vendredi 13 octobre 2006

Hollywood - La Vie commence à 65 ans

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« Arrête d’être sur la défensive ! Tout le monde ne peux pas être comme toi.
- Je sais. C’est bien ça le problème. »

Ainsi s’ouvre, ou presque (c’est en fait un extrait de la page 2), Hollywood, avant-dernier roman de Bukowski narrant les pérégrinations de Chinaski, Sarah (son épouse) et Jon Pinchot (alias Barbet Schroeder) durant l’écriture, la réalisation et la mise en scène du film Barfly (1987). Tout le monde ne peut pas être comme Bukowski, et surtout : personne n’est comme lui du côté de Hollywood. A part peut-être ce cinéaste français et homo, ce Pinchot, seul personnage (Sarah mise à part) pour lequel il semble éprouver une certaine sympathie…

… les autres, c’est un désastre ! les caprices de Faye Dunaway (qui était déjà une diva vieillissante à l’époque), les délires de Mickey Rourke, la rencontre avec Sean Penn… c’est aussi burlesque que terriblement plausible. Oh bien sûr, l’auteur en a sûrement rajouté quelques couches. Mais si l’on part du principe que son œuvre entière a pour but de montrer l’envers du décor du rêve américain, on peut tout à fait considérer que les frasques des uns et les trips des autres sont tout ce qu’il y a de véridique. D’ailleurs, Barbet Schroeder a reconnu, dans une de ses rares interviews, avoir réellement menacé le producteur de se couper un doigt s’il cessait de mettre de l’argent dans le film !

C’est bizarre. Hollywood est le premier roman que j’aie lu de Bukowski. Et, de manière assez ironique, c’est avec celui-ci que je termine les relectures de l’auteur que j’ai entamées il y a plus d’un an. Je ne sais pas vraiment pourquoi je l’ai encore lu, parce que c’était quand même la troisième fois. A vrai dire je le connais par cœur, je serais même capable d’en réciter des passages entiers. Et pourtant, en toute objectivité, ce n’est absolument pas le meilleur du vieux Tonton Hank. Pas du tout. Un excellent livre, mais pas son meilleur, ni son plus puissant, ni même son plus drôle… comment expliquer alors que je ne m’en lasse pas ?

A vous de me le dire… je n’ai pas vraiment d’argumentaire à fournir, sinon qu’il s’agit d’un roman à clés décalé, burlesque, souvent tordant, et que quand on a mordu dedans, la première envie qu’on a, aussitôt après, c’est d’en lire un autre de Bukowski. Après tout, ces quelques mots ne sont peut-être pas si mal ?... Hollywood n’est sans doute pas aussi raffiné qu’une madeleine de Proust, mais il me refait à chaque lecture le même effet. De toute façon, ce n’est pas plus mal : je n’ai vraiment pas une gueule à bouffer des madeleines.

 
👍👍👍 Hollywood 
Charles Bukowski | Black Sparrow Books, 1989