mercredi 6 avril 2011

So Long, Marie-Anne

De : Thomas Sinaeve
A : Marie-Anne Laïcité <1905danstaface@conseil-constitutionnel.fr>

Le : 04/04/11

Objet : Résiliation de mon abonnement




Madame Laïcité,

Vous voudrez bien excuser l'insolence de ma démarche, d'autant que nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps (très précisément depuis ce jour, il y a une vingtaine d'années au bas mot, où j'avais eu cette idée pour le moins stupide de porter une grosse croix en bois autour du cou pour aller au collège et où je m'étais fait engueuler par mes parents par votre faute). Je sais que nous avons parfois eu des relations tendues vous et moi, et je sais également que vous êtes pas mal débordée en ce moment. Néanmoins, je me permets de vous écrire car j'éprouve l'impérieuse nécessité de vous dire que je ne vous aime plus beaucoup. Alors j'imagine bien que venant d'un grand croyant comme moi, ça vous fait une belle jambe que je veuille résilier mon abonnement. Je vous demanderai cependant de bien vouloir lire cet e-mail jusqu'au bout, car je crois qu'il est certaines choses que vous devriez entendre, et que peut-être vos proches, intimidés par votre grand âge, n'osent pas vous dire.

Madame Laïcité tout d'abord, sachez bien que j'ai pour vous la plus grande admiration. On peut être croyant et laïque, voyez-vous, je sais bien que beaucoup de gens autour de vous prétendent le contraire, mais moi je sais bien que le monde ne serait pas pareil si vous n'étiez pas là, et la séparation des religions et de l'État, pour ne citer que cette notion fondamentale dont vous vous faites la garante, ça n'est pas la moindre des notions à mes yeux. Néanmoins, et j'en viens aux raisons qui m'amènent à ne plus beaucoup vous aimer, je soupçonne que vous vous faites légèrement enfumer par certains de vos conseillers. Vous n'êtes plus toute jeune, je n'irai pas jusqu'à dire que vous êtes victime d'abus de faiblesse, mais il me semble assez évident que Monsieur Copé, pour ne citer que lui, abuse de votre tolérance et profite de ce que vous êtes très occupée pour parler en votre nom et vous faire dire n'importe quoi. Moi, ça me choque un peu. Il est vrai que ce Monsieur Copé, comme beaucoup de ses amis, souhaite inlassablement repousser l'âge du départ en retraite. Mais ne trouvez-vous pas suspect que parmi tous les piliers de notre pays, vous soyez à la fois le plus ancien et celui dont on discute le plus ? Il me semble qu'à votre âge, éminemment respectable et largement de raison, vous devriez être bien ancrée dans les mœurs ; que l'on ne devrait certes pas remettre en cause votre autorité, mais que l'on ne devrait pas plus éprouver le besoin de la réaffirmer à tort et à travers.


Vous êtes encore belle pour votre âge, et c'est précisément pour cela qu'il m'est insupportable de voir tant de gens essayer de vous "refaire la façade" (vous me passerez l'expression), à grand coup d'islamophobotox et de silly-conne. Tout cela n'aboutit qu'à une seule chose : vous donner l'air d'un fake. Je n'ai jamais fait refaire mes seins, je le reconnais, mais il paraît que l'on y perd pas mal de sa sensibilité. J'ai l'impression que pour vous, c'est un peu pareil : à force de vous voir passer sur le billard, pour mieux vous exhiber un peu partout et à tout bout de champ, je dois bien avouer que vous ne me faites plus des masses d'effet. J'en viendrais même, parfois, à être un brin irrité lorsque j'entends votre nom, qui charria pourtant durant des décennies un idéal d'une beauté et d'une noblesse incomparables. Vous vous souvenez peut-être du jour où Monsieur Sarkozy, Président de notre République, avait déclaré qu'il voulait inaugurer la "laïcité positive". Je crois savoir que cela vous avait foutue en rogne, et à juste titre. Mais n'avez-vous pas l'impression qu'il a fait exactement le contraire, et que votre nom n'est désormais plus brandi que dans un contexte où il sonne systématiquement de manière négative ?

