque récente Doctor Who n’a aussi souvent rendu hommage à sa glorieuse aînée dite « classique » et…

M. le Procurer Sinaeve : Objection, Votre Honneur ! Mettre plein d’images de vieux Doctors dans un montage tout pourri n’est pas rendre hommage !

La Défense : Il n’en reste pas moins qu’exécuter ou non des rappels du passé était la prérogative de mon client et de lui seul. De plus, si son prédécesseur, Monsieur Davies, n’avait pas lui-même articulé ses derniers épisodes comme une fin de série, de surcroît des plus larmoyantes, peut-être Monsieur Moffat ne se serait-il pas senti obligé de jouer du taille-haie dans sa mythologie. J’ajouterai qu’en preuve de bonne foi, Monsieur John Simm apparaîtra dans la prochaine saison dans le rôle qu’il tenait déjà sous Monsieur Davies.

VERDICT : innocent.


Chef d’inculpation N°3 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir eu sous la main l’un des meilleurs comédiens à avoir jamais joué ce rôle, pour au final ne lui filer que des partitions toutes pourries durant un mandat dont on crut bien, un temps, qu’il ne finirait jamais.

M. le Procureur Sinaeve : Cher jurés, c’est à vous que je m’adresse à présent : qui parmi vous n’a jamais eu envie d’étriper Monsieur Matt Smith ? De lui mettre des claques lorsqu’il surgissait en hurlant, sautillant, gesticulant, ou tout autre acte que nous qualifierons de « déséquilibré » de la part d’un homme supposé avoir acquis une certaine sagesse en quelques 900 ou 1200 années (ce point demeure obscure – notons cependant que c’est précisément, aussi, encore, Monsieur Moffat qui rompit la continuité dans l’âge du personnage). Pourtant, comme moi sans doute, vous aviez été séduit par Monsieur Smith lors de ses premières apparitions. Sa jeunesse, son expressivité extrême, sa silhouette étrange… même son look nous a paru sympathique. Il n’est pas ici question de mettre en cause le talent de Monsieur Smith, mais bien la qualité très relative des scenarii dans lesquels Monsieur Moffat lui demanda de s’illustrer (combien de vrais, grands épisodes de Doctor Who entre 2010 et 2013 ? Deux ?), ainsi que son incapacité à voir que le personnage dans cette incarnation était à bout de souffle. C’est au point qu’après un épisode final aussi grotesque qu’incompréhensible (« The Time of the Doctor », 2013), Monsieur Moffat eut l’outrecuidance de faire apparaître Monsieur Smith dans le premier épisode de son successeur (« Deep Breath », 8x01), un choix inqualifiable brisant toutes les règles et s’avérant de surcroît très vexatoire pour Monsieur Peter Capaldi, qui faisait alors ses débuts et n’avait pas besoin qu’on lui rappelle tout du long qu’il était vieux et moche.

La Parole à la Défense : Votre Honneur, les médisances de Monsieur Sinaeve sont intolérables. Si Monsieur Smith était si innocent que cela dans l’affaire, pour alors Monsieur Capaldi s’en-est-il si bien sorti ? Bien sûr, comme nous avons pu le voir encore dans un épisode – unanimement acclamé, y compris sur Le Golb, je me dois de souligner – comme « The Magician’s Apprentice » (9x01), mon client aime jouer avec le côté extravagant du personnage. Pour autant, il sait le faire avec finesse lorsqu’il a en face de lui un comédien qui en soit lui-même susceptible Ajoutons à ce propos que ce n’est pas la faute de Monsieur Moffat si Monsieur Smith, qui est un ami de la famille, a quasiment dû être expulsé de la série à coups de pieds aux fesses – ce dans des temps raisonnables, si l’on considère que dans le genre Doctor qui n’en finit pas de partir, personne ne surclassera jamais Monsieur David Tennant.

VERDICT : non-lieu fautes de preuves directes.


Chef d’inculpation N°4 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir foiré la caractérisation de tous les compagnons du Doctor, sans exception, durant sept longues années.

M. le Procurer Sinaeve : Votre Honneur, je n’aurai qu’un mot… enfin, deux : IMPOSSIBLE GIRL. Il a fallu attendre la moitié de la saison 8, soit deux ans (!) après sa première apparition, pour que Clara Oswald commence vaguement à ressembler à un truc rappelant de loin la forme de la silhouette du reflet d’un personnage. J’ajouterais bien le couple Pond à ma plaidoirie mais, comme à peu près tout le monde, le simple fait de repenser à eux me donne envie d’entamer une grève de la faim jusqu’à ce que le Pape déclare l’obsolescence du concept de mariage.

