samedi 2 septembre 2006

Absolute William Faulkner


...dans lequel nous retrouvons Quentin Compson, le personnage central de The Sound & The Fury. Il est devenu un jeune homme bien sous tout rapport, et s'il a toujours une petite pulsion meurtrière de temps à autre, il est tout de même nettement plus fréquentable que dans le roman suscité (son plus grand fantasme y était d'éventrer son père et de retourner dans le ventre de sa mère, pour ceux qui ne l'auraient pas lu). Il a même un pote, Thomas Sutpen, autre charmant jeune homme, le planteur le plus en vue de la région... enfin pas pour longtemps, puisqu'un roman de Faulkner ne saurait montrer des héros parvenant à leurs fins, en particulier ce roman-ci.

Dire qu'Absalom est mon Faulkner préféré serait un énorme mensonge tout en n'étant pas moins une demi-vérité. A bien des égards, il s'agit de la quintessence de Faulkner, tout spécialement du Faulkner de l'immédiat après notoriété - celui devenu un écrivain reconnu à défaut d'être réellement célèbre, qui commence à écrire pour le cinéma et dont l’œuvre littéraire, par un curieux effet de balancier, se radicalise en parallèle. Préfigurant la glaciale Snopes Trilogy (qui s'ouvrira en 1940 avec The Hamlet), Absalom n'est que noirceur, folie, désespérance et (bien sûr) bidouillages chronologies.

Ce roman sert également de charnière entre les plus longues périodes de l'auteur, la plus connue (initiée avec The Sound & The Fury et poursuivie avec tous les classiques de la fin 20's début 30's) et la plus méconnue, plus appliquée et qui le voit radicalement changer de méthode de travail. Plutôt que d'écrire d'une traite ses textes et de les mélanger dans un second temps, il commence par la seconde étape et ose des structures parfois sublimes (cf. The Wild Palms, en 1939, peut-être son chef-d’œuvre absolu). Le problème, c'est que, par moment, c'est trop : trop de personnages, trop d'intrigues entremêlées, trop de digression et même parfois trop de mots dans la même phrase. C'est à ma connaissance le seul livre de Faulkner pèchant par un excès autre que celui de noirceur.


Absalom, Absalom!
William Faulkner | Vintage Classics, 1936