jeudi 31 janvier 2013

[CDG2013] Le Ragoût de Janvier

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En 2013, le CDG fait sa révolution copernicienne. Plus de classement, plus d'exhaustivité, plus d'aspiration à l'objectivité. À la place ? Une sélection mensuelle, même pas des meilleurs disques : juste de ceux dont on aura eu envie de parler. Même que ça pourra désormais être des EPs ou des lives. Et si t'es pas content, c'est le même prix.

👍 14 Ballads Op.1 - The Wooden Wolf

Un premier album, qu'il soit le fait d'un artiste débutant ou d'un plus aguerri se lançant dans un nouveau projet, est toujours un mélange d'ambitions et d'hésitations. On dit parfois que c'est une carte de visite, manière polie de sous entendre un aspect éparse. En réalité, la question tient surtout dans la nuance (à la fois ténue et immense) entre savoir quelle musique l'on aime et savoir quelle musique l'on veut/peut faire. Folk ? D'accord, pourquoi pas. Mais quel genre de folk ? FOLK, cela veut tout dire - donc rien. Il y a le folk-rock et l'indie-folk. L'alt-country et l'antifolk. L'americana, la pop-folk, la folk lo/fi... il paraîtrait même qu'il existerait une post-folk. Et même : écrire cela, c'est se limiter à des étiquettes commodes qui intéressent plus volontiers ceux qui parlent de la musique que ceux qui la jouent. L'essentiel reste encore à sentir. Cette folk sera-t-elle feutrée ou lyrique ? Débraillée ou emphatique ? Et ainsi de suite.
Le premier album de The Wooden Wolf ne répond à aucune de ces questions, comme une grande majorité de debut albums. Il commence comme Iron & Wine et finit comme Low, bascule du plus rêche au plus du tendre, et glisse sans crier gare du folk-rock le plus traditionnel à des choses se voulant plus raffinées. Mille noms viennent à l'esprit, certains plus persistants que d'autres. Ce n'est ni un défaut ni une qualité ; juste un fait qui, emballé dans une production soignée, suffit à enchanter l'auditeur. Pourquoi ? Parce qu'un disque folk n'a pas besoin d'être original. Ce n'est pas - ce ne sera jamais - ce qu'on lui demande. Un disque folk a besoin de chansons, et celles de Wooden Wolf impressionnent par leur assurance et leur maturité - au point de faire du groupe strasbourgeois l'une des premières belles découvertes de l'année1. Hypnotiques ("We Can't Find the Light", "The Dust"), épiques ("Horses in the Storm") ou écorchées ("Interlude #2"), elles ont ce qu'il faut de charme, de feutre et de mélancolie pour prendre racine(s) et enthousiasmer n'importe quel amateur de folk digne de ce nom. L'aspect un peu éparse de l'ensemble n'est qu'un détail face à la douceur un peu résignée de "Lullaby", ou l'élégance "When the Hungry Ghost of Your Love Whispers in Your Ear", qui referme l'album sur une note crépusculaire.
Ça se trouve ici.

Les Autres disques de janvier en une poignée de parce que...

[II - Unknown Mortal Orchestra] Parce que même si l'on n'y trouvera peut-être pas la splendeur du dernier Phantom Buffalo (il faut vraiment que je chronique cet album), ni l'efficacité pop de la machine de guerre Tame Impala... quel bon disque psyché !

[Blood Oath of the New Blues - Wooden Wand] Parce qu'en onze minutes et quarante-huit secondes, James Jackson Toth signe le premier grand morceau de 2013 ("No Bed for Beatle Wand/Day This Long"... oui : même le titre a tendance à s'étirer).

[China Man vs. China Girl au Théâtre de l’Étuve - Benjamin Schoos] Parce qu'on pensait un peu bêtement que ce serait difficile de faire mieux que l'album de l'an dernier à partir du même matériau. Parce qu'on s'est trompé, et qu'il faut parfois savoir reconnaître ses erreurs - surtout quand elles sont au bénéfice d'artiste comme celui-ci.

[I Am the Devil - King Melodies] Parce que contrairement à ce que le titre indique, c'est trop, mais alors trop... mais vraiment trop choupidou.

[The Lady from Shanghaï - Pere Ubu] Parce que c'est comme ça (sans déconner, vous ne pensiez tout de même pas que j'allais éprouver le besoin de justifier la sélection du dernier album du seul groupe de sa génération à toujours avoir su rester droit dans ses bottes ? C'est Pere Ubu, quoi. Merde.)

[Lost Stories - Ben Rodgers] Parce que j'avais décidé qu'il y avait déjà eu bien assez de folk dans cette sélection. Jusqu'à ce que je l'entende.

[Pushed & Pulled - Robin Adams] Parce que c'est le nouvel EP d'un désormais habitué de ces pages, comme toujours en libre téléchargement sur son bandcamp, et comme toujours d'excellente facture. Et parce qu'on peut donc être une valeur sûre que personne ne connaît, même si je ne suis pas convaincu que ce soit une si bonne nouvelle.

[Unicorn Skeleton Mask - Omar Rodriguez-Lopez] Parce qu'en publiant trois albums le même jours, il paraissait peu probable qu'ORL n'en réussisse pas au moins. Dont acte avec ce régal d'electro-noisy.


1. Oui, bon : en fait l'album est sorti en décembre...

16 commentaires:

  1. Nom de non! et moi qui arrivais à peine au bout du marathon d'écoute de la dernière salve d'articles musicaux! c'est à se décourager...

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    1. Et bonjour à Madame, surtout ;-)

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    2. (et encore, j'ai oublié de signaler que désormais, le CDG pourra être bi-ou-tri-mensuel selon l'envie et la qualité des sorties ^^)

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  2. Rien que du bon goût, dis moi :)

    Pas mal du tout ce Wooden Wolf.

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    1. Évidemment "rien que du bon goût". Tu te croyais où ? ^^

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  3. Comme il serait déprimant de tenir le successeur de Barna Howard dès le mois de janvier, me disais-je,parcouru d'un frisson alors que l'orage de Horses in the Storm grondait.

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    1. Le successeur au titre de ? Album de l'année ? Carrément ?

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    2. Non non le successeur au titre de pépite folk ... mais par la suite, je trouve que l'album traine pas mal en longueur.

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    3. Tu me rassures, car même si j'aime beaucoup l'album je ne trouve pas grand-chose de comparable avec la gifle qu'avait été le Barna Howard l'an dernier.

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  4. Content que King Melodies se fasse une petite place...

    Et il est effectivement plus que temps que Robin Adams soit connu de tous...

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  5. C'est vrai que c'est extrêmement bien, The Wooden Wolf. Pas tous les morceaux, mais certains filent vraiment le frisson.

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  6. Je n'ai pas écouté le reste mais par contre, le Pere Ubu est vraiment très bien, en effet.

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