mardi 13 décembre 2022

Ryan Adams est un con.

Du plus loin que je me souvienne, Ryan Adams a toujours été un con. Un petit – arrogant, vaniteux et mauvais comme la gale. Un gros – caractériel, mégalo et d'une auto-complaisance confinant à la pathologie. Chacune de ses interviews était un recueil de punchlines à part entière ; chacun de ses concerts, une messe destroy où le mauvais goût le disputait à la Grâce et où le degré d'improvisation se mesurait avec une batterie d'éthylotests. Ryan Adams ne m'a jamais paru sympathique. Il n'a jamais rien fait pour, durant les vingt-cinq années me séparant de la découverte de Strangers Almanac. Étouffé par sa propre ironie, il était toujours trop ceci et jamais assez cela, ce qui contribua assurément à le laisser sur le bord de l'Autoroute du mainstream. Ryan Adams est devenu un artiste important, là il aurait pu et dû devenir une légende. Nul doute que ce fut avant tout son caractère versatile qui l'en empêcha. Comme tous les artistes hyperprolifiques de sa génération, mais encore un peu plus, Ryan fondit un fusible le jour où il découvrit qu'Internet lui permettait de publier ce qu'il voulait quand il voulait et comme il voulait. Sa discographie s'est éparpillée façon puzzle. D'albums officieux en EPs sous pseudonymes, le Ryan nous aura tout fait, dans le désordre et souvent à l'envers. Au dernier décompte, qui n'est jamais que le mien, il existe près d'une centaine de disques de Ryan Adams – hors lives et non-album singles. En 2022, le garçon a publié la bagatelle de quatre LPs, ce qui fait probablement de lui l'artiste cancelled le plus prolixe depuis l'invention de l'expression. Quand tous les autres choisirent logiquement de faire le dos rond, Adams fit la seule chose qu'il savait faire : des chansons. Plein. Trop, et pourtant jamais assez au goût du fan.


Oui parce que Ryan Adams est annulé mais ça, ce n'est jamais que le minimum pour un con – petit ou gros ou le cas échéant : les deux à la fois. Je me rappelle avoir, en lisant son inquiétante interview parue dans le LA Mag l'an dernier, caressé un moment l'idée d'un article, un chant de paix, une ode à la rédemption – Please, Do NOT Cancel Ryan. Avant de me rendre à l'évidence qu'on ne pouvait pas cancel Ryancancel Ryan signifiait lui faire fermer sa grande gueule et s'il était bien une chose que Ryan Adams ne risquait jamais de faire à moins d'être mort, c'était la boucler. Dont acte : depuis qu'il a été jeté sous les roues du camion #MeToo, il a publié six albums, et qu'on n'attende pas de lui des regrets. Une bafouille gnangnante qu'on sera libre de prendre ou non au pied de la lettre ("I'm Sorry and I Love You"), et c'est reparti pour un tour – au sens littéral du terme, puisqu'il a repris la route cet été, dans une formation minimaliste (vu que plus personne ne veut bosser avec lui), et à guichets fermés SVP. Intouchable ? Même pas. Au contraire. Venant d'un autre, sur qui auraient pourquoi pas pesé des charges sérieuses et avec lequel le FBI (!!!) aurait fait autre chose que dilapider l'argent du contribuable américain, la posture aurait largement de quoi agacer. Venant d'un simple con, principalement coupable d'avoir été un mauvais mari (quelle surprise) et un alcoolique fini (incroyable), on aurait presque envie de parler de résilience. Il est sans doute un peu tôt pour oser dresser des monuments aux grands brûlés de la Bataille du Hashtag, mais avouons qu'Adams a essuyé des tombereaux de merde pour bien peu de choses (si on commence à coller des procès à tous les folkeux qui menacent de se suicider si on les quitte ou à toutes les rockstars qui dragouillent une groupie, autant tout de suite faire faire une formation faits-divers à tous les journalistes musicaux), et que sa manière d'y répondre, pour insatisfaisante et douteuse qu'elle puisse paraître d'un point de vue éthique, est tout à fait admirable d'un point de vue rock'n'roll. Du fulgurant "Love Me Don't" (meilleure chanson power-pop de 2022) à l'impétueux "Why Do You Hate Me?" en passant par un opus entier intitulé Romeo & Juliet, l'artiste se gausse si ouvertement des moralistes que c'en devient presque fascinant par moments. Tout de superficialité crânement assumée, FM, meilleur ouvrage de ce millésime chargé et limite hétéroclite, est la plus goguenarde des réponses à ceux de ses fans, nombreux, qui attendaient de lui qu'il se mette à battre sa coulpe au long d'albums intimistes et pleurnichards. Ryan Adams n'a jamais vraiment su mettre son cœur à nu, c'est à la fois sa plus grande qualité et son défaut le plus évident aux yeux d'une critique attendant d'un bon folkeux des accords mineurs et de la détresse jusque dans la joie. Quelques écoutes du laborieux Wednesdays, album de l'immédiat après-crash médiatique, suffisent pour s'en convaincre. Sans doute a-t-il essayé, à son petit niveau. Ce n'est pas dans sa nature. Tout fils putatif de Tom Petty ou Neil Young qu'il soit, Ryan Adams reste un punk, au sens le plus existentiel du terme. Un punk ne s'excuse pas lorsqu'il n'est pas désolé. Il déguste, mais il avance. Ce qu'a fait Adams tout au long de l'année 2022. Libéré du carcan de labels ne voulant plus voir sa tronche bouffie par la gnôle et les antidépresseurs, il s'est contenté de publier officiellement ce qu'il dispatchait jusqu'alors officieusement, de donner corps à des projets auxquels personne à part lui ne comprend rien, et d'exceller dans près d'une douzaine de registres musicaux différents sans jamais donner l'impression ni de charger la mule, ni de se foutre de la gueule du monde (comprendre par-là qu'il n'a fait que cela, mais exclusivement désormais auprès de gens consentants). Chris est-il un truc mineur ? Certainement. Romeo & Juliet aurait-il pu être plus court ? Assurément. FM a-t-il le moindre sens ailleurs que dans la tête de son auteur ? Sans doute pas. Devolver aurait-il mérité mieux que d'être publié gratuitement sur son site ? C'est une évidence, mais quelle importance puisque les fans à qui il l'a offert sont devenus son seul et unique public ?


