mercredi 8 novembre 2017

#NotAllAcademicians


Les télescopages d'actualités ont quelque chose de fascinant. Lorsqu'ils en sont réellement, du moins. Weinstein. #BalanceTonPorc. L'écriture inclusive. Le manifeste, désormais. Télescopage, c'est ce qu'il convient de dire. Personne ne pouvait prévoir que l'affaire Weinstein exploserait pile au moment où Hatier publierait son manuel en orthographe inclusive1. Personne, vraiment ? Personne, non, sans doute. Et pourtant, parler de télescopage d'actualités a quelque chose d'assez gênant. Nous ne sommes pas dans le cadre d'un retour à la mode du féminisme, quand bien même l'époque est au revival. Ce n'est pas juste une succession de buzz dont plus personne ne parlera dans deux mois, même si cela rassure sans doute certains de le penser. Quelque chose est (enfin) en train de se passer dans ce pays. Ces derniers temps, l'actualité donne l'impression d'une lame de fond entêtante, bien plus que d'un hasard du calendrier. Et si Jean-Pierre Truque l'a probablement découvert il y a trois semaines, cinq minutes avant de brandir son hashtag NotAllMen, cela fait déjà quelques années que quelque chose est en train de se passer. Et c'est formidable, même si c'est dur. Même si rien n'est fini et même si on a aussi comme une vague impression de bordel généralisé – les révolutions donnent rarement un sentiment d'ordre et de quiétude.

Je vous le dis tout de go : cet article va être très compliqué à illustrer.

Du versant nord, il n'est pas grand-chose que j'aie envie de dire. #BalanceTonPorc est un gros coup de pied dans les couilles, et c'est bien fait pour nous (oui oui : nous). Ce n'est pas que je n'aurais rien à dire, pour répondre à une question que pas mal de gens m'ont posée en privé : c'est un choix délibéré. Je pense que pour une fois, le rôle des hommes, du moins dans un premier temps, est de se taire, d'écouter, de réfléchir sur eux-mêmes voire, pour les plus censés, d'accepter l'inconfort qui peut en découler. Je ne l'impose pas aux autres, je me garderai de juger ceux qui font un autre choix, mais on ne me fera pas entrer dans le détail. C'est bien aussi de se taire. C'est très bien aussi d'écouter – surtout quand on arrive à entendre.

Reste le versant sud. Ce débat étrange sur l'écriture inclusive, devenu depuis hier et par extension un débat sur l'inclusion, tout court. Étrange, oui. Avant d'être réactionnaire (il l'est aussi). Étrange car, à l'instar de la polémique abracadabrante d'il y a un an ou deux sur la réforme de l'orthographe, il témoigne d'une méconnaissance assez étonnante de ce qu'est cette langue que, pourtant, nous manions toutes et tous, tous les jours. Il est vrai qu'en France, nous ne sommes pas très aidés par l'architecture de nos institutions. Au-delà des postures, au-delà même du conservatisme, certains croient sincèrement que l'Académie Française, qui n'a aucun pouvoir autre que médiatique, est l'Autorité Officielle de la Langue Française, ce qui n'est évidemment pas le cas et encore heureux – l'on n'y trouve pas l'ombre d'une personne ayant exercé dans les domaines de la linguistique ou de la grammaire. La fonction de l'Académie Française, vous allez rire, n'est aucunement de venir nous expliquer ce qui se dit ou ne se dit pas, c'est même exactement le contraire : elle dépend de nous, de nos usages, et même de nos erreurs qui, répétées encore et encore, finissent par devenir des règles. L'Académie est supposée prendre acte des évolutions de la langue (ce qu'elle ne fait généralement que dix, vingt... cinquante ans après la bataille) et proposer une unification de celles-ci, avant non pas de normaliser mais de synthétiser, standardiser... afin que la langue corresponde au peuple qui la fait vivre et soit à peu près compréhensible par toutes et tous. Dans le cas du débat sur la place du féminin, qu'elle a toujours refusé d'avoir (ça ne date pas de 2017, ni même de 2016, on peut aisément remonter jusqu'à la fin des années soixante-dix pour trouver des traces de son opposition totale, absolue et invariable à ce sujet), sa mission n'est donc pas, en aucun cas, de publier des tribunes ou de parader dans les médias pour faire de l'idéologie. Juste d'écouter (tiens donc), de comprendre (oh), puis de travailler et enfin : proposer. Quoi donc ? Par exemple, des idées pour que l'écriture inclusive soit un peu plus fluide et jolie, de manière à ce que nous ayons envie de l'utiliser pour elle-même plutôt que pour le principe. Vous avez bien compris : l'Académie Française de souche (ah ah), telle qu'imaginée par Concart, n'est théoriquement pas censée rejeter le débat pour des raisons n'ayant rien à voir avec la linguistique ou la philologie, mais au contraire s'en saisir et y apporter une contribution constructive. En somme, tout l'inverse de ce qu'elle fait... sur ce sujet comme sur d'autres, car on pourrait aussi passer beaucoup de pages à commenter son rapport quasi colonialiste à la francophonie. Et croyez bien qu'à cet endroit de ce texte, je fais de gros efforts pour ne pas faire de méchantes blagues sur ses membres actuels, leur âge, leur... hum... « œuvre », le 41ème fauteuil2 ou le fait que l'époque récente les ai vus se prendre des râteaux par tous les plus grands écrivains de langue française.

