samedi 19 avril 2008

Trent Reznor (Part 2)

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La première partie

👎 Things Falling Apart (EP, 2000)

L'exercice du disque remixes étant devenu une tradition, Things Falling Apart paraît un an pile après The Fragile. Mais si Fixed et Further Down the Spiral transcendaient le concept, Things Falling Apart est pour sa part un disques de remixes tout à fait banal - sans doute la première parution banale de Nine Inch Nails depuis le début de sa carrière dix ans plus tôt. Outre le fait que l'ensemble n'affiche pas la moindre cohérence (une hérésie de la part de Reznor) certains remixes sont tout simplement... de très mauvais goût. Le « Starfuckers, Inc. » version Dave Oligivie est franchement moche. « The Frail » sonne comme un succédané du Kronos Quartet de Requiem for A dream - le tout parsemé de bruitages aussi bizarres qu'inutiles. Certains accusèrent NIN de vouloir capitaliser sur son nom afin de compenser les pertes occasionnées par The Fragile ; le plus probable reste cependant que Reznor se soit fourvoyé en confiant ces remixes à des potes dont ce n'était pas vraiment le métier. Car c'est précisément grâce à lui ou son désormais indispensable claviériste Charlie Clouser que le remix est devenu sinon un art du moins une spécialité. Rien d'étonnant donc à ce que le dit Clouser se livre de très loin à la meilleure performance du disque (son « Starfucker » est un exercice trans de haute voltige) tandis que le sympathique Adrian Sherwood ou le sans doute talentueux (on n'en sait rien : personne n'a jamais su d'où il sortait) Keith Hillebrandt se viandent pitoyablement. Rien à sauver ? Si : « Slipping Away » et « The Great Collapse » sont d'excellente facture. Pas étonnant : c'est Reznor et l'indispensable Alan Moulder qui les ont pris en main. Même commentaire pour la très bonne reprise (quoiqu'un poil longuette) du « Metal » de Gary Numan, enregistrée pour l'occasion. N'empêche : c'est sans doute à ce jour le disque le plus faible jamais publié par Nine Inch Nails.


👍👍 ...and All that Could Have Been (album live, 2002)

Au terme d'un Fragility Tour 1999/2000 plutôt intimiste, Nine Inch Nails décide de jouer les prolongations en ressortant l'artillerie lourde, les treillis et tous le grand bazar. Ce sera le Fragility Tour 2.0, tournée la plus mal nommée de tout les temps tant elle reste un grand moment de... sauvagerie. Et votre serviteur de se rémémorer une prestation eurockéenne pour le moins... sanglante. C'est de cette tournée-ci que ...and All that Could Have Been se veut le reflet fidèle, même si dans le fond il s'agit surtout d'un excellent greatest hits du groupe de Trent Reznor. Et l'on insistera bien sur le mot groupe tant Nine Inch Nails, sans doute ici présenté sous le meilleur line-up de son histoire (la paire Finck/Lohner aux guitares, Charlie Clouser aux claviers et le mésestimé Jérôme Dillon à la batterie), semble sur ce disque une entité cohérente et soudée autour de son leader.

Couvrant une décennie discographique plutôt chargée, l'album s'écoute d'une traite en faisant la part belle aux titres les plus abrasifs du collectif. Les morceaux de Pretty Hate Machine notamment, hyper cleans sur disques, trouvent ici leurs incarnations ultimes : le groove furieux de « Terrible Lie », la noirceur absolue de « Head Like a Hole »... qui oserait dire que ces deux-là ont déjà sonné mieux ailleurs ? Le principal défaut de ce disque n'en est pas vraiment un selon la manière dont on l'aborde... : c'est que les autres morceaux sont rigoureusement identiques aux originaux. Ni meilleurs ni moins bons, juste les mêmes. Formule rhétorique à coup sûr pour le complétiste que je suis, peut-être... n'empêche : l'honnêteté oblige à reconnaître qu'à moins de s'envoyer le « Wish » de 1992 dans la foulée de celui de 2002 les différences entre les deux ne sautent pas vraiment aux oreilles. De la part de n'importe qui ce ne serait pas un problème... seulement là... on parle de Trent Reznor. Qui a passé sa carrière à totalement se réinventer et à réinventer son propre répertoire. Du coup on reste un peu sur sa faim, surtout quand on a entendu les enregistrement de la tournée 1994/97 qui voyaient un « Reptile » se métamorphoser d'un soir à l'autre un improbable champ d'expérimentations soniques.

