mercredi 9 mars 2011

Demain j'arrête.

...
[Taux de spoil : 30 %] Certaines séries sont comme de vieux copains de lycée que l'on continue à voir, envers et contre tout, même si l'on n'a plus grand-chose à se dire. C'est vrai qu'on s'ennuie parfois, en allant prendre notre verre hebdomadaire. C'est vrai que nos chemins se sont séparés et ne se croisent plus que très rarement. Mais on y est attaché quand même, peut-être parce qu'on est aussi attaché à un souvenir de nous-même.


Chuck a beau décliner à vue d'œil, je dois avouer que je n'arrive pas à l'abandonner. C'est presque risible : particulièrement déçu par la saison dernière, j'avais juré tous mes grands dieux que l'on ne m'y reprendrait plus. Cette année, je regarderais les cinq, six premiers épisodes... et je zapperai si le niveau ne remontait pas. Il n'est pas réellement remonté, comme on pouvait le craindre. Cette série avait déjà peu de ressources sur la ligne de départ ; avoir été "sympa et attachante" a constitué son apogée. On ne pouvait attendre aucun miracle, et le niveau n'est donc pas remonté. Mais il n'est pas redescendu non plus, et moi j'ai continué à regarder, par habitude (habitus ?) plus souvent que par envie - mais en y prenant toujours un certain plaisir. En fait, je ne sais plus trop ce que l'on peut sauver dans ce show. Je sais qu'on peut sauver des trucs, mais je ne parviens pas (plus) réellement à les identifier. C'est quoi déjà, les qualités du Chuck ? Un second degré permanent et agréable ? Mouais. L'intrigue principale est tout de même de plus en plus premier degré, l'aspect comique franchissant désormais rarement les portes du Buy More (et les Jeffster ne me faisaient déjà pas rire quand ils étaient drôles...). L'art de jouer avec les références de la culture geek ? Sans aucun doute, mais passé le plaisir (on ne va tout de même pas parler de bonheur) de retrouver Linda Hamilton et surtout l'excellent Timothy Dalton, force est de reconnaître que la série a tellement tiré sur la corde des guests depuis des années que ça n'est même plus surprenant (et à tout prendre, Scott Bakula ou Nicole Richie étaient dix fois plus cools, décalés, donc raccords avec l'esprit de la série). En fait il m'arrive de plus en plus en souvent de ne regarder Chuck que pour deux raisons : 1°) je veux voir si la série va réussir à illustrer toutes les définitions du jumping the shark dans la même saison ; 2°) je suis si stupidement et irrémédiablement attaché à son quatuor de héros que je ne peux pas décrocher. Je me moque pas mal de Chuck et de la quête de sa mère (intrigue principale officielle de la saison, au moins jusqu'à la moitié), autant que je me moque de savoir si Sarah et lui vont se marier et avoir beaucoup d'enfants (véritable intrigue principale de la saison), mais ne pas les voir chaque semaines me semblerait très curieux, pour ne pas dire que l'équilibre de l'univers pourrait s'en trouver dangereusement menacé. Et puis il faut dire ce qui est : quand Chuck parvient à être bien - et cela lui arrive encore occasionnellement - elle l'est vraiment. Ses personnages n'évoluent plus du tout (à part Morgan et Casey dont les relations suivent un axe assez inattendu et plutôt touchant), son racisme anti-français est de plus en plus marqué (je ne sais pas ce qu'on a fait à Josh Schwartz et McG, mais ils ont vraiment du mal à nous le pardonner), mais c'est pas grave, parfois ça tient quand même debout, même si la trame générale est de plus en plus risible.


