mercredi 28 mars 2018

Ultra-moderne golbitude

Ce que je préfère sur Facebook, c'est la page d'accueil. Celle où les flux se mélangent (hum...), où les statuts s'entremêlent et où tout a à peu près autant de valeur que n'importe quoi. Cela peut paraître étonnant, me connaissant. Cela devrait m'insupporter, ce mélange des non-genres, ce soir où je me connecte et passe en une fraction de seconde de la mort d'une chanteuse de variété de seconde zone à celle d'un des plus grands écrivains vivants, des enfants de migrants à une pétition pour sauver une émission de télé que plus personne ne regardait depuis trois ans, en passant pas le dernier clip d'un groupe indé à la mode en 2011, Bertrand Cantat, Céline Alvarez, une tribune sur le racisme anti-blanc dans le FigaroVox et la météo et une pub pour le Club Med et Leïla qui veut faire découvrir à ses contacts une nouvelle série qu'ils ont tous déjà vue depuis deux ans et Jean-Pierre qui fait son auto-promo tandis que je n'oublie pas d'avoir une pensée émue pour Virginie, qui trouve trop cool d'être payée pour avoir vue sur la mer (moi aussi). Je devrais trouver cela insupportable. Tout ce que je déteste. Aucune hiérarchisation de l'information. Aucune nuance. Sauter d'une chose à une autre dans le plus grand désordre et sans jamais s'attarder sur aucune – surtout pas l'approfondir, à peine la retenir. Et pourtant, j'adore contempler ce bruissement silencieux. J'adore l'idée que l'on puisse contempler un bruissement, et encore plus qu'il puisse ne faire aucun bruit. Je crois que je ne suis pas très hip en disant ça. Je crois qu'il est plus que jamais de bon ton de chier sur Facebook, tout en s'en servant abondamment, tout en se nourrissant de la confortable certitude qu'on ne s'en sert pas de la même manière que les autres.

On aura le droit de trouver que je suis un garçon un peu oisif.

Je lurke beaucoup, sur Facebook. Si mes ami(e)s savaient. Le temps que je passe à regarder leurs photos de famille, à lire leurs statuts les plus inintéressants. Je sais tout d'elles, je sais tout d'eux. Tellement plus qu'ils l'imaginent. Et c'est super ; je ne veux surtout pas qu'ils arrêtent de répandre leur vie privée. Qu'ils et elles ne se laissent surtout pas intoxiquer par l'actualité des derniers jours, ce serait trop dommage, d'autant qu'on savait déjà tout ça depuis dix ans. Je trouve ça super toutes ces choses qu'ils et elles partagent, qui heureusement ne se limitent pas à leurs vacances à la Martinique ou à des statuts vengeurs au sujet de leur belle-mère. Des fois... souvent... vachement plus souvent que ne le pensent les gens qui ne s'en servent pas, on lit des tonnes de trucs intéressants, sur Facebook. Il arrive également qu'on découvre les individus sous un angle différent. C'est toujours une expérience particulière. Elle peut-être enrichissante, pour un peu que l'on soit ouvert et que notre idéal de vie socio-digitale ne soit pas d'être principalement entouré de gens pensant la même chose que nous au moment précis où nous pensons cette chose. Je pourrais défriender ce contact qui a viré intégriste catho au fil des ans, ou cette autre manifestement amoureuse de Manuel Valls, ou ce dernier encore qui nous accable de ses poèmes plus mauvais les uns que les autres. Je pourrais aussi simplement interpeller celui qui croit que le mansplaining c'est quand les hommes se plaignent (mais il y a de l'idée), celui qui répète tous les jours qu'on ne peut plus rien dire alors qu'il dit tout ce qui lui passe par la tête du matin au soir (mais il me fait rire), celle qui se plaint que le gouvernement la saigne alors qu'elle gagne 3500 € par mois (mais une part de moi compatit) ou celle qui explique trois fois par semaines que les Musulmans nous envahissent et que le gouvernement se voile la face (mais je l'aime pour d'autres raisons). Je ne fonctionne pas comme ça. Je ne défriende pas. J'accepte les gens comme ils sont et, puisque je n'ajoute jamais personne et que sont eux qui viennent à moi, comme ils viennent.

De temps en temps, un lecteur égaré m'ajoute à ses contact. Je me dis qu'il doit être très déçu, parce qu'il n'apprend généralement pas grand-chose à mon sujet (jusqu'à récemment il n'avait même pas le droit de savoir la tronche que j'avais), alors que moi en un clic et demi je sais tout ce qu'il y a à savoir sur cette personne dont j'ignorais jusqu'à l'existence trois minutes plus tôt. Je trouve cette idée absolument géniale, et je le dis sans le moindre début de cynisme. Certain(e)s ami(e)s me disent parfois, avec un ton un peu dédaigneux, "oh moi, tu sais, je n'ajoute que les gens que je connais". Outre que j'ai du mal à les croire (ou alors ils connaissent vraiment beaucoup... mais alors BEAUCOUP de monde...), j'ai souvent envie de leur répondre qu'ils n'ont vraiment rien compris à Facebook. Moi, les gens que je préfère sur Facebook, ce sont justement ceux que je ne connais pas. Ceux-là m'intéressent au plus haut point, bien plus que ceux avec qui je déjeunerai la semaine prochaine. Je lis leurs statuts avec passion. Je ne comprends généralement pas pourquoi ils tiennent à partager cela avec moi, mais qu'ils sachent que j'en suis fort touché et que j'accorde à chacune de leurs interventions l'attention qu'elle mérite. Je me noies dans leurs flux avec délectation. Je le fais depuis des années, en toute impunité. Je regarde les jolies filles et les gentils garçons et les enfants trognons et les chats rigolos, et inversement et pas forcément dans cet ordre. Il y a quelque chose là-dedans d'irréel. C'est beau et sordide et gratuit et triste et tout cela à la fois. C'est impalpable. Cela ressemble un peu à la vie, mais seulement vu de loin.

