vendredi 26 mars 2010

Kitty, Daisy & Lewis - Dans ta face, Julien Courbet !

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Un vieil ami qui se reconnaîtra me le disait encore il y a quelques semaines : "C'est pas normal, ces gamins qui jouent du rockabilly. Y a un truc louche. Ça sent l'arnaque."

Moi, vous me connaissez : je suis l'innocence même. Le chroniqueur le plus naïf de l'ouest parisien. Je ne flaire jamais les arnaques, je n'imagine même pas qu'on puisse essayer de m'arnaquer. Pourquoi donc me voudrait-on tant de mal ? Ça va même plus loin que ça. Je me dis des choses comme : allons donc ? Si je voulais coacher mes gosses pour en faire des stars, est-ce que vraiment je leur ferais jouer du rockab et du hillbilly ? Est-ce que je les lancerais pas plutôt sur du R&B ? Ou du garage-rock, of course. Suivez mon regard.

Mais mon vieil ami, lui, il n'est pas comme moi. C'est un sceptique. Je suis même sûr et certain qu'il ne fout jamais les pieds à la messe - c'est vous dire. Et donc, il a voulu voir ça en chair fraîche et en os. Pas de problème : nous nous sommes pressés au Café de la danse jeudi soir, et nous n'étions pas les seuls - loin s'en faut. J'en fus le premier surpris : ayant été quasiment le seul sur le web français à avoir chroniqué leur album (c'était chez mes ex-confrères de Culturofil) j'imaginais que la mayonnaise n'avait pas vraiment pris chez nous (contrairement à l'Angleterre, mais sa scène rockab est autrement plus importante qu'en France). Il semblerait donc qu'il existe des fondus de musique n'éprouvant pas le besoin de s'épancher sur 18 sites ? Étrange.

On passe sur la première partie assurée par Reza, belle comme du Bill Callahan (donc chiante comme la pluie à la pêche). Les gros morceaux du soir sont petits et plutôt chétifs, il y a deux filles et un garçon, plus trois vieux dont on imagine de prime abord qu'ils les chaperonnent. Grossière erreur : ils ne sont bel et bien qu'un backing band. Ce sont les enfants qui tiennent la scène, font le show, notamment Lewis, l'aîné de la fratrie, qui joue discrètement les maestro et porte l'essentiel de la prestation sur ses épaules. Les filles quant à elles impressionnent, jonglent d'un instrument à l'autre avec une aisance stupéfiante. Chantent comme des possédées.

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Dès l'ouverture, impeccable relecture a capella des Pointer Sisters, on est conquis. Bien sûr quelques imperfections demeurent. Il y a de petites hésitations par instants. Des interprétations plus brillantes que d'autres (au nombre desquelles, bien entendu, 'Going up the Country'). Mais ce qui n'était pour beaucoup qu'une curiosité cinq minutes plus tôt ressort grandi de l'expérience. Voici des jeunes gens qui assurent, prennent des risques en virant rocksteady de manière totalement impromptue, reprennent des morceaux interprétés par les plus grands avec une classe et un naturel absolument désarmants. On aimerait bien rester un peu sur la réserve, mais leur énergie et leur bonne humeur est tellement communicative que ce ne serait pas sérieux.

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Pour vous dire, même mon vieil ami a dansé, je l'ai vu de mes yeux. Moi aussi du reste, mais pas de bol : l'appareil photo était braqué sur la scène.