La Parole est à la Défense : Votre Honneur, chers jurés, OUI. Oui, c’est vrai, mon client n’est pas très doué pour écrire les personnages. Il n’a jamais prétendu le contraire. Pour lui, ce sont souvent des artifices narratifs, des concepts, et pourquoi pas après tout ? Cela fait partie de sa démarche. Il en va de même dans toutes ses séries et il me paraît très injuste de le lui reprocher car, après tout, qu’est-ce qui a fait la notoriété de mon client si ce n’est précisément la force des concepts sur lesquels il a bâtis ses plus célèbres épisodes ? River Song, après tout, est déjà un concept – cela ne dérangeait personne à l’époque où mon client n’était qu’un simple assistant. De plus, il serait malhonnête d’omettre que tout le monde aimait très fort Amy Pond lors de ses premières apparitions (même si elle n’était elle aussi qu'un concept). "Impossible Girl", clame mon bien aimé confrère, comme si cela prouvait quelque chose ? Mais enfin : Clara Oswald ne faisait qu’assumer tout haut ce que mon client faisait en sous-main depuis sa toute première pige sur la série. Injuste, vous dis-je, surtout à la veille de la présentation d’une nouvelle compagne qui, nous en somme certains, saura vous séduire.

VERDICT : ajourné.


Chef d’inculpation N°5 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir ruiné les six seules bonnes idées qu’il a eues durant son mandat, à force de les recycler inlassablement en croisant les doigts pour que personne ne s’en aperçoive.

M. le Procureur Sinaeve : J’appelle à la barre Madame River Song… ah : on me dit que ce n’est pas un procès officiel et qu’elle n’a pas répondu à sa convocation. Qu’importe, la seule évocation de son nom devrait suffire à faire comprendre au jury de quoi il s’agissait : à l’image des Weeping Angels et de tant d’autres créations de Monsieur Moffat, Madame Song a subi tous les outrages – usée et abusée dans tous les sens que recouvre cette expression. Ce personnage était pourtant formidable, à la base, et sa love-story à l’envers avec le Doctor, une brillantissime idée. Malheureusement, celle-ci fut réduite à l'état de poussière au cours du tragique épisode « Let’s Kill Hitler » (6x08… oui, même le titre était tragique), et la surexploitation du personnage acheva ensuite de… eh bien : de l’achever. On pourrait bien sûr citer de nombreux autres exemples, des Anges bafouant leurs propres règles dans « The Angels Take Manhattan » (7x05) à des épisodes commençant souvent très bien pour finir dans le grand n’importe quoi et/ou sur des twists totalement débiles (« The Rebel Flesh/The Almost People » [6x05-06] est peut-être le cas le plus flagrant). Notons au passage que beaucoup des idées en question provenaient d’avant la prise de pouvoir de Monsieur Moffat, celui-ci semblant étrangement empêché d’en avoir de nouvelles depuis qu’il possède le plus grand bureau (voir « Listen » [8x04] énième mauvais remake de « Blink », ou, dernièrement, « Sleep No More » [9x09] énième mauvais remake de cent cinquante autres épisodes de la série). Bien entendu, l’amusant personnage de Missy, qui rempile en 2017, connaîtra incessamment sous peu le même sort.

La Parole à la Défense : Votre honneur, tout d’abord, j’aimerais souligner que Monsieur Moffat n’est pas responsable de la moindre phrase écrite dans la série. Enfin... si, c’est son job… mais ça ne signifie pas qu’il les ait écrites lui-même. Si tous les épisodes du mandat de Monsieur Moffat ressemblent à du mauvais Moffat, c’est tout simplement parce que son rayonnement est tel que ses collaborateurs cherchent à l’imiter (je vous renvoie à la tragique crise d’identité traversée par Monsieur Mark Gatiss sur Sherlock). Quant au cas de Madame Song, peut-on d’un côté reprocher à Monsieur Moffat de ne pas écrire ses personnages et, de l’autre, d’être trop attaché à eux ?

VERDICT : coupable.


Chef d’inculpation N°6 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir contribué, notamment en raison de ses multiples activités parallèles, à ce que la série soit diffusée n’importe comment depuis des années.

M. le Procureur Sinaeve : Après une saison 5 diffusée « normalement », place au grand n’importe quoi : des bouts de saisons balancés aux petits bonheur la chance, des specials qui se promènent au milieu, des commandes de douze épisodes divisées en deux, sans même parler de cette saison 10 qui s’apprête à débuter après un an et demi de vacances. Sans déconner, Votre Honneur : on se croirait sur AMC.

La Parole est à la Défense : Votre Honneur, je… euh… non, rien, no further comments.

VERDICT : coupable.

Chef d’Inculpation N°7 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir généré à lui tout seul le Drawa de la plus mauvaise série de voyages dans le temps.

M. le Procureur Sinaeve : Je propose aux jurés de visionner immédiatement les épisodes « The Big Bang » (5x13), « The Wedding of River Song » (6x13) et « Journey to the Centre of the TARDIS » (7x10).

La Parole est à la Défense : Nous ne nous y opposerons pas, et demanderons juste à verser au dossier l’épisode « Heaven Sent » (9x11).

VERDICT : coupable et immédiatement incarcéré à Guantánamo.


Chef d’Inculpation N°8 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir irrigué de sa misogynie une série connue et admirée pour avoir changé la perception que le grand public avait des personnages féminins.