Réfléchissez une seconde : quand êtes-vous contactée, en 2011, et pour trancher quels genres de litiges ? Des histoires de burqa, niqab et compagnie. Des histoires de prières de rues, de mosquées ou pas. Des histoires d'Islam la grande majorité du temps, apparemment cette religion vous occupe plus que les autres. Cela ne vous choque-t-il pas que l'on ne fasse plus appel à vous que pour condamner, segmenter, diviser, ségréguer... persécuter ? Non ? Admettons que non et permettez-moi cette question, sans doute un peu provocatrice : si désormais vous condamnez, segmentez, divisez, ségréguez et persécutez, en quoi êtes vous finalement différentes de ces religions institutionnalisées dont vous étiez censée, aux origines, limiter le pouvoir ? N'avez-vous pas le sentiment que, mal conseillée, vous êtes tombées dans les mêmes excès, qu'il faudrait peut-être passer la main à une nouvelle génération qui serait chargée de la séparation de la laïcité et de l'Etat ? Je vous taquine, mais avouez que cette question est troublante.

Comprenez bien que je n'ai rien contre vous à proprement dire ; je pense - je peux me tromper - que vous êtes un peu la Michel Jonasz de la République : votre manager vous a dit que le téléchargement illégal de prières musulmanes vous coûtait 40 % de vos revenus annuels, c'est inchiffrable et vous ne sauriez même pas développer l'argument, mais bon... vous connaissez bien votre manager, vous le croyez - c'est bien naturel. Je vous demanderai simplement de réfléchir à ceci : quel est l'intérêt de votre manager dans tout cela ? Car s'il est votre manager, c'est sans doute qu'il vous aime bien (je n'en doute pas), mais c'est aussi parce que cela lui rapporte quelque chose ; d'une manière ou d'une autre, vous êtes son fond de commerce. Vous ne pouvez feindre de l'ignorer et vous devez, par le fait, adopter une position de distance vis-à-vis de conseils visant à l'enrichir électoralement. Dans tous les cas, je ne saurais trop vous conseiller de changer de publiciste. Votre image devient de plus en plus affreuse chaque année, et c'est moi qui vous le dis - moi qui ne suis qu'un brave gars de confession catholique. Si j'étais un jeune musulman, je pense que je vous haïrais : on ne me parlerait jamais de vous que pour m'emmerder et me faire passer pour un fondamentaliste !

Alors non, je ne vous aime plus beaucoup, et j'espère qu'à présent vous comprenez pourquoi. J'ai du respect pour vous comme j'en ai pour Ray Davies : je n'oublie pas tout ce que vous avez fait pour moi mais honnêtement, aujourd'hui, vous ne faites plus que de la merde, et encore de la merde qui, esthétiquement parlant, se situe aux antipodes de ce qui a fait votre gloire. Soyons sérieux deux minutes : l'Islam ne menace en aucun cas l'état de droit dans notre pays. Vous le savez, je le sais, tout le monde le sait - même Monsieur Copé. Alors pourquoi marchez-vous dans cette combine, alors qu'en sus de séparer les religions et l'État, vous êtes censée garantir la liberté de culte, et non servir d'inlassable prétexte à son entrave ?

Je vous invite à vous ressaisir de toute urgence, sans quoi les dommages seront si profonds qu'il sera trop tard.

Veuillez croire, Madame Laïcité, à l'expression de mes meilleurs sentiments républicains.

Thomas.

42 commentaires:

  1. Très, très bon édito, qui sous ses dehors d'exercice de style amusant, pose des questions des plus profondes.

    Vous mériteriez que Madame Laïcité vous réponde...

    BBB.

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  2. La première des choses à faire, serait déjà de rappeler à tous ceux qui brandissent le terme par monts et par vaux qu'il y a une différence fondamentale entre laïcité et Athéisme.

    Ensuite, ce que je trouve de particulièrement puant dans ce pseudo-débat, c'est qu'il sous-entend une sorte de volonté de... "réfomer" les lois en fonction du moment. Cette loi a certes plus de 100 ans, et pourtant, elle est toujours aussi judicieuse, parce qu'elle a été réfléchie, écrite de façon à durer... Pas un truc à la va-vite comme ce qu'ils nous font passer depuis quelques années. Surement pour ça qu'ils se sentent obligés d'en discuter: ils ne savent pas comment on fait pour légiférer dans l'absolu, et non pas en réaction au dernier fait divers..

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  3. en plus en terme de sens, reformer la loi de 1905, ça veut pas dire grand chose... La laïcité, c'est la laïcité. C'est un concept. On sépare la Religion de l'état. Ca s'amende pas. c'est du tout ou rien, finalement : soit on est laïc, soit on ne l'est pas.