On aura le droit de trouver que je suis un garçon un pervers.

Coucou.

Je me remonte le moral en me disant que je ne suis pas le seul. Je me console en me disant que nous vivons dans un monde global globalement un peu pervers. Gentiment, quoi. Pervers mais mignon, en un sens. C'est touchant, cette manière de remplir le vide avec du vide. J'ai toujours eu une affection particulière pour les quêtes un peu vaines et perdues d'avance, et quand je traîne sur la page d'accueil de Facebook je suis souvent étonné et ému par ces centaines de personnes figées dans un même geste, une même tentative absurde de déguiser leur solitude en quelque chose de social et de cordial. Je les jalouse un peu, elles à qui il reste encore un peu de maquillage, un peu de laque... de quoi rendre leur rien un tant soit peu chatoyant. Des photos de vacances, ce sont au moins des vacances. Des photos du petit dernier, c'est que quelque part ils sont quand même parvenus à procréer. Ce n'est pas si mal, comme vide. Mais c'est fatigant, une existence de lurker. On ne croirait pas comme ça : c'est tout un travail. Déjà Facebook, à l'image de l'ensemble du Web, est tout plein de mots, partout. Il faut lire. C'est une activité physique. On dit que Facebook abêtit les jeunes, n'empêche que ça les fait travailler parce que sur Facebook, si tu ne sais pas lire, tu ne vas pas bien loin. C'est presque un truc d'utilité publique, quelque part. Ensuite il faut prendre le temps d'en découvrir toutes les subtilités (de Facebook, pas de la lecture. Même si découvrir les subtilités de la lecture peut également s'avérer d'une grande aide au quotidien). Sans quoi on a tôt fait de se retrouver à liker machinalement des conneries. "Hier, je me fais traiter de pédé alors que je suis même pas une tantouze #Dégoûté". Vingt likes seulement ? Petit joueur.

Alors oui, il faut faire attention. Ce n'est pas parce que la page d'accueil de Facebook est une petite mélodie irréelle, onirique même si elle ressemble plus à une feuille d'impôts qu'à une toile de Zao Wou-Ki, qu'elle n'est pas quelque part reliée au monde physique, et donc régie par les mêmes règles ennuyeuses voire un brin absurdes. Il peut même arriver que le réel vous rattrape en plein lurking pour vous faire boire la tasse. Comme quand vous tombez sur la page Facebook d'un(e) mort(e) mais que vous ne vous en rendez pas compte immédiatement car ce que les gens postent dessus ressemble plus à des messages d'encouragements, ne me demandez pas pourquoi, j'imagine que l'examen Là-Haut doit être assez sévère, comme tout concours de la fonction publique. Ce genre de chose était très rare, autrefois. Depuis le début de la vague d'attentats, c'est presque devenu banal, mais je suppose qu'attentats ou pas, c'était inévitable : mathématiquement, les années passant, nous nous retrouvons tous autant que nous sommes avec dans notre carnet de contacts une ou deux ou trois de ces pages Facebook zombies, parce qu'il paraît que ça arrive, de mourir. A moins que ce ne soit qu'une fake-news – on ne sait plus, de nos jours.

J'en étais à peu près là – c'est-à-dire nulle part, dans un endroit non-identifié perdu au milieu d'une déclaration d'impôts – lorsque j'ai réalisé que cela faisait bientôt dix ans que j'étais inscrit sur Facebook. Dix ans que je lurkais sans retenue et sans ménagement, émergeant de temps à autre du bruissement général pour me fendre d'une punchline me rendant stupidement fier (alors que des punchlines, j'en lâche trente par jour, c'est un peu comme si une taupe se gargarisait de son dernier tunnel), avant de retourner sagement à mon lurking, de cliquer sur un lien puis de rebondir sur un autre avant de lancer une vidéo que je n'ai même pas envie de voir et dont je ne me rappelle déjà plus le sujet au bout de quarante-huit secondes. Dix années à ne pas savoir pourquoi je suis là mais au moins six ou sept à ne plus me poser la question, alors que je vois bien que ce n'est pas bon pour moi, alors que je sens bien que tout cela me rend malade. Pas Facebook : toi. Vous. C'est l'humanité, qui me rend malade, tant elle porte si mal son nom parfois, surtout retranchée en flux. Ces derniers mois, le moindre pas sur Facebook m'est devenu insupportable. Le climat actuel, selon l'expression consacrée, me déchire. Les informations se télescopent et les tendances se mélangent et je finis par ne même plus savoir ce que je pense. Peut-être suis-je trop ouvert. Peut-être Facebook a-t-il transformé mon ouverture d'esprit et ma tolérance en influençabilité. J'étais costaud pourtant, intellectuellement. Et à présent je suis spongieux, pressez-moi et vous verrez bien : ce n'est pas qu'il en sortira de l'eau croupie, c'est surtout qu'il en sortira aussi de l'huile, du vinaigre et du Pepsi Max. Les gens qui ne me connaissent pas ou qui se contentent de me lire pensent souvent que je suis un pur intellectuel. Un cerveau. Un type qui absorbe des quantités infinies d'informations et les traite, les classe, les analyse parfois et les stocke, quoi qu'il en soit. Ce n'est pas complètement faux, mais ce que j'absorbe le plus, dans une journée ou dans une heure, ce ne sont pas des informations, mais des émotions. Mes capacités intellectuelles sont principalement employées à essayer de maîtriser ce flux-là, bien plus torrentiel que ma page d'accueil Facebook. Ce n'est pas un hasard si j'use et abuse depuis des années de la métaphore de l'enfant essayant de faire entrer le carré dans le triangle : c'est un résumé presque parfait (et assez amusant) de ma personnalité. Alors le climat actuelTM, autant dire qu'il me transperce de part en part, du matin au soir, dans un sens puis dans l'autre. Personne ne m'insulte, personne ne m'agresse, et pourtant cette violence qui est dans l'air, je la ressens continuellement, physiquement, chaque fois que je me connecte à un réseau social. Au point que mon cerveau n'arrive plus à traiter les informations. J'aurais pu écrire cinquante éditos depuis un mois ; c'est à peine si j'ai été capable d'en ébaucher deux ou trois. Je suis comme tétanisé à l'idée de contaminer Le Golb, qui fait presque figure de havre de paix en comparaison de n'importe quel autre site Internet en 2018, avec la violence symbolique et insoutenable qui me paraît gouverner le Web depuis quelques temps.