Reste qu'en l'état, ... and All that Could Have Been est un live de haute volée, idéal pour quiconque souhaitera découvrir Nine Inch Nails dans son versant le plus rock. Mais un album devant être capté hors du contexte de l'œuvre pour être apprécié est-il réellement un album de Nine Inch Nails ?...


👍👍👍 Still (EP, 2000)

Vendu comme une extension à ...and All that Could Have Been mais méritant largement d'être chroniqué à part, Still est à peu près l'inverse absolu du live qu'il est censé accompagner. Comprendre par-là que cet EP à dominante instrumentale est d'une rare douceur, lorgne par moment vers l'ambient et est entièrement centré sur la face tendre de Trent Reznor. Tendre ou... Fragile, bien sûr, tant cette œuvre à part entière (ou presque) enfonce le clou d'un album que d'aucuns avaient déjà trouvé trop expérimental et tortueux. Radical au sens sans compromis, Still aurait sans doute été un suicide commercial s'il avait été publié individuellement - dans la mesure où il évoque plus souvent John Cale (ou John Cage) qu'un quelconque artiste de rock dur.

On peine d'ailleurs à identifier précisément l'objet : à mi-chemin entre les EPs de remixes habituels et le nouvel album, Still propose à la fois des revisitations d'anciens morceaux (« The Fragile », « The Day the World Went Away », ainsi qu'une version méconnaissable de « The Becoming » ) et des morceaux totalements inédits (et totalement instrumentaux à l'exception de l'éponyme). Il semble que la ligne directrice soit le fait que ces titres soient les favoris du maître (ce qui est sujet à caution mais est au moins sûr pour « Something I Can Never Have » - ici bouleversant de minimalisme - qu'il a souvent présenté comme tel sur scène). Ce qui est sûr c'est que Nine Inch Nails n'a sans doute jamais sonné aussi psychédélique et que l'ensemble tient incroyablement bien la distance.

A noter que si Still ne laisse rien deviner de la couleur de l'album suivant, il annonce en revanche avec précision les chemins que suivra Reznor à partir de Year Zero.


👍👍 With Teeth (album, 2005)

Publié six ans après le fabuleux The Fragile, With Teeth est assurément l'archétype du disque décevant, de ces quelques rares élus réussissant la prouesse d'être simultanément les plus gros succès publics de leurs auteurs et leurs plus gros flop critiques. Lorsque je reprends ma chronique de l'époque, je suis même un peu géné : l'impression en me relisant de l'avoir encensé pour le principe, parce que c'était NIN, sans le moindre recul ni le moindre esprit critique. Mea culpa d'autant plus facile à faire qu'à peu près toutes les personnes l'ayant chroniqué à l'époque ont fait de même - pour réaliser un an plus tard que With Teeth ne sortait plus que très rarement du range-CD.

On dira donc selon la formule consacrée (pardon : éculée) : il ne s'agit pas du plus mauvais album de Nine Inch Nails, juste de son moins bon. Et par extension de son moins riche. Loin d'être un mauvais album (très loin, même) With Teeth pèche surtout par un manque de profondeur, sinon un réel problème pour se renouveler. Soniquement très proche de The Fragile, il s'avère assez vite être un disque non pas lisse (comme on a pu le lire ici ou là) mais plutôt linéaire, direct, assez proche de Pretty Hate Machine sans réellement en retrouver la fraîcheur et l'immédiateté. S'il n'était pas censé chroniquer la rupture de son auteur avec l'alcoolisme on oserait dire que With Teeth est un vrai bel album gueule de bois, un peu fatigué et en tout cas franchement désincarné par moment. Et pourtant ! Il récèle des pépites.

Premier constat : le retour à l'indus-rock comme il n'était plus question d'en faire pour Reznor depuis The Downward Spiral (sinon depuis Broken). Dans le genre, « The Hands that Feed » n'a pas volé son titre de mega-tube. Aussi puissant que groovy, le morceau déroule, épate, étonne par sa légèreté et sa fluidité. Un très grand titre, le plus pop jamais écrit par Reznor sans doute, en tout cas très supérieur à l'autre hit-single du disque - « Only » dans lequel Trent nous refait purement et simplement le coup de « Closer ».

Tout aussi convaincants sont « Home », « Beside You in Time » et le très rock'n'roll « The Collector » (pas chez les jeunes pousses du revival RNR qu'on trouverait un titre de ce calibre). Languide, « Everyday Is Exactly the Same » fonctionne très bien (à défaut de surprendre), tandis que « Sunspots », tout en rage contenue, montre que Reznor est toujours le meilleur pour exprimer la frustration ou l'auto-enfermement. Mais le paradoxe de cet album dont même le titre est frontal... c'est que ses plus grandes réussites sont les (rares) morceaux calmes. L'ouverture délicate « All the Love in the World » vaut les meilleurs moments de The Fragile. Quant aux deux « Right Were It Belongs »... ils concourent dans la catégorie plus belle chanson de Trent Reznor de tous les temps.

