mercredi 21 juillet 2010

Ruby Throat beaucoup. Et John Qui, déjà ?

...
John Parish, faut dire ce qui est, on n'était pas trop sûr d'avoir envie de le voir. C'est que s'il peut éventuellement faire illusion sur CD (pas tous...), le gars se traîne quand même la réputation d'être d'un chiant consommé dès lors qu'il foule une scène. Légende dont on ne fera pas mystère qu'elle contient une part non négligeable de vérité.

Heureusement (à moins que ce soit malheureusement ? Après ça, on n'avait plus rien à carrer du pauvre JP...) avant de le voir pour le croire (mon credo, allez savoir pourquoi), il y a Ruby Throat. Et là, je tiens à déclarer officiellement que je retire tout le mal que j'ai pu dire depuis des années à propos des ces petits amuse-bouches que l'on nomme de manière généralement hautement abusive "premières parties". En cinquante minutes d'un show ténébreux et habité, Katie Jane Garside va venger toutes les "premières parties" savamment dézinguées ou pudiquement ignorées dans ces pages depuis leur création.

La meneuse de Queen Adreena n'est certes pas le perdreau de l'année, et ce n'est pas hier que l'on a subitement découvert qu'elle avait du talent. La différence fondamentale est que cette fois, il y a des compos derrière ses contorsions et autres feulements de Thom Yorke femelle. Vous savez ? Des chansons - ces trucs que John Parish n'a jamais été fichu d'écrire. Vraies, parfois majestueuses. Des qui prennent vie au milieu du marécage sonore dénommé Ruby Throat, et dont l'espèce de noisy-folk aura ce don d'enthousiasmer le public quasiment dès la première note - quand pourtant dans sa grande majorité il semble n'avoir jamais entendu parler du duo.

DSCF4002.JPG

On a envie de se taire et d'admirer ce show vénéneux, ces chansons plus dures que ce que le dispositif (guitare + voix + bidouillages) laissait préalablement supposer, cette showgirl étrangement belle même si en fait, pas vraiment. Lorsqu'enfin elle se lève - car dans l'intimité de l'agréable Batofar elle a passé beaucoup de temps assise - et vire ses grosses lunettes, on a l'impression subite de voir la Belle au Bois Dormant s'éveiller après ses cent ans de sommeil (donc sans se laver ni bouffer, mais ça les contes préfèrent le taire pour ne pas nuire au glamour). Impressionnant et plutôt fascinant, même s'il faudra tout de même qu'on écoute l'album, déjà vieux de trois ans, pour être sûr de ne point avoir rêvé.

Et sinon, John Parish ? Disons qu'il y a quelque chose d'à la fois drôle et navrant à voir l'un des plus grands producteur du monde annoner comme un ado apprenant à chanter et gratter sa guitare simultanément, ou parvenir à offrir trois chansons de suite sans s'apercevoir qu'il joue complètement et absolument faux. C'est peut-être voulu, dira-t-on. On me permettra poliment d'en douter. Avec sa maladresse et son jeu de scène inexistant, ses chansons pénibles, ses instrus pauvrettes et ses chanteuses chantant encore plus mal que lui... John Parish a quelque chose de touchant autant que de ridicule. Mais pourquoi ce type s'est-il un jour piqué d'enregistrer des albums et, plus fou encore, de faire des concerts ? Ce n'est pas son truc, c'est une évidence dès la minute où il met un pied sur scène.

Bref : un show chiant comme celui d'un producteur se prenant pour un songwriter. Étonnant, non ?