dimanche 17 janvier 2010

Supernatural - Une bonne surprise qui dure, qui dure... et devient une habitude

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[ALERTE : Il est fortement déconseillé de lire cet article si vous n'avez pas vu le premier épisode de la saison 2] Supernatural est décidément une série étonnante. On connaissait déjà ses qualités, son ambiance cool, son côté road-movie et la variété tant de ses ambiances que des ses intrigues. A l'aube de la saison deux cependant, les scénaristes se paient le luxe d'un joli coup de bluff qui, négocié avec habileté, parvient à totalement relancer l'intérêt du feuilleton.

Non que l'artifice scénaristique soit en soi extraordinaire : la mort du père, pour quiconque connaît ses classiques, était programmée et même peut-être attendue (toujours cette vieille obsession Américaine des enfants en lutte pour racheter les péchés de leurs parents ! En fait on était surtout un peu surpris que Papa soit parvenu à survivre à la première saison alors qu'on ne donnait plus cher de sa peau depuis l'épisode deux !). Ce qui est extrêmement bien vu en revanche, c'est la manière dont cette disparition remet en cause les fondements mêmes d'une mythologie balbutiante. Libérés de l'encombrant joug paternel (pour absent qu'il était dans la majeure partie des épisodes, John Winchester n'en dictait pas moins, à travers le souvenir de son éducation quasi-militaire, les choix de ses deux rejetons), Sam et Dean se retrouvent pour la première fois totalement livrés à eux-mêmes, à la fois libres de leurs choix et prisonniers de leur inaptitude à les faire. Jamais ils n'avaient jusqu'alors pris la peine de s'interroger sur ce qu'ils faisaient : ils se contentaient d'appliquer la doxa familiale, pourchassaient les démons (ou esprits ou fantômes ou autres créatures surnaturelles), les exterminaient, récoltaient les bisous et l'admiration des veuves et des orphelins reconnaissants. Puis ils reprenaient la route, chassaient un nouveau démon (ou esprit ou fantôme)... et ainsi de suite.

Avec la mort de John, la donne a changé. Leurs rapports, déjà, ne sont plus les mêmes. Alors que se dessine de manière un peu plus claire et inquiétante la menace les guettant depuis un moment maintenant (ni plus ni moins qu'une guerre entre démons et hommes), Sam et Dean semblent se détacher inexorablement l'un de l'autre, chacun à la lutte avec ses démons personnels (certes moins maléfiques et bien plus terre-à-terre que leurs homonymes paranormaux - mais tellement plus dangereux à vrai dire...). Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'ils se surprennent à se poser des questions sur le sens de leur combat, découvrant simultanément l'ambigüité et la nuance. Autant dire que cela s'engage mal pour eux et qu'on doute, c'est le moins qu'on puisse dire, qu'ils se dirigent vraiment vers la lumière... impression confirmée dès les premières secondes d'une saison trois étonnamment noire pour une série de ce type.

Il eut sans doute été aisé (tentant ?) de proposer une chronique plus linéaire mais il me semblait important de m'arrêter sur cet aspect pour bien souligner à quel point Supernatural , passée une exposition un peu longuette, revêt une toute autre dimension que celle (qu'on aimait déjà bien) de série B. idéale pour les dimanches soirs pluvieux. De plus en plus poisseuse et de plus en plus jouissive, elle n'est certes toujours pas exempte de défauts (les épisodes notamment sont trop souvent bâtis sur le même canevas - à la limite du gimmick par moment), mais à compter de la saison deux elle est nettement au-dessus du sympathique. Avec toujours ce mélange de noirceur et de nonchalance, elle complète donc tranquillement sa panoplie de série addictive, s'imposant comme le meilleur "one monster a week" de ces dernières années.

La suite s'annonce d'ores et déjà captivante.


Supernatural (saisons 2 & 3), créée par Eric Kripke (The CW, 2006-08)


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32 commentaires:

  1. Bonne analyse. C'est une autre manière d'aborder le passage à l'âge adulte, assez subtile ma foi.

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  2. La saison 3 m'a semblé être LE grand tournant de la série. La 2 j'avais déjà bien aimé mais je ne m'en souviens déjà plus...

