jeudi 9 mai 2013

Speed Trials (L4)

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đź‘‘ Ce pays qui n'aime pas le foot, de Joachim Barbier (2012)

Quelques semaines avant le dernier Euro, l'affaire Nasri, la polémique bidule et l'effet domino qui conduira au pathétique M'Vilagate de l'automne... paraissait ce petit bouquin intelligent et prophétique qui, s'il ne m'était pas tombé entre les mains durant la brève retraite du Golb, aurait assurément inspiré un article de cinq pages. La paresse de le relire aidant, il faudra se contenter de ma bonne poire lorsque je vous annoncerai qu'il s'agit probablement d'un des ouvrages les plus pertinents jamais écrits sur le foot, la France et le foot en France. Sans doute son auteur dessert-il involontairement son propos en voulant tout à la fois faire dans le pamphlet, l'analyse sociologique sérieuse et l'objet pop non identifié ; cet aspect hybride en fait aussi cependant une lecture agréable, addictive et - c'est si rare dans le registre documentaire - exempte de tout poncif. Bien sûr, le vrai fan français de foot n'y apprendra sans doute pas grand-chose. Mais il est parfois si pesant pour lui de vivre dans un pays qui n'aime pas le foot qu'il en sortira avec un sentiment de sérénité : non, petit, tu n'es pas tout seul à penser que la France ne comprend rien au ballon rond, à sa culture, à sa mythologie. Amen.



👍👍👍 La Malédiction d'Old Haven, de Fabrice Colin (2007)

Six-cent-trente-cinq pages de bonheur. Soit donc bien plus que le tarif en vigueur pour la plupart des livres. Tellement plus qu'à vrai dire, je ne me rappelle plus à quand remonte la dernière fois que j'ai réellement ressenti du bonheur ou un plaisir intense à la lecture d'un roman, français de surcroît, fantasy-ou-assimilé de sur-surcroît. Ce pourrait être un roman comme un autre, pourtant. Une histoire de chasse aux sorcières (une de plus), mélangeant tellement les genres (steampunk, fantastique, picaresque) que l'on écarquille souvent les yeux à la lecture, façon Non, quand même pas ?... ah bah si. Mais le tout, pétri de références (Lovecraft, Hawthorne, Irving...), est tellement gonflé et transpire à ce point l'amour des contes que l'on se laisse aisément entraîner. C'est romanesque, échevelé, inventif, malin... enfin, c'est un bonheur, disais-je.


đź‘Ť The Knight of the Swords, de Michael Moorcock (1971)

C'est du Moorcock jusqu'au bout des moisissures de l'exemplaire. C'est sans doute pourquoi j'ai eu dans un premier temps autant de mal à rentrer dedans. Cela faisait un moment que je n'avais plus ouvert un de ses livres, et que je me gardais Corum (dont je n'ai lu que quelques épisodes dans le désordre il y a cent ans) pour les longues soirées d'hiver. Chaque fois, j'oublie comme cet auteur formidable est une nullité dans le registre de l'exposition. Je songe donc chaque fois à m'arrêter au bout de cinquante pages, pour toujours repartir de plus belle lorsque je m'aperçois que... c'est du Moorcock. Entre l'extermination de non pas une, mais DEUX races en l'espace de quelques chapitres, les amputations à qui mieux mieux, les plans aussi innombrables que les périls et la princesse sexy-héroïque-chtarbée de rigueur, le premier volet des (més)aventures de Corum a le mérite - pas toujours très répandu chez l'auteur anglais - d'entrer dans le vif du sujet. Miam : c'est la fin du monde.


Some Kind of Fairy Tale, de Graham Joyce (2012)

Certains livres sont difficiles à synthétiser. D'autres ne demandent que huit secondes et une seule phrase : Some Kind of Fairy Tale est un roman de Graham Joyce où tout ce que l'on apprécie généralement chez Graham Joyce semble avoir été volontairement mis à l'amende. Un récit fantastique ne cherchant pas à être autre chose, qui n'est pas malsain, qui n'est pas troublant, qui ne ménage aucune ambiguïté particulière (sinon dans sa chute, et encore laisse-t-elle plus perplexe qu'elle ne perturbe réellement). Pourtant, c'est bien. Enfin : ce n'est pas mauvais. Très bien écrit, très bien rythmé. On l'avale vite et bien, mais on a souvent le sentiment de lire le livre d'un autre. Un proche de Graham Joyce qui saurait remarquablement singer son style, pourtant très particulier, mais n'aurait qu'une vague idée de ce qui fait le charme pervers de ses meilleurs textes. Bizarre.