Du plus loin que je me souvienne – disais-je il y a approximativement trois heures et alors que je n'avais aucune idée de ce que serait la phrase suivante – Ryan Adams a toujours été un con. Il n'a pas changé sur ce point. J'oubliais cependant de dire il y a trois heures que Ryan Adams a également toujours été touchant. À sa manière, souvent maladroite et parfois carrément abscons. Il n'a pas toujours su ce qu'il voulait raconter et encore moins comment, n'a pas été fichu de publier un disque parfaitement abouti depuis plus de dix ans tout en enquillant les faces B géniales par ailleurs, et trop cultivé l'art de la dérision et du sarcasme pour que l'on croie un seul mot sortant de sa bouche. Cela ne rend que plus fascinante la manière, aussi virtuose qu'accidentelle, dont il est continuellement parvenu à émouvoir un public d'abord ciblé, puis très vaste – à présent bien trop restreint. Quand une part non négligeable de votre auditoire passe deux décennies à attendre une suite à Love Is Hell, vous n'avez en un sens besoin de personne pour vous canceler. Vous avez déjà choisi votre chemin, escarpé, semé d'embuches, avec des brigands à chaque virage. Ryan Adams est un con et il ne m'a jamais paru sympathique. Pourtant, Ryan Adams est un de mes meilleurs potes. Cela fait vingt-cinq ans que cela dure et il était hors de question de laisser 2022 s'achever sans l'écrire noir sur blanc, une bonne fois pour toutes.


38 commentaires:

  1. Super article, alors que le terrain était bien miné. That's my Golb!

    Sur le fond j'ai écouté 2 des 4 albums, FM est vraiment cool par contre Romeo & Juliet il y a pas mal de redite quand même mais c'est pas mal; je verrai pour les deux autres.

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    1. Oui, tout cela est très inégal, comme d'habitude en fait, mais dans le fond ce n'est (presque) plus le propos.

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  2. Ce qu'il y a de bien avec toi, petit frère, c'est que j'ai grand plaisir à te lire même quand je n'ai pas la plus petite foutue idée du quiquoiestque dont il est question 😁 bon j'écoute là, la voix me dit kekchose... Vaguement...

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    1. Merde j'ai encore oublié de m'identifier, saleté de tech, c'était donc yueyin 😏

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    2. Et je t'avais encore reconnue ;-)

      Bon, faut dire que tu es la seule qui arrive à mettre de vrais emojis.