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  4. Etant aussi un catho laic, je ne pouvais que souscrire à cet edito, mais je m'incline une nouvelle fois devant la forme (et le dessin de Alf). Ma reflexion préférée, qui commence à se faire entendre dans le débat, est celle ci:
    "N'avez-vous pas le sentiment que, mal conseillée, vous êtes tombées dans les mêmes excès"

    Au sujet de l'Islam, c'est une religion qui oblige à s'interroger sur la laicité, car plus visible que d'autres (et de plus peu présente en France en 1905). Il y a de nombreuses questions à se poser, de quoi discuter, de quoi mener un débat important et riche. C'est pour ca d'ailleurs qu'il est si rageant de voir ce débat confisqué à des fins electoralistes foireuses et dangereuses.

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  5. PS: c'est amusant, tes editos suivent régulièrement la ligne éditoriale de mon hebdomadaire, La Vie (celui de cette semaine est justement consacré à la Laicité). Je ne sais pas si tu as une opinion sur ce journal, meme si je ne suis pas toujours d'accord avec eux je trouve qu'ils ont un bon recul sur l'information, avec des articles de fonds bien réfléchis, et une parole laissée à chacun (dans ce numéro, Hammond et Coppé, justement). Il y a aussi de très bons editos, comme celui de JC Guillebaud

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  6. "Au sujet de l'Islam, c'est une religion qui oblige à s'interroger sur la laicité, car plus visible que d'autres" : ca justement, je n'en suis pas certain...

    je ne vois pas en quoi l'augmentation du nombre de musulmans en France peut poser un problème à la laïcité. Voir 2/3 barbus se balader dans la rue à proximité de la grande mosquée de Paris, je vois pas où est la gêne. La question qui pourrait eventuellement se poser, c'est celle des prières de rue, et du manque de lieux de cultes, et le problème de leur financement par la communauté publique. Mais de la à débattre sur la laïcité...
    d'ailleurs le truc le plus puant, c'est que le fond du débat, c'est pas la laïcité. c'est l'Islam. Ces méchants barbus avec leurs femmes empaquetées qui viennent violer nos poules et voler nos enfants (ou le contraire).

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  7. "Au sujet de l'Islam, c'est une religion qui oblige à s'interroger sur la laicité, car plus visible que d'autres (et de plus peu présente en France en 1905). "

    Que l'islam soit plus présent en France qu'en 1905, aucun doute là-dessus. Que ce soit une raison justifiant de s'interroger sur le sujet, loin d'être d'accord. En tout cas, surement pas une raison de s'interroger sur la forme de la loi de 1905, qui assure juste à chacun sa liberté de culte.

    Les grands pontes actuels passent leur temps à disserter sur l'égalité entre les cultes. (Et accessoirement, la piétinent allègrement.) Et la seule égalité dont l'état doive se préoccuper à cet égard, c'est l'égalité entre les traitements accordés aux différentes religions, i.e. aucun, normalement.

    Après, e fait est qu'avec un mec comme Guéant (et ses sorties fabuleuses) en ministre des Cultes, on est pas sortis de l'auberge.

    La laïcité, c'est un mode de fonctionnement: c'est une notion même pas abstraite, ça se caractérise par des actes.
    Pas une vision totalement absurde dont il faudrait discuter des années.

    Leur problème, c'est pas la laïcité. C'est la façon de l'appliquer. Mais ils préfèrent utiliser de grands mots et des belles notions pour jouer sur un "sentimentalisme républicain" absurde.

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  8. remarque, on en peut-être plus pour tres longtemps, de Guéant. S'il est condamné, il va surement s'en aller (comme Hortefeu...) ^^

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  9. Ray Davis en roi de la pope, j'aime bien ^^

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  10. Guic: oui, débattre sur l'égalité est stérile et dangereux (cf Dieudonné et son égalité de mémoire des victimes Shoah / esclavage). En revanche tu parles de liberté de culte, c'est bien là qu'il faut une reflexion sur le sujet, au moins en expliquant en quoi laicité = liberté. La question se pose quand il y a confrontation entre la pratique d'une religion (et tu fais bien de parler d'actes) et la loi (donc l'état). L'Islam me semble la religion qui pose le plus la question, je pense notamment au port du voile. Si on va directement à la conclusion (Dura Lex Sed Lex) sans pédagogie, il y a risque de braquer les gens...

