mardi 6 décembre 2011

Antonymie interne

[Mes disques à moi (et rien qu'à moi) - N°100]
Zombie Birdhouse - Iggy Pop (1982)

Et voilà. Nous y sommes. May 2006 to December 2011 : le temps qu'il aura fallu pour parvenir au numéro 100 de Mes disques à moi (et rien qu'à moi), première rubrique créée sur ce blog. Et celle qui fut, initialement, sa raison d'être. Si j'étais du genre mélodramatique, je serais tenté d'en faire le dernier article de ce site. Mélodramatique, je l'étais d'ailleurs il y a cinq ans et demi. Snob, aussi. Ce qui explique sans doute ce choix.

Zombie Birdhouse a été introuvable durant vingt ans, l'archétype de l'album méconnu qu'on se refilait entre gens de bon goût (et surtout de bonne compagnie). Ne pas chercher plus loin la raison de l'aura considérable dont il jouit dans certains milieux. L'album mythique où un Pop cocaïné jusqu'aux poils est repêché par Chris Stein et s'illustre dans le post-punk/new-wave dégingandé, urgent et cadavérique. En fait, il n'est pas exceptionnel, cet album. C'est ça qui est drôle. Mais il faut le juger à l'aune de la discographie d'Iggy Pop, artiste solo. Un type qui n'a publié que cinq ou six albums potables, dont seulement trois ou quatre vraiment très bons et à peine deux qui soient réellement majeurs. Iggy Pop dont la doxa rocknfolkement correcte oublie poliment de rappeler qu'il n'a jamais té fichu de pondre un seul album correct sans un co-writer digne de ce nom.


Alors au milieu du marasme de ses LPs solo, terrain particulièrement miné passé 77 (soit donc... deux ans), mieux vaut Zombie Birdhouse qu'un autre. The Idiot et Lust for Life sont de formidables albums, on n'aurait pas l'idée saugrenue de prétendre le contraire, mais Zombie Birdhouse a ce petit grain de folie, ce côté gentiment fêlé et malsain indissociable du bonhomme. Détail qui ne gâte rien : ses trois premiers morceaux sont excellentissimes. La suite est plus confuse, un brin languide et légèrement brouillonne. Tout le contraire, en somme, de ce que peut produire Iggy Pop aujourd'hui (oui, il fait de la musique entre deux guests à la con et trois pubs). On repensera ce écoutant à son dernier opus en date, lisse comme un cul de bébé et que l'on croirait tout fait pour être encensé par Télérama. En 1982, Iggy Pop est sans doute un pauvre type complètement paumé, absolument pas présentable et défoncé comme... euh... comme un ex-Stooges. Mais c'est encore un être humain, dont les failles sont béantes et qui donc peuvent encore étreindre le cœur (voir "Ordinary Bummer" ou "Bulldozer"). Zombie Birdhouse, c'est l'inverse absolu de la respectabilité. Ou comment en l'espace de quelques années, deux mots - Iggy et Pop - purent devenir des antonymes d'eux-mêmes.


Trois autres disques pour découvrir Iggy Pop en solo :

The Idiot (1977)
Lust for Life (1977)
American Caesar (1993)

19 commentaires:

  1. Voilà, tu finis en beauté une rubrique qui va me manquer. Un article court et bien écrit, qui me rappelle que moi aussi j'ai cherché pendant longtemps ce disque. J'avais à l'époque un Rock N folk qui décrivait la discographie de l'Iguane et qui présentait Zombie Birdhouse comme son chef d'oeuvre caché (le journaleux devait etre snob :) Et quand je l'ai enfin écouté, comme toi: bon album mais pas exeptionnel.
    Je préfère Party. Moi, snob?

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  2. Je te rassure immédiatement : la rubrique va continuer :-)

    J'avais limité à 100 de manière artificielle, et qui plus est il y a plein de disques du top dans lesquels je ne me retrouve plus que partiellement. J'ai largement de quoi aller à 200, voire plus ! ^^

    Sinon moi aussi j'aime beaucoup Party, c'est effectivement l'autre disque que je sauverais de cette période.

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  3. Oui mais justement, ce n'était pas un Top, c'était un "mes disques à moi" (genre qui met Zombie Birdhouse et pas Lust for Life). C'est quand meme beaucoup plus intéressant (enfin moi, c'est ce qui m'intéresse sur les blogs).
    Je pense que tu as quand meme du citer tout les disques qui t'ont construit musicalement - je remarque d'ailleurs qu'on a beaucoup d'artistes en commun, meme si ton champs musical est bien plus vaste.
    Ca vaudrait presque le coup d'en faire un bouquin, ca serait pas plus mal que les 200 meilleurs disques de RNF que je consultais avidement à une lointaine époque.

