jeudi 6 janvier 2011

The Leadership - Sauvé des eaux

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Le secret pour réussir un bon cocktail, c’est de savamment doser le mélange. On dit que c’est un secret, il s’agit évidemment d’une façon de parler : le secret n’est pas de savoir qu’il faut doser, mais de savoir exécuter ce mélange sans en mettre partout à côté.

Autant le dire, un groupe au nom aussi ronflant que The Leadership a plutôt intérêt à s’y connaître en la matière, sans quoi il s’exposerait à des railleries à n’en plus finir. A une autre période de l’année, moins avare en publication dignes d’attention, nous ne nous y serions probablement pas aventurés, tant sur le papier rien ne fait envie dans ce premier album. Le nom n’est pas intrigant, la pochette est moche… dans une fin d’année 2010 à fond la caisse, pétrie de très bons albums et de découvertes, on n’avait juste pas de temps à accorder à The Leadership. Exactement ce pourquoi on considère généralement que les albums sortis fin décembre appartiennent à l’actualité de janvier.


Car The Leadership, à la surprise générale, a de solides arguments pour mériter que l’on y retourne. A commencer par un frontman à la voix puissante et à l’interprétation pugnace, un son bien rêche et des chansons ("Thank You", "Little Black Book") qui tiennent étonnamment bien la distance. On pense immédiatement à Whiskeytown (en plus dur), ainsi que, de manière plus étonnante et plus éparse, à un Gun Club qui serait renconverti dans l’americana couillue ("Flesh & Bones").

Comme de juste, le dosage est très convaincant, mélange habile de country et de garage-punk (ce n’est pas une façon de parler : l’album a été enregistré dans un sous-sol), de blues (un peu) et de rock (beaucoup), sans être suffocant de personnalité (quoique…) mais affichant une belle cohérence et une incontestable efficacité. Pas de quoi changer des vies, certes ; mais pour un premier album (et pour un mois de janvier) un résultat plus qu’honorable, sinon prometteur. Dans le fond, on n’entend pas si souvent de vrais albums d’alt-country, carrés aux entournures et avec une authenticité si manifeste.


Frontiers, de The Leadership (2010)

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