dimanche 14 novembre 2010

Southland - LAPD Blues

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On prend les mêmes et on recommence. C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes. Choisissez le proverbe de grand-mère que vous préférez, il conviendra de toute façon à Southland. Dont on pourrait dire - si l'on ne craignait que le propos soit négativement interprété - qu'elle est un peu l'archétype de la série américaine des deux ou trois dernières années. Pas originale pour deux sous, à peu près aussi novatrice que le prochain album d'AC/DC mais, tout comme d'ailleurs probablement le prochain opus des frères Young, d'une indéniable efficacité et d'une qualité suffisamment notable pour qu'on en dise un peu plus que "tu peux y aller, c'est bien".

Quel pays tout de même, ces États-Unis. Quel monde que celui des séries US. Southland pourrait presque être vue comme un manifeste, comme l'éclatante preuve de la supériorité des Américains en la matière. Elle n'apporte aucune réponse, mais elle pose dès son pilote un constat : dès lors qu'on touche au domaine des séries, les États-Unis disposent d'un vivier inépuisables de talents et d'un savoir-faire bluffant les compilant à merveille. Pourquoi Braquo crapote ? Pourquoi Luther déçoit ? Et pourquoi pas Southland ? Parce que les Américains savent faire, littéralement. Ils savent faire de grandes séries, mais ils savent tout aussi souvent faire de bonnes petites séries mineures, capables de séduire, d'accrocher, pour s'élever progressivement au fil des épisodes. Southland n'a pourtant, sur le papier, pas plus d'intérêt que (au pif) Braquo. C'est une histoire de flics (une de plus) suivant la vie d'un commissariat de quartier (un de plus) à travers le regard de flics désabusés mais volontaires (huit de plus au bas mot), qui tentent tant que bien mal de concilier vie privée et vie professionnelle, de retrouver chaque matin la même foi qui sera ébranlée dès le premier meurtre. Le tout est bien sûr anti-manichéen au possible et filmé de cette même caméra tremblotante, alterne americana douce-amère et moments de tensions. C'est (pas mal) NYPDB Blue. C'est (beaucoup) Brooklyn South. C'est (un peu) The Shield. Ce sont cent autres séries avant (et après) elle. C'est ce qu'on appelle du placement sans risque, et le pire c'est que ça marche prodigieusement bien.

Pourquoi ? D'abord parce que les comédiens - ce petit détail qui manquait si cruellement à Braquo - sont tous très bons, habitants à la perfection leurs personnages et relevant des intrigues parfois sans grand intérêt. Ensuite parce que si ces histoires de meurtres et autres crimes sordides semblent souvent familières, leur manque d'originalité est contrebalancé par une absence totale de prétention. Showrunnée par un artisan de la série télé, homme de l'ombre incapable d'en créer une sans qu'elle soit annulée au bout de quelques épisodes mais passé maître dans l'art de faire fructifier les idées des autres (John Wells, vingt-cinq ans de carrière dont quinze d'Urgences et trois de West Wing), Southland n'a pas la prétention de reprendre le flambeau de la tragédie hardboiled façon The Shield, et est l'inverse du produit clinquant à la CSI. Elle remplit son office sans bruit et sans esbroufe, comme animée par la seule envie de raconter de (plus ou moins) bonnes histoires portées par de bon personnages, avec une bonne mise en scène et de bons dialogues. Ce qui fait, somme toute, une bonne série. Sans rien d'exceptionnel, mais on ne peut inventer la roue tous les ans.


Southland (saisons 1 & 2), créée par Ann Biderman (NBC, 2009-10)

16 commentaires:

  1. à propos de séries de flics : t'as jeté un oeil sur Blue Bloods??

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  2. Je te trouve un peu sévère. Pour moi, Southland est vraiment une très bonne série, bien jouée, bien filmée, bien écrite et avec énormément de tension.

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  3. Pas encore d'avis sur la série, mais super, le titre de ton article ;)

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  4. Pyrox >>> j'ai regardé le pilote et j'en dirais à peu près pareil que de Southland. A voir sur la durée, ça a l'air pas mal... mais ça n'a pas l'air non plus d'une originalité mémorable (impossible de ne pas penser à We Own the Night de James Gray, quand même). Pourtant il me semble que ce sont des mecs des Soprano, qui l'ont faite. Donc qui sait. J'y reviendrai plus tard.

    Bloom >>> mais je n'ai pas du tout dit le contraire !

    Melou >>> tu me charries, là ? Il est tout pourri, c'est le titre le plus banal qu'on puisse trouver pour un billet sur cette série :-)

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  5. tiens c'est marrant j'avais pas pensé à ce parallèle avec we own the night... alors que c'est assez évident en effet
    ^^

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  6. En tout cas c'est ce que le pilote m'a évoqué. Ça se dilue peut-être après...

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  7. A quoi ça sert de mettre des ;) si leur ambiguité n'apparait pas ?!!!!
    Je développe, donc : il faut parfois avoir du courage pour faire des jeux de mots un peu vaseux!
    Bref, j'ai comme l'impression que je ne fais pas vraiment avancer le débat de fond....

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  8. Dans le même temps, tu auras sans doute noté l'absence cruelle de débat de fond dans cette discussion ^^

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  9. Pour ajouter du fond au débat, je passe simplement pour dire que je viens de regarder le 1er ép de la saison 3. C'est toujours très très bon ;-)

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  10. Arrête, tu ne te rends pas compte : tu as vu la série. C'est énorme :-))

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  11. Un peu de mal avec les deux-trois 1ers épisodes, mais une fois que j'étais parti ... ;-)

    Ce soir, j'attaque Better Off Ted. Je n'ai rien lu dessus, mais il y a Portia, je crois. Vais donc essayer !

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  12. Ah tiens. Je n'aurais pas cru que Portia était ton genre... ^^

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  13. Bah ... comme y a zéro chance dès le départ, j'ai pas peur du rateau ;-)

    Pardon, Ellen, si tu m'entends !

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  14. Bah ... c'était ma minute Closer.
    Sinon, Better Off Ted, ça me fait bien marrer et Portia y excelle ;-)

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