vendredi 26 février 2010

Où l'on reparle de Johnny Cash (ça faisait longtemps)...

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Comment ça : la vie est belle ? Comment ça : vous êtes bien dans vos pompes ?

Vous vous moquez du monde ?

Hein ? Votre femme vous aime et même qu'elle vous trompe pas ?

Rassurez-moi... vous avez bien au moins un petit problème avec vos gosses ? Même pas ?

Non arrêtez... ne me dites pas qu'en plus vous venez d'avoir une promotion ? Si ?!!

Ah la vache. Votre cas est grave. Mais heureusement pas désespéré. Au cas où vous iriez trop bien, il reste toujours la possibilité - certes effrayante - de faire appel à Tonton Rick. Il rigole pas trop Tonton Rick, pour vous dire on le surnomme le producteur fantôme parce qu'il a une fâcheuse tendance à louper les rendez-vous... mais en cas de problème de bonheur, on peut toujours compter sur lui pour vous faire un moral au carré. Ce grâce à son arme secrète : l'album posthume de Johnny Cash.

Il est comme ça, Tonton Rick. Dans son grenier il a plein de pistes inédites du Man in Black, et dès que ça va un peu trop bien pour ses neveus hop ! Il en sort une petite pelletée histoire de leur rappeler que la vie, quand même, c'est pas que du bonheur et des fou rires.

Alors évidemment après cinq volumes (et un énorme coffret hors-série), l'effet de surprise c'est plus trop ça. On commence à voir venir le truc, la voix chaude et désolée, les reprises improbables (on soupçonnait que Cash avait à peu près tout fait sauf Cloclo... la preuve est faite, il a même osé Sheryl Crow - quel dommage qu'il soit mort avant de connaître Mika), la religiosité omniprésente, l'angoisse de la mort... Ain't No Grave c'est du sûr, de l'éprouvé, et pas que parce que le titre sardonique annonce la couleur. C'est à la fois parfaitement satisfaisant (parce que conforme aux attentes) et totalement décevant (parce que ça commence à sentir le sapin et qu'on sait bien que plus la carrière posthume de Cash avancera, moins on trouvera de pépites). Ce n'est sans doute pas aussi fort que les volumes précédents (les III et IV étant quasiment insurpassables) tout en restant particulièrement poignant par instants ("Can't Help , But Wonder Where I'm Bound"). En fait c'est assez incritiquable, pour la simple et bonne raison qu'à chaque nouvelle parution il semble un peu plus évident que les American Recordings sont une oeuvre à part entière ne pouvant être évoquée que dans sa globalité (si tant est qu'elle s'arrête un jour, bien sûr... ce dont on doute de plus en plus)... ou alors une série de compiles dont les pistes sont interchangeables, l'un n'excluant de toute façon pas l'autre. C'est de toute manière un travail tellement hors du temps qu'à la limite, le fait même que Cash soit mort n'est pas en soi un problème : dès la première note du premier titre du premier tome ("Delia's Gone"... mais la précision est inutile puisque comme tout bon lecteur du Golb vous vénérez Johnny Cash et possédez quasiment tout de lui), ces albums étaient déjà des messages envoyés d'outre-tombe. Le décès de leur auteur n'a fait qu'officialiser un sentiment que tous ses fans nourrissaient depuis bien longtemps.

Voilà pour cet American VI. Théoriquement le dernier, mais on sait bien que ce ne sont que des mots et qu'on peut d'ores et déjà s'attendre à un volume VII dans deux ou trois ans. Depuis le temps, on peut regretter que le côté exceptionnel revêtu par les quatre premiers se soit totalement dissipé. La multitude n'est jamais bonne mais ça, ce n'est pas à Rick Rubin qu'il faut aller le dire. De toute façon Cash a publié tellement d'albums de son vivant qu'il est fort probable qu'il en eut été de même s'il avait toujours été de ce monde. L'a-t-il jamais été un jour... c'est un autre débat.

American VI : Ain't No Grave, de Johnny Cash (2010)


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13 commentaires:

  1. "quel dommage qu'il soit mort avant de connaître Mika" --> EXCELLENT ! Tout est dit.