M. le Procureur Sinaeve : Adieu, les héroïnes pro-actives à la Jo Grant, Sarah Jane Smith, Leela, Romana, Rose Tyler, Martha Jones et autre Donna Noble. Les compagnes du Doctor, sous le règne de Monsieur Moffat, ne l’accompagnaient plus par goût de l’aventure mais parce qu’elles étaient secrètement amoureuses de lui. Nous avons déjà évoqué plus haut cette potiche de Clara Oswald, mais une journée entière de comparutions ne suffirait sans doute pas à en finir avec les cas d’Amy Pond et de River Song, les amoureuses officielles – et surtout officiellement reloues – du Doctor durant le mandant de Monsieur Smith. Ajoutons qu’en parallèle, Monsieur Moffat s’est cru autorisé – on croit rêver – à sexualiser le Doctor, qui s’est mis à rouler des galoches à toute une ribambelle de jeunes filles forcément en pâmoison devant son génie – c’est bien, on n’a pas du tout l’impression que l’Accusé se projette.

La Parole est à la défense : Votre honneur, je m’insurge ! Mon confrère en rajoute des tonnes : mon client a tout au plus fait faire au Doctor un ou deux bisous ponctuels ! Sexualiser, tout de suite les grands mots ! Il s’agit tout au plus d’une romantisation – et encore celle-ci avait-elle commencé sous Monsieur Davies, dont je rappellerai que son Doctor passait son temps à écarquiller ses beaux yeux remplis de larmes. Quant à la question de la misogynie… certes, mon client n’est pas connu pour sa sympathie à l’égard de la cause de féministe, on peut même dire qu’il n’aime pas trop les femmes… toutefois, les héroïnes d’antan étaient-elle si pro-actives que cela ? Sarah Jane et Romana passaient leur temps à se faire kidnapper, quant à Leela… sa tenue parle pour elle (enfin : pour ses concepteurs).

VERDICT : ajourné dans l’attente de l’introduction du personnage de Bill Potts.


Chef d’inculpation N°9 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir joué les apprentis sorciers et trituré jusqu’au point de non-retour le code génétique de la série.

M. le Procureur Sinaeve : Chers jurés, vous serez sans doute tentés, sur ce point, de juger le fait d’avoir métamorphosé une série pour enfants joyeuse en série pour ados emo casse-burnes. Sachez que ce n’est pas ce que l’on reprochera ici à Monsieur Moffat – nous avons tous un ado emo qui sommeille en nous. Ce qui justifie sa présence au banc des accusés, c’est bien d’avoir bouleversé ce qui faisait l’identité de Doctor Who afin d’y plaquer ses propres obsessions, sans aucun doute respectables mais qui après tout n'engageaient que lui. Cela ne lui suffisait pas de bidouiller plus qu’aucun autre la mythologie de la série, non Mesdames, non Messieurs. Il fallait encore qu’il en modifie les codes, centrant un nombre on ne peut plus déraisonnable d’intrigues sur le personnage du Doctor lui-même, plutôt que sur ses aventures/enquêtes/voyages/découvertes. Monsieur Davies avait certes montré la voix, en se focalisant beaucoup (parfois trop) sur ce que ressentait notre héros. Mais avec Monsieur Moffat, les intrigues se sont de plus en plus fréquemment déplacées vers sa nature (voir certains titres explicites : The Name of The Doctor, The Day of the Doctor, The Time of the Doctor, The Penis of the Doctor), ou vers son devenir. Dans la saison 5, le Doctor est ainsi une légende, dans la 6 et la 7, sa mort prochaine est en question, dans la 8 et la 9, son passé est continuellement interrogé (et sa mort est un peu en question aussi. Encore). Autant dire que l’on n’est pas du tout rassurés de savoir que l’ultime épisode de Monsieur Moffat s’intitulera « The Doctor Falls » – d’ici à ce qu’il ait volontairement savonné la planche pour son successeur, il n’y a pas des kilomètres, si vous me passez l’expression.

La Parole est à la Défense : Votre Honneurs, très chers jurés : Monsieur Moffat est un artiste. Il plaque sa subjectivité propre sur les œuvres qu’il entend adapter, quoi de plus naturel ? Le contraire lui serait reproché – et vous ne manquerez pas de le reprocher à Monsieur Chibnall dès l’année prochaine. Oui, mon client est un peu prise de tête au quotidien. Oui, il est joueur, et trouve donc normal d’écrire des épisodes mindblowing interpelant la nature mystérieuse d’un personnage dont, après tout, nous ne savons que peu de choses proportionnellement au nombre d’histoires qui lui furent consacrées…

M. le Procureur Sinaeve : Objection, votre Honneur ! Le spectateur possède d’innombrables informations biographiques concernant le Doctor ! L’Accusé le saurait s’il s’était renseigné un peu plutôt que de considérer que la série n’existait pas avant lui !


