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Samedi soir, sur les coups de 22h00, a  eu lieu un évènement extraordinaire... si extraordinaire en fait que  l'espace d'une seconde, la terre a légèrement tremblé : je me suis assis  à L'International. De mémoire, ça n'est jamais arrivé. Alignement  mystérieux des planètes ? L'explication est plus prosaïque : il n'y  avait pas un chat en haut, et pas beaucoup plus en bas pour goûter le  garage-psyché (encore ?) basique mais sympathique de Venustre. Et à peine plus quelques instants plus tard pour A*Song & The B*Sides.
Même remodelé et avec un nouveau nom  (jusqu'ici c'était A*Song), et sur scène plutôt que sur disque, ce  groupe demeure pour moi une énigme. Rarement le qualificatif d'inégal  aura paru si adapté, tant le très bon y côtoie un morceau sur deux  l'insignifiant, et tant la musique, se revendiquant rock'n'roll à  tendance seventies, sonne presque toujours comme du heavy rock  californien des nineties. Il ne manque pas grand-chose, pourtant :  lorsque les tempos s'emballent, on se laisse embarquer de bon cœur. Le  son est plutôt bon, certaines compos tiennent franchement bien la route  et, d'une manière générale, ça joue bien. Le problème c'est que le  commentaire ne vaut que la moitié du temps et que durant l'autre moitié,  on baille. Difficile du coup de rentrer vraiment dans le concert,  l'appel du bar venant insidieusement à l'esprit à chaque titre un peu  plus faiblard.
Il est sans doute inutile ici de répéter en préambule tout le bien que l'on pense, depuis un moment maintenant, des Rebels Of Tijuana.  On est presque surpris de trépigner d'impatience, et encore un peu plus  de ne pas être les seuls. Il est déjà tard et pourtant, en quelques  minutes la salle est remplie. Pas à craquer, mais quand même. Que de  chemin parcouru pour un groupe ayant en tout et pour tout trois ans  d'existence et qu'à peu près personne ne connaissait il y a encore un an  et demi ! Mais il est vrai qu'entre temps, les Rebels ont changé de  dimension, et se sont même offert le luxe de publier l'un-des-sinon-le  meilleur EP(s) de cette année 2011. Et la scène ne fait que confirmer  que le statut de meilleur groupe de rock francophone leur pend  dangereusement au nez.
Beaucoup de classe, pas mal de morgue,  juste ce qu'il faut de sympathie : les Rebels Of Tijuana ont tous les  arguments nécessaires pour se mettre à peu près n'importe quel public  dans la poche en quelques secondes. De l'amusante 'Johnny Marr' à l'imparable 'Absorbé par le beat'  (leur meilleur titre ?), les compos sont remarquables et servies par  une sacrée énergie, peut-être un poil plus psychés que sur disque –  possible que ce ne soit qu'une impression. Énergie demeure le  maître-mot, et arrivé à 'Tellement fou de toi' on frôle la  surchauffe (mais il est vrai que, le concert ayant commencé très tard -  un pléonasme à l'Inter - la bière a coulé à flots au préalable). Ce sont  des choses qui arrivent souvent lorsque l'on connaît quasiment toutes  les chansons par cœur, et que celles-ci sont suffisamment fortes pour  donner envie de les reprendre en... chœur (et là encore, c'est un peu  plus qu'un simple point de vue personnel compte-tenu de l'euphorie que  déclenche 'Ma jaguar, ma femme et l'amour' dans l'assemblée). Manquait juste, peut-être, 'Les Filles d'Angleterre'.  Histoire d'emballer l'une des nombreuses jolies filles présentes. Mais  c'était beaucoup demander. Et puis ma femme était dans salle.
A la sortie, mon regard s'égare  mélancoliquement sur le stand de merchandising. Je me dis que  j'achèterai bien un disque, mais que je les ai déjà tous. Alors du coup,  je me prend un badge. Ça n'a l'air de rien, mais je ne suis vraiment  pas un gars à badge. Pour que j'arbore celui d'un groupe, il faut non  seulement que je porte son travail en haute estime, mais encore qu'il  constitue à mes yeux une forme de référence classieuse.
Quelque part, ce ridicule achat à 50 centimes en dit plus qu'une longue chronique.
 