Individu ne cachant point sa fierté d'avoir réussi là où Emile Zola échoua 23 fois.

Qu'il est fatigant, parfois, de vivre dans un pays si conservateur. On le sait, bien sûr. On est habitué à toutes ces résistances et on l'aime comme il est. Mais tout de même. En France, même le bon sens le plus élémentaire ne saurait s'imposer qu'au prix d'âpres négociations – existe-t-il un endroit au monde où on l'aime autant argumenter dans le vide, le plus souvent avec des gens ne connaissant strictement rien à ce dont ils parlent ? Pensez donc que l'an dernier, on assista à une levée de boucliers hors du commun lorsqu'a été évoquée la suppression... du ticket de métro. Pas l'épilation pubienne, hein : le morceau de papier qui traîne au fond de vos poches. Alors l'écriture inclusive, vous pensez bien...

En fait, l'écriture inclusive a été inventée par un maquettiste de dictionnaire. Mais ça évidemment, personne n'ose le dire.

La France est le seul pays que je connaisse où l'on trouve plus de gardiens que de temples à garder, des gens si engoncés dans leurs certitudes que toutes les vessies leurs paraissent être des lanternes – et la moindre petite hutte assemblée de bric et de broc, un sanctuaire inviolable. Car c'est bien cela, une langue : une petite maisonnette brinquebalante, bâtie dans des matériaux bon marché, rafistolée de partout et couverte de tags. Pire – enfin, pire aux yeux des incultes qui boivent les paroles de l'Académie – cette baraque est un putain de squat que tout le monde est libre de vandaliser à sa guise. La métaphore immobilière s'arrête le jour où l'on comprend qu'en matière linguistique, les rares maisons bien entretenues sont celles qui sont inoccupées : seules les langues mortes sont figées, le plus souvent en des règles absurdes3. Le reste, c'est portes-ouvertes : aucune institution n'étant réellement dépositaire de ce bien commun, chacun est globalement libre de faire ce qu'il veut avec, et c'est justement cela qui est magnifique avec la langue (particulièrement la nôtre, qui est d'une richesse et d'une flexibilité rare). Je vais vous donner un exemple très précis : voilà presque vingt ans que j'écris le mot « auteure », au point de ne même plus me poser la question. Je sais pertinemment que ce terme est impropre. Non pas parce qu'une quelconque autorité m'a expliqué durant toutes mes études que le mot « auteur » n'avait pas de féminin, mais parce que je sais que le mot « autrice », au demeurant plus logique d'un point de vue étymologique, existe depuis des siècles, même si l'Académie Française l'a toujours combattu – il n'y a pas d'autre mot, le terme a été constamment rejeté depuis le XIXe, alors qu'il appartenait au langage commun depuis (au moins) le XV ou XVIe4. Sauf que je fais ce que je veux (ce n'est d'ailleurs pas la seule forme illégale que j'emploie régulièrement dans des textes) et que, si on se met toutes et tous à écrire le mot « auteure », tout le temps... eh bien « auteure » deviendra la norme, y compris au détriment du véritable « autrice ». C'est exactement le sens du manifeste publié cette semaine, tout comme du choix de Slate d'utiliser l'accord dit de proximité. Et, oui, j'ai bien conscience que raisonner ainsi est ouvrir la porte sur à peu près tout et n'importe quoi, que n'importe quelle faute peut dès lors apparaître comme une règle en devenir... parce que n'en déplaise au grammar nazi qui sommeille en vous, c'est le cas : ainsi fonctionnent les langues, depuis toujours. Par l'usage qu'on en fait, avant toute autre chose. Nombre d'orthographes qui nous paraissent aujourd'hui évidentes furent d'abord des fautes, souvent émises par le peuple et dénoncées par les élites. Quand bien même, quel esprit de soumission faut-il avoir pour à la fois expliquer que l'écriture inclusive écorche la langue française et, dans le même temps, ne pas avoir envie de se crever les yeux en écrivant Les hommes et les femmes sont beaux ?

