Dans une brève interview (que je n'ai hélas pas retrouvée) accordée à notre amie Caro(line) j'avais découvert, étonné et ravi, que Philippe Jaenada idolâtrait Bukowski. Ravi car il se trouve que moi-même je l'idolâtre. Étonné parce que j'avais beau réfléchir, je ne voyais que peu de connexions directes entres leurs ouvrages respectifs - ce qui n'était pas tellement un problème du reste.
Oui, mais je n'avais pas encore lu Vie et mort de la jeune fille blonde, qu'un lecteur étourdi au point de ne pas lire le nom de l'auteur sur la couverture pourrait aisément prendre pour une face B. de Bukowski. Hommage ou influence inconsciente, difficile de ne pas faire le rapprochement tant certains passages évoquent de manière frappante les premiers émois sexuels du narrateur de Ham on Rye.
Ce narrateur-ci (celui de Jaenada) retrouve par hasard la trace de la femme qui, vingt-trois ans plus tôt, l'initia au sexe. L'occasion d'un retour sur lui-même autant que d'une fuite en avant, le prétexte aussi à quelques pages émouvantes sur la découverte du désir. Pourquoi pas ? Jaenada est un auteur si vif et sensible qu'on l'imagine sans problème accoucher pour l'occasion d'un de ces romans tout à la fois tendres, poétiques, burlesques... dont il a le secret. On en ressort d'autant plus déçu que la longueur du livre est inversement proportionnelle à celle du titre, à tel point qu'à la fin on a la désagréable impression que l'auteur a à peine effleuré un sujet pourtant incroyablement riche. On peine surtout à vraiment comprendre le pourquoi du comment de la construction du bouquin... par exemple : pourquoi l'amusante exposition, avec (entre autres) ses hilarants duels de baffes, constitue-t-elle à elle seule près de la moitié du texte ? On dirait du coup une nouvelle qui aurait été rallongée tant bien que mal afin de paraitre au format roman. Hypothèse probablement fumeuse qui traduit néanmoins assez bien ma perplexité (et celle de Lilly ? bah tiens) : on ne comprend pas très bien où l'auteur veut en venir, on se demande même un peu s'il veut en venir quelque part, on avale le livre à tout allure mais on l'oublie presque aussitôt... comme si la mécanique tournait complètement à vide, comme si seule comptait cette écriture toujours impeccable, merveilleuse de souffle et de rythme. A moins qu'il s'agisse en fait d'un projet remarquablement ambitieux visant à proposer un livre très bien écrit mais à faible contenu afin de mettre en abyme le sexe sans amour...? Moui...
Reste que le plus étonnant demeure la place occupée par ce récit dans la bibliographie de l'auteur... disons que publier Vie et mort de la jeune fille blonde après Le Cosmonaute c'est un peu comme si les Beatles avaient publié Please Please Me après Revolver...
Bref : un Jaenada mineur, incontestablement agréable à lire (ce style, ce ton...)... mais aussi incontestablement décevant quand on aime cet auteur.
Oui, mais je n'avais pas encore lu Vie et mort de la jeune fille blonde, qu'un lecteur étourdi au point de ne pas lire le nom de l'auteur sur la couverture pourrait aisément prendre pour une face B. de Bukowski. Hommage ou influence inconsciente, difficile de ne pas faire le rapprochement tant certains passages évoquent de manière frappante les premiers émois sexuels du narrateur de Ham on Rye.
Ce narrateur-ci (celui de Jaenada) retrouve par hasard la trace de la femme qui, vingt-trois ans plus tôt, l'initia au sexe. L'occasion d'un retour sur lui-même autant que d'une fuite en avant, le prétexte aussi à quelques pages émouvantes sur la découverte du désir. Pourquoi pas ? Jaenada est un auteur si vif et sensible qu'on l'imagine sans problème accoucher pour l'occasion d'un de ces romans tout à la fois tendres, poétiques, burlesques... dont il a le secret. On en ressort d'autant plus déçu que la longueur du livre est inversement proportionnelle à celle du titre, à tel point qu'à la fin on a la désagréable impression que l'auteur a à peine effleuré un sujet pourtant incroyablement riche. On peine surtout à vraiment comprendre le pourquoi du comment de la construction du bouquin... par exemple : pourquoi l'amusante exposition, avec (entre autres) ses hilarants duels de baffes, constitue-t-elle à elle seule près de la moitié du texte ? On dirait du coup une nouvelle qui aurait été rallongée tant bien que mal afin de paraitre au format roman. Hypothèse probablement fumeuse qui traduit néanmoins assez bien ma perplexité (et celle de Lilly ? bah tiens) : on ne comprend pas très bien où l'auteur veut en venir, on se demande même un peu s'il veut en venir quelque part, on avale le livre à tout allure mais on l'oublie presque aussitôt... comme si la mécanique tournait complètement à vide, comme si seule comptait cette écriture toujours impeccable, merveilleuse de souffle et de rythme. A moins qu'il s'agisse en fait d'un projet remarquablement ambitieux visant à proposer un livre très bien écrit mais à faible contenu afin de mettre en abyme le sexe sans amour...? Moui...
Reste que le plus étonnant demeure la place occupée par ce récit dans la bibliographie de l'auteur... disons que publier Vie et mort de la jeune fille blonde après Le Cosmonaute c'est un peu comme si les Beatles avaient publié Please Please Me après Revolver...
Bref : un Jaenada mineur, incontestablement agréable à lire (ce style, ce ton...)... mais aussi incontestablement décevant quand on aime cet auteur.
✋ Vie et mort de la jeune fille blonde
Philippe Jaenada | Le Livre de Poche, 2004