Entre nous, qu'y a-t-il de plus horripilant que les classements des 100 meilleurs quoi que ce soit de n'importe quel registre sur n'importe quelle période ? Probablement rien. Il est donc tout à fait logique qu'à l'occasion des dix ans du Golb, celui-ci vous propose les 105 meilleurs albums des 105 meilleurs artistes durant ce laps de temps. Parce que Le Golb, on l'oublie souvent à force qu'il soit génial, c'est aussi l'un des sites les plus horripilants et contradictoires du Web culturel
85. Nursing Home – Let's Wrestle (dinosaures jr, 2011)
Comète britannique à peine arrivée et déjà splitée, Let's Wrestle s'est chargé durant la Golbodécade de tenir le flambeau du vrai rock indé qu'on aime, celui chanté comme une casserole et joué n'importe comment (on n'a pas dit par n'importe qui) du moment que c'est à toute berzingue. Sur son second opus, le groupe ajoute quelques ballades piquantes histoires d'épicer le tout, mais ne se ramollit pas vraiment pour autant. Nursing Home, c'est de l'insouciance, de l'énergie, de la vitalité et d'une manière générale tout ce qu'on n'a pas trouvé une seule fois chez Dino ou Stephen Malkmus durant le même laps de temps. Un vrai racolage de Golb, en quelque sorte, tant chacune des références brandies crânement par le groupe évoque des souvenirs émus et souvent humides. Le split le plus tristounet de l'année passée.
À écouter en priorité : "Rockstar in My Room " & "I'm Useful"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : In the Court of the Wrestling Let's (2009)
Face B : Skellicollection, de Chad VanGaalen (2006), cousin canadien qui, suivant la même logique, sonne beaucoup plus anglais.
84. Rascalize – The Rascals (lad-rock, 2008)
Liverpool Rock City, épisode 1678. Alors encore dans l'ombre de son pote Alex Turner, avec qui il vient de signer le best-seller des Last Shadow Puppets (ce dont quasiment personne ne le sait gré), Miles Kanes profite de l'été 2008 pour débouler toutes guitares dehors avec la nouvelle sensation britrock du moment : The Rascals. Des mecs dont le premier titre du premier album entend déjà rascaliser le monde. La conquête ne va pas franchement se dérouler comme prévu (ils ne rivaliseront pas trois secondes avec les Arctics Monkeys et splitteront dans une indifférence quasi générale quelques mois plus tard), mais cela n’enlève rien à la qualité renversante d'un unique disque qui n'a fait que se bonifier depuis. Dandys bien élevés faisant semblant de jouer une musique de zonards, les gaillards signent douze titres impeccables, tout en muscle et en claustrophobie, aux lyrics cinglants et aux refrains claquants. Depuis, on a eu l'occasion d'admirer la capacité de Kane à trousser des chansons pop soyeuses autant que des trucs tout mous du cul plutôt embarrassants ; ni les unes ni les autres n'auront su effacer le souvenir du meilleur album de rock mineur de la décennie.
À écouter en priorité : "Does Your Husband Know that You're on the Run?" & "I'll Give You Sympathy"
Face B : Les Herbes amères, des Shades (2013)
83. Electric – Richard Thompson (patron folk – dans tous les sens du terme, 2013)
S'il est une expression que l'on aura eu maintes occasions d'utiliser durant cette décennie de Golb, c'est assurément celle servant à qualifier les proverbiaux vieux qui vieillissent bien. Porte-parole officiel de cette catégorie de la population musicale que l'on pourra considérer comme le double inversé de la reformation toute pourrie, Richard Thompson a la particularité de n'avoir quasiment publié aucun album potable entre 2006 et 2016 (celui d'après est tout au plus correct, et les deux d'avant ne sont pas loin d'être les plus mauvais de toute sa carrière). Mais alors quand il a réussi son coup, il n'a pas fait semblant : double, dégueulant de chansons folk-rock à la dimension classique presque instantanée, Electric n'est pas uniquement un bon disque d'un type ayant passé le douloureux cap de la soixantaine, que l'on accueillerait avec surprise de circonstance et tout le respect dû à son rang. C'est un véritable sommet discographique, le genre de disque qui fait se dire que le gars peut enfin s'en aller avec le sentiment du devoir accompli. Ce qu'on ne lui souhaite évidemment pas, il serait tout de même dommage qu'un tel artiste disparaisse tristement en 2016, comme le premier péquenot venu.