La principale contribution de ce Monsieur à la littérature française sont des chansons pour Julien Clerc, Liane Foly et Richard Cocciante5. C'est vraiment à lui que vous voulez faire confiance pour savoir comment parler ? Ce n'est même pas l'auteur du "Coup de soleil" !

Et là, soudain, deux ou trois parmi vous viennent de se réveiller : hé mais de quoi il nous cause, lui, il n'utilise JAMAIS l'écriture inclusive ? Vous avez en partie raison, bien qu'en réalité, avant même d'avoir jamais entendu l'expression écriture inclusive, j'utilisais déjà des formules comme « ami(e)s » ou « français(e)s » (si ça se trouve, un jour, on parlera de moi comme du Parrain de l'écriture inclusive de la même manière qu'on parle de Neil Young comme du Parrain du grunge – Le Golb ne jouait pas vraiment du rock inclusif, mais il en posa de nombreux jalons esthétiques). J'utilise des /. Je déconstruis et reconstruis certaines phrases pour les faire sonner autrement (ce que je trouve hyper excitant, soit dit en passant, mais je suis un gros vicieux de l'écriture). En revanche, il est vrai qu'en dépit de tentatives répétées, écrire les lecteur·rice·s du Golb m'est difficile6. Je ne comprends d'ailleurs pas vraiment pourquoi dans l'exemple ci-dessus, le «» doit également être séparé par un point médian, s'agissant d'une phrase au pluriel. Surtout, au-delà de ces considérations techniques (c'en est, ni plus ni moins), je m'en suis toujours approché comme d'une marque de politesse plus qu'une urgence sociale et existentielle. Je ne suis pas convaincu de l'efficacité de l'écriture inclusive car je ne suis pas convaincu, à la base, que le déterminisme linguistique auquel elle entend répondre existe réellement. Les véritables spécialistes (du langage, mais aussi des sciences humaines) sont extrêmement partagés à ce sujet, et moi avec eux. Je n'oublie pas non plus qu'en l'occurrence, il ne s'agit pas d'une évolution naturelle de la langue : le peuple ne pratique pas l'écriture inclusive, à vrai dire il sait à peine que cela existe ; c'est au contraire une certaine élite qui aimerait l'imposer, pour des raisons pas moins idéologiques que celles motivant les réticences de leurs contradicteurs, même s'il est entendu que toutes les idéologies ne se valent pas.