Le Golb : comme un havre de paix, mais en mieux.

J'aimerais pouvoir identifier le moment où les choses ont basculé. Le moment où Facebook, les réseaux sociaux et les Internets ont arrêté d'être funs. Quelque chose s'est clairement brisé au moment des premiers attentats mais l'effet, il me semble, n'a pas été immédiat. C'est vraiment à partir de la Présidentielle que les choses ont commencé à pourrir – peut-être devrais-je écrire : à m'atteindre de manière déraisonnable (ce serait sans doute plus modeste). Ce qui était auparavant sujet de plaisanteries bon enfant est alors devenu très sérieux, très sévère, très dur. Je ne me suis empaillé avec personne – ce n'est pas mon genre – mais j'ai senti jusque dans ma chair les crispations de certain(e)s de mes contacts, et pas forcément les plus éloigné(e)s, et pas forcément celles et ceux que j'aurais cru. Pour la première fois, j'ai réellement senti le besoin de m'éloigner de Facebook (et accessoirement de me rouler en boule sous une couette avec des peluches). J'ai été incapable de le faire alors que, cela ne manque pas d'ironie, je ne suis pas plus qu'un autre accro à Facebook : il peut m'arriver de ne pas y foutre le clavier durant des jours voire des semaines, a fortiori désormais que Messenger est totalement déconnecté du site lui-même. Mais dans ce moment conflictuel, dans cet instant où la violence perlait de partout et où tout indiquait que je devais m'en protéger, j'étais précisément incapable de ne pas y aller, de ne pas lire avec une fascination muette les mille statuts, les dix-mille messages, les centaines de milliers de débats. Une part de moi avait envie de se dire qu'elle contemplait la démocratie en action – j'ai du mal à ne pas sourire en l'écrivant.

Le phénomène a été encore démultiplié après #MeToo, même s'il évolua d'une manière différente, à la fois plus insidieuse (au départ, 99,9 % de mes contacts soutenaient le mouvement ou n'en disaient tout simplement rien, et le basculement vers le pugilat fut plus lent, plus progressif) et plus déprimante encore (car alors que la bagarre générale des Présidentielles nous avait pris par surprise, le retour de bâton de #MeToo était largement prévisible, la seule question était de savoir Qui, Quoi et Comment). Ces polémiques auraient pu simplement remplacer les soubresauts de la Présidentielle ; elles se mélangèrent à ses braises, et alors, Facebook devint vraiment intolérable. Insoutenable. Je me rappelle l'époque, pas si lointaine, où nous riions encore ensemble de la manière dont les réseaux sociaux amplifiaient la capacité très française à s'indigner de tout et n'importe quoi. Après les attentats, c'en était fini du tout et du n'importe quoi, ou plutôt cela l'habillait d'autres couleurs – des nuances de rouge, comme c'est étonnant. Les gens pouvaient désormais se choisir des cibles, des ennemis, ce qui n'est jamais joli à voir mais devient fortement gerbant lorsque ces ennemis prennent un "e" et sont des victimes de viols ou d'agressions se contentant d'en parler plutôt que de serrer les dents et de fermer leurs gueules. Ce que je ne mesurais pas à ce moment-là, on aura droit de me penser naïf, c'est à quel point #MeToo, si puissante et si indispensable qu'ait pu me paraître cette lame de fond, achevait d'ouvrir toutes les vannes sur tous les sujets. En tant que mouvement libérateur et rédempteur, c'était magnifique (enfin on se comprend). En tant que phénomène socio-digital, c'était une bombe à défragmentation. Dès lors que l'on pouvait parler de ce dont personne ne parlait jamais sur sa page Facebook ou son compte Twitter, évoquer des choses aussi dures, aussi sombres, aussi taboues... tous les impensés se voyaient exprimables, tous les surmois virtuels étaient invités à se fissurer.


