lundi 22 mars 2010

The Daredevil Christopher Wright - Un certain sens du goût

...
[Article précédemment publié sur le merveilleux Interlignage] Qui a dit que 2010 serait une année pop, déjà ?

Suis-je bête : c'est moi.

Et The Daredevil Christopher Wright semble m'avoir entendu, qui ne s'y serait pas pris autrement s'il avait souhaité placer ses billes en vue de l'annuel couronnement. Au point de déstabiliser quelque peu. Un comble, non ?


En fait, si l'on sent très vite qu'In Deference to a Broken Back est un bon album, on met en revanche un certain temps à comprendre pourquoi. Il est au premier abord tellement riche et varié que l'on ne sait pas trop par quel bout le prendre, vous allez me dire que ce n'est pas grave : certes - mais c'est tout de même un peu facile quand on reste tranquille chez soi et qu'on n'a pas pour devoir d'écrire dessus. C'est pas pour dire mais y en a qui bossent, aussi.

Donc on l'écoute, le réécoute. Le ré-réécoute. Et chaque fois, le résultat est le même : on trouve ça bien, on trouve ça très bien, on trouve ça absolument brillant par endroits... mais on n'arrive pas vraiment à l'expliquer. Sont-ce les orchestrations particulièrement chiadées ? Les harmonies vocales des plus séduisantes ? Le remarquable sens de la mélodie dont fait preuve le groupe du début à la fin ? L'évidente fraîcheur de l'ensemble ? La production léchée ? Le mix de Bon Iver ?

Eh bien pas du tout. La caractéristique principale de The Daredevil Christopher Wright, ce qui le fait clairement plus pencher du côté de la pop que de la folk, c'est - roulement de tambours - son raffinement. Cette musique est raffinée. Élégante. Bien plus que ce que suggère le look du groupe sur la pochette, ajouterait une mauvaise langue. Il se dégage d'In Deference to a Broken Back une forme de distinction, de sens du bon goût rendant son oscillation d'un style à l'autre tout à fait cohérente. Rien d'étonnant à ce qu'ils évoquent parfois Buffalo Springfield, qui à la fin des années 60 éleva la folk à un degré de sophistication si rarement atteint que certains en vinrent à les surnommer sans rire les Beatles américains.

Sans atteindre une telle extrémité (mais Buffalo Springfield lui-même ne méritait de toute façon pas une telle comparaison), The Daredevil Christopher Wright s'inscrit dans cette filiation. Chaque fois que l'on croit qu'ils vont basculer vers le folk-rock (comme sur la ravissante "The East Coast", qui rappelle un instant Whiskeytown), ils se vrillent et filent vers autre chose, pop cuivrée (on songe à Elvis Perkins In Dearland pour "Acceptable Loss"), swing malin ("Bury You Alive") ou embardée indie-rock ("We're Not Friends"). Il faut reconnaître à ces gens-là un certain talent pour brouiller les pistes, et si l'on peut se retrouver un chouïa désorienté de les voir subitement chasser sur les terres d'Elliott Smith ("War Stories") ou lorgner du côté du rockabilly le temps d'une remuante "Near Death Experience"... force est d'avouer que ce n'est pas pour nous déplaire. Surtout si c'est pour conclure sur une ballade mccartnéenne en diable, majestueusement tendre et sobrement touchante. L'élégance, c'est connu de tous, va de pair avec la sobriété.

Une des belles révélations de l'année.



In Deference to a Broken Back, de The Daredevil Christopher Wright (2010)


5 commentaires:

  1. Plus folk que pop, quand même...

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  2. Bel album. Pas révolutionnaire mais vraiment varié et divertissant.

    Par contre, faire un billet après le tien...

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  3. Vraiment un bon album. Toutes les chansons sont bien, une rareté ;)

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  4. mika >>> sur "Clouds", oui. Mais ça dépend des morceaux.

    Lyle >>> n'en remets pas une couche ^^

    Serious >>> c'est ce que je me disais en le réécoutant hier...

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