Rien ne s'oppose Ă  la Nuit, de Delphine de Vigan (2011)

Laisser passer les emballements médiatiques et prendre les choses à tête reposer. C'est la nouvelle politique de ce blog depuis sa résurrection, et elle paie. La preuve ? A sa sortie, je me serais probablement senti obligé, face à 4000 articles dithyrambiques, d'écrire un article de deux pages pour hurler à la face du monde pourquoi ? Mais POURQUOI ce livre-là et pas un autre ?. Aujourd'hui, une phrase me suffit. Non que Rien ne s'oppose à la Nuit (le plus beau titre de roman qu'on ait entendu depuis longtemps, dommage qu'il ne soit pas de l'auteure) soit un mauvais roman. Il est plutôt bien écrit, plutôt touchant, plutôt plein de choses. Mais impossible de ne pas le refermer avec le désagréable sentiment de l'avoir lu plein de fois auparavant. Notamment dans les passages (assez irritants) ou l'auteure s'écarte de son récit familiale et se lance dans de très longs apartés pour expliquer sa difficulté à écrire sur ce texte, passages dont - sauf son respect - on se fout complètement. On entend bien que c'est la pudeur, et non un égo mal dégrossi, qui la fait ainsi tourner autour de son sujet pour n'oser s'y confronter violemment qu'un chapitre sur deux ou trois. Mais le résultat est malheureusement le même : le lecteur sort à plusieurs reprises du récit et à chaque fois un peu plus de peine à y retourner.


Saints of New York, de R.J. Ellory (2010)

Un peu fatigué, Roger Jon, dans ce roman qui retrace l'épopée de la mythique brigade anti-mafia new-yorkaise. Tout y est, mais tout sonne faux, à commencer par le style parlé de son personnage principal qui frise le maniérisme, et la construction bizarrement didactique du récit. Bizarrement car Ellory a fait sa marque de fabrique des ouvrages à tiroirs dont les petits faits divers souvent sordides permettaient d'explorer les zones d'ombre de la Grande Histoire. L'idée est fondamentalement la même dans Saints of New York, mais la construction narrative est si simpliste et transparente qu'on a du mal à croire qu'il s'agisse du même auteur. D'un autre côté, c'est bien aussi de savoir que le type est faillible...


đź‘Ž Lost - Fiction vitale, de Sarah Hatchuel (2013)

Un bouquin sur Lost ? Super idĂ©e ! 150 pages aux PuF ? Mouais, et après quoi ? La ComĂ©die Humaine en trente tweets essentiels ? Tout le problème est lĂ  : si l'auteure tient  incontestablement un excellent sujet, elle a Ă  peine le temps de le dĂ©rouler que le moment de conclure approche. De par son format, l'analyse est condamnĂ©e de facto Ă  la superficialitĂ© si ce n'est au raccourci grossier, et l'auteure de passer la majeure partie du temps Ă  enfoncer des portes ouvertes sans visiblement savoir sur quel pied danser. Trop "pointu" pour une personne ne connaissant pas bien la sĂ©rie, beaucoup trop lĂ©ger pour n'importe qui s'Ă©tant un peu passionnĂ© pour elle, globalement trop appliquĂ© et acadĂ©mique pour rendre hommage Ă  cette formidable machine Ă  fantasmes... l'ouvrage passe finalement le plus gros de son temps Ă  dĂ©cortiquer des Ă©vidences, tant et si bien qu'on voit mal qui pourra bien y trouver son compte.

12 commentaires:

  1. Oh ! des livres ! Ça faisait longtemps, dis.

    Évidemment, je n'en ai lu aucun. A part celui sur le foot. Tu me crois ? ;)

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  2. Je n'en ai lu aucun non plus, mais j'ai aussi été assez séduite par un roman de Fabrice Colin, Blue Jay Way. Par contre le côté "pétri de références" doit être sa marque de fabrique !

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    1. Oui, on peut dire ça en effet. Cela dit c'est plus ou moins prononcé (et digéré) selon les livres.

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  3. Old Haven est, en effet, un superbe roman, qu'on a beaucoup de mal à lâcher.

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    1. Oui, tu me l'avais conseillé il y a longtemps, d'ailleurs.

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  4. Tu es d'une grande générosité avec le machin sur Lost, j'ai même pas été au bout tellement j'ai trouvé ça sans intérêt et bourré de lourdeurs.

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    1. Je l'aurais peut-être laissé tomber dans d'autres circonstances, mais je l'ai lu le temps d'un trajet en train et je n'avais pas grand-chose d'autre sous la main. Finalement j'ai bien fait car si les premières pages m'ont horripilé, j'ai tout de même trouver quelques passages intéressants (quoique assez superficiels) par la suite.

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    2. Je le saurais donc jamais ^^

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    I'm kinda paranoid about losing everything I've worked hard on.
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  6. J'ai adoré le bouquin de Barbier et pourtant je lis pas beaucoup de bouquins. Mais celui-là je l'ai dévoré!

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