À écouter en priorité : "Stuck on the Treadmill" & "So Ben Mi Ch'a Bom Tempo"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : aucun
Face B : Locked Down, de Dr John (2012)
82. The Lucky Ones – Mudhoney (meilleur album des Stooges de la décennie, 2008)
C'est entendu : le grunge était déjà mort depuis un petit moment (pas loin de vingt ans) lorsque Le Golb a ouvert ses portes. Néanmoins, la décennie qui a suivi s'est occupée de tuer le dernier mythe du rock'n'roll. Alice In Chains s'est reformé avec un nouveau chanteur, les Foo Fighters ont achevé leur mue FM, Pearl Jam a sombré dans les limbes du rock à papa, Mark Lanegan est devenu chiant, Courtney Love a fait sa Courtney Love et les Smashing Pumpkins se sont reformés pour mieux confirmer qu'ils étaient un groupe de prog'. Au milieu de ce marasme et alors qu'un simili revival avait commencé à pointer son museau ici ou là, Mudhoney resta seul debout à encore donner occasionnellement l'illusion que la baraque était tenue. Rien d'étonnant venant des seuls véritables punks de l'histoire, qui se payèrent même le luxe de publier quelques uns de leurs meilleurs disques durant cette période où leurs ex-camarades commençaient à compter leurs points retraites. Rageur et vénéneux, The Lucky Ones en est une bonne illustration, qui ne relâche jamais la tension et enquille les hymnes heavy-rock comme au bon vieux de temps de quand nous avions des cheveux. "The past made no sense / The Future looks tense / I'm now!" C'est pas moi qui l'ai dit.
À écouter en priorité : "I'm Now!" & "What's this Thing?"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Under a Billion Suns (2006)
Face B : King Animal, de Soundgarden (2012)
81. Rio Baril – Florent Marchet (pop anxioliticogène, 2007)
Le souvent très fun Florent Marchet associé au toujours très joyeux Arnaud Cathrine, le tout dans un concept-album à l'intrigue sordide dont le meilleur morceau s'intitule "Les Cachets" et pastiche les notices d'anti-dépresseurs... autant dire qu'il n'y avait pas à beaucoup se creuser, avant même d'avoir entendu l'album, pour supposer de quoi il allait retourner. Ce qu'on ne pouvait en revanche affirmer avec certitude, c'était si le résultat allait s'avérer très beau ou très chiant. La réponse est contenue dans la question, cet album ovniesque n'ayant pas eu à trop forcer pour gagner cette place dans une sélection dont il s'affirme à la réécoute comme l'un des ouvrages les plus sombres. Depuis, Florent Marchet a fait tout un tas de trucs, plus joviaux ou plus rieurs, comme pour prouver après deux premiers opus torturés qu'il savait s'amuser comme n'importe qui. Façon de parler tant son humour, incontestable, est constamment emprunt de ce vertige existentiel qui suintait dès le premier morceau de son premier disque (Gargilesse). Et tant, aussi, Rio Baril reste largement supérieur à ses successeurs.
À écouter en priorité : "La Chimie" & "Les Cachets"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Bambi Galaxy (2014)
Face B : Día a Día, de Filip Chrétien (2014), autre chanteur pop frenchie pourvu d'un grand sens de la fête.