De la haine. Je ne vois presque plus que cela, désormais, sur Internet. Où que j'aille. De la rage. Des insultes et des logorrhées sans début ni fin. Il y a sûrement d'autres choses, ailleurs, mais elles sont balayées par cette espèce de fureur qui semble parcourir la société sans aucune autre raison que ce vide existentiel que les photos de famille et les quizz débiles ne réussissent plus à maquiller. Leïla ne parle plus des séries qu'elle regarde, désormais, mais des pétitions qu'elle signe pour faire interdire un livre stupide dont personne n'aurait jamais entendu parler si elle n'avait pas signé cette pétition envoyée par Méline qui l'avait trouvée via Angélique. Jean-Pierre fait toujours son auto-promo, mais il passe surtout beaucoup de temps à se méfier, désormais, de toutes ces féministes qui confisquent le débat (probablement parce qu'elles ont leurs règles). Virginie a toujours vue sur la mer, enfin je suppose, mais cela ne suffit plus à l'apaiser quand elle pense au pauvre Bertrand Cantat qu'on veut empêcher d'exercer son métier alors que PUTAIN IL A PURGÉ SA PEINE ARRÊTEZ AVEC VOTRE CENSURE. Jéjé a enfin compris ce qu'était le mansplaining et du coup, il pense qu'on veut lui interdire d'expliquer quoi que ce soit à une femme, d'ailleurs il n'ose même plus mater le cul de sa voisine – il ose en revanche raconter sur Facebook qu'il ne l'ose plus, il a besoin de soutien. Le poète se veut désormais engagé, en particulier contre le politiquement correct qui menace sa liberté de créer des œuvres de seconde zone à la rime pauvre et à la versification bégayante. L'amoureuse transie de Manuel Valls l'adule toujours autant, mais à présent, ses statuts ressemblent de plus en plus souvent à ceux de l'intégriste catholique et de l'autre, là, qui pense plus que jamais que le gouvernement sous-estime l'invasion dont nous sommes victimes (je l'aimais pour d'autres raisons, avant. Je ne sais plus lesquelles). Finalement, le seul qui est resté égal à lui-même, c'est celui qui continue de clamer chaque matin qu'on ne peut plus rien dire. Il boit du petit lait.  Le climat actuelTM lui donne raison. Il fait de lui un visionnaire, ou peut-être un gros con qui ne s'aperçoit pas que précisément, tout le monde passe son temps à dire n'importe quoi sur n'importe quel sujet en finissant toujours par trouver quelqu'un pour être d'accord avec lui. Mais comment lui en vouloir et pourquoi le juger ? En 2018, qui n'a jamais l'air d'un gros con, sur Facebook ?


41 commentaires:

  1. il est où le bouton like ?

    (sinon pour info t'as combien d'amis sur fb ?)

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    1. Tu rigoles mais le bouton like, ça fait des années que j'essaie de le mettre (afin de m'éviter d'avoir à relayer mes articles sur FB, ce qui m'a toujours fait chier) mais cette fonction est mystérieusement cassée dans l'admin du Golb (j'ai fait tellement de travaux au fil des années que j'ai pété tout plein de trucs, en fait de l'intérieur, Le Golb ressemble vachement à mon appart ^^)

      Tu vas rire mais je ne sais même pas combien j'ai d'amis sur FB, vu que je ne vais jamais sur ma propre page. Un peu moins de 500 je crois.

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    2. ah ah bricol man ! moi c'est l'excès inverse, tout comme dans la vraie vie je n'ose pas approcher d'un tournevis, je choisis la plateforme la plus basique et je n'agrémente presque rien. du coup bah... tu connais mon blog....

      500 amis?? c'est démentiel, tu m'étonnes que tu deviennes fou si tu suis chacun des fils... (par contre ne jamais aller sur sa propre page, voilà qui est original...)

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    3. C'est pas tant que ça, 500 contacts accumulés sur une décennie. Je connais des gens qui ont facilement le double...

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    4. effectivement ca doit bruisser... et tu t'intéresses vraiment à la vie de tout ces gens? sur ce point on est vraiment différents, moi je ne m'intéresse qu'aux posts des gens que je connais (qui composent 80 % de mes amis).
      d'ailleurs il y a un truc qui m'a fortement dérangé, que tu n'as pas évoqué: avant tu n'étais averti que des posts de tes amis (ce qui dans mon cas faisait peu vu que mes amis sont quasiment tous comme toi, ils postent rarement), et puis du jour au lendemain fb a signalé tous ce que les amis likaient. et là tu te retrouves envahi, de la manière que tu décris fort justement dans ton article (à ce propos le passage de "l'éponge" m'a beaucoup parlé. imagine, moi qui suis déjà influençable dans le réel)

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    6. Ça fait quand même un moment il me semble que tu vois ce que tes amis likent ou commentent. Je ne déteste pas forcément le principe car ça évite aussi l'effet de bulle, mais c'est vrai que des fois je trouve assez déplaisant quand tu vas liker une photo de mes vacances dans laquelle je ne suis pas tagué, qui a été postée par ma femme que tu ne connais pas, uniquement parce que GUIC va l'avoir likée (ça rejoint totalement ce que disais à JULIEN plus bas ^^).

      Je m'intéresse à la vie de tous ces gens... je suppose que la réponse est "oui", dans une certaine mesure. Après il y a différent degrés d'intérêt selon les personnes concernées. Je dois tout de même préciser que j'ai beaucoup de contacts professionnels, et même si les deux aspects ont souvent tendance à se confondre, les posts "vie privée" ne sont pas la majorité de ce que je vais avoir dans timeline. Ils ont même tendance à l'être de moins en moins car les gens dont c'est le principal "intérêt" sur Facebook ont tendance à me défriender assez rapidement, vu qu'il n'y a absolument aucune réciproque entre nous.

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    7. tient, justement Guic ou toi faites partie des profils pour lesquels fb me semble le plus utile, à savoir des gens que j'apprécie mais que je ne vois jamais, dont j'aime avoir de temps en temps des nouvelles au travers de quelques posts, et qui postent/like raisonnablement (dans les deux sens du terme).

      mais le message est passé!

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    8. Bon ben compris je likerai plus tes photos :-p

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    9. Nan mais de toute façon, disons les choses franchement : elle poste ça pour faire du like. Les photos de moi sont tellement rares sur Internet et Le Golb a une telle fan-base que c'est le buzz assuré :-D

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    10. hé bé non Guic, comment je vais savoir où Thom part en vacances moi maintenant ?

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  2. Excellent texte (comme tjs quand y a "golbitude" dans le titre :D) qui en plus répond à la question existentielle que ts les habitués du Golb se posent depuis des mois: pourquoi tu relaies plus jamais les articles sur fb ;)

    Le sujet me tient à coeur parce que honnêtement, les articles du Golb étaient un des seuls trucs que je suivais vraiment dessus. Donc j'y vais presque plus maintenant, pas merci.

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    1. Tu extrapoles un peu dans la mesure où j'ai déjà expliqué (plein de fois) longtemps avant d'arrêter de le faire que ça me gavait de poster les articles sur FB et de créer en quelque sorte deux fils de discussions dans deux endroits différents.