Au final un quatrième album aussi intéressant que... perturbant. Durant toute sa carrière Reznor aura farouchement refusé d'écrire des singles. With Teeth, aussi incroyable que cela puisse paraître, ne contient quasiment que cela !


👍👍👍 Year Zero (album, 2007)

Dans un monde merveilleux, Year Zero serait le carton de la décennie. Dans un monde comme le nôtre il est très vite passé aux oubliettes. C'est pourtant le projet le plus passionnant de Reznor depuis dix ans, sinon depuis toujours. Album étrange, politique-fiction frapadingue, OVNI à contre-courant de tout ce qui se fait de nos jours en matière de musique binaire (l'est-il vraiment, d'ailleurs ? binaire ?...), Year Zero scellera probablement à terme le destin de Nine Inch Nails. La rupture avec la musique populaire au sens où on l'entend en général est désormais consommée. Attiré depuis The Fragile vers des choses de plus en plus proches des musiques contemporaines (voire des musiques concrètes), Reznor semble y laisser enfin libre cours à ses pulsions expérimentales, lorgnant vers l'électronique la plus radicale, renonçant définitivement au fastidieux format couplet/refrain qui l'insupportait déjà à l'époque de The Downward Spiral.

Dès l'ouverture sur « Hyperpower! » tout est dit : l'amateur de chansons peut passer son chemin. Changeant complètement son fusil d'épaul par rapport à With Teeth, l'auteur de l'immortelle « Hurt » s'autorise des audaces de productions qu'on n'aurait jamais osé imaginer (même venant de lui !), produisant un magma électronique aussi surprenant que torturé. Enfin libéré de ses démons, l'homme ne s'encombre plus de préliminaires pour amener l'auditeur vers des terres encore en friche (« Capital G. »), signe l'acte de ce décès de ce neo-metal qu'il vômit (« God Given ») et termine à genoux, dans la bizarrerie la plus totale (« Zero Sum »). Seul lien avec le passé, « The Beginning of the End » a le mérite d'annoncer les choses telles qu'elles sont. Héberlué, l'auditeur envisage alors une suite passionnante... il n'est pas au bout de ses surprises - ni de ses peines.


👍👍 Y34RZ3R0R3MIX3D (album de remixes, 2007)

Après les EPs de remixes, quoi de plus normal que de voir Nine Inch Nails sauter le pas et publier un album entier de cet exercice qu'il affectionne depuis le premier jour ? Aussi réussi que Things Falling Apart était foiré, Y34RZ3R0R3MIX3D est sans aucun doute le meilleur exercice réalisé par NIN dans le genre. Son problème est tout autre : publier un album de remixes d'un album aussi complexe que Year Zero seulement six mois après sa sortie... c'est scier la branche sur laquelle on est assis. Il faudra sans doute des années avant d'apprécier Y34RZ3R0R3MIX3D à sa juste valeur, tout simplement parce qu'un peu plus d'un an après sa parution on est encore loin d'avoir parfaitement absorbé le modèle original. Le reproche a de quoi faire sourire après toutes ces années à râler après le perfectionnisme usant de Trent Reznor... n'empêche que son subit regain de prolificité a de quoi perturber l'amateur le plus éclairé !

On retiendra donc principalement, à défaut d'en avoir fait le tour, la version exceptionnelle de « The Great Destroyer » par Modwheelmood. De celle-ci au moins on est sûr de pouvoir dire qu'elle est largement supérieure à l'originale. Les deux interventions de Saul Williams (avec qui Reznor bosse au même moment sur le très intéressant Niggy Tardust) sont grandioses (surtout « Guns by Computer », énorme). L'ensemble est de haute tenue, avec une mention très spéciale à Stephen Morris et Gillian Gilbert... qui ont réussi à rendre « Zero Sum » encore plus bizarroïde qu'il l'était à l'origine !


👍👍👍 Ghost I-IV (album, 2008)

Et donc...voilà. Trent Reznor est devenu prolifique. Trois disques en moins d'un an, dont ce Ghosts colossal qu'il est pour l'heure bien difficile d'évaluer.

