mardi 19 février 2008

How to Be Good - Oui, mais...

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Ça commence fort : Katie est dans une chambre d’hôtel. Avec un homme, qui n’est pas son mari. En revanche celui à qui elle téléphone, c’est bien son mari. David. A qui elle demande le divorce, parce qu’elle ne peut plus du tout le supporter. Il faut dire que David est, c’est vrai, assez insupportable. Pour vous dire : il me ressemble. C’est un Orangina Rouge, et les similitudes ne s’arrêtent pas là puisqu’il est écrivain et tient une chronique régulière intitulée L’Homme le plus en colère de la ville. On comprendra sans peine que Katie en ait ras-le-bol : au fil des années de leur mariage, David a fini par ressembler de plus en plus à son double râleur, grincheux, cynique – insupportable. Cette rupture sera-t-elle pour lui un électrochoc ?...

…à vrai dire : oui et non. Oui car sa vie va changer du tout au tout ; non car cette entrée en matière n’est (et c’est dommage) qu’une intrigue périphérique à celle qui prend corps quelques pages plus loin et voit David embrigadé dans une secte pour le moins particulière – puisqu’elle consiste à être Bon et à faire le Bien. Tout le temps et à n’importe quel prix.

On voit bien (pour le coup) où Nick Hornby veut en venir : pointer du doigt une certaine philosophie contemporaine, cette idélogie du Bien, du Bonheur Consensuel, de l’Interventionnisme bien-pensant aux répercusions parfois désastreuses. Osera-t-on dire qu’involontairement (et assez ironiquement) l’auteur l'incarne lui-même à merveille ? Si les intentions de How to Be Good sont incontestablement excellentes… la manière dont elles sont retranscrites séduit au moins autant qu’elle déçoit. Préférant enchaîner les sketches inégaux (certains hilarants, d’autres assez plats) Hornby loupe un peu son sujet, produisant une comédie de mœurs sympathique à partir d’une idée de satire corrosive. Génial dans le registre de la chronique douce-amère, très bon dans le genre burlesque, l’auteur d’ About a Boy, dont l’écriture est toujours aussi cool, est en revanche beaucoup moins convaincant lorsqu’il s’attaque à un sujet aussi ambitieux. Sans doute est-il trop gentil et trop humaniste pour verser dans la corrosion – qu’importe. A l’instar de Malavita il y a quelques semaines, How to Be Good est un bon livre qui m’a déçu en dépit de ses qualités. Un livre sympa, drôle et parfois efficace, quand le projet de départ promettait beaucoup plus. Mais c'est un peu l'histoire de la vie de Nick Hornby, ça, non ?


How to Be Good [La Bonté : mode d'emploi] 
Nick Hornby | Penguin, 2001