      Mais il est certain que le fait que le plus chiant des ces deux fils soit en plus devenu un potentiel champ de bataille ne m'a pas trop poussé à réviser cette opinion.

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    2. Tu aurais pu le poster sur facebook, celui-là, histoire de boucler la boucle ;)

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    3. (tu me diras, c'était plutôt une bonne manière de faire le tri dans mes contacts ^^)

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  3. Que dire ? Très bon texte, évidemment. On se répète.
    Les débats entre les deux tours des présidentielles ont laissé des traces, en effet. Je vais beaucoup moins sur les réseaux sociaux, depuis. Mais je ne suis pas certain que ce soit un point de bascule. Plutôt un moment de prise de conscience "collective".
    Le Golb est un havre de paix, oui, c'est très bien ainsi. On y débat tranquillement, entre gens n'ayant pourtant pas toujours les mêmes opinions. Je pense que cela rend cet espace précieux pour tous ceux qui le fréquentent, même si ce n'est pas son but premier.

    Bonne journée,

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    1. Effectivement le but premier du Golb était plutôt de créer un espace où je puisse m'exprimer, moi, de manière assez égoïste. Mais le fait qu'il le soit devenu pour d'autres est un dommage collatéral plutôt plaisant ;-)

      Je ne sais pas si j'ai raison de voir dans les Présidentielles un véritable point de bascule ; ce que je ne peux que constater, c'est que depuis ce moment, il y a comme une digue qui a rompu chez des gens qui jusqu'alors, postaient surtout des trucs persos ou un peu superficiels et qui semblent désormais investis d'une espèce de gravité (violence) nouvelle et assez malsaine. Je lis aujourd'hui sur FB des choses que je ne lisais pas avant, que les gens n'osaient pas formuler publiquement, même s'ils les pensaient sans doute pour certains. J'ai vu des gens qui étaient dans mes contacts depuis des années et ne parlaient jamais de politique ou de sujets "sociaux" se métamorphoser en véritables pasionarias de telle ou telle cause, pas toujours très noble à mes yeux et en tout cas dont ils ne maîtrisent clairement pas tous les tenants et aboutissants. Sûrement le ver était-il dans le fruit depuis un moment mais je ne pense pas avoir rêvé cette cassure... d'ailleurs JULIEN en parle lui aussi juste en-dessous.

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  4. Bravo pour ce passionnant blog.

    Personnellement, Facebook m'a toujours mis mal à l'aise. J'y ai été inscrit 3 mois fin 2007, et tout de suite, j'ai senti que ça n'était pas fait pour moi. Voir le succès et/ou la vie de rêve des gens que j'ai connus avait tendance à me faire plonger dans la déprime, mais ça n'est pas le sujet...

    Plusieurs choses me gênent aujourd'hui, dans ce que j'en vois autour de moi :
    1. qu'ils soient jeunes ou vieux, les gens deviennent facilement accros, et je trouve ça effrayant de voir tout le monde rivé sur son petit écran, que ce soit dans le métro, dans la rue, dans des soirées entre amis, ou pire, à table. Pourtant, Facebook, c'est la futilité par excellence, mais comme tu l'as bien décrit dans ton article, tout le monde est un lurker de nos jours.

    2. la course aux likes et aux commentaires est quelque chose d'assez fou quand on y pense. Les utilisateurs ont désormais tous ce besoin d’auto-gratification permanente, alors que leur vie n'a en général rien de passionnant.

    3. plus j'y pense, plus je me dis que Facebook détruit lentement mais sûrement les relations humaines telles qu'elles ont existé pendant des siècles.

    4. tant pis si on me considère comme un ringard, mais je trouve que la vie privée devrait rester privée, et je déteste cet argument qu'on nous ressort si souvent de nos jours "bah moi, j'ai rien à cacher !". Bah si, mon gars. Pendant des générations, il y avait une différenciation nette entre l'image publique que l'on essayait de renvoyer à la société et le vrai "soi" de la vie privée. Aujourd'hui, tout se mélange, et les jeunes en particulier sont dans une espèce de fausseté permanente, avec leurs sourires factices sur tous les clichés et ces multiples photos de groupe censées nous prouver que oui, ils ont une vie sociale plus épanouie que la nôtre.

    5. j'ai également ressenti cette tension lors de la dernière présidentielle, et j'ai remarqué que beaucoup de quinquagénaires et sexagénaires avaient tendance à enfin se lâcher, un peu comme s'ils s'appropriaient enfin ce réseau social dont ils ne comprenaient pas trop l'intérêt auparavant. Là encore, ça me met très mal à l'aise, car en bon ringard que je suis, je trouve qu'on ne devrait jamais connaître les opinions politiques de ses amis ou collègues. Suis-je pour autant surpris de ce déferlement de haine ? Non, car Facebook faisait autrefois office de "greatest hits de la vie banale d'un individu lambda", il nous montre aujourd'hui ce qui se cache réellement au fond de leur cerveau, et c'est pas jojo. C'est triste à dire, mais beaucoup de gens qui nous paraissent sympathiques en façade ont un mauvais fond ou sont tout simplement stupides. Il y a 15 ans, on ne l'aurait probablement jamais su, mais aujourd'hui, ils ont ce besoin incompréhensible et irrésistible de le crier au monde entier. Ça me dépasse.

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    1. Merci Julien.