Cela ne signifie pas que je ne me sente pas concerné par le sujet derrière le sujet (celui de l'inclusion, donc de l'égalité), ni que je le balaie d'un revers de main, bien au contraire. Il y aurait un véritable débat à avoir, une authentique réflexion à mener au-delà de C'est moche et Ça écorche la langue française ou l'inévitable (et épuisant) C'est du politiquement correct. Tout vrai vicieux de l'écriture, toute personne sachant réellement ce qu'est prendre du plaisir à écrire devrait être émoustillé par ce sujet. La vérité un peu con-con, c'est que je n'arrive pas à utiliser l'écriture inclusive d'une manière qui me convienne, je n'arrive pas à la rendre jolie à mes yeux, donc je ne le fais pas (jusqu'au jour où. Parce que je sais qu'un jour, j'y arriverai, je le vis comme une véritable expérimentation littéraire et plutôt que de grogner, tout le monde devrait le vivre ainsi). Dans les faits, cela donne donc un peu tout et n'importe quoi, parfois selon mon humeur du jour. Je féminise systématiquement la plupart des mots, mais je ne suis inclusif qu'une phrase sur trois en moyenne (riez pas, j'ai vraiment passé deux heures à établir une véritable statistique basée sur un échantillon représentatif de ma prose). Il y a aussi des expressions ou des tournures que j'ai totalement cessées d'utiliser faute de trouver quelque chose qui me satisfasse (je parlais d'auteure plus haut, mais je n'arrive pas à écrire « écrivaine », du coup je n'emploie plus le terme « écrivain » quand je parle d'une femme). N'importe quoi, disais-je, et pas que sur Le Golb : c'est n'importe quoi partout, c'est tout de même dommage de ne pas avoir une institution officielle ayant suffisamment d'autorité morale pour s'emparer du sujet à bras-le-corps, peut-être faudrait-il songer à créer un Parlement de la Langue Française ou un truc comme ça – on y mettrait tous les plus grands écrivains de l'époque, et même pourquoi pas quelques écrivaines (eurk), ça pourrait être cool. Ça le serait, même. Rien ne devrait être plus excitant que de (ré)inventer le langage. Parce qu'il est à nous, parce qu'il est la seule chose que nous possédons réellement, gratuitement. Que nous pouvons utiliser à notre guise sans avoir de comptes à rendre à qui que ce soit.

Ça y est, je suis à sec niveau photos. Heureusement, c'est presque fini.

Mais non : notre langue est en état de « Péril mortel ». Sans déconner ! Au-delà du ridicule de l'expression, le foutage de gueule est double, car l'Académie nous a déjà fait le coup : ainsi en 1984 écrivait-elle très sérieusement, à propos du projet de féminisation des noms de profession : « Tous ces emplois du genre grammatical constituent un réseau complexe où la désignation contrastée des sexes ne joue qu’un rôle mineur. Des changements, faits de propos délibéré dans un secteur, peuvent avoir sur les autres des répercussions insoupçonnées. » En gros : ce n'est pas très important mais c'est très grave quand même parce que le changement appelle le changement, rendez-vous compte ! On n'a pourtant pas vu que la langue française se soit effondrée le jour où les gens ont commencé à dire « une policière ». Dans ce genre de débat, ce sont toujours et sempiternellement les mêmes (faux) arguments qui reviennent7, des fois on a un peu envie de sourire – certains vont parler d'un affadissement de la langue alors qu'il s'agit précisément de varier les tournures, d'enrichir les accords, il faut quand même oser. Le saviez-vous ? Lorsque le « è » fut officiellement introduit en français, ce qui est relativement récent à l'échelle de la vie d'une langue, ce sont près de 40 % des mots qui changèrent simultanément d'orthographe. 40 % ! Croyez-vous que Montesquieu publia une lettre-ouverte à Louis XV pour prévenir que la langue française était menacée par un péril mortel ? Bien évidemment, non. En fait, en tant que membre de l'Académie de Française de l'époque, il fut même à l'initiative de cette véritable révolution, qui fut introduite de manière très sèche, pour ne pas dire sans vaseline – en ces temps de monarchie, l'Académie ne s'embêtait pas à faire des sondages. On ne doute pas que certain·e·s de ses membres les regrettent aujourd'hui.