La Défense : Je reformule. Est-ce que tous les épisodes incriminés étaient réussis ? Sans doute pas. Mon client est tout prêt à le reconnaître. Il est même prêt à s’excuser pour le délire sur Hitler et le double-épisode super chiant avec les Siluriens. Mais soyons honnêtes : même si c’était pour râler, vous vous êtes tous passionnés pour ces arcs narratifs, vous vous êtes demandés le nom du Doctor, ce qu’il allait ficher sur Trenzalore, comment il allait survivre à sa mort annoncée, ou à sa dernière régénération ou… etc. Et oui, soit : vous n’avez peut-être pas toujours compris le fin mot de l’histoire. Je ne m’aventurerai pas moi-même, malgré une longue étude du dossier, à expliquer certains voyages dans le temps ou à vous dire comment Clara lui a sauvé la vie ni même pourquoi il n’a pas pu la sauver elle et, sincèrement, cette histoire de TARDIS qui s’incarne en une femme, c’était très joli mais je n’y ai rien compris. Que voulez-vous : mon client est un poète, voilà tout. Pour lui, l’essentiel est de chaque semaine parvenir à créer le bu… à sublimer les limites d’une simple série télévisée pour emporter le lecteur dans un océan d’émotions contradictoires. C’est pourquoi, je vous l’affirme : les saisons dirigées par mon client Monsieur Moffat sont tout simplement ce que la série a offert de mieux depuis 1963 ; vous verrez que vous tous, chers jurés, le regretterez et attendrez impatiemment chaque prochaine saison de Sherlock afin de goûter de nouveau à son génie.

VERDICT : coupable.

Chef d’accusation N°10 : Monsieur Moffat est accusé d’avoir offert un emploi à Pénélope Fillon.

M. le Procureur Sinaeve : pff…

La Parole à la Défense : Votre honneur, qui n’a jamais offert un emploi à Madame Fillon ? Monsieur Moffat a tout simplement voulu rendre service à un couple d’amis, et pourquoi ne l’aurait-il pas fait ? Est-ce qu’être ami avec Monsieur Moffat signifie que l’on n’a moins de droit que les autres citoyens ? Madame Fillon a rendu de très belles notes de lecture des épisodes durant de nombreuses années, sans elle, nous n'aurions sans doute jamais eu de rencontre avec Van Gogh, de retour des Silluriens, d'épisode dans un sous-marrain soviétique ou de concours de quéquette avec Robin des Bois. C'est vous dire son apport con-si-dé-ra-ble.



1. Moffat a probablement plus communiqué, commenté, teasé, baratiné... que la totalité de ses prédécesseurs réunis, dont les noms vous sembleraient d'ailleurs sans doute obscurs.

34 commentaires:

  1. Coupable à tous les chefs d'inculpations, ce n'est pas compliqué. Surtout que, Moffat étant Moffat, il est encore capable de ruiner sa dernière saison.

    RépondreSupprimer
  2. Je te trouve presque gentil par rapport à ce qu'on a subi parfois. Comme Bloom je le mettrai bien coupable partout (sauf pour Fillon et encore plus rien ne m'étonne avec Moffat ni d'ailleurs, avec les Fillon :D)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Gentil ? Ah mince, c'est embêtant, parce que je te jure que s'il y a un truc que je n'ai pas essayé d'être dans cet article, c'est gentil !

      Supprimer
  3. J'avoue que c'est tentant de mettre "coupable" partout, mais j'apprécie l’exercice d'objectivité auquel tu t'adonnes en accordant "la parole à la défense". Bon, on voit quand même vers où ça penche ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pas forcément du côté de l'accusation. Enfin, si. Bien sûr. Mais je reconnais aussi que Moffat a parfois été capable de bonnes choses et je n'ai pas tant que ça eu à me creuser pour trouver des arguments.

      Supprimer
    2. Des arguments ---> en faveur de la défense, fallait-il lire.

      Supprimer
  4. Article un peu de mauvaise foi. Tu appuies surtout sur la période Matt Smith, il est vrai très mauvaise, mais la période Capaldi est tout de même vraiment bien. Pour moi, Moffat a payé sa dette ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hum, je cite quand même pas mal d'exemples de la période Capaldi. Non ?

      Oui, c'était vraiment bien et d'ailleurs cela a été dit ici ("Heaven Sent" a même été classé "meilleur épisode de 2015"). Maintenant de là à dire qu'il n'y avait des faiblesses toutes moffatienne... Et puis, bon : en un sens, oui, les saisons 8 et surtout 9 sont réussies, mais c'est un peu tard pour changer l'opinion qu'on s'était faite sur Moffat.

      Supprimer
  5. D'accord avec tout et pourtant... je pense que l'avocat de la défense a raison : on va le regretter, Moffat. Il avait une vision du truc, elle était contestable et je n'ai pas toujours aimé mais elle donnait parfois de beaux moments (plus rarement des beaux épisodes). Chibnall, euh...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah mais je suis persuadé qu'on va le regretter. J'ai du mal à imaginer ce que donnera le run de Chibnall, qui dépendra de toute façon aussi de qui sera le 13e Doctor, mais justement le fait qu'on ait du mal à l'imaginer n'est pas très rassurant, ça souligne bien que Chibnall n'a jamais donné l'impression d'avoir un style très défini ni une vision particulière de la série... alors qu'il est un de ceux qui ont écrit le plus d'épisodes depuis 2005, or Davies et Moffat.

      Supprimer
  6. Ayant découvert la série avec Moffat/Smith, j'ai plutôt tendance à être indulgente. Néanmoins, pour avoir (partiellement) refait mon retard, c'est vrai que les reproches sont fondés. Je dirais même que souvent, les scénarios pourraient être ceux d'une autre série que DW.