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  11. laicité = liberté de culte, sans que l'état ne se mêle de ta pratique

    avant la loi sur la burqa, qui cible explicitement les musulmans, la loi précédente stipulait que les signes distinctifs de religion étaient interdits en particulier dans les écoles : crucifix de 2 pieds de long, kippa, voile, turban sikh. ca n'était pas discriminatoire pour une seule religion.

    et en quoi la pratique de l'islam s'oppose à la loi française?

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  12. je n'ai pas la réponse, car je ne connais pas suffisament le sujet. mais ca m'interesserait d'avoir la réponse, c'est là où je voulais en venir.

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  13. le port du voile ne pose pas de pb en termes de loi... sauf si ça met la vie en danger (conduite...) ou si ca ne permet pas l'identification (comme les lunettes sur les photos d'identité).

    je pense pas que l'état doive légiférer sur la burqa. la loi ne résout pas le problème. elle l'aggrave, même.
    sinon, on doit s'attaquer à tout ce qui existe dans les religions et qui brime... par exemple, chez les juifs orthodoxes, la femme ne doit pas montrer ses cheveux en public. elles portent donc des perruques. Si on légifère sur la burqa, pourquoi pas la dessus?

    si l'état commence à s'immiscer dans la vie religieuse des gens, il n'y a plus de bornes.

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  14. "laicité = liberté de culte, sans que l'état ne se mêle de ta pratique"

    Non. C'est le "principe excluant les Églises de l'exercice du pouvoir politique ou administratif, en particulier de l'organisation de l'enseignement public". Si les choses se passent bien, ça peut induire la liberté de culte... Mais le contraire peut aussi bien être sous-entendu de cette définition.

    Sinon, merci Thom (il y a quelque chose de solennel dans la façon dont je le dis, sache-le :p)

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  15. Xavier,
    le "débat" n'aura servi à rien si l'on continue d'associer sans préciser une religion dans son ensemble (l'islam) à certaines manifestations qui sont le fait de quelques centaines de personnes (parmi 2 à 3 millions de croyants)

    le voile, la burqa, pour se limiter à ces exemples, ne sont pas plus portés que les vêtements de curés et de nonnes, ne sont pas plus portés que la kipa, etc.
    La question a toujours été l'islam, depuis le début, depuis la question du voile en 1989 jusqu'à aujourd'hui.

    plus de 20 ans de matraquage,
    et toujours la même stratégie, diaboliser les vilains musulmans, diviser la population, dresser les uns contre les autres.

    La question des lieux de culte est spécifique, parce qu'en 1905 les églises étaient déjà suffisamment nombreuses (le nombre de pratiquans n'a fait que décroître) pour que la question de la construction ne se pose que rarement.
    Cela dit des églises et cathédrales ont été construites (celle d'Evry par exemple) sans soulever le millième de contestation des rares projets de mosquées qui correspondent, eux, à une pénurie considérable.

    La question des lieux de culte et leur financement peut être traitée à part sans avoir à diaboliser qui que ce soit. Ce n'est pas le choix qui a été fait..

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  16. des lois supplémentaires, effectivement, ne feraient que dénaturer celle de 1905 qui a fort bien fonctionné jusqu'à présent, et il n'y a pas de raison que cela change. C'est je crois le sens de l'article de Thom, qui dénonce la manière qu'ont les politiciens de brandir la Laicité afin de faire passer des lois visant à réduire les libertés, si possible d'une certaine catégorie de personnes...

    En revanche des bornes, il y en a forcément. je vais me faire l'avocat du diable (très dangereux dans ce genre de débats), mais le problème s'est très récemment posé avec Mayotte. Quid des polygames de l'ile qui sont aujourd'hui soumis à la loi francaise? L'état est obligé d'y mettre le nez, non? (d'ailleurs je sais pas ce qui a été décidé...)

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  17. Arbobo: j'avais loupé ton commentaire, je suis bien d'accord avec toi. c'est bien l'intention derrière le prétendu débat qui est puante et dangereuse.
    Le pire c'est que dès qu'on soulève le sujet pour en apprendre un peu plus, ou voir comment améliorer certains problèmes (le manque de mosquées semble en etre un), c'est immédiatement récupéré et on est entrainé malgré soit dans des discussions qui ne menent à rien...

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  18. les bornes, c'est l'hygiène (probleme de l'aïd), ou le trouble à l'ordre public. ce sont des lois qui sont là en dehors de toute considération religieuse. comme la loi sur la polygamie. Tout le monde est concerné par les pbs d'hygiène ou de polygamies. alors que la burqa, ca vise les musulmans, uniquement.