1. Soit dit en passant, dans le tollé général qui a suivi, on a un petit peu écrit tout et n'importe quoi au sujet de cette initiative. Rappelons-donc qu'il ne s'agit que d'un manuel précis dans une collection précise... et que ce n'est pas un manuel de français. L'éditeur n'a donc pas pris sur lui de forcer les programmes scolaires, comme on a pu le lire (ou le comprendre) ici ou là.
2. Le 41ème fauteuil désigne la liste interminable des auteurs majeurs n'ayant pas été élus (ou n'ayant pas voulu l'être) à l'Académie... et dont il n'est pas bien difficile de constater qu'elle contient plus de talent que la liste des membres actuels, même en virant Giscard et d'Ormesson (ce qui fait un peu double emploi, non, tant qu'on en parle ?).
3. Encore qu'il faille souligner qu'en matière de genre, le latin est autrement plus permissif que le français tel que nous le pratiquons, et pas uniquement en raison de l'existence d'un neutre véritable.
4. "Commun" au sens où tout le monde connaissait le mot, il va sans dire qu'il était très peu utilisé puisqu'il n'y avait quasiment pas de femmes écrivains et que de toute façon, seule une infime partie de la population lisait. 
5. Ok, j'oublie volontairement Polnareff. Mais ce n'est même pas lui qui a écrit "Sous quelle étoile suis-je né ?", alors...
6. Le fait que le point médian ne soit pas sur les claviers n'aide pas non plus, même si je reconnais que l'excuse est faiblarde... d'autant que je suis sous Mac et qu'un ALT+MAJ+F n'y est pas bien compliqué : ··········· (pas la peine de me remercier, c'est cadeau).
7. Mon préféré est sûrement celui consistant à dire Mais enfin les filles, faut pas le prendre comme ça, c'est juste le masculin qui fait office de neutre par extension... Désolé, les filles, mais il faut absolument le prendre comme cela, le principe de neutre extensif a uniquement été sorti du chapeau à partir du moment où vous avez commencé à râler. Preuve que ce concept a été théorisé à la hussarde, il n'a pas d'existence concrète dans la langue, puisqu'il existe de nombreux "neutres féminins" (personnes, assemblée...)

42 commentaires:

  1. Superbe texte !! Je suis plutôt contre l'écriture inclusive, pour des raisons que je n'ai pas envie de détailler maintenant, mais tu as raison : c'est un sujet qui mérite mieux que ce qu'en font les conservateurs.

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  2. Pourquoi t'embêterais-tu à faire de "méchantes blagues" ? : tu les ridiculises bien assez en énonçant de simples faits. Le dernière paragraphe est d'une cruauté extrême, je trouve.
    Je n'ai aucun avis sur le fond, je dois l'avouer. Je ne me suis jamais penché sur le sujet. Peut-être vais-je le faire, grâce au Golb.

    Bonne journée,

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    1. Tu as raison, je pense que je voulais surtout dire que je ne voulais pas faire de blagues faciles.

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  3. Tu résumes bien ce qui m'ennuie dans ces débats : "il ne s'agit pas d'une évolution naturelle de la langue". C'est juste du lobbying, pour une cause noble mais du lobbying quand même. Je n'ai pas d'avis sur le truc en lui-même mais moi cette manière de faire me dérange. Que chacun fasse comme il le veut (comme toi depuis toujours et je crois que jamais on ne t'en a fait le reproche) et qu'on laisse la langue évoluer si elle le doit, pas besoin d'aller faire des pétitions et des manifestes surtout que les téléscopages d'actu comme tu le dis en intro ont démontré qu'en matière de sexisme, il y a bien d'autres urgences!

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    1. Je comprends ton point de vue, mais attention, un manifeste n'est pas une pétition. Le manifeste a valeur d'avertissement préalable : à partir de maintenant, je ferai comme ça, et je vous explique pourquoi. En définitive, l'idée reste celle que tu énonces : chacun fait ce qu'il veut sans attendre qu'une autorité se réveille, et on verra bien qui gagne à la fin. Quelque part, ce manifeste est un aveu d'échec, celui de toutes les autres tentatives pour ouvrir le débat.

      Après, je suis d'accord pour dire qu'il y a d'autres urgences (je ne pense pas d'ailleurs que les signataires dudit manifeste te contrediraient là-dessus). Mais le problème d'un tel relativisme, c'est qu'on finit par ne plus prendre beaucoup d'initiative sur aucun sujet.

      Enfin tu te trompes quand tu dis qu'on ne m'en a jamais fait le reproches. Cela fait longtemps qu'on ne me l'a pas fait, c'est juste, précisément parce que les temps changent - sur ce sujet, ils ont déjà changé depuis 11 ans que ce site existe. Mais on me l'a beaucoup fait par le passé. Et un sens, on continue à me le faire implicitement : sur énormément d'articles où je n'ai pas le director's cut, mes tournures inclusives sont censurées lorsqu'elles passent à la correction (en ce sens, qu'un média se mobilise réellement sur ce sujet est un geste très fort).

