mardi 17 août 2010

Porcupine Tree - Sans égal à lui-même

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Il a beau être à peu de choses près le genre honni entre tous, le rock progressif n’en recèle pas moins quelques perles, et pas qu’au début des années 70, et pas que chez Radiohead – vous savez : ce groupe dont les fans rougissent tellement du terme « prog » qu’ils n’osent pas avouer qu’il en joue. Dans cette catégorie, Porcupine Tree est probablement le maître absolu. Vingt ans de carrière, deux très grands disques (Signify en 1996 et Stupid Dream en 1999), une véritable intégrité, une sincère curiosité pour les chapelles musicales voisines… une vision artistique personnelle forçant le respect, en somme, y compris lorsque le groupe a pu partir dans des directions qu’on n’appréciait pas forcément.

C’est justement là qu’on l’avait laissé l’an passé, sur un album – The Incident – comptant parmi les plus faibles qu’ait jamais publiés le groupe anglais. Lui qui s’était toujours tenu à l’écart des dérives pompières et démonstratives du prog avait fini depuis quelques albums par s’enfoncer dans un sous-genre encore plus honni (le prog metal), et il devenait de plus en plus compliqué de le défendre. C’est donc à point nommé que nous arrive ce live, Atlanta, qui enregistré en 2007 (ce n’est pas pour nous déplaire) remet quelques pendules à l’heure… et une discographie à niveau.


Oh bien sûr, on trouvera ici peu d’extraits des meilleurs disques du groupe. Mais ce copieux opus, diffusé au profit de la lutte contre le cancer, offre en contrepartie un joli best of de la dernière décennie du groupe. Difficile de ne pas prendre un bon coup derrière la calebasse avec la remarquable ouverture que constitue Fear of a Blank Planet, ou de regretter le choix de chansons rares (donc précieuses) comme What Happens Now?, Drown with Me ou encore A Smart Kid (jusqu’alors jamais gravée en live). En belle forme, Porcupine Tree fait montre d’une certaine aisance dans les passages les plus ouvertement prog (on pense bien sur aux dix-sept minutes d’Anesthetize), très fluides, finalement plus simples que ce que l’appellation « rock progressif » peut a priori laisser supposer.

On touche là à l’un des plus grands malentendus concernant le groupe de Hemel Hempstead : Steven Wilson, individu ouvert et prodigieusement cultivé, est avant tout un immense fan de Pink Floyd. Comme la sienne, la musique de Porcupine Tree, parfois franchement pop, est plus souvent planante que véritablement technique, toute de riffs s’envolant dans les sphères et d’un éther plus psychédélique que réellement prog. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter la splendide Even Less – assurément l’une des meilleures compos du groupe. Les breaks instrumentaux y sont dénués de toute démonstration, cherchant avant tout un feeling, une émotion. Tout au plus pourra-t-on parfois trouver les synthés un peu envahissants – c’est le genre qui veut cela.

Allez, histoire de conclure, autorisons-nous toutefois à émettre un menu reproche : il est assez dommage que ce live en tout point recommandable accorde finalement si peu de place aux multiples facettes du groupe. Cohérent, soit. D’un seul tenant, surtout. Porcupine Tree a abordé tant de styles et effleuré tant de sensibilités depuis son premier album, qu’il est un peu regrettable de le voir ici limité à son versant rock/metal prog. Il est vrai qu’il s’agit avant tout de l’instantané d’une tournée donnée, et d’un concert qui n’était probablement même pas censé paraître initialement. Mais du coup, au lieu de devenir ce qu’il aurait pu être haut à la main (une excellente entrée en matière), Atlanta se voit partiellement réduit dans son impact. Tant pis : après tout, c’est une sortie caritative. On ne va pas en plus demander de l’irréprochable, d’autant que Porcupine Tree, en dépit de ses qualités innombrables, n’a jamais trop donné dans le genre.


Atlanta, de Porcupine Tree (2010)

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