On pense évidemment (comment pourrait-il en être autrement ?) aux Deserts Sessions, laboratoire de Josh Homme pour ses Queens Of The Stone Age. Mais il y a ici une cohérence qu'on ne retrouve jamais sur les disques intermédiaires de Homme - il est d'ailleurs difficile de considérer cette somme instrumentale comme une œuvre intermédiaire. Nous n'essaierons de toute façon pas de définir un ensemble aussi long et complexe après seulement quelques semaines d'écoute - ce serait complètement idiot. Tout au plus pourrons-nous enfoncer quelques portes ouvertes en parlant du projet le plus radical de Reznor à ce jour, hardcore dans tous les sens du terme et définitivement à des années lumières du rock comme de l'indus traditionnel. Waouh : avouez que ça valait le coup de le dire quand il suffit de poser une oreille sur deux titres pour s'en apercevoir... Allez, une première impression de tout de même ? Pour l'instant, c'est mon disque de 2008. A télécharger sur cette page.


2/ Du maxi, du live et de l'inclassable

Ici, les choses se compliquent. Lister l'intégralité des contributions de Reznor depuis le début de sa carrière relève de l'exploit. A vrai dire je ne suis pas parvenu à trouver un site où il n'en manquait pas au moins une ou deux. Ma bonne volonté initiale s'étant rapidement heurtée à la dure réalité de la discographie reznorienne, nous nous contenterons donc d'un florilège ne préntendant évidemment nullement à l'exhaustivité. Bien au contraire : cette sélection s'assume comme telle - avec toute la mauvaise foi qui va avec.

Deux maxis :

Head Like a Hole montre dès 1990 le goût de Reznor pour les remixes. Acheté par hasard à dix francs de l'époque et ne valant pas beaucoup plus dans la mesure où il propose principalement des versions alternatives, l'objet, entrevu à un euro la semaine dernière dans une solderie, n'en demeure pas moins le premier jalon d'une œuvre parallèle qui aboutira quelques années après au très réussi Fixed. Si vous tombez dessus, donc... pas de quoi vous priver !

Commentaire qui s'applique évidemment à merveille à March of The Pigs (1994), maxi sorti en guise de teaser à The Downard Spiral. Outre le morceau éponyme il propose deux remixes de « Reptile » absolument incontournables pour quiconque apprécie NIN (on se demande même par quel miracle ils ont pu être oubliés pour Further Down the Spiral), un « March of The Pigs » technoïde et assez excellent (« All the Pigs, All Lined up ») et une de ces bizarreries dont seul Reznor a le secret : « A Violent Fluid ». Hommage à son producteur fétiche ?

Deux lives qui n'existent pas, on ne les a pas entendus et bien sûr on ignore où les trouver :

J'ai réussi à écrire quatorze pages sur Nine Inch Nails sans jamais écrire Marilyn Manson... mais quand même, ne pas mentionner le Live Hate Tour 1995 réunissant NIN et Bowie serait une injure à Reznor comme au Duke. Live Hate, meilleur live de l'un comme de l'autre ?... Ce serait sans doute un poil excessif mais force est de reconnaître que ce bootleg vaut son pesant de cacahuètes. A vrai dire on peine à dire laquelle des deux prestations est la meilleure. Arrêtons-nous sur celle de NIN - puisque c'est celle qui nous intéresse. Clean, peut-être un peu trop (toujours un peu ce même reproche aux lives du groupe), mais pour un peu qu'on accepte le parti-pris « show écrit de A à Z »... difficile de ne pas succomber, d'autant que ce concert propose des titres devenus très rares sur scène (« A Warm Place », « Sanctified »), une version sensationnelle de « The Becoming » et même « Burn » - le titre composé tout exprès pour la BO de Tueurs nés. A noter pour la partie duo que si Bowie fait des merveilles sur « Reptile »... on a quand même un peu envie de le tuer dans la version cyber-loukoum de « Hurt » (et pour que j'aie envie de tuer Bowie, moi... il en fallait beaucoup !).

Beside You in Time, pour sa part, est peut-être bien LE live de Nine Inch Nails à posséder. Pendant audio au DVD du même nom, il offre un set absolument apocalyptique, au groove furieux et au répertoire absolument irréprochable. C'est bien simple : Beside You in Time est à peu près tout ce que ... and All that Could Have Been n'est pas (mais aurait pu être, ah ah). Moins industriel qu'electro-rock (j'ai bien conscience que la distinction ne dira rien du tout à certains lecteurs - rassurez-vous) il propose des versions exceptionnelles de « The Hand that Feeds », « Something I Can Never Have », « Non-entity », « Head Like a Hole »... tous les titres extraits de With Teeth enfoncent leurs pendants studio, « Closer » est à se damner, et pour qualifier les interprétations de « Gave up » ou « Wish » je suis contraint d'employer un mot que je n'utilise jamais : torrides. Bref : incontournable. Suffit de le trouver (et il se trouve facilement).

