lundi 16 février 2009

Mosquitoes - Told to swallow them whole

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Au milieu de la dense bibliographie de Faulkner se retrouvent deux romans que l'on pourrait qualifier, reprenant la célèbre formule que Hitchcock avait appliqué aux Oiseaux, de typically un-faulknerian novels. Le premier d'entre eux, dont je ne vous ne parlerai jamais tant la simple idée de le relire me fait bailler d'avance, se nomme Pylon - l'auteur y chante son amour pour les grands héros de son temps : les aviateurs. Tout un programme. Quant au second - celui qui nous intéresse - il s'intitule Mosquitoes.

Les moustiques du titre, ce sont les bourgeois de Louisanne, une petite caste fermée déjà considérablement égratignée par l'auteur dans son premier roman (Soldier's Pay). Fallait-il en rajouter ? Apparemment : oui. Faulkner se régale visiblement à brocarder la futilité et la médiocrité ordinaire de ces gens pour la plupart racistes et ridicules, et cette colère, si inhabituelle dans sa brutalité, lui sied plutôt bien.

Est-ce un grand livre ?... voilà une autre question. C'est un livre aimable (au sens où on peut l'aimer), efficace et qui fait sourire (souvent, même). En dépit du manichéisme inhérent à un tel exercice satirique (on aura rarement vu Faulkner faire si peu dans la dentelle), la mise à sac de la famille Sartoris (récurrente dans les premiers livres de Faulkner) fait souvent mouche.

Est-ce que je le conseillerais ? Non. Pas à quelqu'un qui n'a jamais lu Faulkner. Il faut bien avouer qu'on a affaire ici à un Objet Faulknerien Non Indentifié . Mosquitoes, aussi réussi et amusant soit-il, n'a pas grand chose à voir avec les autres œuvres de son auteur. Nettement plus léger et surtout (désolé Willy ) nettement plus... superficiel ! Comme si la frivolité des personnages mis en scène avait gagné le metteur en scène lui-même. Or si l'on peut songer par moment à une version provinciale de Fitzgerald, force est de noter que le grattage sous le vernis social n'est apparemment pas la spécialité d'un Faulkner qui s'enlise à la moitié et ne parvient pas une seconde à atteindre en matière de comédie le niveau stratosphérique qu'on lui connaît en matière de tragédie. Bref : une curiosité, à réserver aux connaisseurs.


👍 Mosquitoes [Moustiques]
William Faulkner | Vintage, 1927

6 commentaires:

  1. J'ai bien aimé celui-ci, mais ce n'était pas le premier Faulkner que je lisais. :))

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  2. Moi aussi je l'ai bien aimé (enfin en même temps pour trouver un Faulkner que j'ai pas aimé... (à part Pylon... et encore, il m'a un peu soûlé, mais c'est quand même prodigieusement écrit...))

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  3. j'avais écrit un pavé hier soir, l'ai paumé...

    oui Pylones est mineur, et assumé comme tel par faulkner, qui l'écrivit come une récréation alors qu'il peinait à faire avancer l'un de ses plus gros pavés (et pas le plus mauvais), Lumière d'août.
    Je ne relirai sans doute pas, mais Pylones a quelque chose de particulier qui tient à autre chose que livre lui-même.

    cette fascination pour l'aviation, Faulkner en a été très meurtri : engagé dans l'aviation canadienne, il n'avait pas encore fini sa formation que l'armistice était signée.
    Quand il revient chez lui, dans un uniforme qui n'est pas le sien (car il n'a jamais "servi" au sens propre), il boîte bas (mais pour de faux), prétendant avoir été blessé dans un assaut aérien au front !

    mythomanie pathétique mais qui a peut-être servi son oeuvre et donné quelques belles nouvelles.
    Là où ça devient chaud, ce n'est pas avec le film (bon, d'aillerus) tiré du livre, "La ronde l'aube". quoique...

    Gagnant enfin un peu d'argent grâce au cinéma (ouf, la transition, tout de même), Faulkner s'offre un avion, qu'il n'utilise pas. Et pour cause, on ne peut pas dire que ce soit un vrai pilote, contrairement à son frère, ce frère qui lui a fourni le personnage d'aviateur acrobate de champ de foire de Pylones, justement.
    Histoire de sceller son lien tragique à l'aviation, Faulkner offre son avion à son frère... qui se tue peu de temps après à ses commandes.

    du coup Pylones prend pour moi un peu plus d'importance que sa seule lecture ne devrait le laisser penser.

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  4. Je connaissais cette anecdote...

    Je suis assez d'accord avec toi sur Pylon, en fait. C'est un bouquin attachant, qui humanise énormément le personnage Faulkner... mais je me mets sans doute trop facilement à la place du gars qui ne connait pas l'auteur et commence avec Pylon... probablement qu'il n'y reviendra jamais, le bougre ^^

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  5. très classiquement, en général je recommande de commencer par Le bruit et la fureur, ou le dyptique Sanctuaire-requiem pour une nonne.

    après ça on peut passer aux choses sérieuses ^^
    comme Abslon absalon,
    ou les palmiers sauvages

    en même temps si on aime vraiment faulkner, on peut aussi commencer directement par... toni morrison ;-)

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  6. Je dirais que Sanctuaire est "le meilleur des plus accessibles"... Toni Morrison... j'aime bien aussi... mais c'est pas Faulkner, quand même, faut pas déconner (personne n'est Faulkner :))

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