mercredi 18 octobre 2006

Kafkarien

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De tout les genres littéraires existant, il en est deux que je ne supporte pas : les journaux intimes et les correspondances.

J’ai relu le journal de Kafka, mais c’est plus par défaut qu’autre chose : Kafka est toujours L'Aristochat, et j’ai déjà relu l’essentiel de son œuvre (il reste encore quelques textes mais je ne les ai pas à ma disposition pour l’instant).

Franz Kafka n’était pas un mec très bien dans ses pompes – je pense que je ne vous apprends rien. Dans ce journal qui s’étend de 1910 jusqu’à sa mort, il laisse exploser tous ses fantasmes d'une manière littéralement délirante et ce sur plus de 500 pages ! C’est juste terrifiant. Même pas parce qu’on a le sentiment de violer son intimité (elle a de toute façon été violée un million de fois depuis sa mort, l’existence même de ses romans pouvant être considérée comme un viol de son intimité puisqu’il ne voulait pas qu’ils soient publiés) mais juste parce que c’est… j’ose à peine le dire : c’est chiant. Juste chiant.

D'une manière générale, le journal de Franz Kafka cristallise à peu près tout ce qui fait que ce genre littéraire me débecte. Une raison, une seule : la vie de Kafka est à pleurer d’ennui. Les grands écrivains n’ont pas forcément une vie palpitante, ni des choses géniales à raconter, mais alors Kafka, lui, il les explose tous. Ce bouquin n’est qu’une suite de délires à la limite de l’abscons, de théories fumeuses et de réflexions philosophiques à deux balles. Sans parler de cet espèce de mysticisme dégoulinant ! COMMENT peut-on écrire des trucs pareils ?

« Les questions qui ne se donnent pas de réponses n’obtiennent pas de réponse. »

Je n’invente rien, je vous jure qu’il a écrit ça ! Non mais franchement… et tout est du même tonneau, dans un style ampoulé à des années lumières de l’écriture fine et instinctive qui fait sa marque. Je ne comprends pas, vraiment… qu’il ait une vie toute pourrie, ok, admettons, il n’aura été ni le premier ni le dernier. Mais qu’il en arrive à écrire des imbécillités pareilles prouve bel et bien qu’un journal intime est fait pour rester intime…

Dans le meilleur des cas, le lecteur en sortira avec la sensation que Kafka est un abruti total.

Dans le pire des cas, il en sortira dégoûté.

Dans les deux cas, Grasset aura gagné de l’argent. Parce que bon, c’est d’argent qu’il s’agit ici, certainement pas de littérature…


👎👎 Journal 
Franz Kafka | Grasser "Les Cahiers rouges", 1951