mardi 20 avril 2010

Inoubliable. Totalement occulté.

[Mes livres à moi (et rien qu'à moi) - N°37]  
A Taste for Death [Un certain goût pour la mort] - P.D. James (1986)

J'ai seize ans et je lis des romans policiers. Beaucoup. N'importe quoi. J'aime bien ça, les romans policiers. Depuis toujours. D'ailleurs quand j'étais petit, je voulais être détective privé. Mais bon, à seize ans quand même ça m'est passé. Je me contente d'essayer de comprendre ce que je ne nomme pas encore la mécanique narrative du roman policier. Car entre temps, faute de réunir suffisamment d'argent pour faire carrière dans l'enquête free-lance, je me suis mis à en écrire. Ce qu'on écrit à seize ans n'est jamais fameux ; cela dit mes romans policiers sont vraiment très, très mauvais. N'allez pas chercher plus loin le pourquoi du comment de ma fascination pour le genre : je n'ai jamais réussi à le maîtriser. Je n'ai jamais réussi à construire une intrigue potable, à étirer un suspens sur plusieurs pages, or dans le polar plus que dans tout autre genre c'est quelque chose qui ne pardonne pas.

Quand j'ouvre pour la première fois A Taste for Death, qui pour moi et bien que je l'aie racheté en VO s'appellera toujours Un certain goût pour la mort, je n'ai jamais lu un truc pareil. Le fait qu'il s'agisse d'un double meurtre dans une église, peut-être. Que le mysticisme enveloppe l'enquête d'Adam Dagliesh (dont j'ignore absolument qu'il est un héros récurrent de l'auteure... d'ailleurs je ne sais même pas que l'auteure est une femme). Aujourd'hui encore, chaque fois que j'emploie le mot crépusculaire je ne puis m'empêcher de penser à ce roman. Qui pourtant - mais vous l'aviez sans doute déjà compris - n'est pas si terrible que cela, rétrospectivement.

Quoique. Cette remarque est à nuancer. Il faut reconnaître à P.D. James d'avoir un style particulièrement imagé et une certaine puissance d'évocation. Il est certain que plus jeune, je me projetais assez facilement. J'imaginais chaque détail, chaque lieu, chaque visage. Chaque voix. J'avais une capacité à me laisser transporter que les années, tracas et d'une manière générale le quotidien ont inévitablement entamé. Mais en relisant A Taste for Death, je m'aperçois tout de même qu'il y a là un véritable talent pour tisser des climats oppressants, planter des décors et croquer des portraits. C'est un texte tout en atmosphère, dont l'intrigue policière à proprement dire est d'ailleurs finalement réduite à la portion congrue. Ouais. Plutôt pas mauvais, avec un regard d'adulte.

Pas sûr bien entendu que je vous le recommande, sauf à vouloir absolument vous embarquer dans un voyage au cœur de ma psyché malade. Mais il fallait en passer par-là dans cette rubrique ; ce livre m'a profondément marqué, dont certaines images me reviennent sans cesse alors même qu'avant de le relire, je ne me souvenais même plus vraiment de ce dont il parlait. Tout au plus qu'il s'agissait d'un meurtre de notable, et que j'y avais vu à l'époque un roman policier gothique, ce qui était totalement absurde (je ne savais pas du tout ce que voulait dire gothique à l'époque) et absolument exact.

A noter qu'une fois n'est pas coutume, je ne recommande aucun autre livre de l'auteure. D'une part, on peut certainement vivre très heureux sans jamais avoir lu P.D. James ; d'autre part, si j'en ai lu quatre ou cinq autres depuis mes seize ans, je ne me rappelle même plus de leurs titres.
...

7 commentaires:

  1. Je confirme qu'on vivre très heureux sans avoir jamais lu P.D. James. C'est mon cas.

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  2. Mais c'est très bien, PD James. Moi, je me régale à chaque fois. Cela ne va pas "chercher loin", mais c'est toujours bien construit, et bien écrit.

    BBB.

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  3. Ah mais je n'ai pas dit le contraire !

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  4. à 10 ans je patrouillais dans mon quartier avec un calepin en relevant les n° des plaques ^^

    si si

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  5. C'est à cette époque que tu jouais aux gendarmes et aux voleurs avec Nicolas et Brice ? ;-)

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  6. C'est tout à fait ça. Et moi aussi, je voulais être détective ! J'ai encore un carnet comprenant des descriptions de voitures avec numéro de plaque, heure de départ du parking, heure d'arrivée, etc. :-))

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  7. Ah c'est marrant. Je m'aperçois que j'avais le fantasme du détective, mais pas du tout la pulsion sécuritaire. C'était l'idée d'enquête qui me plaisait bien, mais arrêter les méchants, bof.

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