En matière de risibilité, cela dit, Chuck n'arrivera sans doute jamais à la hauteur de Desperate Housewives. J'avais dit l'an passé quelle agréable surprise c'était de retrouver la série à un bon niveau. Il faut croire que Marc Cherry a une dent contre ce blog, puisqu'il vient très probablement de signer sa pire saison de depuis 2004. Et pourtant là aussi, je regarde quand même. Cela dit je ne suis pas le seul : ma femme également, et je pense d'ailleurs que sans elle j'aurais cessé depuis un moment, les premiers épisodes de cet énième plongée dans les suburbs ne m'ayant pas arraché le moindre sourire (ça s'arrange un peu après, heureusement). Il n'est pas interdit de supposer que ma femme souffre du même syndrome, avec Desperate Housewives, que moi avec Chuck. En moins marqué : elle a encore du mal à reconnaître que le niveau est en chute-libre ou que le sous-texte réactionnaire est devenu tellement épais qu'il en gène parfois le visionnage (bref, le sous-texte est devenu le texte, lorsqu'on nous explique sans rougir que la fille cachée de Gaby eût été bien plus heureuse avec sa mère riche qu'avec ses parents latinos et pauvres, donc en situation irrégulière ; ou lorsque précisément, la fille biologique la même Gaby s'avère être un mini-mannequin - nous voilà rassurés : la grosse et moche Juanita n'était pas la sienne, de gosse, mais celle d'une dame grosse et moche - et donc par conséquent pauvre... on se croirait vraiment dans AG&B). Il faut reconnaître quelques bonnes idées, notamment le retour d'un Paul Young en mode JR (la ressemblance dans le rictus est parfois troublante) qui, non sans jubilation pour le spectateur, fait ressortir sans se forcer ce qu'il y a de plus dégueulasse chez ses voisins. L'épisode "catastrophe" annuel est assez cinglant de ce point de vue, seul problème : tout cela a déjà été dit par le même Marc Cherry dans le même show depuis bien longtemps. Et pourtant on regarde quand même, parce que plus ou moins consciemment on est attaché à ces personnages. De moins en moins concernant certains (Susan aura tout fait cette saison pour attirer la compassion, mais on a juste envie qu'elle crève ; Gaby est tellement égoïste qu'elle n'en est plus supportable), mais d'autres, plus humains, moins peints à la truelle (les Scavo, Carlos, Bree et son nouveau Brian Austin Green de mec), demeurent agréable. On se fout des intrigues, bien sûr. On retrouve juste de vieux potes de lycée qui en ont un peu perdu. Et après tout pourquoi pas ? Ça peut être sympa parfois. Même s'il va bientôt être temps d'en finir, à défaut de voir ces shows à bout de souffle s'arrêter d'eux-même.

Et vous alors, quelles sont les séries dont vous savez qu'il faudrait arrêter mais vous n'y arrivez pas ?...


Chuck (saison 4), créée par Josh Schwartz & Chris Fedak (NBC, 2010-11)

 
Desperate Housewives (saison 7), créée par Marc Cherry (ABC, 2010-11)

23 commentaires:

  1. Le plus fascinant avec Chuck c'est juste que cette série soit encore à l'antenne alors que personne ne la regarde. NBC tient son nouveau Heroes ;)

    RépondreSupprimer
  2. "On retrouve juste de vieux potes de lycée qui en ont un peu perdu. Et après tout pourquoi pas ? Ça peut être sympa parfois. Même s'il va bientôt être temps d'en finir, à défaut de voir ces shows à bout de souffle s'arrêter d'eux-même."
    --> L'histoire des vieux potes, c'est bien ça. Comme je te l'avais écrit, c'est plus l'habitude, le côté routinier qui me fait y retourner.

    J'avais lu une rumeur selon laquelle ce serait la dernière saison des DH. Info ? Intox ?

    Chuck, j'ai abandonné au 1er épisode de la S3.

    Mes nanars dont je n'arrive pas à me débarrasser. Rien que 3 cette saison : Nikita, The Event & Chicago Code.

    (Big Love ... J'aurai finalement tenu le temps de 3 épisodes. Vraiment pas convaincu et pas convaincant !)

    RépondreSupprimer
  3. Ah oui, j'ai pas répondu mais pour moi aussi c'est The Event. Et V aussi (j'ai honte)

    RépondreSupprimer
  4. Merci pour ma culture générale, j'ai lu avec intéret la signification de Jumping the Shark, expression bien poilante (qui ferait un bon titre de chanson d'ailleurs). Nuking the Fridge est pas mal aussi :)

    Sinon moi le truc que j'arrive pas à arreter, c'est Eels....

    RépondreSupprimer
  5. quelles sont les séries dont vous savez qu'il faudrait arrêter mais vous n'y arrivez pas ?