Une BO qui tue, et c'est le cas de le dire :

Reznor a été, dans les années 90, le roi de la BO. Il va même principalement s'occuper les neurones à cela entre The Downward Spiral et The Fragile. Un vrai article (c'est-à-dire un où ce serait réaliste de faire 50 pages) s'attarderait sur ses contributions essentielles en temps que directeur musical pour Tueurs nés (Stone) et surtout Lost Highway (Lynch). Mais force est d'admettre que si sa vista en la matière est incontestable, les contributions « directes » de Nine Inch Nails ne sont assurément pas ce qu'il a fait de mieux (« Burn » est un très bon morceau ; « The Perfect Drug » et « Videodrones » m'ont toujours parus très surestimés).

La B.O. du jeu vidéo Quake, pour sa part, a la remarquable particularité d'être... un album - ou quasiment. Dans la lignée des titres les plus planants de The Downward Spiral, versant carrément dans le bruitiste par moments, ce disque (façon de parler car il n'est pas sorti officiellement à ma connaissance) est une œuvre tout à fait intéressante et bien plus qu'illustrative. Musique d'ambiance un peu poisseuse à ne programmer que si vous avez prévu d'assassiner vos invités à la fin de soirée... il n'empêche : replacée dans son juste contexte (1996) Quake annonce étonnamment les travaux les plus ambient d'un Reznor hésitant encore un peu à l'époque à filer du côté de l'extrêmisme le plus total.


Quoi ? C'est tout ? ... Écoutez : c'est déjà pas mal. On aurait pu évoquer quelques duos passionnants (ceux avec Tori Amos et Pigface, notamment), les productions d'albums (recommandons tout de même - mais est-ce nécessaire ? - Antichrist Superstar de Manson et voyeurs de Two), on aurait même pu revenir plus longuement sur le Niggy Tardust. Néanmoins il faut bien s'arrêter quelque part, surtout avec des œuvres aussi foisonnantes. J'ignore si c'est une qualité ou un défaut, mais ce qui est sûr c'est qu'avec Trent Reznor le concept de cette rubrique est totalement inopérant. On veut nous faire gober que le mec est discret... vous admettrez que tout est relatif (ce Rékap est sans doute le plus long de l'histoire des Rékap - et pourtant j'ai sabré un max). Il est donc plus que probable que tout soit à refaire d'ici un an (ce n'est pas Bowie qui nous aurait posé un tel problème)... remarquez que le bon côté des choses c'est qu'avec Trent, on sait d'avance que ce sera de toute façon excitant.

3 commentaires:

  1. Je retombe là-dessus un peu par hasard. Excellente rétrospective, et j'en partage d'ailleurs assez les conclusions.
    Still est sans doute le projet de NIN pour lequel j'ai le plus d'affection (avec The Fragile au format album) et effectivement, Year Zero est sans doute le projet le plus ambitieux de Trent.
    Par contre, depuis les très bons Ghosts, que tu m'as donné envie de réécouter d'ailleurs (même s'il faut y consacrer un temps conséquent), la carrière de NIN m'a quand même déçue, de même que son projet How To Destroy Angels (j'avais fait l'erreur, comme toi avec With Teeth, de l'encenser trop tôt ce projet).
    Par contre, ses compositions avec Atticus Ross pour les Bos de Fincher prouvent que Trent est encore d'une efficacité et d'une créativité absolues.

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    1. Difficile de ne pas être d'accord, encore que j'attende toujours avec une naïveté impatiente chaque sortie de NIN... pour mieux être déçu juste après. Un ami me charrie souvent en disant que Reznor s'est complètement relâché après avoir réalisé son rêve d'être canonisé sur Le Golb ^^ Et c'est vrai qu'à l'époque, personne ne pouvait prédire un déclin aussi net et rapide (The Slip est sorti deux mois seulement après cet article, et ça n'a été que de mal en pis par la suite...)

      Les travaux avec Arricus Ross, j'avais beaucoup aimé le premier mais je trouve que ça vire tout de même un peu au procédé (et c'est parfois assez soporifique, non ?) Après ça reste bien meilleur que les derniers NIN ou HTDA, aucun doute là-dessus.

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    2. Je n'ai pas trop ce sentiment par rapport aux BOs avec Atticus Ross. Je trouve justement qu'elles ont chacune leur personnalité bien que, allez, The Girl With The Dragon Tattoo était peut-être un peu moins fameuse que celle de The Social Network et Gone Girl (mais n'est-ce pas aussi le cas du film, de toute façon ?).

      Effectivement, avoir reçu de tels lauriers sur Le Golb a dû affecter sa motivation =)

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