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  19. finalement, le seul point qui mérite un vrai débat, c'est la construction de mosquées, comme le mentionne arbobo

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  20. super édito comme d'hab, mais je sais pas si tu te plantes un peu car le problème me semble t il, ce n'est pas la laïcité, c'est son invocation pour des choses qui n'ont strictement rien à voir avec et même qui sont son contraire. Pour un juriste en droit public ça me semble évident mais bon c'est sûr que rien n'est fait pour clarifier le débat et plus on en parle et moins les gens n'y comprennent rien.

    D'ailleurs la loi sur le voile intégrale ne parle pas de laïcité. Et l'interdiction de port de signes religieux à l'école n'a d'ailleurs rien à voir non plus avec la notion de laïcité (elle ne figure pas dans la loi de 1905 d'ailleurs). Idem pour les prières de rue, qui n'ont rien à voir avec la laïcité.

    La laïcité, c'est à dire simplement la neutralité de l'Etat vis à vis des religions, dans les divers débats actuels, concernerait seulement le financement public de lieux de cultes. Et c'est qq chose proposé par le gouvernement et pas par les organisations musulmanes.

    Donc dégueuler sur les propositions et discours immondes du gouvernement, avec plaisir, mais pas touche à la laïcité! :-) Car tout ce qui agite les médias depuis Sarkozy et depuis même 1989 avec l'avis du Conseil d'Etat comme le rappelle Arbobo. D'ailleurs dans cet avis, le CE disait bien que le port du voile ne portait pas atteinte à la laîcité, mais seulement son caractère ostentatoire pouvait porter atteinte à la dignité ou la liberté des autres élèves, et au bon fonctionnement de l'école. Tout ça est vrai, on voit bien que les encadrement des pratiques ou discours religieux ( sans doute nécessaire car la liberté de culte doit être balancée avec les autres libertés) n'ont rien à voir avec la laïcité.

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  21. Boebis: du coup c'est moi qui me plantes, et non Thom...

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  22. Je vous répondrai plus longuement dans la soirée mais effectivement, cet article ne parle que de ça - l'instrumentalisation de la laïcité. Ainsi que, dans la veine de l'article "Do You Speak le France 2010?", de la manière dont l'UMP est en train de totalement faire dévier la notion de son sens. Il ne faut évidemment pas prendre le "je ne vous aime plus beaucoup" au pied de la lettre ^^

    Et sinon, comme l'a précisé Boebis, il faut effectivement rappeler avant de partir dans de longs débats que la loi de 1905 n'est pas exactement relative à la laïcité (je me demande même si la définition contemporaine de ce mot n'est pas postérieure), mais bien à la stricte séparation des églises et des états, et à la non-ingérence de l'un dans l'autre. Le meilleur exemple de cela, c'est ce qui dit Kalys : la laïcité n'est pas égale à la liberté de culte ; en revanche, la liberté de culte est bien garantie par l'Article 1 de la loi de 1905. CQFD :-)

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  23. Très bon article, merci. Je partage complètement ton point de vue!

    Et sinon je suis contente d'apprendre que tu ne t'es jamais fait refaire les seins ;) (un peu de futilité dans le débat, ça fait du bien).

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  24. Très bon édito comme d'hab. La laïcité c'est quand même vachement un problème franco-français je trouve. Faut toujours qu'on se monte le bourrichon avec nos fameux idéaux et piliers de la République, c'est agaçant.
    Y'a plein de pays qui ne sont pas à proprement parler "laïcs" et qui pourtant garantisse la liberté de culte. Comme beaucoup de gens l'ont dit, il y a un amalgame entre ces deux notions assez gênant dans les discours politiques.

    Cela dit je ne suis pas tout à fait d'accord avec ceux qui disent qu'on ne peut pas "réformer la laïcité". En théorie, oui c'est un concept, une pratique, on peut pas la changer. Pourtant il suffit de voir le nombre de rapports entre Eglise et Etat qui existent dans le monde pour se rendre compte que le nôtre n'est pas (et ne doit pas) être considéré comme une évidence.

