lundi 8 novembre 2010

The Third Eye Foundation - Hell Can't Wait

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Certains titres, si l'on sait bien les choisir, valent mieux qu'un long discours. Pour son très attendu retour sous le nom de Third Eye Foundation, Matt Elliott a choisi de faire simple et éloquent : son nouvel album s'intitule simplement The Dark, et tout est dit ou presque. Un nom et une préposition qui claquent comme un manifeste, une déclaration d'intention autant qu'une mise en garde à l'attention des oreilles non-averties. Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir de vous fendre la poire durant les quarante-trois prochaines minutes.


L'ironie de la chose, c'est que si le titre annonce la couleur et que l'artwork peut éventuellement être pratique si vous ne savez pas comment calmer vos enfants, The Dark n'est pas un album si sinistre qu'on aurait pu le croire. Comparé aux derniers opus solo de l'immense Matt, il offre quelques beaux moments de lumière, comme ce "Closure" tout en délicatesse, qui vient rappeler que ce n'est pas pour rien qu'on avait qualifié son auteur, dans ces pages-mêmes, de "dernier grand romantique". Il parvient surtout à trouver, dès le premier (et meilleur) morceau, sa pleine légitimité, là où l'on pouvait raisonnablement craindre que la résurrection de Third Eye Foundation ne soit un recul pour un artiste qui avait à ce point élargi sa palette que, dix ans après Little Lost Soul, on ne voyait pas trop l'intérêt de re-prêter allégeance au troisième œil. Non, Matt Elliott n'a pas repris son ancienne identité pour resservir la même chose. Le contraire eût étonné ; la première écoute rassure tout de même plus qu'un peu. A sa manière, The Dark peut être vu comme la suite de plusieurs albums fantômes qu'Elliott aurait enregistrés et jamais publiés durant la dernière décennie. Une fois n'est pas coutume, le nouvel album d'un artiste que l'on apprécie s'avère exactement tel que l'on s'y attendait sans que cette remarque puisse être vue comme une critique.

Soit donc comme un compromis presque parfait entre l'œuvre solo d'Elliott et les travaux de Third Eye dans les années quatre-vingt-dix, les atmosphères arrachées à l'Europe Centrale et la drum'n'bass lancinante d'antan, le recueillement mélancolique et sensuel de la trilogie Songs et la contemplation synthétique du chef-d'œuvre Ghosts. D'autres s'y seraient cassés les dents, pris entre deux feux inconciliables. Pas Elliott, qui retrouve ses computers avec tristesse (donc bonheur) et évite tous les écueils, celui du vain caprice comme celui du pseudo retour aux sources. Après avoir publié un somptueux coffret en début d'année, puis très largement contribué au très dernier opus de Tiersen, l'auteur de "Gone" vient de mettre la touche finale à une année 2010 exceptionnelle. Même les vieux fans ne lui en demandaient pas tant.


The Dark, de The Third Eye Foundation (2010)

12 commentaires:

  1. J'imagine qu'il va entrer rapido et en force dans ton "best"...
    En tout cas, c'est le cas chez moi...
    ;-)

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  2. Très bel album, un peu hanté, parfois un peu limite, mais d'une exigence qu'il faut saluer.

    Bon retour.

    BBB.

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  3. c'est les chutes de little lost soul mais quelles chutes !

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  4. BBB. >>> parfois limite ?

    Diane >>> les chutes de LLS ? Tu es sûr ? Tu sors ça d'où ?...

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  5. Je l'ai encore peu écouté, mais j'avoue ne pas comprendre.
    J'ai l'impression que tu notes les fantomes de la trilogie de Matt Elliott qui trainent sur ce disque, mais qu'y a t il vraiment dans the Dark qui soit exceptionnel? N'eut été le nom Matt Elliott (et le superbe artwork), ce disque aurait il eu si bon accueil?
    Je vais plus l'écouter, mais peut etre auras tu quelques éléments de réponses à ces questions...

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  6. Je note les fantômes de ?... euh... non. J'adorais déjà Third Eye avant de découvrir les albums "solos" de Matt. J'adore cette drum'n'bass sombre, super poisseuse, qui te colle aux murs... Ghost est probablement mon album d'électro préféré de tous les temps...

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  7. Mais si j'osais : n'est-ce pas plutôt toi qui te l'est procuré en cherchant les fantômes des albums d'Elliott sous son nom ? Parce que The Third Eye Foundation n'est pas Matt Elliott, d'une certaine manière. C'est un autre projet, un autre nom... bien sûr il y a des accointances, mais cela reste de l'electro, et pas forcément la plus facile d'accès qui soit. J'aurais peut-être dû commencer par écrire ça...

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  8. oui, c'est exact. Il me manquait peut etre la clé Third Eye Foundation pour comprendre ton article (je ne connais pas le groupe), il n'empeche qu'à la lecture de celui ci (et avec les quelques autres commentaires qu'on m'avait fait sur the Dark), je m'imaginais complètement autre chose. J'avoue avoir été très surpris et décu qu'il n'y ait pas de chant. cela a été un révélateur en creux pour moi sur le fait que j'avais particulièrement apprécié voix et choeurs sur les albums de Matt Elliott. Meme musicalement, je trouve the Dark assez pauvre, et j'aidu mal à voir vraiment les accointances dont tu parles.
    il est clair que c'est très dur d'accès, mais Matt Elliott aussi (et pourtant j'ai adoré le titre "this mess we made").
    Bref, je dois etre encore dans le cas d'un album qui est si décalé par rapport à ce que j'en attendais que je suis décu. Peut etre arriverai je à dépasser ca à la longue. Sur Dark Night of the Soul, ca n'a pas vraiment été le cas....

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  9. La difficulté d'accès se mesure aussi au background de l'auditeur. Matti Elliott sous son nom c'est relativement difficile d'accès, mais ça l'est sans doute moins pour quelqu'un qui a l'habitude d'écouter de la musique folk que pour le fana de drum'n'bass qui suivait Elliott jusqu'alors :-)

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  10. Content que tu aies pu clamer tes enfants avec la pochette ^^

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