80. We Came in Peace – Brimstone Howl (aux armes, etc., 2008)
Quand cet album est sorti, en septembre 2008, j'ai immédiatement flashé dessus tout en m'avérant incapable d'en dire autre chose que "c'est super, achetez-le !" Huit années et des dizaines (centaines) d'écoutes plus tard, le groupe a pas mal déçu mais j'aime toujours autant ses scies garage-punk, sa production au ras du jack et son atmosphère pugnace. En revanche, j'ai le sentiment d'avoir encore moins de choses à en dire aujourd'hui, peut-être parce qu'il évolue dans un registre que j'ai tellement chroniqué depuis dix ans que les mots commencent à me manquer. Qu'importe : "c'est encore plus super, achetez-le une deuxième fois (si on le trouve encore) !"
À écouter en priorité : "Shangri La" & "They Call Me Hopeless Destroyer"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Guts of Steel (2007)
Face B : We Have You Surrounded, des Dirtbombs (2008)
79. I Love You – Matthieu Boogaerts (garage, au sens littéral du terme, 2008)
On savait depuis son premier album (Super, il y a tout pile vingt ans) que Matthieu Boogaerts était né pour révolutionner la lo-fi et nous venger de toutes ces merdes américaines régurgitant Pavement n'importe comment. Restait à se mettre au boulot, et le moins qu'on puisse dire et qu'il aura pris des chemins traverses, puisqu'il aura fallu attendre huit années et cinq disques pour qu'enfin il nous livre le grand album de pop bricolo et barrée dont on le savait capable depuis son premier single. Complètement foufou furieux (une expression qu'on utilisait beaucoup sur Le Golb, en 2008), tout en nerf et basant presque tous les morceaux sur les percussions, I Love You ne mettra pas longtemps à s'imposer comme l'un des meilleurs disques francophones des dernières années, de ceux, rares, qui autorisent leurs auteurs à affirmer qu'ils ne ressemblent à rien ni personnes (auteurs qui généralement sont ceux qui n'auraient pas idée d'aller clamer un truc pareil, mais c'est une autre histoire). Et si je reconnais, en toute honnêteté, que je ne l'avais pas ressorti depuis un petit moment, quelques secondes de "Do You Feel OK?" ont suffi pour me convaincre que ce disque pas si simple et infiniment imaginatif avait largement sa place ici.
À écouter en priorité : "Do You Feel OK?" & "Game over"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Mathieu Boogaerts (2012)
Face B (en terme de garagisme primaire, hein) : Alone II, de Rivers Cuomo (2008)
78. 29 – Ryan Adams (folk au piano, 2005)
Durant ces dix années, Ryan Adams est sans conteste l'un des artistes contemporains à avoir été le plus souvent à l'honneur dans ces pages. Paradoxalement, c'est aussi l'un de ceux qui aura été le plus critiqué et moqué, pour la simple et bonne raison qu'à la minute où j'ai décidé d'ouvrir un blog, ce connard a décidé pour sa part de ne plus publier que des albums (très) inégaux. C'est au point que son dernier grand album remonte très exactement au 19 décembre 2005, comme s'il avait particulièrement tenu à ce que je comprenne le message. Mais quel disque, cela dit ! Sombre, hanté, désolé, cet ouvrage intimiste se revendiquant crânement du Loner (tant pour les piano-ballads que pour le toujours délicat exercice du folk-rock à rallonge) est probablement l'album le plus difficile d'accès et le plus torturé d'un mec qui, tout de même, a publié deux EPs intitulés Love Is Hell. À vrai dire, c'est peut-être même tout simplement ce que le Ryan a fait de mieux. C'est en tout cas le seul où il ne se laisse jamais à aller, à aucun moment, à sa passion pour la bande FM et les refrains fastoches.
À écouter en priorité : "Blue Sky Blues" & "Voices"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : aucun. Allez, à la rigueur Cardinology (2008), mais son meilleur a clairement été réalisé avant 2006.