    Enfin, et là je vais faire mon pointilleux parce que je suis chiant, la loi de 1905 c'était surtout un moyen de mettre fin à des tensions insoutenables entre la France et le Vatican à cause de quelques radicaux qui se sont mis à saccager les biens du clergé (je caricature à peine). D'ailleurs c'est souvent comme ça pour les lois sur l'Eglise. Donc certes, c'est une loi sensible, mais le contexte dans lequel elle a été créée est bien dépassé aujourd'hui, donc elle n'est pas si "intouchable". Quoique je serais du genre à penser que c'est bien la dernière des choses dont on a besoin que de toucher à cette loi.

    Ces petites précisions éloignent du sujet de toute façon, qui n'est pas tant la laïcité en France et la nécessité de la réformer que l'usage qu'on fait de cette notion, qui est vraiment affligeant, et j'en profite pour rappeler que je trouve cet édito très bon.

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  25. Le plus gênant dans ce vrai-faux débat sur la laïcité / la loi de 1905 c'est qu'on en revient toujours à parler de faux problèmes (la burqa et ses quelques centaines de porteuses) ou de problèmes qui ne devraient pas exister (oui, il est urgent de construire des lieux de culte pour les musulmans, pourquoi a-t-on attendu ?) alors qu'il y a des phénomènes bien plus sérieux et importants par le nombre de personnes concernés comme la non reconnaissance de la légitimité des fonctionnaires féminins ou le refus de certaines activités scolaires qui sont restés "cachés" depuis 20 ans.

    Excellent billet comme d'hab, cela dit...

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  26. Monsieur Sinaeve,

    Je suis au regret de vous informer que votre abonnement n'est pas résiliable. En tant que citoyen français, vous vous devez de souscrire à notre pack laïcité 2011 dont la composante "attention aux barbus" n'est, je tiens à le rappeler, pas en option. La France, tu l'aimes ou tu la quittes. Et la France est laïque. Donc, si vous souhaitez réellement résilier votre abonnement, nous nous verrons dans l'obligation de nous séparer de vous (rassurez-vous, cela se fera à nos frais, nous avons plusieurs convois de roms et de maliens prévus pour les mois qui suivent, et vous aurez la possibilité d'embarquer avec eux).

    Nous espérons que vous reviendrez sur votre décision car, sachez qu'en tant que catholique laïc, vous serez toujours le bienvenu chez nous.

    Bien cordialement,

    Marie-Anne

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  27. Melou >>> ce qui ne veut pas dire que toutes mes pièces sont d'origines, tu noteras :-)

    Joris >>> tu as raison pour le contexte, mais en même temps la quasi totalité des lois ont été écrites dans un contexte donné, pour répondre à des problèmes donnés, en laissant la question suffisamment ouverte pour que les générations suivantes puissent s'en servir. Je ne crois pas que revenir sur le contexte serve à quoique ce soit : la loi de 1905 défend des principes clairs et nets, qui n'ont rien de "démodés", je dirais même que c'est une bonne loi bien écrite et bien conçue, ce qui est loin d'être le cas de toutes...

    GT >>> moi ça me pose pas de problème, j'ai toujours rêvé de visiter le Mali... mais bon, si vous commencez à virer les blancs, cathos aux yeux bleus, vous n'avez pas fini...

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  28. mmmmm quelle belle lettre, dame laïcité devrait être flattée...
    Elle me plait bien cette dame quand on ne lui refait pas la façade, j'ai vu ailleurs à quel point l'obligation de ménager la chèvre et le chou religieux entrainait des tas de problèmes autant pratiques que de principe...
    Et en tant qu'Athée revendiquée, si je me surprenais à souhaiter un truc, ce serait qu'on considère l'appartenance à une religion ou une autre ou aucune comme une question privée - je déteste les élus qui affichent leur religion comme si cela devait être pris en compte. Je trouve que rien que ça égratigne méchamment dame laïcité tiens - (Ah et que d'aucun arrête de se conduire en fils ainé de l'église et de traiter avec des autorités religieuses en considérant qu'elles sont par nature habilitées à représenter des gens qui ne les ont pas élu. mais bon je rêve là non ?)

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  29. @Thomas: Oui bien sûr, je suis d'accord, et d'ailleurs je vois pas l'intérêt de la changer. Je voulais juste nuancer les propos qui disent en substance: "Oh la la ça va pas de toucher à une loi conçue minutieusement, avec pondération et tempérance, le fruit de dizaines d'années de réflexion sur la laïcité, qui est le fondement de notre culture républicaine" et des tartines et des tartines... Alors que c'est pas vrai. Le fondement théorique de cette loi est tout à fait d'actualité, mais faut pas non plus croire que la laïcité en France ne tient qu'à cette simple loi de 1905. Et faut pas croire non plus que c'est la seule façon d'être laïc.
    C'est ce que je voulais dire en fait.

