samedi 14 octobre 2006

Kafka boudin (oui, j'ai osé !)

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Ce texte est un peu trop court pour être résumé. A la limite, je ne devrais même pas en parler, car il est en plus assez anecdotique en soi.

Mais voilà Description d’un combat a la particularité « historique » (si j’ose dire) d’être le premier texte de Kafka. Ecrit en 1904, il a été publié sous pseudonyme en 1909 dans la revue Hyperion. Sa publication en volume a été très tardive, et pour cause : la plupart des gens ont longtemps ignoré que son auteur était le grand Franz Kafka.

Il faut avouer que cet O.V.N.I. littéraire total ne porte que très peu la marque de l’auteur du Procès. A mi-chemin entre l’essai et le récit, Description d’un combat ne décrit pas vraiment un combat. En revanche, il donne une idée extrêmement proche du chaos absolu dans lequel baignait l’imaginaire du jeune Kafka. L’esprit est bien entendu tout ce qu’il y a de plus pessimiste, mais il y a un genre d’humour froid et cynique qui détonne assez avec les autres textes de l’auteur (à part peut-être avec L’Amérique). Il serait d’ailleurs aussi prétentieux que stupide de prétendre voir là-dedans se dessiner les contours de l’œuvre kafkaïenne. Pour vous dire : à l’époque, ce texte a été considérer comme un ouvrage anarchiste ! On est donc vraiment à des années lumières du Kafka bien connu.

Reste à savoir ce qu’un lecteur occasionnel retirera de cette lecture… à mon avis, rien. Je pousserai même le vice jusqu’à dire que publier en volume un truc aussi court, aussi barré et aussi absurde (au sens : qui n’a ni queue ni tête, et pas au sens philosophique du terme) relève de l’aberration totale.

Me voilà forcément embêté, puisqu’il s’agit de L'Aristochat. Mais comment nier que ce texte est probablement le truc le plus nul, le plus grotesque et le plus pitoyable jamais écrit par Kafka ? Même un inconditionnel dans mon genre ne peut nier cette évidence : ce premier écrit de Kafka mérite sa place au Grand Panthéon de l’Insignifiance Littéraire.

Au moins, sa relecture m’aura donné l’occasion de préciser un point important : ce n’est pas parce qu’il y a marqué Kafka sur la couverture que c’est bien. Cet auteur sut aussi souvent être génial que ridicule, publiant parfois des textes de deux pages totalement incompréhensibles ou des essais sidérants de médiocrité (Regards par exemple, son premier texte publié, en 1908)…

C’est dit !


👎👎 Description d'un combat 
Franz Kafka | Folio, 1909