vendredi 5 mai 2017

[SPONSORISÉ] Los Calaveras, meilleur groupe de rock français anglophone de sa génération dont vous devez absolument tout acheter même si malheureusement plus rien n'est en vente.


« Oh là là, mais j’en connais aucune moi !
— Moi non plus ah ah ah !
— Mais les gens ils les connaissent, tu crois ?
— Bah là il a dit que c’était une inédite alors je pense pas, non…
 »

Faut-il que les soirées parisiennes soient devenues tristounettes pour que le concert de réformation d’un groupe vaguement connu de cent-quatre-vingt-douze initiés attire des jeunes filles qui ne devaient guère avoir dépassé le CM1 à l’époque. Je ne sais pas, il faudra me le dire – je ne sors plus tellement maintenant, plus la nuit, je suis vieux, je vis quasiment en province et n’ai aucun groupe à reformer pour m’offrir durant 45 minutes l’illusion que tout cela n’a aucune importance. En rembobinant de trois scènes demi, alors que le public (dense) frétille à l’extérieur, c’est surtout le premier tour des élections du lendemain qui anime les conversations. Entre autres trucs d’adultes, entre autres trucs sérieux. Entre autres trucs pas rock’n’roll pour deux sous – ne parlons même pas de glam, nous sommes tout de même à la Méca, donc victimes consentantes de l’effroyable odeur de pieds régnant dans le caveau qui y fait office de salle de concert. Les meilleures soirées sont parfois celles qui démarrent le plus mollement ou qui, du moins, ne semblent pas s'y prêter. Tenez, moi par exemple : par la magie des transports en communs parisiens, pourtant plutôt connus pour être en retard, je suis arrivé très tôt ; sachant que le concert a débuté très tard, j'ai donc passé le plus gros de ma soirée tout seul à me faire chier. J'avais beau, pastichant une affiche qui me semblerait beaucoup moins drôle dès le lendemain, me marrer tout au seul en murmurant Los Calaveras. Vite !, je n'étais pas d'une humeur particulièrement complaisante. Un état d'esprit pour le moins fâcheux puisque j'étais quasiment là en service commandé : figurez-vous qu'un ami qui voudra vraisemblablement garder son anonymat après cet article m'avait littéralement ordonné d'écrire un live-report sur Le Golb (un type complètement de fou, donc1). Merci de ne pas le juger, on a tous nos fantasmes inavouables, et je dois lui reconnaître de ne pas avoir fait grand-chose pour que celui-ci devienne réalité : pour un type ayant fait partie d'un groupe ayant eu un petit-mais-vrai succès en son temps, on ne peut pas dire que le garçon, rencontré après ces hauts faits d'armes, m'ait particulièrement soûlé avec sa gloire passée. Depuis sept ans ou huit ans que nous nous connaissons, j'ai dû entendre l'album de Los Calaveras (Behind the Door) une seule fois en entier, plus deux ou trois chansons éparses sur Youtube. Ce groupe, jusqu'à présent, n'était donc pour moi qu'une ligne sur le CV d'un pote. Il n'avait pas vraiment d'existence. J'ai même été assez étonné – et vaguement excité – en apprenant son retour. Je disais quoi, déjà ? Ah oui : Los Calaveras. Vite !


En parlant d'étonnement, c'est bien ce sentiment qui prédomine durant les premiers instants du set. Chez moi, en tout cas – le public est pour sa part tout acquis à la cause, comme le veut l'expression consacrée. Ayant délibérément évité d'aller réécouter l'album (qui se trouve par-ici) avant ce rendez-vous pris de longue date, je ne m'attendais sans doute pas exactement à un rock aussi dur, aussi stoogien, ce que la voix, assez monocorde et hypnotique, a tendance à appuyer involontairement. Moi qui ai toujours préféré les chanteurs les plus charismatiques aux plus justes (surtout en live, où tout cela importe peu), on ne peut pas dire que je sois déçu sur ce coup. Si du strict point de vue musical, c'est surtout la section rythmique qui impressionne le plus, rayonnante sur les meilleurs titres et parvenant toujours à emballer les moments plus faibles, le fait d'avoir un véritable performer au micro est incontestablement ce qui devait démarquer, en leurs temps, Los Calaveras de la concurrence parisienne. N'étant plus trop au fait de ce qui se joue dans la capitale de nos jours, je ne pourrais pas jurer que la précédente phrase méritait d'être écrite au présent – je n'en serais cependant pas surpris non plus.  Peu dire que l'on regrette d'assister au show – le mot n'est pour une fois pas un raccourci – dans un espace si confiné ; on ne peut qu'imaginer ce qu'aurait donné le Monsieur dans un lieu où il ne risquait pas la mort par percussion de mur de pierre à chaque mouvement.

