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Bonne nouvelle : l’auteur le résume lui-même au premier paragraphe, ce qui permet au jeune fou ayant le courage d’écrire quelques mots sur le sujet de gagner du temps !
Mauvaise nouvelle : ce livre est impossible à résumer.
Bonne nouvelle : l’auteur le résume lui-même au premier paragraphe, ce qui permet au jeune fou ayant le courage d’écrire quelques mots sur le sujet de gagner du temps !
« ... L’histoire d’une rencontre entre deux vieux types blancs […].
L’un d’eux était un écrivain de science-fiction, nommé Kilgore Trout. A l’époque c’était un minable, et il croyait sa vie foutue. Il se trompait. Suite à cette rencontre, il allait devenir l’un des hommes les plus adulés de toute l’histoire de l’humanité.
L’homme qu’il rencontra était un vendeur de voitures […] nommé Dwayne Hoover. Dwayne Hoover était en train de plonger dans la folie… »
La simple lecture de ce premier paragraphe suffit je pense à donner une idée de la suite. Et cette suite pourrait être résumée à un seul mot : N’IMPORTE QUOI. Du n’importe quoi évidemment totalement jouissif, délirant et plutôt bon-enfant (dans la mesure où la satire de la société américaine est présente mais relativement soft). Du n’importe quoi qui ferait passer Richard Brautigan pour Heidegger. Du n’importe quoi foutrement attachant, qui ne manquera pas de détendre et de faire rire plus d’une fois. Du n'importe quoi qui, d'une certaine manière, est d'ailleurs assez représentif de la contre-littérature US des années 70 (Brautigan, Thompson & Co.)
De ce point de vue, c’est un livre totalement réussi. Il y a bien quelques défauts, et quoique n’étant pas (loin de là) un spécialiste de l’auteur (je vous recommande de contacter mon pote Zaph pour des précisions à ce sujet), je doute que ce soit ce qu’il ait fait de mieux, ne serait-ce qu’à cause de quelques gimmicks stylistiques un poil fatigants. Loin de moi l’idée de dire que c’est mal écrit : Vonnegut a un style à lui et rien qu’à lui, pas de doute là-dessus. En revanche, son coup de glisser des :
« Ca ressemblait à ça : »
… suivis d’une petite illustration c’est… comment dire ? Les dix premières fois on trouve ça excellent. Au bout de cinquante pages, on commence à se dire que ça tourne au procédé et que si on vire les images le livre diminue de moitié. Arrivé à la fin on se dit que tout de même, quand on écrit aussi bien, on pourrait se fouler un peu plus.
Il n’en demeure pas moins que Breakfast of Champions s’avère une lecture agréable, rapide, hilarante, très nettement supérieure au film qui en a été tiré (de je ne sais plus qui avec Bruce Willis et Nick Nolte) et que… pffffffffffiou… quand on s’est envoyé la très joyeuse Ruth Rendell, la très positive Carson McCullers et le toujours guilleret Balzac dans la même semaine, ça fait du bien par où ça passe. D’autant qu’on apprend tout de même plein de choses intéressantes. Par exemple : saviez-vous que la taille moyenne d’un pénis, sur cette planète, est de cinq virgule huit pouces ? Moi, je l’ignorais. Alors j’ai mis mes pouces bout à bout cinq virgule huit fois, pour voir ce que ça donnait.
Et c’est là que j’ai compris que Kurt Vonnegut était un excellent auteur de science-fiction. Ou que, du moins, je l’ai espéré… Parce que soit il a de très gros pouces, soit…
👍 Breakfast of Champions
Kurt Vonnegut Jr | Delacorte Press, 1973