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  30. Ah mais Joris, je disais pas le contraire sur le contexte.
    Mais dans les faits, sur le papier, elle est quand même, effectivement, conçue avec minutie pour pouvoir être appliquée sur la durée.

    Pas pour être votée et jamais promulguée parce que d'ici là tout le monde aura oublié le sujet...

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  31. Je te visais pas particulièrement, mais après relecture c'est vrai que ça pouvait donner cette impression. Cette loi est effectivement bien rédigée et à mon avis n'a pas besoin d'être remaniée. Pour autant il ne faut pas la considérer comme une évidence intouchable.
    Enfin, elle ne porte pas la laïcité toute seule sur ses épaules, car laïcité signifie "distinction entre Eglise et Etat" et pas "séparation".
    J'voulais juste dire qu'il ne faut pas lui donner trop d'importance, juste parce qu'elle a 100 ans et qu'aujourd'hui on nous bassine avec la laïcité.

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  32. Oui, évidemment elle reste volontairement large ; tu as raison de rappeler le contexte, mais Guic' n'avait pas tort non plus de rappeler qu'on avait eu le temps de la penser. Pas en tant que loi, mais de penser la laïcité en temps que concept (ça traînait dans les cartons depuis les Lumières, quand même... certains ajouteraient même que la laïcité était déjà questionnée dans la Grèce antique). Quand cette loi a finalement été promulguée, ce n'était tout de même pas une loi opportuniste sur un sujet qui venait de sortir :-)

    En revanche, là où je suis totalement d'accord, c'est qu'en effet, la laïcité ne doit pas être sur-sacralisée. D'ailleurs, il me semble que la plupart des pays du monde ne sont pas laïques (il faudrait vraiment essayer de trouver un chiffre) et qu'ils ne s'en portent pas forcément mal (vis-à-vis des cultes, l'Angleterre, les USA ou l'Espagne, qui ne sont pas stricto sensu des pays "laïques", sont mêmes bien plus tolérants que nous, sans doute paradoxalement parce que le fait d'être emprunt d'une culture religieuse permet de mieux comprendre non la culture religieuse de l'autre, mais le principe de cette culture...)

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  33. En ce qui concerne les Etats Unis et le Canada (ailleurs je ne sais pas), la non-laïcité pose quand même de sacrés problèmes, notamment par le fait que les différents cultes se mêlent des matières enseignées à l'école et peuvent s'opposer à ce que certaines choses soient enseignées ou imposer certaines pratiques - minute hallucinante : à Montréal une famille Sikh a intenté un procès pour que son fils puisse porter le poignard rituel à l'école parce que c'est le signe de sa majorité religieuse (si je me souviens bien). Bon les choses les plus ostentatoires ne sont pas les plus pernicieuses (quoiqu'elle puisse être dangereuses quand même !).

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  34. dans la pérennité de cette loi,

    il y a un angle aveugle, assez typique de la pensée française, une forme de pensée magique qui voudrait que la déclaration d'un principe règle ipso facto son application (c'est dingue comme j'écris bien, je devrais bosser pour le recueil Dalloz...).

    exemple : déclaration de 1789, mais égalité des droits civils pour les femmes en... 1944, voire 1957 si on considère le droit d'ouvrir un compte en banque sans l'accord exprès du mari

    exemple : égalité des droits, loi de 1972 contre le racisme (en fait un amendement de la loi de 1881 sur la liberté de la presse), mais rien n'est fait pour assurer des conditions de vie et de travail digne aux immigrés, aux rapatriés, ou leurs descendants.

    l'histoire est écrite par les vainqueurs, c'est bien connu, et ce sont ceux qui sont au pouvoir qui accordent des droits à ceux qui en ont moins (du pouvoir comme des droits), en résumé la bourgeoisie mâle blanche. Non je ne dérive pas tant que ça du sujet du jour, vous allez voir.