    (j'avais loupé "a doxa rocknfolkement correcte ", si ca se trouve on parle du meme journaleux...)

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  4. Suis tout ému de voir arriver à sa fin la face A de ma rubrique préférée... Et même si parfois j'ai tendance à en dénigrer un peu le résultat - souvent à tort - Mais bon... les sortes de pensum (pensa?) géniaux de tous les albums de la période "The..." étaient tellement grandioses... que fatalement, après les autres critiques paraissaient un brin trop faciles ou baclées...

    N’empêche, ça me fait un peu bizarre de voir finir cette rubrique que:
    1. J'ai connu à partir du numéro 42, qui, si cela ne fait pas de moi un des vrais anciens, fait de moi un vieux quand même.
    2. A tout de même vraiment changé ma vie musicale, en me faisant découvrir des albums grandioses, en me confortant dans certaines de mes opinions, et changé totalement mon point de vue sur la critique musicale. Thomas, tu es le meilleur critique musical que j'aie jamais lu. Sincèrement. Pas le plus drôle, pas le plus fin, même pas forcément le plus érudit, mais le meilleur pour moi parce que tu passes ton temps à écrire des articles que j'aurais voulu écrire ou voulu pouvoir écrire... Et c'est pour ça que cette rubrique zombifiée continuera de figurer au firmament de mes relectures les plus régulières.

    (Oui, parce que tu sais que je peux citer de mémoire des extraits du JDD, mais des MDAM aussi.)

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  5. "Pas le plus drôle, pas le plus fin, même pas forcément le plus érudit,"

    Oui bon bah c'est pas la peine d'être blessant :-)

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  6. Tu dais vraiment pas gérer les compliments, hein ;-)?

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  7. Les compliments en public, surtout.

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  8. Je l'espère bien, que vous ne vous arrêtez pas, ce serait dommage de finir sur un si mauvais album.

    ;-)

    BBB.

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  9. bon, j'attendrai qu'on soit en petit comité pour mon hommage en 17 pages de la rubrique [Mes disques à moi (et rien qu'à moi] alors....

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  10. Personnellement, je propose qu'Hello Darkness se fende d'un album de reprises. 100 reprises, un titre par album de la sélection.
    Avec des Guests: G.T. qui vient prendre la guitare sur "Fade to Black" ça aura de la gueule.

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  11. Guic, c'est un excellent concept! Pas avec Hello Darkness, bien sur... (tu n'imagines pas les heures de tractations pour se mettre d'accord sur un titre à reprendre. Et après, on peut encore se heurter à l'interprétation...).
    en revanche un groupe avec Thom au chant et divers blogueurs aux instruments ca serait bien. Evidemment il faudrait qu'on ait deux vies...

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  12. Commençons par nous répartir les artistes: chacun fait 10 démos guitare, Thomas pose sa voix derrière, on passe le truc a l'autotune...

    Je prends les jouables: Weezer, Dylan, les trucs à pas trop d'accords quoi :-)

    (Par contre je tiens à ce qu'on utilise ce projet pour rappeler à la face du monde cette vérité qui a éclaté en ces lignes: G.T. possède encore les partitions de Ride the Lightning et a travaillé son "Call of Khtulu" comme par permis.)

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  13. qui ne l'a pas fait... (perso j'ai jamais été très loin).
    mais bref, passons aux choses sérieuses. je prend:
    Adore
    All is Dream
    Daisies of the Galaxy
    Raw Power
    Surfer Rosa
    the Bends
    the Downward Spiral
    Turn on the Bright Lights
    Unknown Pleasures
    Vitalogy

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  14. J'ai hate de savoir qui va se coltiner Dream Theater :-)

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  15. Moi je préfère The Fragile que the downward spiral...
    ça compte?

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  16. Xavier: Adore on se le fait en duo.

    Sinon je prends:
    Pinkerton
    Blood & Chocolate
    Dylan
    The Doors
    The Smiths
    Your Arsenal
    Veuillez rendre l'âme
    Songs of Love and Hate
    Appetite for Destruction (j'ai deux potes qui peuvent accepter de faire les guests je crois)

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  17. Kath >>> faut que tu vois ça avec les organisateurs du tribute album ^^

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  18. Bon ben voilà moi je découvre maintenant que j'ai 100 articles à lire. C'est assez perturbant on a l'impression d'entrer dans l'intimité de son auteur.
    Auteur qui est forcément quelqu'un de bien puisqu'il termine sur Zombie Birdhouse.
    Je vous laisse j'ai de la lecture...

    Frank

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