Je parlais d'étonnement car sans doute un peu à cause de l'époque de sa gloire (concomitante avec celle de ces jeunes cadres de chez Orpi et BNP Paribas que l'on nommait à l'époque, vous allez rire, bébés rockers), j'imaginais confusément un groupe volontiers plus garage, plus sixties, un poil plus London également2, alors qu'il y a chez Los Calaveras – en tout cas ce soir, dans la moiteur de la Méca – une emphase et une pesanteur plus pièce de bœuf que nuggets (désolé, la semaine fut longue et la politique a monopolisé toutes mes bonnes vannes). Par instants, on se jurerait devant un étonnant compromis entre glam-rock seventies (en moins chatoyant) et indie vénère à la Mudhoney (en moins dégingandé. Et après rasage de tous les poils punk qui dépassaient).

Ce n'est certes qu'une autre manière de dire que les Nullos de Detroit ne sont jamais très loin – vous savez qu'il est illégal de faire des comparaisons explicites avec les Stooges sur ce site, a fortiori pour un live ; de fait, le set ne fut pas interrompu au bout de vingt minutes, aucun membre du groupe n'a fini le concert le concert en sang ou prostré dans un coin, le public n'a pas déserté la salle dans un mélange de peur et de consternation. Au contraire, il a eu l'air sincèrement heureux, a remué son popotin en un numéro de hula hoop de plus en plus olympique à mesure que le spectacle montait en puissance... bref : s'est réchauffé alors même qu'il n'avait pas spécialement froid. C'est à ce genre de détail qu'on sait que le concert d'un groupe que l'on connaît peu ou mal est réussi : lorsque l'on n'arrive pas à déterminer si les derniers morceaux étaient vraiment les meilleurs de la soirée ou si c'est simplement qu'on se sentait beaucoup plus léger qu'au début. Il va sans dire que si la question ne peut être autre chose que rhétorique, le simple fait qu'on se la pose constitue déjà une réussite en soi. Une chose est sûre : en sortant, plus personne ne causait des élections. Enfin.




1. Ou bien qui ignore juste que je déteste cet exercice, au point de ne plus y avoir consenti depuis rien moins que trois ans.
2. Ce n'était d'ailleurs pas que le fait de mon imagination, l'album, qui certes commence à accuser son âge, sonnant effectivement plus garage à mon oreille.

7 commentaires:

  1. (j'ai cru que tu avais ouvert les commentaires sous l'article d'avant mais en fait c'est un bug ça renvoie ici :D)

    (j'ai pas eu le temps de lire l'article encore mais j'arrive)

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    1. Ouaip, le module des derniers articles fait toujours ça : comme il ne peut pas afficher "commentaires fermés", il aligne le nombre de commentaires sur celui de l'article d'après. C'est un peu bizarre (surtout quand il n'y a pas de commentaires sur l'article d'après ^^)

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  2. J'aimais bien ce groupe à l'époque. J'ai pas trop suivi ce qu'ils sont devenus ensuite mais leur album était cool dans le genre. Ils reviennent "pour de vrai" ou c'était juste pour un soir?

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    1. Je crois qu'ils ont un autre concert prévu dans quelques temps (je ne suis pas sûr), mais je ne crois pas que ce soit un retour au sens "reprise de carrière", non.

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  3. Réponses
    1. C'était loin d'être le meilleur de la soirée, en plus ^^

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    2. @MrTonz: Tu voulais dire "ce morceau est nul", rassure-moi ?

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