lundi 20 novembre 2006

Boileau & Narcejac - Prologue

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Dans une longue lettre, le Comte de Muzillac essaie de raconter les évènements troublants survenus lorsqu’il voulut se réapproprier le château familial pour exaucer une promesse faite des années plus tôt à sa mère…

Difficile d’en dire plus, car ce qui est désigné dans les bibliographies comme un roman n’est en fait qu’un court récit d’une cinquantaine de pages. La quantité ne faisant pas la qualité, Au bois dormant se révèle être un texte remarquable dans lequel les auteurs de Celle qui n’était plus s’essaient à un genre nouveau : le thriller. Certes à leur époque ce genre n’existe pas, mais la manière dont ils ont agencé leur récit et leur volonté de gommer tout élément rationnel inhérent au genre policier pour mieux céder la place à l’angoisse peuvent êtres vues comme le préfigurant.

C’est déjà plus ou moins ce qu’ils avaient tenté avec leur roman publié juste avant, Le Mauvais Œil … d’ailleurs à partir de 1956 c’est de plus en plus dans cette direction que va tendre leur œuvre : après avoir renouvelé le genre policier, les deux compères vont carrément le saccager (avec bonheur) en supprimant le dernier élément de base du polar auquel ils n’avaient pas encore osé s’attaquer… à savoir le crime en lui-même. Sur le papier, une telle insolence fait peur. On a vu depuis (notamment avec Maldonne, leur chef d’œuvre) que Boileau & Narcejac avaient largement rempli leur contrat.

Avec son atmosphère crépusculaire aux confins du fantastique, Au bois dormant n’est donc que le prélude à la seconde partie d’une carrière décidément novatrice et passionnante.


👍👍 Au bois dormant 
Pierre Boileau & Thomas Narcejac | Folio, 1956