Face B : Among the Leaves, de Sun Kil Moon (2012)
77. Learn to Sing Like a Star – Kristin Hersh (classic (indie) rock, 2007)
"My heart goes out to you / A lover on a night with no moon / I learned to fill out gaunt limbs / Like parrot lady at Lake Michigan." Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ma plus belle rencontre musicale de la décennie, la plus bouleversante et la plus vitale, aura été avec une songwriteuse presque quinquagénaire dont le premier album parut à l'époque où j'étais à l'école primaire. Discrète, aussi prolixe sur son site que peu prolifique dans les bacs, la leadeuse des Throwing Muses a peu publié entre 2006 et 2016, ce qui m'a laissé beaucoup de temps pour me replonger dans sa discographie et élever son splendide live Cats & Mice dans Mes disques à moi (et rien qu'à moi). Sans être le sommet d'une carrière riche et se définissant plus par ses chansons mémorables que par ses LPs incontournables, Learn to Sing Like a Star méritait donc bien de figurer dans cette sélection, ne serait-ce que pour marquer le coup. Produit à l'ancienne (il pourrait sans problème passer pour un disque de 1997 ou 98), pétri de riffs tendus et porté par ce qui est peut-être la plus belle voix du rock indé passé et à venir, il constitue de surcroît une excellente porte d'entrée dans l'univers rageur mais tendre de cette très grande Dame aussi yeux aussi infiniment bleus qu'infiniment tristes.
À écouter en priorité : "Sugarbaby" & "Under the Gun"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Sparkle Meet Gasoline (2013)
Face B : Games over, de Laetitia Sheriff (2008)
76. Sunfried Dream – The Motel Beds (juste à droite en sortant du garage, 2011)
Pourquoi les Motel Beds et pas l'un des deux-mille-six-cent-soixante-dix-huit (bons) groupes de garage qu'on a entendus ces dix dernières années ? La question mérite d'être posée, mais elle n'a pas vraiment de réponse figée. Ou plutôt en a-t-elle une très simple : ces presque inconnus aux airs d’hybridation des Black Keys (en plus sexy) et d'Oasis (en moins beauf) écrivent de meilleures chansons que les autres, tout simplement. Il est d'ailleurs assez symptomatique de leur musique de les trouver si hauts alors qu'à l'époque, la tête dans le guidon de l'actu musicale, je ne leur avais accordé que 4 diodes sur 6. Vu le nombre de fois où j'y suis revenu par la suite, il est évident que Sunfried Dreams valait bien mieux que cela. Il est tout aussi évident cependant que ce n'était pas un album suffisamment original, en tout cas de prime abord, pour que je m'en aperçoive immédiatement. Je me suis rattrapé par la suite, en en glissant des extraits dans moult playlists et en en chantant les louanges à la moindre l'occasion. D'autant que le groupe, qui enchaîne depuis la fin des années 2000 les très bons albums gratuits sur Bandcamp, mérite une reconnaissance bien plus large que le culte discret qu'on lui voue sur Le Golb et quelques autres sites. Vous pouvez d'ailleurs commander son très bon dernier opus ICI.
À écouter en priorité : "Western Son" & "Bat Naps"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Dumb Gold (2012)
Face B : Hippies, de Harlem (2010)
Comète britannique à peine arrivée et déjà splitée, Let's Wrestle s'est chargé durant la Golbodécade de tenir le flambeau du vrai rock indé qu'on aime, celui chanté comme une casserole et joué n'importe comment (on n'a pas dit par n'importe qui) du moment que c'est à toute berzingue. Sur son second opus, le groupe ajoute quelques ballades piquantes histoires d'épicer le tout, mais ne se ramollit pas vraiment pour autant. Nursing Home, c'est de l'insouciance, de l'énergie, de la vitalité et d'une manière générale tout ce qu'on n'a pas trouvé une seule fois chez Dino ou Stephen Malkmus durant le même laps de temps. Un vrai racolage de Golb, en quelque sorte, tant chacune des références brandies crânement par le groupe évoque des souvenirs émus et souvent humides. Le split le plus tristounet de l'année passée.