    Sinon, écouté deux fois pour l'instant. Testé et approuvé.
    Meilleur que le vol. V, je trouve.

    Le BRMC me gave un peu. C'est grave, doc ?

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  2. Un bel album, comme d'habitude.
    Cela dit, par rapport aux autres, j'avoue le trouver un peu répétitif, un peu trop "monochrome"...

    BBB.

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  3. Bah, pas encore écouté (comment ça : "pas encore téléchargé" ? mais... mais...)

    Mais je crois que ça va faire comme les autres , comme tu le résumes si bien : "à la fois parfaitement satisfaisant (parce que conforme aux attentes) et totalement décevant (parce que ça commence à sentir le sapin et qu'on sait bien que plus la carrière posthume de Cash avancera, moins on trouvera de pépites)"
    D'ailleurs, c'est tellement bien résumé qu'on dirait que ça vient d'un Top of ze flops of ze 2ks dont tu es un peu responsable ^^ (http://www.pop-hits.net/article-cash-converti-40383025.html).

    Reste qu'Onc' Rick en restera peut-être là, parce qu'il aura alors mis la main sur un autre croulant superbe (au hasard bob Dylan) dont il produira ce coup-ci des versions green core du répertoire de Confetti.

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  4. Pas encore écouté non plus, mais d'accord avec Christophe.

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  5. d'après ton intro, je n'ai aucun besoin d'écouter Johnny Cash. c'est pas plus mal, j'ai pas vraiment le temps de me taper 250 albums...

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  6. Aaaaah, enfin un album que j'ai écouté, et un artiste dont j'ai écouté une belle partie de sa discographie (même les versions en allemand et espagnol de certains morceaux !)

    Je me suis aussi demandée pourquoi on ressortait encore du Johnny Cash, et si ça va encore durer longtemps. En l'écoutant, j'espère que non. Et en même temps, j'ai été touchée et émue d'entendre sa voix une fois de plus. Et sur cet album, ce sont peut-être les chansons les plus "faciles" qui m'ont plus le plus: j'ai toujours aimé "Cool water" par les Sons of the Pioneers et "Aloha Oe", un classique hawaïen mais Johnny Cash y rajoute une certaine dimension. Et quel plus bel adieu qu'une chanson hawaïenne...

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  7. Je ne l'ai pas écouté et ne l'écouterai pas...

    Finalement, c'est comme dit Xavier : l'avantage du gars, c'est qu'il y a pas besoin de l'écouter et tout le monde est d'accord.

    Au prochain numéro, tu mets simplement qu'il est sorti.
    Et on écrira tous les uns après les autres : "Et oui!"

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  8. On en vient à se demain si Rubin, vu le nombre d'albums de reprises réalisés (et à venir aussi?) n'aurait pas ligoté le vieux Cash décati sur une chaise électrique reliée à un micro, pour en tirer tout son jus...

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  9. Personnellement, je n'irai pas faire la fine bouche.
    Cela reste Johnny Cash, donc, un album sûrement meilleur que beaucoup de ceux qui paraîtront cette année...

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  10. "je n'ai aucun besoin d'écouter Johnny Cash"

    arf.

    C'est le signe de quelqu'un qui n'a jamais écouté Johnny Cash

    (existe en variante Terry Callier)

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  11. Thierry >>> je ne dirais pas qu'il me gave mais pour l'instant, il me laisse un peu sur ma faim.

    BBB. >>> c'est juste, oui.

    Christophe >>> va falloir qu'il se dépêche, alors. Je sais pas pourquoi mais ces derniers temps j'ai le sentiment que le Never Ending Tour approche du terme...

    Sunalee >>> tout à fait d'accord.

    Mmarsu >>> chiche ! ^^

    Alf >>> et merde, encore un crob' génial qui arrive trop tard :-)

    Bloom >>> on verra dans quelques mois ;-)

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  12. Rien que lorsque j'ai su qu'un nouveau Cash sortait, ça m'a gavé...
    pas pressé de l'écouter donc

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  13. Là pour le coup j'ai envie de dire comme Bloom... "c'est quand même Johnny Cash". Vue la qualité presque irréprochable de sa discographie récente, c'est assez sévère de ne même pas l'écouter ^^

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