vendredi 11 novembre 2011

I Took the Blame

[Mes disques à moi (et rien qu'à moi) - N°99]
Your Arsenal - Morrissey (1992)

Je n'ai jamais été vraiment à l'aise avec la carrière solo de Morrissey. Peut-être parce que j'aimais chez les Smiths une forme de radicalité, une ascèse que je n'ai jamais pu retrouver dans ces albums trop produits et souvent bâclés tout à la fois. Peut-être parce que Morrissey sans Johnny Marr et ses guitares mutines m'a toujours paru plus ou moins incomplet. Ne trouvant pas d'album parfait, je me suis en tout cas longtemps résolu à n'écouter que des compiles personnelles.

Je ne sais pas exactement à quel moment Your Arsenal est devenu mon album préféré, ni même s'il l'est à 100 % aujourd'hui. Je ne dirais pas qu'il a plus compté qu'un autre, même si "We'll Let You Know" m'a hanté durant des années. Le choix est même paradoxal par bien des aspects. C'est sans doute l'album le plus rock du Moz, et celui où ses textes, habituellement si fins et racés, sont les plus paresseux, usant et abusant de formules anathématiques ("You're the One for Me, Fatty", "The National Front Disco", "We'll Let You Know", donc).


Et pourtant, j'aime cet album d'un amour violent et irraisonné. Je l'ai aimé dès que je l'ai lu son titre, dès que j'ai vu sa pochette. Il est possible qu'Your Arsenal ait été mon album préféré de Morrissey bien des années avant que j'en aie entendu la moindre note, ce qui serait étonnant concernant à peu près n'importe quel autre artiste - pas celui-ci. Après tout, dans un album de Morrissey, ce qu'on aime avant tout, c'est Morrissey lui-même. Bien sûr ici, j'aime aussi la prod aérée - tellement plus aérée qu'ailleurs - signée par le grand Mick Ronson. Et le côté glam, et l'obsession rockab' ("You're Gonna Need Someone on Your Side"). C'est peut-être le dernier album où Morrissey tente réellement - et surtout sincèrement - de faire autre chose que du Morrissey ("Seasick, Yet Still Docked"), ne s'encombrant pas de grandes ballades mélodramatiques, et réservant son numéro de héros virgino-shakespearien foudroyé pour un unique - et grandiose - morceau ("I  Know It's Gonna Happen Someday", vous l'aurez deviné). Southpaw Grammar ne pouvant complètement compter dans ce raisonnement, puisque le Moz y tente surtout de raccrocher les wagons de la mode du moment.

Alors oui, j'aime tout cela bien sûr, mais avec Morrissey c'est toujours un peu secondaire. Your Arsenal, c'était aussi et surtout un album que j'étais fier de posséder. Ce qu'il provoquait en moi - et provoque toujours d'ailleurs - n'avait que peu à voir avec la musique ou l'esthétique. Pas des choses que l'on dit, pas des choses que l'on écrit dans une chronique. Un vrai disque rien qu'à soi, pour le coup.


Trois autres disques pour découvrir Morrissey (pour les Smiths, voir ICI)

Bona Drag (singles, 1990)
Maladjusted (1997)
Live at Earl's Court (live, 2005)

6 commentaires:

  1. A part I know it's gonna happen je n'aime pas trop cet album moi, en fait. Je suis même étonné par le choix.

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  2. Je ne sais pas si la démarche sur YA est moins "sincère" que sur SG (l'album est meilleur, ça c'est sûr). Je crois que Morrissey a souvent essayé de faire autre chose que "du Morrissey", mais que comme chaque fois il a fait flop il a fini par se rendre à l'évidence.

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  3. J'adore le morceau en écoute. Je n'ai jamais su exactement de quoi il parlait, mais il m'a toujours fait rire.

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  4. Serious >>> tu aurais voulu que je mette lequel ?...

    Lil' >>> sur ce Southpaw Grammar il louche du côté de Bristol, comme beaucoup à l'époque. Là sur Your Arsenal on ne peut pas l'accuser d'avoir bossé avec des influences à la mode. C'est ce que je voulais dire.

    Sevie >>> c'est une réflexion sardonique sur la manière dont il était jugé par la scène de Manchester une fois connu. Mais ça peut marcher comme une considération universelle, en effet (j'ai d'ailleurs longtemps cru que c'était un règlement de compte avec les ex-Smiths...)

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  5. à part la confirmation à mes yeux que morrissey n'a pas de cerveau et qu'il était prêt à cotoyer des fachos pour avoir le sentiment d'exister, toutes choses qui ne m'émeuvent pas des masses vu que je n'ai pas de relation particulière avec le moz,

    j'ai adoré ce disque aussi, il m'a surpris, il est sensuel, brutal, enlevé, après viva hate c'est mon préféré de ses solos (pour ceux que je connais, car justement je n'ai pas de relation suivie avec lui, contrairement à une majorité de son public)

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  6. Je crois que cet album peut être préféré aux autres à plus forte raison lorsque l'on n'a pas de relation particulière avec lui.

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