    C'est le paradoxe français,
    d'un côté une sacralisation du principe d'égalité (ce dont je me réjouis), entendu comme norme juridique,
    de l'autre une cécité aux inégalités réelles (la loi sur la parité est un contre-exemple, mais elle est d'année en année vidée de son contenu), comme si l'égalité de principe décrétée en 1789 renvoyait exclusivement à la responsabilité de chacun pour son propre sort.

    la loi de 1905 entre dans ce cadre : elle a divisé (la fameuse caricature du repas dominical : "nous n'en parlerons pas" suivi du pugilat "... ils en ont parlé"), elle a été combattue, et toute idée d'y revenir ne peut être envisagée. Puisque les questions ne peuvent plus être posées, on considère donc que l'application que l'application ne pose pas de problème, DONC les musulmans qui prient dans la rue sont des provocateurs et des fauteurs de trouble, CQFD.
    Il ne saurait y avoir de revendication légitime puisque, pour pouvoir refermer la cocote, on a fini par considérer la loi en son état comme pure et parfaite. Donc tout ce qui vient rappeler les défauts de la réalité est combattu comme une inacceptable remise en cause... du principe de la loi.
    C'est sophiste, mais psychologiquement ça s'explique plutôt bien. Et ça correspond au ressort utilisé par notre chef entre tous : dresser contre une minorité plus récente le erste de la population afin d'alimenter chez cette dernière un sentiment d'unité.

    finalement, au fondement du mal il y a la croyance, digne de l'Ancien régime, que la loi est parole divine et qu'elle s'applique par le seul fait d'avoir été prononcée (John Austin doit se retourner dans sa tombe de voir ainsi dévoyée la performativité du langage).

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  35. juste une dernière couche : les juristes sont les premiers à dénoncer "l'inflation législative", Sarkozy combat la délinquance non pas grâce au travail policier de terrain mais en faisant une loi tous les 16 à 18 mois (il ne fait en cela qu'accentuer un travers entamé avant lui), etc.

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  36. yueyin >>> entendons-nous bien, je n'ai absolument pas dit que ça ne posait pas de problèmes. J'ai dit que ces pays n'étaient pas pour autant moins tolérant que le nôtre, et l'étaient même plus par bien des aspects. Ce n'est pas du tout la même chose ^^

    Arbobo intéressant, ce démontage psychologique !

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  37. extraits d'un très intéressant interview d'Emile Poulat, spécialiste de la loi 1905, sur La Vie:

    "si le débat revient, c'est au sujet de la situation de l'Islam en France. Mais il ne me semble pas que cette religion pose un problème de laicité. Comme tout citoyen, les musulmans bénéficient de la liberté absolue de conscience. Que je sache, personne ne souhaite les priver de cette liberté et ils ne demandent pas à en priver les autres francais. Si l'on s'en tient à la définition juridique de la laicité, la présence des musulmans en France ne pose pas de difficultés."

    "selon mon recensement, la loi de 1905 a déjà été modifiée 50 fois, 13 fois en la nommant explicitement, les autres fois sans y faire référence. Ces changements ont toujours été dans le sens d'un assouplissement du principe général."

    conclusion: "contrairement à ce qu'on peut entendre parfois, [la loi] se révèle plus souple qu'on le croit. A travers ses 50 modifications, elle a permi de faire face aux évolutions de la société. Elle offrira des solutions pour faire face aux questions soulevées par l'Islam... s'il existe une réelle volonté politique d'apporter des solutions concrètes et pragamatiques".

    cette interview aborde en 2 pages presque toutes les questions et débats de ces commentaires...

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  38. ah, merci xavier,

    j'en profite pour signaler qu'Emile Poulat a rendu un volumineux rapport à Sarkozy sur la loi de 1905,
    donc ce dernier sait très bien ce qu'il fait

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  39. Vraiment, merci beaucoup pour ce lien passionnant, Xavier.

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  40. Arbobo: penses tu que Sarkozy ait pris le temps de lire un rapport volumineux d'un spécialiste?

    Thom: de rien. je n'ai pas pu mettre véritablement le lien de l'article, car il est protégé, c'est dommage car il explique brièvement et simplement beaucoup de points débattus ici, comme la construction de mosquées par exemple...

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  41. xavier, ce n'est pas comme ça que ça se passe, les rapports sont épluché par le cabinet,
    qui le résume par écrit voire dans certains cas aussi oralement,
    le sujet étant cher à sarkozy (qui a mis en place le conseil national du culte musulman), il est impossible qu'on ne lui ait pas transmis les conclusions voire les analyses du rapport.

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  42. oui, ma question était ironique... ce que je voulais dire, c'est que les conclusions du rapport, il n'en tient compte que si elles vont dans son sens. si c'est l'inverse, il enterre le truc en prenant garde à ce que ca ne ressorte pas trop dans la presse. Non?

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