    RépondreSupprimer
  7. Merci pour cet article amusant ^_^

    Quelques remarques rapides :

    - Moffat a su tenir compte des critiques (tardivement). C'était inattendu, vu son égo (supposé). On doit le mettre à son crédit.

    - Je pense comme la défense que Matt Smith n'était pas pour rien dans l'inanité de ses épisodes. Cet acteur a été surcoté sur la foi de ses premières promesses, mais il s'est vite enfermé dans des grimaces. Son Docteur était très lisse, à y regarder de plus près.

    - Je ne serai pas surpris qu'on revoit à la hausse le travail de Moffat, dans le futur. Il a apporté beaucoup d'idées (même recyclées à l'infini), a donné une place inédite aux personnages secondaires. D'une manière générale, il a beaucoup plus dépoussiéré cette antiquité que ne l'avait fait Davies, trop fétichiste.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alors...

      1. oui, mais c'est écrit dans l'article, non ?

      2. c'est possible en effet, et oui oui, je suis d'accord, par certains aspects son Doctor était extrêmement lisse par rapport à tous ceux de la version moderne.

      3. mouais. Je ne pense pas vraiment qu'on réévaluera son travail, en tout cas pas sur les saisons 5 à 7 (voire 8). Après qu'il ait dépoussiéré la série... sans doute, mais c'est faire peu de cas une fois de plus du travail de Davies, avec qui comme le souligne GUIC' ci-dessous je suis un peu injuste : il a beaucoup dépoussiéré Doctor Who, et souvent d'une manière bien plus délicate que ce gros bourrin de Moffat, qui adore les histoires complexes mais est le scénariste le moins subtil du monde.

      Supprimer
  8. Chef d’inculpation n°1 : Oui, carrément. D’ailleurs l’épisode cité (6 x 01) est pour moi une telle façon de titiller l’audience ricaine… D’ailleurs c’est simple : les amis américains que j’ai ont tous découvert Doctor Who en débuit de saison 5 (je suspecte que c’est le moment ou BBC America a commencé à le diffuser proprement là bas…). Certains ont crteusé plus, d’autres ont laissé tomber avec l’arrivée de Cappaldi. Bref. La préiode du 11eme docteur, c’est vraiment la tentative d’exportation forcée.

    Je trouve l’argument de la défense un peu faiblard, même si juste : Unicorn & the Wasp est probablement le seul épisode du genre de cette saison. Qui au contraire, parvient à réaliser des splendeurs sans aucun moyen (Midnight, bordel.)



    Chef d’inculpation 2 : Oui, mille fois oui. Les hommages à la série classique existent. Mais dépassent rarement le name dropping (Sisterhood of Karth à l’approche du 50 eme anniversaire)ou la résurrection de monstre probablement pas ressuscités pour de bonnes raisons (Ice Warriors, Siluriens…).



    Chef d’inculpation 3 : Eeehh… Je sais pas. Le Docteur de Matt Smith est insupportable dans ses dernières saisons. Le pluriel sur « saison » dit tout en fait. Parce que plus malin que tout le monde, parce qu’engoncé dans ses propres dilemmes, sa propre existence… Rien que pour ça, symboliquement ça me scandalise que le 11eme Docteur soit, finalement, son incarnation al plus longue (après le premier qui a déjà quoi ? 600, 700 ans quand il arrive ?).Cappaldi qui cabotine, c’est fun, c’est classe. Smith qui cabotine, c’est Matt Smith qui joue.

    Chef d’inculpation 4 (et 8 par extension) : Oui. Et ca rejoint le 8 à l’aise, hein. Moffat ne sait pas écrire de personnages féminins. Sauf River Song. Qu’il a gâchée. Rory était plutôt cool jusqu’à ce qu’il commence à développer un complexe d’infériorité par rapport au docteur et ne soit que le mari de sa femme à terme.Je place déjà trop d’espoirs en la nouvelle compagnonne, que j’espère être « La Donna Noble de Steven Moffat ». Mais ouais, c’est placer la barre beaucoup trop haut, non ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La Donna Noble de Steven Moffat ???!!! Elle a l'air bonne, ta drogue ! :-)

      Je pense que le seul point commun qu'aura Bill Potts avec Donna c'est qu'elle n'aura pas le côté "mannequin La Redoute" de ses prédécesseuses immédiates. Mais en étant écrite par Moffat, je pense qu'on tient déjà le maximum.

      Supprimer
    2. Sinon, pour la diffusion, tu n'étais pas loin du compte : en fait la série était déjà diffusée par BBC America et Space au Canada (et elle l'était auparavant par Syfy), mais la saison 6 est effectivement la première à avoir été diffusé en même temps aux USA et au Royaume-Uni.