      Et à m'appeler "petit frère", aussi :-)

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  3. Sacré Ryan c'est vrai qu'il en a pris plein la gueule (c'est passé un peu inaperçu en France mais quand on lit le truc c'est assez hallucinant) mais c'était surement un mal pour un bien, j'ai l'impression que tout ça l'a aidé à se recentrer ça faisait quand même longtemps qu'il avait pas publlié autant de bons albums à la suite.

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    1. Disons que ça l'a poussé à arrêter le délire officiel/officieux, mais je n'irais pas jusqu'à dire que cela l'a aidé à se recentrer. Le qualificatif colle tout de même extrêmement mal à un album comme FM ^^

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  4. C'est marrant j'ai pas mal réécouté Rock N Roll ces derniers temps ("So Alive" c'est quelque chose quand même :) Et le Ryan va se pointer dans pas longtemps dans mes réécoutes de vieilles cassettes.
    Après le dernier truc que j'ai vraiment aimé de lui c'est Love is Hell et j'ai cessé de l'écouter après Ashes&Fire. du coup j'ai jeté une oreille sur FM après avoir lu ton article, c'est pas mauvais (ce qui est déjà bien pour un artiste avec une telle longévité et productivité) mais je ne vois vraiment que ses meilleurs potes pour y revenir régulièrement...

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    1. Attends, il y a quand même quelques perles entre Love Is Hell et Ashes & Fire (qui avec le recul est plutôt bon, d'ailleurs). Notamment la triplette de 2005, Cold Roses/Jacksonville City Nights/29, qui vaut sacrément le détour. Après ça effectivement, il commence à fortement s'éparpiller et devient plutôt un artiste à chansons. Enfin je crois, dans le fond le problème est surtout qu'à un moment donné sa production est devenue tellement pléthorique que je n'avais plus forcément le temps de consacrer à chaque disque l'attention qu'il méritait. J'en ai redécouvert pas mal a posteriori, durant les trois années où il n'a par la force des choses rien publié du tout (ou presque), et certains sur lesquels j'avais eu des jugements très sévères sur le moment m'ont paru finalement tout à fait réussis.

      C'est vrai que tu es un des rares avec moi à aimer Rock'n'Roll. Il y a un autre album entier dans cette veine dans sa disco officieuse, peut-être encore meilleur, même, mais... il y a tellement d'albums que je ne me rappelle plus son titre :-/

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    2. Je ne crois pas avoir écouté ses disques avec les Cardinals, mais le 29 m'avait assez plu. Ne trouvant pas le Nebraska en streaming, j'ai écouté Devolver qui me semble vraiment être le haut du panier, et Big Colirs avec pas mal de bons trucs dessus. Mais j'ai du mal avec les artistes aussi prolifiques et inegaux (à chansons plus qu'à albums, comme tu as dit) dont la moitié ne sors pas en physique. A une époque, j'aurais eu le temps de tout écouter, trier et le faire 2 ou 3 cds best of plein a craquer que j'aurais écouté en voucle, comme j'avais pu le faire avec Frank Black. Mais aujourd'hui je préfère me passer mes quelques valeurs sûres de début de carrière, d'autant qu'il y en a quand même pas mal et que je réécoute pas mes classiques toutes les 5 mn non plus

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    3. Je comprends très bien ce que tu dis sur "ce genre d'artistes". Il est évident que si je n'avais pas eu la chance d'attaquer Adams quasiment dès le départ, je n'aurais probablement pas pu enchaîner comme ça. D'autant que Ryan Adams se place dans la moyenne très haute des songwriters hyperprolifiques. Il a largement dépassé Frank Black en volume, alors qu'il a dix ans de moins.

      Cela dit, c'est important de le souligner, l'essentiel de Ryan Adams est tout de même sur sa disco officielle, et existe en physique (ses sorties de 2022 sont évidemment un peu à part, par la force des choses, mais il s'est démerdé pour sortir Wednesdays et Big Colors en physique sans label et je suis certain qu'il en fera de même pour les suivants). C'est con à dire, mais Adams reste... un mec de notre génération, attaché au format album et au support physique. Sa discographie est plus organisée qu'il y paraît. La plupart de ses trucs officieux ne le sont pas par hasard : soit ce sont des démos (ou des choses qu'il considère comme telles), soit ce sont des side-projects publiés sous pseudos (et là c'est la foire au truc introuvable, mais pour avoir quasiment tout et en dépit de l'amour sincère que je lui voue, la destination ne vaut clairement pas le voyage). Tu as parfois des pépites, mais tu ne t'écries pas tous les deux morceaux MAIS COMMENT C'EST POSSIBLE QUE CE SOIT JAMAIS SORTI OFFICIELLEMENT. A la limite le plus gros bordel dans sa discographie est un sous-bordel, c'est la disco de Whiskeytown, avec des albums enregistrés deux ou trois fois avec des tracklists différentes et des titres "inédits" parfois plus connus que ceux qui sont sur les albums...

