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C'est un peu l'album mal aimé du Pop. Celui qui aurait pu faire un tabac s'il était sorti au moment où il a été enregistré, et qui finalement éclipsé par les imparables The Idiot et Lust for Life fit figure de pétard mouillé - ce qu'il n'était assurément pas.
C'est qu'en 1975, le comeback kid du rock en est déjà à tenter son second retour, passablement grillé dans le métier et comme qui dirait légèrement interné. Kill City, à l'origine, ce n'est que cela : une collection de démos assemblée de bric et de broc par le fidèle James Williamson sur lesquelles Iggy vient poser sa voix à la va-vite, le tout dans l'unique but de convaincre un label de signer les incontrôlables ex-Stooges. Ce qui n'arrivera jamais, en tout cas dans l'immédiat et sous cette incarnation. Peut-être aussi que le résultat était atroce, on n'en sait trop rien vu que les démos originales ne seront jamais intégralement publiées.
La suite de l'histoire est évidemment connue : Bowie ira chercher l'Iguane dans le caniveau, les Bewlay Bros publieront deux albums mythiques et Kill City sera repêché en 77, publié dans une version liftée dont le master sera rapidement égaré, promis à un bel avenir d'objet culte jusqu'à ce que Williamson, le même qui avait juré tous ses dieux que la musique c'était fini, accepte un gros chèque pour reprendre sa guitare et finisse par remixer la bête (pour la seconde fois, donc, si vous avez bien tout suivi). On le comprend un peu : à défaut d'être le meilleur disque sur lequel il ait jamais joué (Raw Power étant, on en conviendra, difficile à surpasser), Kill City est probablement le sommet de sa brève carrière - dans la mesure où il aura rarement été à ce point omnipotent sur un album. L'occasion où jamais de rappeler que cet étrange type aux airs d'ange exterminateur a été beaucoup plus qu'une simple pièce rapportée chez le plus grand groupe des seventies, ou un alter-ego parmi les dizaines qu'aura eu Iggy dans sa carrière.
Kill City c'est donc du Williamson tout craché, rock'n'roll solide, groovy, efficace. On est paradoxalement plus proche de Lust for Life que des Stooges, ce qui n'est pas réellement surprenant tant The Skull (son petit nom) s'échinait dès 1972 à organiser l'improbable bordel stoogien. Cela signifie aussi, hélas, que Kill City n'est pas suffocant d'originalité. Agrémenté d'un peu trop de cuivres pour être honnête, l'objet n'en renferme pas moins quelques titres costauds, dont évidemment le morceau éponyme (seul à avoir réussi à s'arracher à ce naufrage commercial pour devenir un classique du Pop), l'excellent 'Consolation Prizes' ou 'I Got Nothin'', chanson franchement glam et franchement entêtante (on suppute que les Guns'N'Roses l'ont beaucoup écoutée).
Le reste est plus souvent très bon que vraiment anthologique, mais quelque part l'histoire même de Kill City suffisait à justifier cette réédition, probablement plus intéressante que la énième de Raw Power (dont vous noterez qu'on l'a carrément snobée). Et puis cette nouvelle formule, malgré un sous-titre grandement risible (Restored, Re-mixed, Remastered... et quoi encore ? Re-fucked ?), n'est pas mensongère. Le son est vraiment chaud et agréable (grâce soit rendue à Ed Cherney, homme de l'ombre qui enregistra entre autres le Face to Face des Angels et l'Under the Red Sky de Dylan), mettant superbement en valeur la voix de l'Iguane, à l'époque où celle-ci était d'une splendeur pas toujours soupçonnable derrière le magma stoogien. La moindre petite ballade en est transcendée, certes pas au point de faire de Kill City le chef-d’œuvre qu'il n'a jamais été... mais suffisamment pour qu'il retrouve enfin, peut être, sa juste place dans la discographie d'Iggy Pop.