      Supprimer
  9. Chef d’inculpation 5 : Oui, et j’en ajouterais un de plus : C’est pas parce que tu bosses avec Gatiss sur Sherlock que tu dois le laisser écrire tant d’épisodes. On peut dire tout le mal qu’on veut de Chibnall, mais quand même :

    - L’épisode avec Dickens, saison 1

    - L’épisode avec les télés absorbeuses d’âme saison 2

    Davies a la bonne idée de se dire, ok c’est pas la peine, quand tout à coup :

    - Les Daleks contres les nazis et cette nouvelle génération de Daleks qu’on va vite enlever et revenir aux anciens suite au tollé sur le design (saison 5)

    - Des cauchemars et des poupées maléfiques parce que ça fait toujours flipper les gens et la saison 1 de Buffy c’était il y a 15 ans donc ils verront pas la repompe (saison 6)

    - The Crimson Horror, saison 7 (j’avoue, ok, pas dégueu. Ma&is le fait que le seul bon épisode de cette demi saison se passe sans le Docteur pendant les 15 premières minutes devrait alerter)

    - Robot des Bois (ultra-lol). Dois-je en dire plus ? Gatiss refait dans l’historique. Mauvaise idée.

    - Sleep no more. Un épisode tellement mauvais qu’on croirait que c’est Moffat qui a pété un plomb (Ex aequo avec « Un sosie d’Helena Bonham Carter dans le role du TARDIS », signée Neil Gaiman.)

    Chef d’inculpation 6 : Rien à dire



    Chef d’inculpation 7 : Assez d’accord avec la défense, rajoutons les épisodes écrits sous Davies et la balance penche sérieux.



    Chef d’inculpation 9 : En faisant ça, en faisant du Docteur un personnage aux considérations humaines d’une certaine façon, Monsieur « tous mes personnages sont des astuces scénaristiques » se prive de ce qui devrait en rester une dans cette série. Plus encore que le tournevis sonique, le Docteur, le mystère l’entourant, et un plot device. Il sait tout, connait tout, résoud tout, c’est le principe même du truc.

    S’il commence à se poser des questions et à affronter des problèmes qu’il ne peut résoudre (outre sa mort / non –mort, on nous a fait le coup avec Tennant les gars), il perd sa substantifique moelle.

    Les héros de Doctor Who sont les compagnons. Ce sont eux qui répondent à l’appel de l’aventure et finissent par revenir chez eux changés. Pas le Docteur. Et c’est ce qui fait que même Mickey Smith est un meilleur compagnon que les Pond (qui sont les mêmes, mais déménagent à New-York. )

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu résumes très bien - beaucoup mieux que moi, en fait - le chef d'inculpation numéro 9 ^^

      En revanche j'ai eu du mal à ne pas bondir quand je t'ai vu approuver la défense pour le chef d'inculpation n°7. Je pense que c'est psychologique, tu as du complètement refouler les saisons 5, 6 et 7 (et comment t'en vouloir ^^)

      Supprimer
    2. Ben disons que Blink et Heaven sent sont de bonnes, voire très bonnes histoires de voyage dans ke temps,qui me marquent plus que l'échec des autres épisodes cités

      Supprimer
    3. Moui, pas pour rien que la Défense ne cite pas "Blink", puisqu'il y avait Davies qui tenait la bride à cette époque. "Heaven Sent" est donc la seule vraie histoire de voyage dans le temps que Moffat a réussi tout seul comme un grand (sur une demi-douzaine, si ce n'est plus ^^)

      Supprimer
    4. Tout à fait d'accord avec les remarques de Guic, concernant le N°9.
      On voit trop le Docteur, tout simplement. Elle semble loin l'époque où, en Grande Bretagne, les critiques épinglaient Davies, lorsqu'il faisait des épisodes "companion-light".
      L'autre problème, corollaire, est que les compagnons ne portent plus les intrigues. Peu, pour ce qui est des Pond; pas du tout, concernant Clara.
      L'introduction de Bill rappelle celle de Clara (la vraie). Le personnage est présent, sympathique, mais on n'apprend presque rien d'elle, dans cet épisode, si ce n'est ce que l'on savait déjà des différents teasers. Cela ne pousse guère à l'optimisme...

      Supprimer
  10. Moffat est loin d'être le plus mauvais à avoir œuvré sur Doctor Who, mais je n'ai jamais été très fan. Même le Moffat "d'avant", je le trouvais bien surestimé. Blink, Silence in the library, c'est beaucoup d'esbroufe : on en prend plein la vue, les emballages sont beaux mais, quand on revoit les épisodes ils sont - déjà - bourrés de ce que l'article reproche à Moffat (incohérences, timey wimey, personnages creux). Moffat, en réalité, ça ne marche qu'une fois mais ça résiste très mal à un second visionnage.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. edit : Je dirais même que ça résiste très mal "à la durée", pas pour rien que toutes ses séries (celle-ci à part) sont hyper courtes...

      Supprimer
    2. Coupling a tout de même duré quatre saisons. Mais je vois ce que tu veux dire...

      Supprimer
    3. Salut Thomas. Merci pour l'article. Je me suis bien marré ;)

      Puis-je te demander pourquoi tu écris toujours"le Doctor" ? Je trouve ça bizarre à lire.

      A plus et bon 10.1 (~.^)

      Supprimer
    4. En fait, il y a longtemps, j'avais un ami super-fan de la série (et qui me l'a plus ou moins faite découvrir, même si j'avais vu quelques épisodes à la télé quand j'étais gosse) qui ne traduisait jamais ce titre, précisément parce que pour lui, c'était plus qu'un titre : cela faisait office de prénom (ce que la série "moderne", qui n'existait pas à l'époque de ces discussions, n'a fait qu'entériner - The Master est d'ailleurs devenu Missy - un prénom - dernièrement). Par conséquent, en tant que prénom, il estimait qu'il ne fallait pas le traduire. Il était très pointilleux là-dessus.