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    2. Je comprends ton point de vue aussi :-)

      Par contre à la relecture, je trouve toujours les mêmes paradoxes : d'un côté, beaucoup de nuances, une ouverture d'esprit, mais tu ne peux t'empêcher de provoquer, ou même d'insulter. C'est dommage, tu ouvres le débat sur des bases biaisées...

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    3. Je pense que tu te méprends sur la démarche, je n'ai absolument pas l'intention d'ouvrir moi-même le débat ^^

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  4. Enfin un article de bon sens sur ce sujet, c'était à désespérer.

    Je ne suis pas d'accord tout, mais merci, quand même.

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  5. Bonjour Thomas, j'espère que vous allez bien.

    Je n'ai pas commenté depuis longtemps, mais je voulais vous dire aujourd'hui que j'étais entièrement d'accord avec vous.

    J'ajouterai un point que vous n'évoquez pas : l'orthographe inclusive concerne très peu de mots et de tournures. Dans 9 phrases sur 10, elle ne change rien à l'orthographe traditionnelle. Il me semble donc d'une grande mauvaise foi d'affirmer qu'elle abîme, ou affadit, la langue française.

    Bonne journée,
    H.

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  6. Parfois je passe tellement de temps sur des sites français que j'oublie que le français n'est pas vraiment ma langue maternelle...ce genre de trucs me le rappelle à chaque fois. Vu de quelqu'un qui n'a pas grandi en France et qui ne vit pas en France cette histoire est juste incompréhensible, franchement faire quatre cinq tournures pour pas éliminer la moitié de la population c'est pas la mort, ça devrait même pas faire débat en fait. Vous êtes vraiment un peuple de tarés :D

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    1. Mais tu n'as pas la double-nationalité ? Je pensais que tu avais deux langues maternelles, moi.

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    2. C'est plus compliqué et pas très intéressant, mais en gros ma langue maternelle est l'anglais au sens littéral du terme puisque ma mère ne parlait pas du tout français quand j'étais petit. Donc on entendait les 2 langues à la maison mais il y en avait une principale et une secondaire que je parlais et parle tjs beaucoup moins bien :D

      - désolé pour le double post je me suis trompé de thread :)) --

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    3. Pourquoi ça ne serait pas intéressant ? ^^

      Bon par contre, j'ai rien à répondre ;-)

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  7. J'ai confusément l'impression que l'écriture inclusive a autant de chance de prendre que le trait d'union partout dans l'écriture des nombres... Mais bon j'ai l'habitude de dire des conneries alors...

    Et pour la règle d'accord, cela semble une bonne idée même s'il va falloir justement se mettre d'accord sur accord de proximité ou accord de majorité ou accord au choix (la pire idée pour moi)...

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    1. Pour moi le choix le plus évident serait l'accord de proximité, il y aurait trop d'exceptions avec l'accord de majorité et celui de proximité est tout de même plus fluide et logique (en plus comme ça, ceux que ça emmerde auront toujours la liberté d'écrire "les femmes et les hommes sont beaux" plutôt que l'inverse ^^)

      Pour ce qui de savoir si l'écriture inclusive pourrait "prendre"... aucune idée. Cela dit je n'ai pas pu m'empêcher de noter que depuis cinq ou six ans c'est quelque chose que je croise de plus en plus régulièrement, donc ça "prend" quand même un peu dans une certaine mesure... Après prendre "dans la société", si je puis dire, ça, je n'en sais rien.

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  8. "En France, même le bon sens le plus élémentaire ne saurait s'imposer qu'au prix d'âpres négociations – existe-t-il un endroit au monde où on l'aime autant argumenter dans le vide, le plus souvent avec des gens ne connaissant strictement à ce dont ils parlent ?"

    Meilleur paragraphe de ma semaine!

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    1. Il faut dire que je parle en connaissance de cause ;-)

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  9. Tout le monde a l'air au courant mais moi cet article m'a aussi appris plein de trucs. Donc, merci ;)

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    1. De rien :-)

      T'inquiète, c'est juste que les autres n'osent pas le dire ^^

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  10. Bonjour Thomas :)

    Tout d'abord merci pour cet article, pertinent, drôle, nuancé... comme toujours ;)

    Pour moi il devrait y avoir deux sujets distincts. L'accord de proximité, je suis pour, c'est comme tu le dis plus logique, et même : ça sonne mieux. Donc allons-y !

