lundi 30 août 2010

Un débutant nommé Bolaño

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Ce qui est formidable avec Bolaño, c'est que quand il n'y en a plus... y en a encore. Plus de sept ans après sa mort (peut-être d'ailleurs devrait-on dire à cause de), ses œuvres continuent à être traduites en flux continu, paraissant parfois en grande pompe, d'autres fois plus discrètement... Monsieur Pain, par exemple, a dû passer suffisamment inaperçu pour que je ne le lise que maintenant, et c'est forcément un plaisir de traîner dans une librairie et de se dire ah tiens ! celui-ci je ne l'ai pas. C'est que voyez-vous, je connais sur le bout des doigts les bibliographies de la plupart des mes grands écrivains favoris. Ce genre de petit plaisir un peu bébête, Bolaño est le dernier à savoir encore me l'offrir. C'est d'ailleurs sans doute pour cela que je repousse encore et toujours la lecture de 2666, ultime et monumental roman que je ne parviens jamais à me résoudre à ouvrir... probablement de peur que cette fois-ci, ce soit bel et bien fini.

A en croire la note préliminaire, Monsieur Pain aurait été écrit "en 81 ou 82", ce qui le situe donc encore antérieurement aux Conseils d'un disciple de Morrison à un fanatique de Joyce - qu'il évoque d'ailleurs parfois. Honnêtement, Bolaño n'aurait pas pris la peine de le dire dans la préface qu'on l'aurait quand même tous deviné. Lui-même a fait mieux, mais beaucoup d'autres aussi. Et malgré quelques pages assez jouissives, le début est parfois un brin laborieux, suranné, pas à la hauteur de ce que l'auteur publiera de plus mineur durant sa grande période des années quatre-vingt-dix. La jeunesse, probablement. La technique bolanienne, ailleurs si racée, si sublime, semble ici toujours à l'état embryonnaire.

On aurait tort cependant de passer son chemin sans se retourner ; autant Les Conseils m'avaient un peu dérouté, autant Monsieur Pain dispose déjà, en germe, de ce charme vénéneux qui irradiera plus tard Les Détectives sauvages ou Nocturne du Chili. L'écriture est là, vive, toute en sous-entendu. Et l'intrigue, quoiqu'un brin convenue dans sa première partie, demeure assez prenante. Où comment Monsieur Pain, médecin français de son état, se verra proposer de soigner un mystérieux patient que d'inquiétants Espagnols préféreraient de toute évidence voir agoniser dans son coin. L'ensemble forme un polar moite et onirique qu'on avale d'une traite (il ne fait guère que deux-cents pages) avec l'étrange impression que Bolaño nous emmène où il veut, comme il veut. Ce qui me direz-vous - et vous aurez raison - est déjà pas mal du tout.


Monsieur Pain, de Roberto Bolaño (1999)

4 commentaires:

  1. Assez d'accord. Monsieur Pain est un chouette petit bouquin, qui se lit d'une traite.

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  2. ça me changera de la littérature anglais-saxonne tiens

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  3. @ diane: c'est vrai que tu n'as pas de PAL bien définie comme moi, tu y rajoutes ce que tu veux sans qu'il n'y ait de pile quelque part... et puis ça ne fera qu'un livre de plus entamé ;-)

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