mardi 17 août 2010

D.H. Lawrence - Un prologue

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Cet arc-en-ciel lawrencien aura défié tous les pronostics. Pensez donc : un mois ! Il m'a fallu un mois pour en venir à bout, ce qui est un record pour un livre du génial D.H. Lawrence (dont j'ai dévoré quasiment toutes les autres œuvre) et constitue même, peut-être, un record absolu (la dernière fois que j'ai mis si longtemps pour terminer un bouquin doit remonter à mon adolescence... à vrai dire c'était il y a si longtemps que je ne m'en souviens plus). J'aimerais lui trouver des excuses, dire que c'est parce que j'avais peu de temps pour lire, que je n'étais pas d'humeur à m'intéresser à ce genre chose... mais ce serait tout à fait faux, en ce moment je prends énormément le train, le métro, je lis à longueur de temps... c'est donc bien parce qu'il m'a paru relativement indigeste que j'ai ainsi calé dans les montées.

On ne peut pourtant pas dire que The Rainbow soit un mauvais roman. D'une part, c'est le premier tome du cycle de la Brangwen Family, soit donc le prologue à l'un des plus beaux romans du vingtième siècle (Women in Love, qui peut cependant se lire de manière indépendante). On y trouve d'autre part tout ce que l'on est susceptible d'aimer chez Lawrence : style incisif et à rebours de tout ce qui pouvait se faire dans la littérature de l'époque (pas étonnant que ce livre plus qu'aucun autre de son auteur ait été élevé au rang de parangon du modernisme), goût pour le soufre et la provocation (The Rainbow sera d'ailleurs dument censuré à sa sortie), exacerbation des tensions sexuelles... sans oublier, bien sûr, cette vision du monde quasi-dionysiaque qui selon les époques fit à la fois tant de mal et tant de bien à la réputation de Lawrence.

Comment expliquer alors que ce qui fonctionne admirablement ailleurs soit moins convaincant en l'occurrence ? Il y a sans doute une part de lassitude toute personnelle face à un auteur qui, pour génial qu'il fût, écrivait quand même un peu toujours la même histoire (il n'est foncièrement que le décorum pour séparer The Rainbow des Plumed Serpent et autres Lady Chatterley's Lover, comme si toute l'œuvre de Lawrence à partir des années 15 n'avait tendue que vers cet unique but : écrire - devenir ! - Lady Chatterley's Lover). Surtout, dans The Rainbow, les fulgurances de l'artiste se font plus rares qu'à l'accoutumée. Dans sa volonté mégalomane de bâtir une immense fresque sur - en vrac et dans le désordre - son époque, les femmes, le désir, la société, l'amour, l'Occident... il se perd parfois en route, navigant assez loin de la force de frappe d'un texte comme St Mawr - court, ramassé, percutant. Du coup, il faut bien reconnaître qu'on baille un peu parfois, incapable de ne pas se demander si cette longue entrée matière n'aurait pas dû rester ce qu'elle était dans l'esprit de son créateur : un simple prologue au magnifique Women in Love.


The Rainbow, de D.H. Lawrence (1915)

4 commentaires:

  1. Je n'ai pas lu celui-ci - je ne savais même pas qu'il y avait un prologue à Women In Love -, mais le "zéro commentaire" m'a fait de la peine.

    BBB.

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  2. Le Golb vous remercie de votre bienveillance :-)

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  3. Je ne connais de D.H. Lawrence que Lady Chatterley's Lover, que j'avais beaucoup aimé.
    Tu me donnes envie de découvrir le reste de son oeuvre, et plus particulièrement Women in Love...

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  4. C'est un très beau roman sur lequel je n'ai malheureusement jamais eu l'occasion d'écrire (je l'ai lu il y a très longtemps). En revanche j'ai évoqué pas mal des chefs-d'œuvre de Lawrence (si ça t'intéresse, je te renvoie à l'index du blog).

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