vendredi 15 octobre 2010

La Petite Malika - Conte moderne

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Quatre mains pour un livre, et un destin unique (quoique), celui de la petite Malika (c'est ainsi qu'on l'appelle), que l'on suit de la prime enfance à l'âge adulte, de la découverte du monde à l'accomplissement personnel, selon un schéma narratif simple (une vignette par an) mais dont l'efficacité n'est plus à prouver. Malika qui aurait aussi bien pu se nommer Matilda tant la jeune surdouée, isolée dans un univers qui peine à la comprendre, rappelle immanquablement l'héroïne de Roald Dahl - l'aspect délibérément intemporel (ou plutôt multi-temporel, puisque les indicateurs y sont si nombreux et contradictoires qu'il finissent pas s'annuler) et le côté fable n'y sont pas pour rien.

On connaît bien Mabrouck Rachedi par-ici, auteur de romans attachants souvent évoqués dans ces pages, et accessoirement ami de la famille ; on connaît moins sa sœur Habiba Mahany, mais son Kiffer sa race a plutôt bonne réputation. Difficile dès lors de savoir qui a apporté quoi (eux-mêmes sauraient-ils le dire ?) ; dans tous les cas, l'association des deux fait des merveilles et permet à cette fausse suite du Petit Malik de trouver son ton, parfois plus mélancolique, et son style, sans doute un peu moins cartoonesque. Le regard est toujours compatissant et tendre, plus taquin que sarcastique, comme s'il s'agissait de réunir tous les apparats de la satire sans jamais en écrire une. Cela fait la spécificité du récit, souvent très drôle, mais dont la méchanceté semble avoir été sinon bannie, du moins subtilement apprivoisée. Si c'est une remarquable qualité selon moi, je peux parfaitement concevoir que cela puisse être très irritant pour d'autres, qui n'auraient pas nécessairement tort.

Mais il y a quelque chose d'incroyablement touchant dans cette manière d'embrasser l'humanité et de croire en elle, pour mieux éviter les écueils que l'on sent poindre dès les premières pages (néanmoins excellentes, les premiers chapitres de La Petite Malika sont vraiment irrésistibles). Parce que la vision des deux écrivains est résolument optimiste et résiste à la dépression et au misérabilisme ambiants, on est aisément enclin à leur pardonner les quelques facilités émaillant leur roman, d'autant que celui-ci a l'intelligence, dans son dernier tiers, de traiter l'épanouissement de l'individu au sein du collectif sur le mode de l'acceptation (de là d'où l'on vient, de ce en quoi cela fait partie du nous) plutôt que sur celui - éculé - du reniement et de la rupture. La fin, d'une douceur extrême, arrive dès lors comme la proverbiale cerise sur ce gâteau dont on ne fait qu'une bouchée.


La Petite Malika, de Habiba Mahany & Mabrouck Rachedi (2010)

8 commentaires:

  1. Oh mais c tres joliment vendu tout ca! Et l article degage effectivement un optimisme certain (et en plus, des references a Matilda et a Roald Dahl?): J achete!

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  2. Ca me fait très envie, merci !

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  3. Je ne pense que ça ne pourra que vous plaire, les filles.

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  4. Un livre pour lutter contre la morosité ambiante + (comme le dit Elodie) les références à Matilda et à Roald Dahl = un passage obligé par la librairie la plus proche de chez moi !

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  5. J'en profite pour te signaler que l'article sur Elric est sorti pendant ton absence (pff... faudrait que tu me communiques ton agenda quand je te prépare des articles au poil ^^)

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  6. Très très bon livre ! merci !

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  7. Ce livre est vraiment très bon dans tous les sens du terme.
    merci pour ce conseil de lecture

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