      J'ai donc gardé cette habitude dont je reconnais qu'elle est un peu bizarre (surtout que dans ce cas je devrais l'appeler The Doctor et construire mes phrases différemment ^^). Mais je le fais sans y penser. Ce qui est marrant c'est que parfois, le correcteur automatique remet "docteur" et que je m'en aperçois même pas :-)

      Supprimer
  11. Merci beaucoup ce commentaire, qui me fait pas mal réfléchir concernant la période Capaldi, que personnellement j'aime beaucoup (surtout la 9, aïe ^^), et à propos de laquelle j'ai lu finalement assez peu de commentaires négatifs. Or, je dois avouer que la plupart des tes remarques me paraissent tout à fait exactes, notamment concernant la disparition progressive du côté fantaisiste et magique. Il est très possible que beaucoup de trucs me plaisent dans cette incarnation en creux par rapport à celle de Matt Smith.

    Ce que j'aime chez Capaldi, dans son intérprétation plus que dans les scenarii eux-mêmes, c'est qu'il incarne malgré tout une forme de retour aux sources, avec un Doctor plus... doctoral, qui a plus de distance vis-à-vis du monde qui l'entoure, qui peut aussi incarner une forme d'autorité par moments, à la manière de tous les premiers Doctors (disons jusqu'à Tom Baker, qui était tout de même plus sympathique que les quatre précédents mais demeurait capable d'être assez cassant). Mais c'est vrai, aussi, qu'il n'y a plus ce côté merveilleux, la saison 9 était extrêmement sombre, on dirait que ce Doctor plus « vieux » que la moyenne est perpétuellement hanté par la mort. Peut-être cela va-t-il revenir avec une nouvelle compagne plus jeune, avec un regard plus frais, etc. Capaldi s'est quand même bouffé jusqu'à présent la compagne la plus chiante et fadasse de toute l'histoire de la série ou presque. Ce qui est sûr c'est que je pense que Capaldi seul est pour beaucoup dans le fait que j'aie aimé ces deux saisons, car avec le recul, il y a tout de même beaucoup de stigmates de trucs moffatiens lourdingues (surtout dans la 8, mais aussi pas mal dans la 9, avec tous ces double-épisodes dont la deuxième partie était systématiquement moins bien la première, la mort complètement foirée de Clara - enfin, en même temps comment pouvait-elle réussie vu le peu d'affect qu'on a pu nouer à son égard ?...)

    C'est vrai que la saison 5 n'était pas la plus mauvaise ; c'est peut-être même la meilleure de Moffat, ce qui cela dit place le niveau assez bas vu qu'elle contient quand même son lot d'épisodes médiocres ou juste inutiles. Pour moi c'est à partir de la saison 6 que ça devient vraiment mauvais (ce qui peut sembler paradoxal - enfin, pas face à du Moffat - vu que deux de mes épisodes préférés de la série moderne sont dans cette saison). La première partie de la 7 également, quelle horreur... Je pense qu'on ne gardera vraiment pas grand-chose de ces saisons là. La 8 m'a paru tout de même plus consistante, on sentait (mais on le sentait déjà dans la 7B, même si c'était très maladroit) que Moffat se remettait un peu en question.

    Bon allez, je crois qu'il est l'heure d'attaquer la 10. Bonne soirée !

    RépondreSupprimer
  12. (je voulais bien sûr dire que Tom Baker était plus sympathique que les TROIS précédent, non les quatre)

    RépondreSupprimer
  13. En général ça poste le profil Google +, donc plus ou moins rien, vu que pas grand monde n'a de profil Google + ^^

    J'ai trouvé la reprise sympathique mais l'épisode ne m'a pas passionné outre mesure (cela dit, rien ne m'y a horripilé non plus, c'est déjà pas mal). J'avoue avoir tout de même soupiré quand j'ai compris qu'en plus d'être black, la nouvelle compagne était lesbienne (ce n'est pas un problème en soi, bien sûr, mais quand on connaît le passif de Moffat avec ce genre de sujet, ça sonne au mieux comme une manière lourdingue de faire amende honorable... et au pire, ça fait germer beaucoup de craintes pour la suite). On verra bien, je pense qu'il a envie de faire une sortie un peu digne (d'autant que ce sera aussi celle de Capaldi), après en sera-t-il capable, c'est une autre histoire...

    RépondreSupprimer
  14. Je ne savais pas que certains n’appréciaient pas la Période Matt Smith, qui est probablement la meilleure de mon point de vue. Il y a un fil conducteur assez important pour chaque saison. (Fissure pour la 5, river / mort du docteur saison 6, la fille impossible saison 7) à la rigueur la saison 7 est pas ma préférée comparé aux autres.

    Moffat a fait tous les meilleures épisodes de la série pratiquement, blink, la bibliothèque des ombres, ect… van gogh, la pandorica et j’en passe, et ceux si sont assez fort en émotions.