      C'est étonnant que tu n'aies jamais écouté Cold Roses... c'est presque son album le plus consensuel (entendre : celui qui se rapproche le plus de Gold et de l'idée qu'on se fait généralement de ce que doit être un album de Ryan Adams lorsqu'il ne verse pas dans l'exercice de style ou le concept un peu claqué), en plus avec deux de ses plus grands standards dessus (et même tubes, dans son pays, mais à l'échelle française on dira "standards" ^^), à savoir "Let It Ride" et "If I Am a Stranger". Personnellement c'est un de mes préférés, un vrai, grand album de folk-rock à l'ancienne comme il n'en a plus jamais refait depuis. Par contre les Cardinals dans leur ensemble, je n'ai jamais trop compris. Au départ ça semblait être son Crazy Horse, il faisait des trucs assez spécifiques avec, et puis à un moment il s'est mis à faire avec eux les mêmes trucs qu'il faisait sans, voire à publier des albums avec les Cardinals sans que leurs noms figure sur la pochette, tant et si bien que j'ai un peu lâché l'affaire. Mais bon, toi qui aimes Rock'n'Roll, il est évident que des morceaux comme "P.S." ou "Magick" ne devraient pas te laisser totalement indifférent ;-)

      Petit aparté : je suis tout à fait d'accord concernant Devolver. Pour l'anecdote, je ne l'avais écouté qu'une ou deux fois au moment d'écrire l'article, et j'ai donc logiquement écrit que FM était le meilleur de son millésime 2022, mais en me le repassant ces derniers jours, il me paraît évident que ce titre doit échoir à Devolver, bien plus équilibré que les autres.

      Bon, avec tout ça je n'ai toujours pas eu le temps d'écouter son Nebraska... faut dire que Ryan Adams n'est pas un seulement un con : c'est aussi un gros relou qui me bouffe des soirées entières :-)

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    4. J'ai découvert Ryan Adams avec Gold, donc pas si tard, mais je suis moins attaché à lui. Et en plus Frank Black est moins prolifique et on trouvait facilement les cds du moindre de ses projets à la mediatheque, ça aide. Certains de ses albums étaient nazes mais il y avait toujours une ou deux pépites dessus, je me disais que j'achèterai jamais le disque mais ça me faisait chierde ne plus jamais réécouter ces putain de titres, d'où le best of. (bon j'j'ai fini par lâcher à un moment quand même). Alors qu'aujourd'hui j'aurais tendance à jeter le bébé avec l'eau du bain :trop de disques, pas assez de temps...
      Mais je vais écouter Cold Roses. Mieux, je vais l'acheter, comme c'est un double dans le pire des cas j'aurais gagné une pinte ;)

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    5. Mais attends, Gold c'est beaucoup trop tard pour un mec comme ça... son tout premier disque autoproduit a été enregistré plus de 10 ans avant... tu sais combien j'ai de disques d'Adams antérieurs à Gold ? 22 ! Bon, après je ne dis pas que ce sont 22 trucs merveilleux et indispensables... encore que le qualificatif puisse s'appliquer à presque tout ce qu'a enregistré Whiskeytown.

      Je prends note pour Cold Roses mais je suis décontracté, je sais que tu vas aimer cet album, peut-être même que c'est toi qui paieras une pinte pour me remercier de t'avoir fait découvrir des choses aussi délicieuses que "Sweet Illusions" ;-)

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    6. 22 ! sans déconner ? je la ressortirais dans mon article celle là...
      attention Cold Roses il faut que je valide l'album en général, pas quelques excellents titres éparpillés (parce que là avec Ryan Adams c'est facile...)