Kill City, d'Iggy Pop & James Williamson (1975)
C'est un peu l'album mal aimé du Pop. Celui qui aurait pu faire un tabac s'il était sorti au moment où il a été enregistré, et qui finalement éclipsé par les imparables The Idiot et Lust for Life fit figure de pétard mouillé - ce qu'il n'était assurément pas.
C'est qu'en 1975, le comeback kid du rock en est déjà à tenter son second retour, passablement grillé dans le métier et comme qui dirait légèrement interné. Kill City, à l'origine, ce n'est que cela : une collection de démos assemblée de bric et de broc par le fidèle James Williamson sur lesquelles Iggy vient poser sa voix à la va-vite, le tout dans l'unique but de convaincre un label de signer les incontrôlables ex-Stooges. Ce qui n'arrivera jamais, en tout cas dans l'immédiat et sous cette incarnation. Peut-être aussi que le résultat était atroce, on n'en sait trop rien vu que les démos originales ne seront jamais intégralement publiées.
La suite de l'histoire est évidemment connue : Bowie ira chercher l'Iguane dans le caniveau, les Bewlay Bros publieront deux albums mythiques et Kill City sera repêché en 77, publié dans une version liftée dont le master sera rapidement égaré, promis à un bel avenir d'objet culte jusqu'à ce que Williamson, le même qui avait juré tous ses dieux que la musique c'était fini, accepte un gros chèque pour reprendre sa guitare et finisse par remixer la bête (pour la seconde fois, donc, si vous avez bien tout suivi). On le comprend un peu : à défaut d'être le meilleur disque sur lequel il ait jamais joué (Raw Power étant, on en conviendra, difficile à surpasser), Kill City est probablement le sommet de sa brève carrière - dans la mesure où il aura rarement été à ce point omnipotent sur un album. L'occasion où jamais de rappeler que cet étrange type aux airs d'ange exterminateur a été beaucoup plus qu'une simple pièce rapportée chez le plus grand groupe des seventies, ou un alter-ego parmi les dizaines qu'aura eu Iggy dans sa carrière.
Kill City c'est donc du Williamson tout craché, rock'n'roll solide, groovy, efficace. On est paradoxalement plus proche de Lust for Life que des Stooges, ce qui n'est pas réellement surprenant tant The Skull (son petit nom) s'échinait dès 1972 à organiser l'improbable bordel stoogien. Cela signifie aussi, hélas, que Kill City n'est pas suffocant d'originalité. Agrémenté d'un peu trop de cuivres pour être honnête, l'objet n'en renferme pas moins quelques titres costauds, dont évidemment le morceau éponyme (seul à avoir réussi à s'arracher à ce naufrage commercial pour devenir un classique du Pop), l'excellent 'Consolation Prizes' ou 'I Got Nothin'', chanson franchement glam et franchement entêtante (on suppute que les Guns'N'Roses l'ont beaucoup écoutée).
Le reste est plus souvent très bon que vraiment anthologique, mais quelque part l'histoire même de Kill City suffisait à justifier cette réédition, probablement plus intéressante que la énième de Raw Power (dont vous noterez qu'on l'a carrément snobée). Et puis cette nouvelle formule, malgré un sous-titre grandement risible (Restored, Re-mixed, Remastered... et quoi encore ? Re-fucked ?), n'est pas mensongère. Le son est vraiment chaud et agréable (grâce soit rendue à Ed Cherney, homme de l'ombre qui enregistra entre autres le Face to Face des Angels et l'Under the Red Sky de Dylan), mettant superbement en valeur la voix de l'Iguane, à l'époque où celle-ci était d'une splendeur pas toujours soupçonnable derrière le magma stoogien. La moindre petite ballade en est transcendée, certes pas au point de faire de Kill City le chef-d’œuvre qu'il n'a jamais été... mais suffisamment pour qu'il retrouve enfin, peut être, sa juste place dans la discographie d'Iggy Pop.
Kill City, d'Iggy Pop & James Williamson (1975)
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