    Sachant que je suis à peu près dans le même cas que toi (à savoir une série que je regarde seul, une avec madame, et que je devrais arrêter les deux...
    Mon Chuck, c'est Big Bang Theory
    Mon Desperate, c'est Glee.

    Et dans les deux cas, je vise quand même plus bas que toi ;-)

    RépondreSupprimer
  6. How I Met Your Mother, depuis pas mal de temps d'ailleurs, mériterait que personne ne la regarde...

    RépondreSupprimer
  7. Oui, pareil que Fringant.

    Et V aussi, oh là là, pourquoi je regarde ce truc :(

    RépondreSupprimer
  8. plaignez vous: je me suis surpris hier soir à regarder la fin de Top Chef alors que ma femme était DEJA allé se coucher depuis un moment :(

    RépondreSupprimer
  9. Bon, j'avoue, je finis toujours par regarder la saison entière de HIMYM en deux ou trois jours...

    Et je suis aussi toujours devant la télé le mardi soir vers 20h, quand Glee passe (mais bon, c'est peut-être un hasard, hein).

    En revanche, V, j'ai réussi à m'abstenir (je ne leur ai toujours pas pardonné le coup du logo en bas à droite d'un épisode de Lost l'année dernière).

    @Thierry : tu mets déjà The Chicago Code dans les nanars? Moi j'hésite encore, c'est pas si mal que ça, si? (ceci dit j'en ai raté un, et je me suis endormie devant un autre, c'est vrai que c'est pas très bon signe ;) )

    RépondreSupprimer
  10. @ Melou : The Chicago Code ...
    C'est quand même pas top, si !? ;-)
    J'avoue aussi y voir une bonne préparation à l'endormissement. Heureusement qu'il y a Delroy Lindo pour y apporter une dose de piment. Bon ok, j'aime bien aussi Wysocki.
    Mais je suis déçu par Jennifer Beals dont, je suis par ailleurs amoureux fou, même quand je sais que j'ai aucune chance (L word). Là, elle est pas vraiment top crédible.
    Je regarde l'épisode hebdomadaire en espérant à chaque fois avoir la révélation. Pour l'instant, j'attends encore !

    RépondreSupprimer
  11. The Event, mais cela peut être jouissif au second degré. Sinon j'avoue que je continue à regarder CSI et CSI:NY. Et j'aime ça :-)

    RépondreSupprimer
  12. En fait vous avez un peu dévié le sujet sur les plaisirs coupables... moi je vous parlais vraiment des séries qu'on regarde depuis des années, auxquelles on reste attaché contre tout bon sens, et qu'il faudra bien se résoudre à arrêter. Donc TBBT, HIMYM, CSI... mais des séries comme The Event ou Glee, qui n'ont même pas deux saisons complètes, ça ne peut pas entrer dans la même catégorie, il n'y a pas le même attachement.

    (cela dit c'était quand même sympa de vous voir vous fustiger en avouant regarder qui The Event, qui V... et Pretty Little Liars, personne ? ^^)

    RépondreSupprimer
  13. Moi !

    Et Off The Map aussi!

    Désolée :/

    RépondreSupprimer
  14. Off the Map ! Ah la vache ! :-))

    RépondreSupprimer
  15. Arrête, c'est très bien Off The Map. Quoi, tu me crois pas ? ;)

    RépondreSupprimer
  16. Personne ne parle d'Outcasts ? ^^

    RépondreSupprimer
  17. Je n'ai pas encore regardé mais ça ne saurait tarder. C'est bien ?

    RépondreSupprimer
  18. ça n'a pas l'air top.
    06/10 sur IMDB et des critiques de téléspectateurs assez négatives.

    http://www.imdb.com/title/tt1697793/

    Je ne pense pas regarder.

    RépondreSupprimer
  19. C'est un peu ce que je craignais...

    RépondreSupprimer
  20. Euh... (c'est le cas de le dire) Tu parles de la série que tu dois arrêter, c'est ça ?

    RépondreSupprimer

Si vous n'avez pas de compte blogger, choisir l'option NOM/URL et remplir les champs adéquats (ce n'est pas très clair, il faut le reconnaître).