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    7. Pardon, j'ai dit 22 ? J'ai pris un moment pour compter, en fait c'est 30 :

      Officiel :
      → 1 single avec Blank Label
      → 1 single + 1 EP avec The Patty Duke Syndrome
      → 2 albums + 5 EPs + 3 singles avec Whiskeytown
      → 1 EP + 1 album solo

      Officieux :
      → 1 compile de démos avec The Patty Duke Syndrome
      → 1 EP de Snow Kobra (qui n'a rien d'officieux en fait, il est juste sorti sous pseudo).
      → 1 compile de démos + 3 albums ENTIERS de Whiskeytown.
      → 1 compile de démos pour son ton premier groupe, Ass Recording Tape
      → 1 compile de démos sous le pseudo de Lazy Star
      → et le meilleur pour la fin, accroche-toi bien : en solo, 2 LPs + 5 compilations de démos + 1 mini-LP avec les Pinkhearts (qui servira de base aux morceaux power-pop de l'album Demolition).

      Et bien sûr, je pars du principe qu'à partir du moment où je fais une distinction officiel/officieux, je dois respecter les dates de parutions officielles... car tous les derniers trucs de Whiskeytown (dont le magnifique album testament Pneumonia) sont sortis après Gold (et en grande partie grâce au succès de celui-ci), alors qu'ils lui sont antérieurs.

      Le plus dingue étant sans doute que je ne suis pas du tout certain de tout avoir...

      Cold Roses est un album vraiment très constant dans la qualité, tu verras. Pour moins il vaut largement Gold (pour comparer avec un album aussi long), même si la prod est un plus folk et roots.

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    8. Ok, du coup je récupère les 8 € que j'avais placés sur mon compte épargne-binouze.

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  5. ah oui et entre temps il a sorti une reprise complète de l'album Nebraska du boss (mon favori), je vais écouter si ca a un intéret

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    1. Tiens bah tu vois je ne savais pas. Je vais aller écouter ça.

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  6. Rivers Cuomo est mort, Ryan Adams est un con... elles prennent chères les vieilles idoles du Golb ;)

    Très bon article, qui pose bien la place un peu bizarre qu'occupe actuellement le personnage sur la scène indé US. J'avais lu l'article de L.A. Mag à sa sortie, il m'avait collé le bourdon. Ryan Adams ne méritait pas ça. C'est sûrement un con mais quand tu vois des ordures notoires qui ont toujours pignon sur rue malgré tout ce qu'on sait sur elles, ce qui lui est arrivé est dégueulasse. Je suis bien contente qu'il ait pu reprendre la route, d'ailleurs il vient bientôt en France et j'espère pouvoir y être.

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    1. Je ne sais pas si ça vaut vraiment le coup de revenir sur tout ça, mais en tout cas oui, moi aussi, cet article m'avait de la peine. Moins la partie interview elle-même que les commentaires du journalistes décrivant un type vraiment détruit, craintif, etc. Et puis ces photos, quoi...

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  7. C'est un beau retour de sa part. Cela faisait longtemps, qu'il n'avait pas publié des choses aussi consistantes que ces quatre albums, même si, évidemment, il aurait pu n'en faire qu'un, en gardant le meilleur de chaque. Un peu comme Demolition, mon préféré je pense, justement par son côté "éparpillé".

    Le bon côté de sa situation actuelle, c'est qu'il ne peut plus se contenter de sortir des fonds de tiroirs, puisqu'il ne s'adresse plus qu'à des gens qui les connaissent déjà par cœur.

    Pour la partie MeToo, je zappe. Mais, je suis tout de même curieuse de savoir s'il joue encore les titres d'Ashes & Fire...

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    1. Et la réponse est... oui. Il joue régulièrement "Ashes & Fire" et "Lucky Now", parfois aussi "Dirty Rain.

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    2. Ce qui est intrigant dans ce retour, c'est que personne ne semble s'en offusquer.

      Donc, soit tout le monde considère tacitement qu'il a été accusé à tort, et dans ce cas, ce serait bien qu'un site un peu plus *officiel* que le Golb l'écrive.

      Soit, le backlash va être terrible à la première incartade (qui vu le personnage, ne tardera pas à arriver). Et là, ce sera vraiment fini pour lui...

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    3. Techniquement, sur la seule accusation répréhensible pénalement (la corruption de mineur), il a effectivement été accusé à tort et blanchi depuis un moment maintenant. C'est officiel et il y a tout de même eu des articles à ce sujet. Le reste relève de la proverbiale intimité de la vie privé, c'est impossible que quelqu'un écrive un jour officiellement "Ryan Adams est innocent" parce que c'est impossible de le vérifier (et probablement faux, en plus).