À écouter en priorité : "Rockstar in My Room " & "I'm Useful"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : In the Court of the Wrestling Let's (2009)
Face B : Skellicollection, de Chad VanGaalen (2006), cousin canadien qui, suivant la même logique, sonne beaucoup plus anglais.
84. Rascalize – The Rascals (lad-rock, 2008)
Liverpool Rock City, épisode 1678. Alors encore dans l'ombre de son pote Alex Turner, avec qui il vient de signer le best-seller des Last Shadow Puppets (ce dont quasiment personne ne le sait gré), Miles Kanes profite de l'été 2008 pour débouler toutes guitares dehors avec la nouvelle sensation britrock du moment : The Rascals. Des mecs dont le premier titre du premier album entend déjà rascaliser le monde. La conquête ne va pas franchement se dérouler comme prévu (ils ne rivaliseront pas trois secondes avec les Arctics Monkeys et splitteront dans une indifférence quasi générale quelques mois plus tard), mais cela n’enlève rien à la qualité renversante d'un unique disque qui n'a fait que se bonifier depuis. Dandys bien élevés faisant semblant de jouer une musique de zonards, les gaillards signent douze titres impeccables, tout en muscle et en claustrophobie, aux lyrics cinglants et aux refrains claquants. Depuis, on a eu l'occasion d'admirer la capacité de Kane à trousser des chansons pop soyeuses autant que des trucs tout mous du cul plutôt embarrassants ; ni les unes ni les autres n'auront su effacer le souvenir du meilleur album de rock mineur de la décennie.
À écouter en priorité : "Does Your Husband Know that You're on the Run?" & "I'll Give You Sympathy"
Face B : Les Herbes amères, des Shades (2013)
83. Electric – Richard Thompson (patron folk – dans tous les sens du terme, 2013)
S'il est une expression que l'on aura eu maintes occasions d'utiliser durant cette décennie de Golb, c'est assurément celle servant à qualifier les proverbiaux vieux qui vieillissent bien. Porte-parole officiel de cette catégorie de la population musicale que l'on pourra considérer comme le double inversé de la reformation toute pourrie, Richard Thompson a la particularité de n'avoir quasiment publié aucun album potable entre 2006 et 2016 (celui d'après est tout au plus correct, et les deux d'avant ne sont pas loin d'être les plus mauvais de toute sa carrière). Mais alors quand il a réussi son coup, il n'a pas fait semblant : double, dégueulant de chansons folk-rock à la dimension classique presque instantanée, Electric n'est pas uniquement un bon disque d'un type ayant passé le douloureux cap de la soixantaine, que l'on accueillerait avec surprise de circonstance et tout le respect dû à son rang. C'est un véritable sommet discographique, le genre de disque qui fait se dire que le gars peut enfin s'en aller avec le sentiment du devoir accompli. Ce qu'on ne lui souhaite évidemment pas, il serait tout de même dommage qu'un tel artiste disparaisse tristement en 2016, comme le premier péquenot venu.
À écouter en priorité : "Stuck on the Treadmill" & "So Ben Mi Ch'a Bom Tempo"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : aucun
Face B : Locked Down, de Dr John (2012)
82. The Lucky Ones – Mudhoney (meilleur album des Stooges de la décennie, 2008)
C'est entendu : le grunge était déjà mort depuis un petit moment (pas loin de vingt ans) lorsque Le Golb a ouvert ses portes. Néanmoins, la décennie qui a suivi s'est occupée de tuer le dernier mythe du rock'n'roll. Alice In Chains s'est reformé avec un nouveau chanteur, les Foo Fighters ont achevé leur mue FM, Pearl Jam a sombré dans les limbes du rock à papa, Mark Lanegan est devenu chiant, Courtney Love a fait sa Courtney Love et les Smashing Pumpkins se sont reformés pour mieux confirmer qu'ils étaient un groupe de prog'. Au milieu de ce marasme et alors qu'un simili revival avait commencé à pointer son museau ici ou là, Mudhoney resta seul debout à encore donner occasionnellement l'illusion que la baraque était tenue. Rien d'étonnant venant des seuls véritables punks de l'histoire, qui se payèrent même le luxe de publier quelques uns de leurs meilleurs disques durant cette période où leurs ex-camarades commençaient à compter leurs points retraites. Rageur et vénéneux, The Lucky Ones en est une bonne illustration, qui ne relâche jamais la tension et enquille les hymnes heavy-rock comme au bon vieux de temps de quand nous avions des cheveux. "The past made no sense / The Future looks tense / I'm now!" C'est pas moi qui l'ai dit.
