mardi 23 novembre 2010

Ernest Hemingway - Ce qu'ignorent les médiocres

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A quoi reconnaît-on un grand écrivain ? J'ai bien quelques idées, une poignée de théories, mais dans le fond je ne suis pas tout à fait sûr de le savoir.

En revanche, je sais à quoi on reconnaît un grand styliste : c’est un auteur qui écrit tellement bien qu’il pourrait vous recopier l’annuaire téléphonique que ça vous fascinerait encore. Un Bashung avec un stylo à la place de la voix, en somme.

De même que j’ai vibré à de nombreuses reprises en accompagnant Bukowski faire son tiercé – alors même que je n’ai jamais rien compris aux courses de chevaux , de même j’ai vibré dès les premiers pages de Death in the Afternoon, ouvrage sans pareil dans lequel Hemingway rend hommage à sa passion (de notoriété publique) pour la corrida. Inutile de préciser que l'on ne s'y préoccupe guère des débats qui ont pu animer l'Espagne depuis quelques années (rappelons que le parlement catalan a voté l'interdiction de cette pratique l'été dernier).  N'attendez pas de moi une opinion sur le sujet, je n'en ai aucune. Personnellement, la corrida, interdite, pas interdite, pratiquée, pas pratiquée... je m’en tamponne. Je n'ai même jamais assisté à une corrida de ma vie. C’est bien là le génie de Hemingway : m’avoir tenu en haleine durant des heures avec une histoire (et un contexte, et un sujet) dont je n’avais strictement rien à faire. Juste là, comme ça, par la magie de ses mots, par la magie de ce style parfait s’inscrivant dans la longue tradition du souvent imité/jamais égalé. C’en est presque complexant : une bonne moitié des auteurs contemporains se ridiculisent à force d’essayer de faire du Hemingway. Je tairais les noms, mais j'en soupçonne même quelques uns de ne s'être intéressés à la corrida que par mimétisme, comme d'autres vont aller faire un pèlerinage à Colombey-les-deux-églises. Je suis sans doute mauvaise langue. Sûrement.

Alors oui, d’accord : 400 pages et des poussières rien que sur la corrida, ce n’est pas non plus le livre du siècle. N’empêche : ces 400 pages sont vivantes et vibrantes, passionnées et passionnantes. Si on écrivait un seul livre de ce niveau sur une de mes passions à moi, je m'estimerais le plus heureux des hommes. Quel dommage que le vieux Hem n'ait jamais rencontré Bob Dylan...


Death in the Afternoon [Mort dans l'après-midi], d'Ernest Hemingway (1932)
 

6 commentaires:

  1. "De même que j’ai vibré à de nombreuses reprises en accompagnant Bukowski faire son tiercé – alors même que je n’ai jamais rien compris aux courses de chevaux"

    Ah ah ah, je vois tout à fait de quoi tu parles ;D

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  2. Ah ah... ça te dit un petit PMU dimanche prochain ? ;-)

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  3. Je croyais que c'était ici le PMU ^^
    Cela dit, ça me branche, surtout si t'as un "tuyau qui vaut son pesant de crottin" ;D

    C'est marrant, je suis en train de lire "Asakusa kid", un récit autobiographique de Takeshi Kitano (ça n'évoque qu'une brève période de sa vie, quand il s'initie au métier de "fantaisiste" vers 25 berges), dans lequel les relations avec son "maître" sont particulièrement savoureuses. Hier soir, j'en étais au chapitre où Kitano s'occupe... des paris aux courses du maître (et détourne le fric pour d'autres paris, persuadé que ceux du maître sont aberrants^^).

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  4. Tu essaies de me dire quelque chose à propos de la mise que je t'ai demandée dimanche dernier, c'est ça ?...

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  5. Peu peu peu, je te vois venir Thomas, avec tes gros sabots : si tu veux que je t'appelle "Maître", tu peux te gratter ^^

    (sinon, un de ces jours, faudra que je me mette à l'Ernest...)
    (c'était le sujet de ton article à la base, non ?)
    (j'ai un doute, là)
    (je viens de penser que "Maître Sinaeve Thomas", ça fait MST)
    (sur ces bonnes paroles, je vais finir de trier mes 12 mètres cubes de paperasse)
    (palpitant, n'est-ce pas ?)

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  6. Maître ? Ne m'insulte pas, je suis au moins roi ! :-)

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