      Pour tout le reste, je pense effectivement qu'il doit se préparer à un (gros) blacklash. Il est d'ailleurs inexact de dire que son retour n'offusque personne : c'est juste qu'heureusement, notre société n'a pas complètement perdu la boule, les gens se rendent bien compte que sa situation n'est pas celle d'un violeur en série ou d'un monstre en liberté. En revanche il est quand même bien persona non grata dans le milieu de la musique - il n'a plus de label, ses disques sont quasiment ignorés par la presse mainstream... etc. C'est clair qu'il va devoir respirer un grand coup la prochaine fois qu'il se fera larguer.

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  8. Tu aurais presque pu ajouter "Et un fou" ;) Mais c'est uniquement en raison de son stakhanovisme dont je parlais dans mon propre papier...

    Ton dernier paragraphe est magistral car il résume bien la synthèse de ce qu'est devenu Ryan Adams pour celui qui le suit justement depuis un quart de siècle. Ceci dit, un bonhomme qui pond "Avenues", "Oh my sweet Carolina", "In my time of need", "La Cienega just smiled", "When the stars go blue", "Tina Toledo's Street Walking Blues" ou "The Shadowlands" ne peut pas totalement avoir mis son âme au toilettes.

    Quant à l'album "Rock'n'roll", j'avoue qu'il m'a fallu du temps pour pleinement apprécier le pied de nez qu'il était à demi-mot. Son meilleur restera à mon sens "Gold" où il tutoie le sublime sur quasiment toute la durée. J'ai, tout de même, énormément de tendresse et d'émotion à chaque écoute de chaque album de Whiskeytown. Le bonhomme avait tout de même la vingtaine toute fraîche et, déjà, une sensibilité indéniable.

    Merci de finir (?) 2022 sur un telle note ^^

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    1. Mais l'est-il vraiment, "fou" ? Je n'en suis pas certain. J'ai été à la fac avec la femme d'un joueur de foot qui commençait à avoir une petite notoriété à l'époque, j'ai été amené à le croiser quelques fois dans des soirées, mariages... etc. Et chaque fois je le voyais, il était le premier à taper le ballon avec tous les gamins qui traînaient, et les grands aussi d'ailleurs, ce qui est extrêmement rare chez les pros (qui n'ont seulement n'ont pas envie qu'on leur parle boulot pendant leur temps de loisirs, mais qui en plus n'en ont pas toujours le droit pour des raisons d'assurances - risques de blessures, etc.) Pourtant lui, il jouait tout le temps, parce que ce n'était pas juste son métier, mais une passion et un jeu, avant tout. C'est exactement la manière dont je perçois Ryan Adams. Le terme stakhanoviste ne me paraît du tout approprié dans son cas car cela induit une notion de travail et - dans le cas d'une œuvre artistique - d'abandon total à celle-ci. Lui n'abandonne rien du tout, je le vois plus comme un gamin qui adore jouer de la musique, et qui pourrait jouer à peu près n'importe quoi avec n'importe qui du moment qu'il s'amuse. Ce qui me fait penser cela c'est que contrairement à plein de "vrais" stakhanovistes de la pop ou du rock, il ne met pas du tout en valeur sa discographie "officieuse". Il n'en parle quasiment jamais, il n'y a pas de canal pour s'informer de son existence, il n'en joue que très peu de morceaux en concert, elle est vraiment officieusement officieuse et je pense que des tonnes de fans n'ont jamais entendu la moindre note de DJ Reggie, Sad Dracula, The Finger et j'en passe. Ces trucs existent, ils sont parfois exceptionnels (je pense notamment aux EPs de Sad Dracula qui contiennent leurs lots de pépites), mais ça ne semble pas devoir aller plus loin. Moi je ne trouve pas ça fou, je trouve ça beau. Ce sont plutôt les autres artistes qui me paraissent fous en comparaison, à passer trois ans à bosser rebosser sans fin la même vingtaine de morceaux :-)

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    2. (Quand à finir de 2022 ainsi, en vrai je n'en sais rien, mais on est le 15 décembre, je suis très occupé actuellement, je ne peux pas jurer qu'il y aura beaucoup d'autres textes sur Le Golb d'ici à 2023... donc autant anticiper, quitte à me contredire après demain ^^)

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    3. "je pense que des tonnes de fans n'ont jamais entendu la moindre note de DJ Reggie, Sad Dracula, The Finger"

      The Finger? Tu veux dire The Shit?