À écouter en priorité : "I'm Now!" & "What's this Thing?"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Under a Billion Suns (2006)
Face B : King Animal, de Soundgarden (2012)
81. Rio Baril – Florent Marchet (pop anxioliticogène, 2007)
Le souvent très fun Florent Marchet associé au toujours très joyeux Arnaud Cathrine, le tout dans un concept-album à l'intrigue sordide dont le meilleur morceau s'intitule "Les Cachets" et pastiche les notices d'anti-dépresseurs... autant dire qu'il n'y avait pas à beaucoup se creuser, avant même d'avoir entendu l'album, pour supposer de quoi il allait retourner. Ce qu'on ne pouvait en revanche affirmer avec certitude, c'était si le résultat allait s'avérer très beau ou très chiant. La réponse est contenue dans la question, cet album ovniesque n'ayant pas eu à trop forcer pour gagner cette place dans une sélection dont il s'affirme à la réécoute comme l'un des ouvrages les plus sombres. Depuis, Florent Marchet a fait tout un tas de trucs, plus joviaux ou plus rieurs, comme pour prouver après deux premiers opus torturés qu'il savait s'amuser comme n'importe qui. Façon de parler tant son humour, incontestable, est constamment emprunt de ce vertige existentiel qui suintait dès le premier morceau de son premier disque (Gargilesse). Et tant, aussi, Rio Baril reste largement supérieur à ses successeurs.
À écouter en priorité : "La Chimie" & "Les Cachets"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Bambi Galaxy (2014)
Face B : Día a Día, de Filip Chrétien (2014), autre chanteur pop frenchie pourvu d'un grand sens de la fête.
80. We Came in Peace – Brimstone Howl (aux armes, etc., 2008)
Quand cet album est sorti, en septembre 2008, j'ai immédiatement flashé dessus tout en m'avérant incapable d'en dire autre chose que "c'est super, achetez-le !" Huit années et des dizaines (centaines) d'écoutes plus tard, le groupe a pas mal déçu mais j'aime toujours autant ses scies garage-punk, sa production au ras du jack et son atmosphère pugnace. En revanche, j'ai le sentiment d'avoir encore moins de choses à en dire aujourd'hui, peut-être parce qu'il évolue dans un registre que j'ai tellement chroniqué depuis dix ans que les mots commencent à me manquer. Qu'importe : "c'est encore plus super, achetez-le une deuxième fois (si on le trouve encore) !"
À écouter en priorité : "Shangri La" & "They Call Me Hopeless Destroyer"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Guts of Steel (2007)
Face B : We Have You Surrounded, des Dirtbombs (2008)
79. I Love You – Matthieu Boogaerts (garage, au sens littéral du terme, 2008)
On savait depuis son premier album (Super, il y a tout pile vingt ans) que Matthieu Boogaerts était né pour révolutionner la lo-fi et nous venger de toutes ces merdes américaines régurgitant Pavement n'importe comment. Restait à se mettre au boulot, et le moins qu'on puisse dire et qu'il aura pris des chemins traverses, puisqu'il aura fallu attendre huit années et cinq disques pour qu'enfin il nous livre le grand album de pop bricolo et barrée dont on le savait capable depuis son premier single. Complètement foufou furieux (une expression qu'on utilisait beaucoup sur Le Golb, en 2008), tout en nerf et basant presque tous les morceaux sur les percussions, I Love You ne mettra pas longtemps à s'imposer comme l'un des meilleurs disques francophones des dernières années, de ceux, rares, qui autorisent leurs auteurs à affirmer qu'ils ne ressemblent à rien ni personnes (auteurs qui généralement sont ceux qui n'auraient pas idée d'aller clamer un truc pareil, mais c'est une autre histoire). Et si je reconnais, en toute honnêteté, que je ne l'avais pas ressorti depuis un petit moment, quelques secondes de "Do You Feel OK?" ont suffi pour me convaincre que ce disque pas si simple et infiniment imaginatif avait largement sa place ici.