      En réalité je suis sur FB depuis dix ans mais j'ai eu différentes périodes, dont une première assez longue où je ne m'en servais quasiment pas (cela a changé à partir du moment où j'ai commencé à avoir de vrais amis de la vraie vie qui s'en servaient énormément pour communiquer ou organiser des soirées... et pour avoir organisé l'enterrement de vie garçon de mon meilleur ami il y a quelques années, c'est vrai que dans ces cas-là, tu te retrouves assez facilement à maudire les trois excentriques qui ne sont pas sur FB ^^). Mais j'ai toujours été très distant, notamment vis-à-vis du rapport à l'intimité. Pour te dire, tous les membres de ma famille ou presque sont sur FB, et je ne suis "ami" avec aucun d'entre eux à part ma femme... laquelle si elle passait dans le coin se ferait sans doute un plaisir de raconter que je suis un véritable ayatollah sur ce sujet, au point de lui avoir carrément interdit de me taguer dans des photos... voire de poster des photos sur lesquelles je figure, tout court (je crois même n'avoir toujours pas validé sa demande pour nous afficher "en couple" :-)) Cela vient aussi du fait que je déteste être au centre de l'attention, en tout cas lorsque je ne l'ai pas sollicité, ce qui me rend le principe du "tag" assez horripilant. J'ai également énormément de mal avec le "temps" de Facebook, qui est extrêmement court. Quand quelqu'un vient poster un truc débile sur ma page alors que le matin j'ai publié un truc qui me paraissait intéressant, j'ai envie de lui éclater la tête contre un mur, même si ce n'est pas sa faute, c'est juste qu'un truc publié il y a quelques heures sur FB est déjà ancien, presque une archive.

      Pour autant, je ne trouve pas FB fondamentalement malsain ou détestable. Après le 13 novembre, par exemple, j'ai fait une overdose de FB alors même que je n'y allais presque plus à cette époque, parce que j'avais besoin de lire, de comprendre, j'avais besoin de choses intelligentes et FB dans ce genre de moment peut aussi être un formidable agrégateur de lien, bien plus efficace qu'une recherche google pour un peu qu'on conserve un esprit critique. Mais la manière dont son utilisation dérive depuis quelques mois a tendance à faire disparaître tout le "bien" qu'on pouvait en dégager il n'y a encore pas si longtemps.

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    2. Sur le commentaire de Julien:
      1 et 2 - oui, indéniablement.
      3 - pas d'accord. tout au plus cela fait évoluer les relations humaines, mais les détruire? cela peut au contraire les favoriser, je connais des gens qui dès qu'ils se déplacent dans une ville balancent à la ronde un commentaire pour voir si un ami fb est dans le coin. ou qui m'ont abordé à un concert parce qu'ils me "connaissaient" par ami fb interposé (cela dit j'ai fais moins de rencontres que grace à mon blog...)
      4 - certes il y a parfois un coté pathétique à déguiser sa vie sur fb, mais je ne suis pas sur que "la différenciation nette entre l'image publique que l'on essayait de renvoyer à la société et le vrai "soi" de la vie privée " fut une meilleure chose. si je déteste hurler avec les loups pour le moindre bad buzz on doit reconnaître que les réseaux sociaux ont favorisé la mise à terre de certains hypocrites ou tartufes dont le discours différait par trop de la vie personnelle.
      5 - "on ne devrait jamais connaître les opinions politiques de ses amis ou collègues" pourquoi ? mieux connaitre les gens qu'on fréquente me parait sain. il faut juste avoir assez d'ouverture d'esprit pour accepter les différences d'opinion. et là je rejoins l'un des passages de l'article de Thom ("notre idéal de vie socio-digitale ne soit pas d'être principalement entouré de gens pensant la même chose que nous au moment précis où nous pensons cette chose").


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    3. sur le commentaire de Thomas:

      il faut reconnaître que pour l'organisation, fb est ultra pratique. le Private Group de Hello Darkness est un truc qui nous aide chaque semaine, vu que mon groupe est composé de 4 handicapés de l'organisation...
      Sinon moi je me suis inscrit sur fb à cause de la musique. Pour les groupes relativement confidentiels, il m'était arrivé à plusieurs reprise de louper un concert à proximité parce qu'ils ne l'avaient annoncé que sur fb. pour les groupes connus, c'est des éditions limitées de disques qui me passaient sous le nez, épuisées avant meme que j'ai eu connaissance de leur sortie (ca m'est encore arrivé pour Sophia récemment, dont je n'avais pas liké la page comme un con).^
      Mais bon, pour ces 10% d'utilisation indispensable, il y a 90% de ... lurke ?

      (ah sinon moi aussi j'ai horreur qu'on vienne foutre sur ma page un machin alors que j'ai rien demandé)

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    4. Facebook est "pratique" pour plein de choses, quand on l'utilise justement pour ce qu'il est, un outil. Tout à fait d'accord.

      Je laisserai à JULIEN le soin de te répondre, mais sur le point N°4 je ne suis pas certain que les réseaux sociaux aient réellement mis à terre plus d'hypocrites qu'ils n'en ont générés. Au contraire, le "faites ce que je dis, pas ce que je fais" n'a jamais été autant en vogue, puis que tout le monde a désormais la possibilité de dire "faites ce que je dis" sans que quiconque sache réellement ce qu'il fait. Ceci étant dit je ne veux pas non plus dériver vers quelque chose de totalement réactionnaire et dans l'absolu, que le Peuple s'approprie la parole est une excellente chose à mes yeux. Je ne regrette pas du tout l'époque où le citoyen était passif dans son canapé à écouter à la télévision des gens qui lui disaient ce qu'il devait penser (ou qui croyaient le lui dire).

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  5. Eh bien moi, je suis une grande fan de ta page Facebook ! (eh oui) Tu sors peut-être 30 punchlines par jour, mais les quelques unes qui nous arrivent sont toujours très drôles (ou tristes). C'est vrai qu'on ne sait presque rien de plus sur toi, même, sans doute moins qu'ici, mais c'est comme un mini-Golb. Certains de tes statuts m'ont presque autant marqué que certains de tes articles (je ne sais pas si tu vas le prendre comme un compliment).

