mercredi 28 juillet 2010

Robin Adams. Qui ça ?

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Un truc que j'ai toujours trouvé formidable dans la vie de passionné de musique (qui a dit "auditeur compulsif" ?), c'est la part considérable qui est allouée au hasard, aux coïncidences et à la fatalité. Comme on est curieux de tout, on écoute un peu n'importe quoi. Souvent d'un air faussement blasé (pour se fader des centaines d'albums par an sans se lasser, il faut dans le fond être d'un enthousiasme presque enfantin), car ce n'est pas de tout repos et que beaucoup de soupe nous tombe plus ou moins accidentellement dans les esgourdes. Mais la réciproque c'est que l'on a la possibilité de revivre à l'infini des coups de foudre, engouements subits... l'excitation n'est jamais loin, et le Net bien sûr n'a pas arrangé cela. Autrefois il arrivait que l'on achète un disque au hasard, pour sa pochette ou sur le seul nom d'un artiste dont on avait entendu parler deux fois par de vagues connaissances. Aujourd'hui on checke des liens (beaucoup). C'est moins romantique (et souvent moins couteux, car le romantisme est très onéreux). Pourtant fondamentalement l'excitation demeure la même lorsque par hasard on va tomber sur un album de qualité. On se dit que statistiquement, rien ne nous destinait à découvrir cet artiste plutôt qu'un autre. Qu'il y a là une conjugaison de circonstances exceptionnelles. Que cela a quelque chose de très poétique, finalement.

Robin Adams (j'y viens, j'y viens) joue de la folk, figurez-vous. Rien de très original en 2010 (2009, en l'occurrence), et rien qui mérite, sur le papier, qu'on lui accorde plus d'importance qu'à un des mille autres dont on ne parle toute l'année durant. Sauf que. D'une part, on peut si on le souhaite télécharger son album gratuitement sur le site du label, ce qui est toujours bon à signaler. Et d'autre part, ledit album (Down to Reverie) et des plus plaisants et s'installe assez facilement dans les petites habitudes de l'auditeur. On y trouve tout ce qui fait un bon disque folk : élégance, simplicité et cette forme de familiarité qui fait qu'on reconnaît plus ou moins implicitement appartenir à la même famille de coeur que l'artiste.


La particularité de cet autre Adams à guitare acoustique, ce serait plutôt d'évoluer dans une sous-catégorie extrêmement périlleuse : la folk lyrique. Et surtout de s'en sortir la tête haute, sans sonner comme un sous-Nick Drake et sans verser dans la niaiserie qui guette toujours plus ou moins les songwriters romantico-dépressifs. Dès le premier titre, 'Midnight I', on sent qu'on tient un truc : la mélodie semble s'envoler dans l'atmosphère, la guitare galope à la Leonard Cohen, l'humeur est discrètement psychédélique. La voix est agréable et, sans être déconcertante d'originalité, elle a ce mérite de ne pas non plus sonner comme les quatre-vingt-dix voix des quatre-vingt-dix folkeux qui ont publié un album ce mois-ci.

C'est clairement dans ce registre-là - plus éthéré et plutôt planant - que l'on préfère le jeune homme, les morceaux folk tradis étant convaincants mais pas aussi enthousiasmants ('World Burns on' est une très chouette chanson... qui fait venir trop de noms à l'esprit simultanément). Un comble quand on sait que le lyrisme, ce n'est pas trop le genre de la maison (je parle de ma maison, pas de ce site).

Bref : un charmant petit album qui rappelle encore une fois qu'en matière de folk, le meilleurs opus sont souvent ceux que personne ne connaît et dont personne ne parle, plutôt que les grosses cylindrées survendues par les labels. Rien que très logique dans un genre qui plus que tout autre place l'authenticité et la sincérité au coeur des débats.


Down to Reverie, de Robin Adams (2009)

2 commentaires:

  1. mets un lien avec su son dans ton article...pas compliqué et beaucoup plus sympa !

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  2. Encore faudrait-il qu'il existe un endroit quelque part où le disque est en écoute, ce qui n'est pas le cas. Ou en tout cas n'était pas le cas en juillet 2010 - je n'ai pas revérifié depuis. Non parce qu'en plus, figure-toi que j'ai pas que ça à foutre de mes journées ; déjà je découvre le mec, je fais l'article... t'es quand même capable d'utiliser google et ton clavier pour trouver où on peut écouter/télécharger/acheter l'album, non ? Comme tu dis c'est pas compliqué. Tellement pas compliqué que même toi tu saurais le faire ;-)

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