À écouter en priorité : "Do You Feel OK?" & "Game over"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Mathieu Boogaerts (2012)
Face B (en terme de garagisme primaire, hein) : Alone II, de Rivers Cuomo (2008)
78. 29 – Ryan Adams (folk au piano, 2005)
Durant ces dix années, Ryan Adams est sans conteste l'un des artistes contemporains à avoir été le plus souvent à l'honneur dans ces pages. Paradoxalement, c'est aussi l'un de ceux qui aura été le plus critiqué et moqué, pour la simple et bonne raison qu'à la minute où j'ai décidé d'ouvrir un blog, ce connard a décidé pour sa part de ne plus publier que des albums (très) inégaux. C'est au point que son dernier grand album remonte très exactement au 19 décembre 2005, comme s'il avait particulièrement tenu à ce que je comprenne le message. Mais quel disque, cela dit ! Sombre, hanté, désolé, cet ouvrage intimiste se revendiquant crânement du Loner (tant pour les piano-ballads que pour le toujours délicat exercice du folk-rock à rallonge) est probablement l'album le plus difficile d'accès et le plus torturé d'un mec qui, tout de même, a publié deux EPs intitulés Love Is Hell. À vrai dire, c'est peut-être même tout simplement ce que le Ryan a fait de mieux. C'est en tout cas le seul où il ne se laisse jamais à aller, à aucun moment, à sa passion pour la bande FM et les refrains fastoches.
À écouter en priorité : "Blue Sky Blues" & "Voices"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : aucun. Allez, à la rigueur Cardinology (2008), mais son meilleur a clairement été réalisé avant 2006.
Face B : Among the Leaves, de Sun Kil Moon (2012)
77. Learn to Sing Like a Star – Kristin Hersh (classic (indie) rock, 2007)
"My heart goes out to you / A lover on a night with no moon / I learned to fill out gaunt limbs / Like parrot lady at Lake Michigan." Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ma plus belle rencontre musicale de la décennie, la plus bouleversante et la plus vitale, aura été avec une songwriteuse presque quinquagénaire dont le premier album parut à l'époque où j'étais à l'école primaire. Discrète, aussi prolixe sur son site que peu prolifique dans les bacs, la leadeuse des Throwing Muses a peu publié entre 2006 et 2016, ce qui m'a laissé beaucoup de temps pour me replonger dans sa discographie et élever son splendide live Cats & Mice dans Mes disques à moi (et rien qu'à moi). Sans être le sommet d'une carrière riche et se définissant plus par ses chansons mémorables que par ses LPs incontournables, Learn to Sing Like a Star méritait donc bien de figurer dans cette sélection, ne serait-ce que pour marquer le coup. Produit à l'ancienne (il pourrait sans problème passer pour un disque de 1997 ou 98), pétri de riffs tendus et porté par ce qui est peut-être la plus belle voix du rock indé passé et à venir, il constitue de surcroît une excellente porte d'entrée dans l'univers rageur mais tendre de cette très grande Dame aussi yeux aussi infiniment bleus qu'infiniment tristes.