    L'écriture inclusive, je suis beaucoup plus partagée. En tant que féministe, je ne peux rester insensible. Personnellement, cette manière d'écrire ne me dérange pas du tout. Au bout d'un moment, on ne la voit plus (même : on relève surtout lorsqu'elle n'est pas utilisée). Par contre, la lire sans y penser et la pratiquer naturellement me paraissent deux choses distinctes. Il y a aussi un contexte. Un peu comme les émojis ! Sauf que l'orthographe inclusive dans un document administratif, par exemple, me semblerait bienvenue (enfin, je reçois souvent des courriers intitulés « Monsieur Alexandra », on en est loin ! :))

    Mais sur la forme, pour moi, on envoie un mauvais message. Tu le dis, CULP également : ce n'est pas une évolution naturelle de la langue. C'est une minorité de personnes qui essaie d'imposer une modification profonde de sa langue à la majorité. Cela ne peut pas passer (en plus qu'on le veuille ou non, l'orthographe inclusive sonne horrible aux yeux de la plupart des gens). Et cela renvoie une image du combat féministe détestable. Au mieux, les féministes passent pour des dingos qui écrivent d'une manière très bizarre. Au pire, pour des fachos voulant imposer leur vision du monde (même si elle me paraît juste). Ici, je dévie de ta ligne : à mon avis, il n'y a pas de bonne manière d'ouvrir ce débat-là (à part dans les coms du Golb !) car il ne se pose pas de lui-même. C'est méconnaître le conservatisme du pays que de croire que l'orthographe inclusive pourrait être acceptée de cette manière.

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    1. Je pense que tout comme C-U-L-P, tu exagères un peu la volonté d'imposer ce mode d'expression. Je n'ai jamais eu le sentiment que les féministes étaient des fachos essayant de m'imposer quoi que ce soit. Au contraire, lorsque j'étais découvert le principe, et franchement j'étais moins chaud et ouvert à ce sujet que je ne le suis aujourd'hui, je n'ai eu que des conversations très intéressants et posées avec des personnes convaincues. Elles défendaient un point de vue que je respectais, et respectaient le mien. Choisir de violer la règle en espérant se servir de cela pour sensibiliser, ce n'est pas imposer, ne mélangeons pas tout. Je sais que ce n'est pas exactement ce que tu veux dire mais cette formulation un peu hyperbolique me paraît faire le jeu de l'anti-féministe. Les néo-réacs, d'une manière générale, adorent brandir le spectre d'une tyrannie totalement fantasmée dès que des choses leur semblant viscéralement inacceptables s'invitent dans le débat public. Mais défendre l'écriture inclusive, même de manière farouche, ce n'est pas exactement pareil que de tenter de l'imposer au forceps.

      (bien entendu je ne te traite pas réac', mais tu l'as certainement compris ^^)

      Sur le fait en revanche que cela reste quelque chose de secondaire voire de tout à fait folklorique pour une écrasante majorité de la population, je suis en revanche d'accord avec toi. Mais ça, ça peut changer quasiment du jour au lendemain et en cela, il y a terreau propice actuellement.

      Enfin, je trouve tout à fait bien vue ta remarque sur les documents administratifs. S'il est bien un domaine où l'écriture inclusive devrait s'imposer de manière indiscutable, c'est celui-ci.

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    2. Tu n'avais pas besoin de préciser :)

      Sur la question du débat, je pense que tu te trompes parce que tu oublies que tu es quelqu'un de beaucoup plus sensible et intelligent que la moyenne (enjoy ;)). Quand on lit Le Golb depuis longtemps, on sait que tu es très ouvert à « un vrai débat ». Tu es toujours à l'écoute des opinions contraires, tu n'es pas dogmatique, tu revendiques même (je ne retrouve pas le texte) le fait de te tromper ou de changer d'avis. C'est la raison pour laquelle les gens débattent sereinement sur cet espace, mais tu n'es pas du tout représentatif du reste de la population :)

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    3. Je pense que tu viens de faire la preuve que ce n'est pas moi surestimes l'humanité, mais juste toi qui me surestimes laaaaaaargement ;-)

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    4. Je voudrais pas faire ma lèche-botte, mais je suis d'accord avec Alex.