    Moi non plus je ne me sers pas beaucoup de Facebook, de moins en moins, mais il faut avouer que dans son utilisation première qui était de rester en contact avec les gens, c'est très efficace.

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    2. Je ne sais pas moi-même comment je le prends, je suis un peu surpris parce que tu me dis-là. Bref.

      Rester en contact, rester en contact... avant Facebook, j'avais sans doute moins d'interactions avec mes proches car je suis quelqu'un de très solitaire, mais celles-ci étaient aussi moins superficielles. Sans parler des gens avec qui je suis en contact "dans l'absolu" via Facebook avec qui en réalité je n'ai pas discuté depuis une éternité...

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  6. Je le savais ! Je sens très souvent ton regard sur mes photos de séminaires. Je savais que tu étais là, tapis dans l'ombre ;)

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  7. (Sinon c'est bien sûr un très bon édito, mais je préfère me souvenir de la première partie plus rieuse)

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  8. Facebook n’a d’importance que ce qu’on lui donne. Le problème, c’est que beaucoup de gens lui accordent une importance trop grande. Trop essentielle. Trop existentielle.

    J’utilise ce réseau comme relais mais sans en attendre davantage : c’est une source de partages (et parfois de rencontres) pour mon propre blog mais je ne m’en sers pas pour mettre en scène ma vie. Hors de question. Je suis profondément dérangé par les personnes qui, par exemple, partagent les photos de leurs gosses (tu parles d’une course bourrine aux like) ou annoncent sur leurs murs qu’elles sont enceintes, qu’elles ont perdu un proche, ou même un enfant (!). Prendre Facebook pour y trouver du réconfort de cette manière est juste hallucinant, pour ne pas dire malsain… Mais, oui, il y a, parfois, de bons côtés au milieu de cet océan narcissique. De moins en moins présents mais ils sont là.

    Toutefois, j’ai commencé à m’en éloigner également suite aux élections présidentielles. Impossible de ne pas être déprimé, ou terrassé, par cette suite de commentaires bileux donneurs de leçons qui pullulaient partout, tout le temps, sans espace d’immersion possible pour se faire entendre ou faire entendre autre chose. C’était très virulent. Et puis c’est très pernicieux : moi qui ait un smartphone depuis même pas un an, j’ai fini par l’enlever pour les raisons évoquées par Julien tellement tu te laisses prendre au jeu. Rien ne vaut un bon livre ou rêvasser par la fenêtre si jamais l’on prend les transports ;)

    PS : L’arrive pile poil au moment du scandale Facebook ton article.
    PPS : Tu pouvais pas mettre du Souchon à la place de Radiohead ^^ ?

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    1. Je pense au contraire que pour un tas de raisons, sociales, politiques, économiques, Facebook a infiniment plus d'importance que celle que chacun peut lui accorder de manière individuelle. C'est ce qui amène à des scandales comme celui de ces jours-ci, qui découlent précisément du fait que c'est rien, c'est juste Facebook, c'est pas grave, c'est superficiel. Et subitement, des tas de gens semblent réaliser que non, ce qu'ils partagent sur Facebook, consciemment et inconsciemment, n'est pas du tout aussi superficiel que ce qu'ils croyaient. Ou plutôt qu'une somme de petites choses superficielles engendre des montagnes.

      En revanche, il est effectivement ce que chacun veut en faire, tout le problème étant que la plupart des gens n'ont pas vraiment d'idée de ce qu'ils veulent en faire - ils ne se posent pas cette question. Ce qui est marrant c'est qu'il y a dix ans, la problématique était exactement la même avec les blogs. Et déjà à l'époque, au sein de la sphère qui gravitait dans le coin, j'étais l'un des seuls à poser ces questions de manière frontale, ce que certains de mes confrères et consœurs prenaient d'ailleurs assez mal.

      Après, très loin de moi l'idée de juger les gens qui partagent leur vie privée sur Facebook (ou tout autre biais). Chacun voit midi sa porte, ce n'est d'ailleurs pas vraiment le propos de cet article.

      Tu as raison de parler des smartphones, mon rapport aux réseaux sociaux était nettement plus distant lorsque je n'en avais pas (ça commence à remonter). Cette sensation d'être connecté en permanence est par moment extrêmement fatigante psychologiquement, et je dis ça alors même que je ne suis pas du tout un acharné de FB, j'y vais même probablement assez peu par rapport à d'autres, je pense.

      Il n'y absolument aucune raison au choix du morceau de Radiohead si ce n'est que le shuffle de mon PC l'a passé pendant que je relisais cet article et que je n'arrivais plus à me le sortir de la tête ^^

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  9. Bon sur ce, je retourne sur Facebook...

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  10. En fait (mais ça n'engage que moi), j'ai l'impression que la crispation des débats, sur Facebook (entre autres, hein, je sais que tu es pas sur Twitter, mais j'ai l'impression que c'est mille fois pire, peut être parce que les parents des gens sont pas la pour les voir être des gros cons ;-) ), vient d'un truc plus vaste est lié à Internet tout court qui est l'effet de loupe et l'illusion de masse lié à la fréquentation de gens qui pensent comme toi.

    L'algorithme de FB fait que tu ne vois que les trucs qui te plaisent. Comme on ne lisait que les blogs qu'on aimait. Au point de croire que ce qui était gros sur les blogs était gros dans la vraie vie ;-)

    Le problème c'est que Facebook t'alimentant par algorithme, et non étant une personne publiant ce qu'elle veut publier, tu finis par ne plus voir d'avis divergeant au tiens au bout d'un moment (ce qui est amplifié par le fait que sur tes centaines d'amis, tu vois toujours les mêmes, ceux avc qui tu intéragis le plus, les plus à même de partager tes pensées.)