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  3. Je suis un peu surprise que tu aimes cette série (mais tant mieux, je m'en réjouis !). En ce moment j'en suis à la saison 5, encore meilleure que toutes les autres !

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  4. Marion >>> subtile ? je ne sais pas trop. Je dirais même que non. C'est justement ce qui fait que la saison 4 (dont la chronique est à suivre) est la meilleure : elle gagne en finesse, en non-dit et en symbolique.

    Lil' >>> effectivement la 2 souffre d'un petit ventre mou au milieu... la 3 est plus compacte, plus courte aussi (c'était la grève des scénaristes) et ça lui va très bien - elle très rythmée et enlevée.

    Leïa >>> comme quoi j'ai bien choisi le titre ;-)

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  5. Je ne réagis pas sur la série (que j'aime toujours pas). Par contre Thom, on ne dit pas : "one monstrer, a week" mais "monster of the week" pour ce genre de séries. +

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  6. A vrai dire j'étais persuadé d'avoir inventé une expression qui n'existait pas... donc bon... ^^

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  7. hihi j'aime cette série même si elle me térrifie ma moitié du temps... je suis une petite nature, mais j'aime les personanges et l'ambiance alors... je me cache sous les coussins pour regarder :-)))

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  8. D'autant que malgré son générique tout pourri, cette série bénéficie d'un directeur photo et d'un étalonneur bien inspirés.

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  9. Tu y viens, tu y viens, à l'adoration. Et cela me fait plaisir parce que j'adore cette série, mais je me sens un peu seul dans ce cas. J'ai voulu aller sur des forums du coup, mais c'est affreux : en France, il n'y a que des ados qui adorent ! Je m'inquiétais presque de ma santé... ^_^

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  10. A la moitié de la saison 2, je trouve toujours cela très très moyen, à cause d'intrigues vraiment vues et revues pour quelqu'un qui a a roulé un peu sa bosse dans le domaine du fantastique.
    Après les relations et l'évolution des deux personnages sont intéressantes, mais ça fait peu...

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  11. Ah on a le droit de dire du mal en fait ?

    Donc : je suis 10 fois dac avec Lyle !! :)

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  12. yueyin >>> mais quelle grosse trouillarde !!!

    Diane >>> tout à fait d'accord.

    Lyle & Serious >>> certes, mais l'originalité est tout de même une denrée rare en matière de fantastique, de nos jours...

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  13. Venant d'un tel fan de Lost la phrase est quand même curieuse...

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  14. Oui mais :

    - Lost n'appartient pas vraiment au genre fantastique.

    - on ne croise pas des séries comme Lost toutes les semaines (et heureusement)

    - Lost n'invente pas tant de trucs que ça, au niveau des thèmes. Son originalité réside plus dans le traitement et dans le savoir-faire des scénaristes que dans l'inventivité thématique...

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  15. Justement, le problème pour moi de Supernatural (jusque là, je vais persévérer) ne réside pas dans l'absence d'originalité (on n'a pas écrit grand chose de nouveau depuis les pulps magazines des années 20/30) mais dans la banalité du traitement. Au moins dans une série comme Buffy, il y avait quelque chose...
    Là, j'ai parfois l'impression de lire du Masterton light.

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  16. absolument et pire encore !!!!! tu n'imagines même pas...

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  17. Encore d'accord avec Lyle (et content de croiser un amateur de Masterton :).

    Quant à Lost, Thomas, je veux bien t'accorder qu'elle m'a un peu "dégoûté" de toutes les autres séries "à mythologie" tellement la sienne est riche et passionnante (et cohérente)...

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  18. Lyle >>> certes... en même temps comme le disait il y a quand même esthétiquement des choses intéressantes, dans cette série...

    Serious >>> pas faux, ça. Je me faisais un peu la même réflexion l'autre jour en regardant un épisode de la dernière saison de Battlestar Galactica... dont la manière dont la mythologie est agencée puis dénouée est presque bébête, quand on compare à Lost...