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  11. Je me permets de te citer, Alex : "l'orthographe inclusive sonne horrible aux yeux de la plupart des gens". C'est peut-être pas faux (je n'en sais vraiment rien) mais je me demande si ce n'est pas un recul purement instinctif... Je n'ai pas remarqué que la plupart des gens avait une orthographe impeccable, et les erreurs d'accord ne font frémir personne à ce point ^^

    Pour ma part je fais comme toi, Thomas : ça fait plusieurs années maintenant que j'écris "auteure" parce que "autrice" m'écorche les oreilles. Je dis "madame la présidente", ce genre de choses ; en revanche je ne pratique pas l'écriture inclusive parce que ça m'emmerde, et que je ne me suis jamais sentie menacée par une règle de grammaire. (Je veux dire par là qu'il ne m'était jamais venu à l'idée que lorsqu'on dit "le masculin l'emporte toujours sur le féminin", il fallait l'extrapoler à toute la société :))

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    1. Oh, sans aucun doute, je parle de la perception si j'ose dire "du français moyen". Comme je le disais aussi, on s'y habitue vite et on ne fait plus attention. Encore faut-il avoir l'envie de s'y habituer et, à mon avis c'est là que le bât blesse. Je pense que la plupart des gens (je le vois un peu autour de moi) s'en moquent, ils trouvent juste cela bizarre et puis, ils passent autre chose.

      J'avoue que moi non plus je me suis jamais sentie "menacée" par la règle du masculin qui l'emporte :)

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    2. Kalys >>> J'avoue que j'ai un peu de mal à comprendre également qu'on puisse comme tu dis se sentir menacée par une règle de grammaire, mais étant un homme, je suis assez mal placé pour évaluer la question. En revanche, je peux tout à fait l'entendre.

      Alex >>> on ne s'habitue pas aux choses par choix ; on peut choisir d'essayer, tout au plus. En fait, au quotidien, nous nous habituons constamment à des choses "malgré nous". La première fois que j'ai entendu Jul, j'ai trouvé ça innommable. A force de l'entendre un peu partout, j'ai fini par m'y habituer. Ce n'était pas un choix de ma part, crois-moi, c'était même plutôt à mon corps défendant. Je n'aime pas plus cette musique aujourd'hui, soit, en revanche je n'ai plus envie de m'enfoncer des couteaux dans l'oreille quand mon voisin en passe ^^

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    3. Il me semble que si, quand même, on peut essayer de s'habituer à quelque chose, volontairement. Je me leurre peut-être, peut-être que c'est comme tu dis, seulement un processus mental qui ne dépend pas de nous.
      Mais par exemple, si justement on m'obligeait à changer mes habitudes orthographiques, je pense que je pourrais faire contre mauvaise fortune bon coeur et me rappeler à l'ordre quand ça m'énervera (sachant que je suis prof de français et un peu *rigide* sur la question :P)

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    4. Ah oui, je dis bien qu'on peut essayer ou choisir d'essayer, mais le fait de réussir repose beaucoup sur un mécanisme inconscient, tu ne crois pas ?

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    5. Oui, excuse-moi, j'ai lu un peu vite le début de ton message et ai surtout retenu l'exemple de Jul (je me sens tellement chanceuse de vivre dans un milieu qui m'en a protégée ! Je n'ai jamais eu besoin de m'y habituer ;P)

      J'imagine que tu as raison. Il y a sans doute beaucoup trop de paramètres à prendre en compte : le caractère, l'éducation, etc. Et au final, on s'habitue parce que... le truc en question devient effectivement habituel.

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    6. Je suis heureux d'apprendre que tu vis dans un milieu où ne va jamais au supermarché :-D

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    7. Je vais chez Lidl, y'a pas de musique dans leurs magasins :P

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    8. Ah, moi je suis plutôt Leader Price et je dois dire que la musique est assez variée, voire parfois étonnamment bonne ^^

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    9. Tu m'as foutu un gros doute, mais NON, il n'y a pas de musique chez Lidl. Ou bien ça voudrait dire que je me suis habituée :D

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    10. Je n'y avais jamais attention mais une fois que tu l'avais dit, effectivement, ça m'a frappé qu'il n'y avait pas de musique là-bas.

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