    Et de la, entre l'illusion de masse (tu ne vois que des gens qui pensent comme toi, donc c'est que vous devez être nombreux) et l'anesthésie associée (dans ton enclos virtuel, tu n'as plus l'habitude d’être confronté à des opinions drastiquement différentes des tiennes, à terme elle te paraissent proprement insoutenables - et le sont parfois, mais pas autant que tu crois)... Ben ça pète. Et l'indigantion est à la portée de tous.

    J'ai proprement halluciné de la... "radicalisation" (j'ai pas mieux) de certaines personnes que je connais et comment j'hallucine de la mission dont ils se sentent investis (à l'occasion,je te montrerais le compte d'un de mes potes, qui consiste uniquement à au mieux contredire, au pire insulter) ceux qui critiquent une personnalité politique dont je tairais le nom.

    Et du coup... Tout ce qui faisait le sel des pages de commentaires des blogs n'est plus vraiment présent sur les réseaux sociaux: on avait beau pas avoir accès à leur photos de famille, on avait plus conscience qu'il y avait un être humain derrière quand on commentait sur les blogs non? (Même s'il y a eu des séances d'invectives trolleuses bourrines aussi,à l'époque orange du Golb, entre autres - pas de nostalgie exagérée)

    Et puis on peut en rajouter encore d'autres couches: les gens qui s'indignent en partageant des articles de journaux, dont ils n'ont vu que le titre, qui est bien racoleur parce qu'on cherche à faire cliquer. Les pétitions mal écrites qui change(.org)ront rien, mais t'as l'impression d'avoir fait un devoir de citoyen. Les random vidéos d'abattoir pour faire prendre conscience et rendre leur déjeuner aux gens.
    A violence, partout, tout le temps. Justifiée par le fait qu'elle combat (ou croit combattre) une autre violence. Ereintant.

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    1. J'ai du mal à avoir une opinion quant à l'effet de loupe, tout simplement parce que je n'en suis pas victime, je passe mon temps à être confronté à des opinions divergentes des miennes (ce qui me va très bien, au demeurant). Il y a sans doute de cela quant à la radicalisation des positions de certaines personnes, c'est un genre d'émulation artificiellement créée par la structure communautaire du réseau. Mais cela ne suffit pas à mon sens à tout expliquer car précisément, pour que les gens se bastonnent entre eux, il faut bien qu'ils se croisent. Les individus les plus excités et violents qu'on va trouver sur les réseaux sociaux ne le sont généralement pas sur leurs propres pages (ou pas seulement), mais aussi sur celles des autres et plus encore sur les pages publiques de médias, artistes, etc. Endroits où ils se heurtent constamment à des opinions divergentes. Ce que je veux dire c'est que la validation totale de ton raisonnement impliquerait qu'il y ait un cloisonnement et même un hiérarchie temporelle : les gens passent d'abord un certain temps en vases-clos, puis se heurtent à des opinions divergentes sur des pages ou des statuts publics, et explosent. Mais cela ne me paraît pas très plausible.

      Je n'aime pas vraiment reprendre l'argument de gens très réac vis-à-vis du Web 2.0, mais il me semble que le facteur principal, essentiel, c'est le sentiment d'impunité qu'ont les gens. Beaucoup de gens ont totalement perdu la notion de ce qui est un espace public et un espace privé (et Facebook n'y aide pas puisque selon les paramètres et les situations, il est les deux à la fois). C'est quelque chose que je pointais déjà il y a dix ans à propos des blogs, j'hallucinais fréquemment - tu t'en rappelles sûrement - de voir que beaucoup de blogueurs ne réalisaient pas que publier un article sur un blog revenait à s'exprimer publiquement sur un sujet. Les choses n'ont fait qu'empirer de ce point de vue... Si chaque opinion raciste (au hasard), ou même quelques unes parmi les plus extrêmes étaient poursuivies comme elles devraient l'être en tant que délits, ça en calmerait déjà quelques un(e)s, sans doute. Il y a il me semble un deux poids deux mesures assez étonnant. Entendons-nous bien : dans l'absolu, je suis pour une liberté d'expression totale. Mais à partir du moment où certains propos tenus dans l'espace public sont considérés comme condamnables, je ne comprends pas bien pourquoi ils le seraient dans à peu près toutes les circonstances sauf sur les réseaux sociaux.

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    2. Je comprends ce que tu veux dire, sur la "temporalité" de l'effet de loupe.
      Disons juste que dans l'ensemble, je trouve que ça finit par déveoopper une vision très "avec moi ou contre moi" qui nuit totalement au débat et à l'ouverture d'esprit, et engendre cette violence du commentaire. Violence qui nourrit cette vision également.

      (C'est marrant, c'est hier seulement que j'ai vu l'épisode de Black-ish ou Bow se prend la tête sur Internet à propos des vaccins...)

      Pour ce qui est de la seconde partie de ta réponse, sur le fait que tout le monde peut s'exprimer publiquement... C'est une banalité de le dire, mais ce n'est pas parce que tous les points de vues peuvent être entendus à l'identique qu'ils se valent.
      Point de vue difficile à défendre dans l'époque du "tout se vaut", sachant que ceux dont l'avis est le moins utile est ceux qui insisteront le plus pour le tonner, renforcé plus encore par... la disparition de la hierarchisation de l'info dans pas mal de médias "officiels" populaires (genre 20 min ou Buzzfeed pour ceux où c'est le plus flagrant)

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  11. Bon, ça va, moi je suis déjà habitué à avoir l'air d'un gros con en vrai...

    Sinon je préfère quand tu parles de choses sérieuses comme DBS :-)

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  12. Ceci pour te dire de manière tout à fait inconstructive que j'ai aimé te relire aussi longuement sur un sujet qui ne me parle absolument pas - et ne fréquentant aucun réseau social, je suis rarement confrontée à des opinions contraires à la mienne sur Internet.
    J'adore te lire dans ces textes, souvent mesurés et toujours profondément humanistes.

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