samedi 25 septembre 2010

Frustration - Ce que laisse la chaleur

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Chaleur, chaleur, chaleur. Une mémoire de chroniqueur vaut ce qu'elle vaut, c'est-à-dire pas grand-chose arrivé à un nombre délirant de concerts par an, mais de mémoire de chroniqueur (donc) on n'a pas souvenir d'avoir jamais vu le Nouveau Casino aussi complètement blindé que ce jeudi soir. Au point de pouvoir difficilement mettre un pied devant l'autre, que toute tentative d'accéder au bar soit mort-née et que l'hypothèse de faire pipi, ma foi, ne soit pas loin de relever du fantasme.

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Et qui réussit cette performance, dites-moi ? Une star internationale ? Le dernier groupe indie-folk à la mode ? La nouvelle sensation Inrocks ? Pas du tout : Frustration, petit combo français et punk, autant dire la double-peine pour avoir du succès chez nous. Sauf que non. Peut-être parce qu'ils se font trop rares, peut-être parce que beaucoup n'en peuvent plus d'attendre le nouvel album, peut-être parce que la sortie d'un excellent nouveau 45 tours a rameuté les projecteurs... toujours est-il que le Nouveau Casino - comme les Mains d'œuvres la dernière fois qu'on a croisé le groupe - est bourré à craquer et se métamorphose en factory d'un soir, avec toute la panoplie incluse : sueur, larmes, odeur de bière et fans surexcités. Inutile de vous dire qu'on a rarement vu ce genre d'ambiance dans la (généralement) froide capitale, encore moins dans cette salle en particulier, dont la qualité sonore et l'accueil nous ont trop souvent paru inversement proportionnels à la qualité du public.

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C'est dur, c'est abrasif. C'est d'une précision chirurgicale. Je parle bien sûr de la musique de Frustration, qui avance en terrain conquis et s'impose dès le premier titre (un 'Relax' teigneux à souhait) comme l'un des rares groupes contemporains à se rappeler que dans "post-punk", il y a surtout "punk". On serait même tenté d'ajouter qu'il n'y a pas vraiment de "post", tant une heure dix plus tard on a le sentiment d'avoir traversé une apocalypse nucléaire. Il faut dire qu'il fait chaud (très), que le son est fort (très) et que la puissance de feu des Parisiens ne laisse aucune chance aux déserteurs. De toute façon il n'y en a pas dans la salle, dont personne n'aurait l'idée saugrenue de sortir : d'une part ce serait trop dangereux, et d'autre part... quand on a la chance d'assister à une telle démonstration de rock'n'roll, en plus pour une somme modique, il faudrait vraiment être un crétin congénital pour se défiler. Il suffit d'ailleurs de jeter un œil aux gens qui nous entourent pour constater à quel point les spectateurs sont aux anges, certains - votre serviteur le premier - allant jusqu'à arborer de ces sourires ravis comme l'on en sort hélas rarement par les temps qui courent. Et puis il faut reconnaître que Frustration a un incontestable don pour fédérer le public avec des hymnes percutants et immédiatement mémorisables, j'en veux pour preuve que j'aurais passé mon temps à brailler à tue-tête alors que dans les faits, le groupe n'a quasiment joué que des nouveaux morceaux (donc certains que nous ne connaissions pas). Autant dire que rien qu'au panache de ses refrains, le petit frère du déjà très bon Relax (2008) s'annonce encore plus brillant, comme en témoigne d'ailleurs le terrible dernier simple du groupe (Midlife Crisis/Sad Face).

L'article est fini mais n'allez pas croire que j'aie encore séché la première partie, les sympathiques Pluton ont juste été balayés de mon souvenir par le grand moment qui a suivi (pas facile, vraiment, d'ouvrir pour de telles bêtes de scène). Mais on était là et on a apprécié leur garage/psyché/post-punk, en dépit d'une voix quelconque. De toute façon on ne sèche plus les premières parties depuis l'époque où l'on a découvert ainsi... Frustration.