      Sinon c'est joli ce que tu dis (ouais je m'invite dans la conversation) le côté gamin j'aime bien, ça explique aussi son goût pour les reprises ou les pastiches. Quand j'écoute ses Bedhead (les premiers volumes) c'est frappant comment toutes les chansons sonnent volontairement comme quelqu'un, peut être aussi qu'il se dit que tous ces trucs sont funs à faire mais n'intéresseraient pas grand monde. La dimension exercice de style semble hyper importante pour lui. En fait j'ai l'impression que c'est un peu le contraire de ce que tu écrivais sur Weezer il y a quelques mois : ses trucs officieux sont officieux parce que ce sont des trucs moins personnels et plus pour le fun.

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    4. Non, je parle bien de The Finger (son groupe avec Jesse Malin et - il me semble car ils ont tous des pseudos - James Iha). C'est un peu dans la même veine que The Shit d'ailleurs (hardcore/punk régressif, on va dire), mais en beaucoup plus assumé et maîtrisé (The Shit est juste un truc parodique, The Finger relève plus de l'hommage à une certaine scène californienne) (enfin on est vraiment sur de la discussion d'experts, évidemment. Le commun des mortels non initié au genre ne verrait probablement aucune différence entre les deux).

      Je ne suis pas vraiment d'accord pour la dimension exercice de style - enfin si, mais pour moi elle n'est pas moins prononcée sur ses albums officiels. Le premier titre de son premier album solo est quand même un pastiche totalement décomplexé de "Highway 61" et donne assez clairement le ton de la suite. Heartbreaker/Gold/Demolition forment une trilogie (trinité) Dylan/Springsteen/Petty assez transparente, Jacksonville City Nights porte sa dimension pastiche jusque dans son titre, Big Colors assume totalement son d'être un hommage aux groupes proto-britpop style Smiths ou Felt... on pourrait continuer pendant des heures...

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    1. Ah, ah, merci, l'iconographie n'a jamais été la principale force de ce site ^^ Elle vient si je ne dis pas de bêtises du dossier de presse de Big Colors (la version LP sortie l'an dernier).

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  10. C'est grave si on a jamais écouté Ryan Adams parce qu'on l'a toujours confondu avec son presque homonyme canadien ? Je me souviens avoir croisé son nom ici plusieurs fois avec perplexité. J'ai découvert depuis que ses deux premiers albums sont dans la liste des 1001 albums, que je me suis lancé le stupide défi d'écouter. Peut-être que je relirai cet article différemment quand j'aurais comblé cette lacune...

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    1. Joris ! Je n'avais pas vu ce message, quel plaisir de te relire.

      Je ne crois pas que ce soit très grave, Ryan Adams a même souvent eu tendance à s'en amuser (en signant des autographes Bryan ou en reprenant "Summer of '69" sur scène).

      Par contre :
      1) je ne sais pas ce qu'est la liste des 1001 albums.
      2) je suis très étonné qu'il existe une liste de 1001 albums (dont je suppose que le sous-entendu est "qu'il faut avoir écoutés dans sa vie") qui contiennent non pas un, mais deux albums de Ryan... et que cette liste ait rédigée par une autre personne que moi ^^

      (sachant qu'en plus, si j'essayais de rédiger une liste objective des 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie... je ne suis même pas certain que j'en mettrais un seul...)

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    2. C'est effectivement la liste des "1001 albums à écouter avant de mourir". Et en fait, 1001 est vraiment beaucoup. Je pense qu'au-delà de 500 albums on est plus vraiment dans du chef d'oeuvre bien installé et on rentre clairement dans le subjectif. Il n'y a qu'à voir les présents et les absents chez quelques artistes majeurs multi-cités dans la liste. Il faut donc croire que Ryan Adams a des fans chez quelques critiques musicaux. Il faut dire aussi que, bien que modifiée par la suite, la liste initiale date de 2006, ce qui donne au moins deux biais que j'ai pu constater jusqu'à présent (je suis à 40%):
      - assez fort tropisme 90's dans les styles des albums choisis (indie rock / britpop / electro ou trip-hop)
      - tendance boomer à citer comme indispensable n'importe quel album sorti en 65 et 75, assez caractéristique d'une partie de la critique musicale de l'époque.
      Bref, je n'ai toujours pas lancé d'album de Ryan Adams depuis mon premier commentaire...

