lundi 24 mai 2010

Jeremy Jay - Un Faust du Troisième Type

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"Pavement rencontrant Sonic Youth de la période Evol joué par Siouxsie Sioux"

C'est ainsi que Jeremy Jay présentait il y a quelques mois son troisième album, et aussi étonnant que cela puisse paraître on ne peut pas vraiment dire qu'il nous ait menti. Notez qu'il fallait au moins cela pour me convaincre de jeter une oreille dessus tant les précédents, A Place Where We Could Go et Slow Dance, achetés à la sortie d'un concert étonnamment cool, m'avaient assomé. Je comprends un peu mieux pourquoi à présent : ce soir-là au Café de la Danse, le jeune homme avait principalement joué des titres du previsously released Splash. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y enterre de belle manière la pop discoïde et un brin fadasse de ses premiers opus.

Pour être franc, on est même à deux doigts de se pincer lorsque résonne l'intro d'"As You Look Over the City", effectivement très Pavement. Que s'est-il passé ? Quelle tribu martienne a bien pu enlever notre gentil chouchou des Inrocks pour le remplacer par ce vulgaire sosie, bien peu convaincant tant il est rapidement évident que ce n'est plus le même artiste ? On hésite à mettre Fox Mulder sur le coup. Il n'est pas humainement possible de passer de Slow Dance, mal fichu et très mal produit, à Splash, sa pop lo/fi entraînante et ses relents post-punk. Du moins, pas sans y laisser son âme. Dieu sait avec quel démon vengeur Jeremy a pu faire un pacte pour pouvoir écrire des choses comme "Just Dial My Number" ou "Someday Somewhere"...

... sans doute pas un très puissant, soit. Splash est loin d'être parfait, et le naturel revenant toujours au galop il contient malgré de louables efforts un ou deux morceaux que seul l'adjectif chiant serait à même de qualifier sans les trahir. N'empêche : voilà ce qui s'appelle un artiste qui progresse, qui travaille, qui essaie de s'améliorer. Et avance tranquillement vers la maturité. Sans doute cet habile faiseur ne sera-t-il jamais à la hauteur de ses modèles, qu'ils se nomment Stephen Malkmus ou Morrissey. Il réussit au moins sur cet album à se montrer digne des louanges que lui adresse la presse depuis deux ans. On ne peut que l'en féliciter.



Splash, de Jeremy Jay (2010)


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6 commentaires:

  1. très drôle cet extrait ^^

    malgré de louables efforts un ou deux morceaux que seul l'adjectif chiant serait à même de qualifier sans les trahir comme Splash donc? :-P

    Au moins, Lou Reed joue comme un manche avec sa six cordes, mais il a la décence d'inclure quelques larsens ou distorsions... là, on est juste crispé à se demander pourquoi il continue de jouer de la guitare, il pourrait juste rester au chant... et continuer de nous satisfaire de ses lalalala foireux...

    Le Morrissey du pauvre (et vu tout le bien que je pense à l'ex des Smiths... ça en dit long :-P)

    Quant à la référence à Evol...

    Il en faut du courage à Thom pour se gaufrer des machins pareils... on va me dire, oui mais j'aime pas la pop, n'empêche, respect ^^

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  2. C'est clair que je suis impressionné de voir qu'un gars qui "n'aime pas la pop" et s'en vante à longueur d'années puisse dans le même temps lire autant d'articles sur le sujet, et les commenter, en plus ! Qui est plus gros pervers de nous deux, hein ? :-)

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  3. Mais je n'ai jamais renié ma perversion :-D
    J'aime me faire du mal ou plutôt j'essaie toujours de comprendre l'attrait qu'ont les gens pour la pop (comme sans doute on peut se demander pourquoi mon attrait pour les mauvais films de tout poil XD)

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  4. Là où c'est bizarre c'est que ton attrait pour les nanars ne m'a jamais vraiment perturbé... mais c'est peut-être parce que j'aime bien ça ^^

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  5. Mais ça se laisse écouter non ? Non ?

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  6. Vu en concert il y a quelques mois, j'avais été assez charmé. Mais bon cet album pareil que les autres : bof.

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