À écouter en priorité : "Sugarbaby" & "Under the Gun"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Sparkle Meet Gasoline (2013)
Face B : Games over, de Laetitia Sheriff (2008)
76. Sunfried Dream – The Motel Beds (juste à droite en sortant du garage, 2011)
Pourquoi les Motel Beds et pas l'un des deux-mille-six-cent-soixante-dix-huit (bons) groupes de garage qu'on a entendus ces dix dernières années ? La question mérite d'être posée, mais elle n'a pas vraiment de réponse figée. Ou plutôt en a-t-elle une très simple : ces presque inconnus aux airs d’hybridation des Black Keys (en plus sexy) et d'Oasis (en moins beauf) écrivent de meilleures chansons que les autres, tout simplement. Il est d'ailleurs assez symptomatique de leur musique de les trouver si hauts alors qu'à l'époque, la tête dans le guidon de l'actu musicale, je ne leur avais accordé que 4 diodes sur 6. Vu le nombre de fois où j'y suis revenu par la suite, il est évident que Sunfried Dreams valait bien mieux que cela. Il est tout aussi évident cependant que ce n'était pas un album suffisamment original, en tout cas de prime abord, pour que je m'en aperçoive immédiatement. Je me suis rattrapé par la suite, en en glissant des extraits dans moult playlists et en en chantant les louanges à la moindre l'occasion. D'autant que le groupe, qui enchaîne depuis la fin des années 2000 les très bons albums gratuits sur Bandcamp, mérite une reconnaissance bien plus large que le culte discret qu'on lui voue sur Le Golb et quelques autres sites. Vous pouvez d'ailleurs commander son très bon dernier opus ICI.
À écouter en priorité : "Western Son" & "Bat Naps"
Aussi conseillé sur cette période (mais un peu moins, forcément) : Dumb Gold (2012)
Face B : Hippies, de Harlem (2010)
Bien vu pour l'excellent I LoveYou. J'avais un peu oublié cet album, c'est vrai que sa place est méritée (ou pas puisque je l'avais oublié).
RépondreSupprimerOui, c'est bizarre, c'était un peu pareil pour moi. Pourtant il est excellent, cet album. Vraiment excellent.
SupprimerPetite suggestion: tu devrais mettre des liens vers les épisodes précédents pour qu'on puisse les retrouver plus facilement
RépondreSupprimerJe peux faire ça, oui (et j'essaierai de le faire pour les prochains épisodes). Cela dit il suffit de cliquer sur la rubrique 10 Years After, à droite, pour les sortir :-)
SupprimerC'est une excellente réponse, je m'incline ^^
SupprimerAh mais il n'y avait pas d'ironie dans ma réponse, la question me semblait au contraire très justifiée :-)
SupprimerSélection de qualité même si j'aurais mis les Rascals plus bas et Richard Thompson plus haut!
RépondreSupprimerThompson au-dessus... ç'a pu m'effleurer, oui. Les Rascals, non, parce que c'est quand même un des seuls vrais bons albums de britpop-qui-tape de la décennie.
SupprimerMince, il tombe tôt Ryan, je vais devoir reprendre un peu mes pronos pour le top 20 ;)
RépondreSupprimerIl ne méritait pas de tomber beaucoup plus tard. Tu as vu la décennie en dents de scie dont il sort ? ^^
SupprimerJe l'avais bien et compris (et suis d'accord) ;)
SupprimerEn attendant, je suis très contente de le voir retenu, car je trouve que c'est un magnifique album.
SupprimerOui, il conclut formidablement la (fausse) trilogie de 2005.
SupprimerPuisque tu parles de mame Kristin, tu as écouté le nouveau 50 Foot Wave ?
RépondreSupprimerPas encore.
SupprimerDécidément rien pour moi, dans ce classement (allez, vite fait les Rascals)
RépondreSupprimerAh ! Enfin des bons disques !
RépondreSupprimerBon, 1 seul : l'immense Richard Thompson, qui aurait bien mérité d'être placé plus haut.
Je suis très étonné que tu ne sois pas fan de Florent Marchet ^^
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