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    3. Je suis tout à fait d'accord sur ce type de liste, en fait je serais même d'accord pour mettre le point de bascule aux alentours de 500. Au-delà tu ne hiérarchises plus, ça devient aussi essentiel d'avoir écouté au moins une fois Ryan Adams que Bob Dylan - j'adore ce brave Ryan mais rien de l'écrire je trouve ça ridicule (et je trouve encore plus ridicule que ce ne soit, le cas échéant, une fois... mais deux !) Je ne parle même pas du fait de meubler en citant plusieurs fois les mêmes artistes. Va pour quelques uns qui ont eu des périodes aux divergences musicales très marquées (Dylan, Bowie, Scott Walker...), mais même dans les grands classiques de la période 65/75, on ne me fera pas croire qu'il y ait besoin d'avoir écouté trois albums différents des Beatles pour avoir une idée de ce que faisaient les Beatles. Je pars du principe que ce type de liste à pour objectif de mettre le pied à l'étrier à l'auditeur.

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    4. Alors, j'ai écouté Heartbreaker et Gold. C'est bon, parfois excellent, mais c'est assez déroutant d'écouter un chanteur qui change de registre aussi fréquemment et souvent en étant à la limite du pastiche. On a l'impression d'être dans un labyrinthe de miroirs : l'illusion fonctionne très bien parce que le gars est tout de même très talentueux, mais on n'est pas certain de pouvoir distinguer le vrai au milieu de tous ces reflets (si tant est qu'il ait une personnalité propre autrement qu'en se cachant derrière ses idoles, ce qui me paraît être le cas tout de même).

      Pour un fan de Dylan comme moi, je reconnais parfois dès les premières mesures les chansons dont il s'inspire et je juge davantage la qualité de la chanson en tant qu'imitation qu'en tant que production originale. Surtout sur Heartbreaker, bien que ce soit le plus homogène à quelques exceptions près. Je pense préférer Gold dans lequel j'ai le sentiment d'y voir plus de personnalité malgré les écarts stylistiques. Dans tous les cas, je dois dire que c'est assez impressionnant d'écouter autant de chansons d'un genre relativement désuet pour l'époque, mais interprétées d'une telle manière que ça ne choque pas, et tout ça avec très peu de déchet (c'est pour ça que je dis préférer Gold, 1h30 de musique, 21 chansons, et je n'ai presque jamais eu envie de zapper ou de me dire que certaines sont là juste pour meubler).

      Bref, je creuserai peut-être la discographie, et heureusement que tu en parles parce que je réalise que je ne connaissais que sa reprise de Wonderwall (entendue dans la série The O.C.), ce qui était plutôt de l'ordre du repoussoir. Et je comprends mieux ton article, quand je vois qu'il a publié récemment des reprises intégrales de Blood on the Tracks et Nebraska, en allongeant la première de plus de 20 minutes...

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    5. Oui, j'ai la flemme de relire l'article au-dessus (et les dix autres que j'ai écrits sur le sujet) mais la dimension pastiche est extrêmement présente chez Adams, et assez ouvertement revendiquée. Les albums suivants ayant encore plus brouillé les pistes, puisqu'il s'est attelé à des registres de plus en plus variés et éparses (power-pop, rock FM, synth-pop, garage punk... il a même fait des albums de metal et de rap). Cela lui a souvent valu des procès en in-sincérité, pas forcément injustifiés en ce sens qu'il est plus ou moins communément admis qu'un artiste folk embed doit être un mec qui met ses tripes sur la table en guitare-voix, ce dont il est clairement incapable aujourd'hui (si tant est qu'il l'ait été un jour). Sa musique est empreinte d'énormément de distance, au point de souvent m'avoir fait me demander où était "le vrai Ryan Adams". C'est sans doute pour cette raison que j'ai détesté Wednesdays, son album de l'immédiat après #MeToo. Je me suis dis merde, si c'est lui le vrai Ryan Adams, à nu... je n'ai pas vraiment pas envie de connaître ce type, il a l'air beaucoup trop chiant et cucul. Fort heureusement je pense que ce n'était qu'un masque comme un autre, un exercice de style, son album d'excuses comme il avait publié, quelques années avant, son album de divorce. C'est pour moi la force et la limite de son œuvre. D'un côté, on comprend assez facilement pourquoi il est un des rares types de sa génération à avoir été adoubé par de grands anciens comme Emmylou Harris ou Dylan lui-même : au-delà de la dimension pastiche, il y a cette insolence, ce refus de se conformer à des normes, qui le rendent assez unique dans le paysage musical. De l'autre, à force d'enfiler des masques, je pense qu'il est désormais totalement incapable de faire autre chose qu'échanger un costume pour un autre. C'est un peu comme si, plutôt que de faire albums, il écrivait des romans avec des narrateurs et point de vue complètement différents d'un texte à l'autre.

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