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  19. J'adore Battlestar mais c'est plutôt vrai ce que tu dis. Mais d'ailleurs je pense que sur ce point il y aura vraiment un avant et un après Lost, on pourra plus dans les années à venir se contenter d'un vague fil rouge entre épisodes plus "loner", pas après que les gens aient vu une série dont la mythlogie est parfaitement cohérentes et filée sur six saisons. D'ailleurs ça aussi c'est un truc qui m'irrite dans Supernatural : l'alternance 1 épisode mythologique, 6 loners, 1 épisode mythologique... A l'époque de séries comme Lost ou Flashforward je trouve ça totalement dépassé (je supporte d'ailleurs pas ça quand je revois une vieille séries de nineties). Ca fait longtemps que le public des séries n'a plus besoin d'un programme dans lequel il peut "picorer" (car c'est l'idée en fait).

    Pour en revenir au traitement sinon tu as bien sûr raison mais laisse-moi expliquer ce que je veux dire : dans Supernatural il y a un épisode où ils sont pris dans une boucle temporelle. Mais à aucun moment ils ne dépassent le pastiche-clin d'oeil à Groundhog Day. Dans Lost quand ils touchent au sujet ok, c'est pas nouveau, mais ce n'est pas juste du "à la manière de", ils se l'approprient totalement et font un truc totalement inédit... tu comprends mieux ce que je veux dire ? J'aurais pu comparer aussi l'épisode de Supernatural "uchronie" avec celui qu'on trouve dans Buffy...

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  20. Ah ! Super ! Tu as compris ce que je voulais dire par traitement :-)

    Je te charrie mais bon... tu viens quand même d'illustrer ce que j'ai dit il y a une heure (en plus en balançant un mega-spoiler pour tous ceux qui n'ont pas vus Lost...) : le traitement fait la différence. La boucle temporelle dans Lost est basique, et la série n'apporte pas grand-chose au sujet (du moins pour l'instant)... c'est la manière dont elle est utilisée dans le contexte plus large de l'intrigue qui rend la chose fascinante.

    Cela dit tu n'es pas très juste, parce que Supernatural justement repose beaucoup sur du "à la manière de", c'est une de ses marques de fabrique. C'est référencé, codifié, volontiers dérisoire. Et de plus, autant je suis d'accord avec toi sur le côté ringard du procédé dont tu parles, autant là aussi tu n'es pas très juste : à partir de la saison 3 il n'y a quasiment plus d'épisodes stand-alone !...

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  21. Esthétiquement c'est effectivement bien torché, mais en ce moment, et sans doute est-ce du à la production pour les chaînes du cable spécialisées, l'emballage technique même de films très cheap est en fort progrès...
    Par contre pour la créativité...

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  22. Oui, c'est vrai que les moyens pour produire une série comme celle-là ne sont plus les mêmes non plus...

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  23. J'ai jeté l'éponge au bout d'une saison et quelques épisodes ;-(

    Je ne suis pas trop fan de fantastique, de toutes façons. Pas de regret, donc.

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  24. Ouais, je te comprends. En plus ça manque grave de nanas cette série ;-)

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  25. ça manque sans doute de nana, par contre question mec c'est top ;-D

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  26. Si on met bout à bout le nombre de nanas qui apparaissent au fil des saisons y en a en fait 10 fois plus :-)

    (le problème dans cette série c'est que les nanas ont la facheuse habitude de mourir dans d'atroces souffrances)(belle morale !)

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  27. yueyin >>> là tu me déçois... sont quand même un peu tendres, non, ces petits gars ? ^^

    Marion >>> ou plutôt à disparaître sans laisser de trace...

    (pas facile de slalommer entre les spoilers ^^)

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  28. trop tendre, dean ??? Hum j'aurais pas dit ça comme ça... tu ne vas pas assez sur facebook thom, tu rates des choses :-)))))

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  29. Que tu crois.

    (pas facile, non)

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  30. Aaaaaaaaah. Dans la saison 5, alors ?...

    (qu'est-ce qu'on est subtil !)

    (j'espère qu'on parle bien de la même chose !!!! :-)

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