    J’ai fais un reboot depuis la S1 (2005) et je suis assez surpris de voir le nombre de recyclage des antagonistes mais ça reste des excellentes saisons clairement. Matt smith est fun, drôle, un peu à l’image de David (même si david est plus glacial quelquefois).

    Peut-être que des épisodes sont américanisés mais on s’en fiche c’est encore mieux enfaite, tous les épisodes sont à Londres sous l’ère Russel, presque fatiguant. Au moins avec moffat on quitte un peu cette routine.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avoue que c'est assez marrant de relire cet article 6 ans 1/2 et 2,5 Docs plus tard. Et surtout de constater que je prédisais à la fin que Moffat allait nous manquer, ce qui s'est bien entendu avéré.

      Il faut évidemment remettre un peu l'article dans son contexte (je suis désolé, je n'ai pas compris en lisant ton message si tu avais regardé tous ces épisodes à l'époque de leur diffusion). Moffat se mettait énormément en avant, plus qu'aucun autre avant ni après lui, il était presque devenu un personnage de la série à part entière à force de monopoliser la conversation autour de celle-ci. Et c'était démultiplié par le fait que Sherlock passait à la même époque. Il avait déjà un côté tête-à-claques à la base, mais comme en plus il ne la fermait jamais et passait sa vie à teaser tout et n'importe quoi à longueur d'interviews, le retour de bâton était inévitable. Dans le fond et comme tout le monde, j'aime bien Moffat (et je pense que ça se voit dans l'article). Il a écrit une palanquée d'excellents épisodes de DW (bon, certes, c'est celui qui en a écrit le plus dans la version moderne, ça aide ^^), les début de Sherlock étaient excellents, Jekyll était une très bonne série, sa version de Dracula était très sympa et Coupling, même si ç'a beaucoup vieilli, était vraiment une série rafraîchissante à l'époque.

      C'est bien entendu un excellent scénariste. Etait-il un bon showrunner ? Je suppose que la réponse est oui puisque la série n'a jamais été aussi populaire que durant son mandat. Mais je reste sceptique. Moins que l'américanisation du show, avec le recul, je lui reprocherais surtout d'en avoir fait quelque chose de beaucoup trop sérieux et mélodramatique (il a tout de même tué tous ses compagnons sans exception, quand on sait qu'avant lui ça n'était arrivé qu'une seule fois depuis 1963, ce n'est pas un détail), manquant de douceur, de légèreté (il y a des exceptions bien sûr mais la "légèreté" par Moffat est surtout, souvent, de la bouffonnerie - pas que dans DW d'ailleurs). Les personnages secondaires disparaissent totalement, le Doctor vampirise tout, il est littéralement le centre de l'univers... je comprends qu'on puisse apprécier cet aspect (surtout si on l'a découverte comme ça, on a d'ailleurs vu durant le mandat de Chris Chibnall que c'était très difficile de rétro-pédaler, puisqu'il a fini sur une saison au ton extrêmement sombre avec quasiment un revolver sur la tempe... pour quand même finir viré comme un malpropre... bref) mais ce n'est pas quelque chose que j'ai regretté par la suite. En revanche son écriture, oui, plus souvent. Mon problème avec Moffat est que c'est un auteur à concepts, et que quand il reste trop longtemps aux manettes d'une série (que ce soit DW ou Sherlock) les concepts finissent par devenir des gimmicks. Mais retrouver ponctuellement des épisodes "mindblowing" à la Moffat, je ne dirais certainement pas non.

      Supprimer
    2. Matt Smith en tant que tel me paraît vraiment difficile à juger... comme en fait tous les interprètes de la série moderne, puisqu'il est désormais établi que chaque showrunner vient avec son propre Doc, mais que la réciproque n'est pas vraie. Moffat a écrit pour quatre interprètes différentes, et on a bien vu lors de la période Capaldi qu'en dépit de son côté obsessionnel, il était capable de s'adapter. Matt Smith, lui, n'a joué quasiment que sous la direction de Moffat, c'était un gamin quand il a pris le rôle, il est presque sa "création". Il m'horripilait sur la fin, toutes ses qualités (à commencer par l'élasticité incroyable de son visage) ont été tellement sur-utilisées qu'elles ont fini par devenir des défauts, mais Moffat a sur-utilisé à peu près tout ce qu'il avait sous la main... donc quelle est la réelle responsabilité de Smith là-dedans ? J'ai tout de même adoré Matt Smith à ses débuts et maintenant que le temps a passé, je conserve une certaine affection pour lui. C'était un bon Doctor. J'avais fait un classement des interprètes il y a quelques années, son ère était encore récente et je l'avais mis plutôt bas, je pense que le remonterais sûrement d'une place ou deux aujourd'hui, mais il reste quand même pour moi assez loin de Tom Baker et David Tennant (première période, s'entend : je n'ai pas du tout apprécié son jeu caricatural lors de son comeback du mois dernier - je n'ai pas beaucoup apprécié ces épisodes, tout court, à vrai dire, à la différence semble-t-il de la plupart des gens).

      Supprimer

Si vous n'avez pas de compte blogger, choisir l'option NOM/URL et remplir les champs adéquats (ce n'est pas très clair, il faut le reconnaître).