dimanche 20 décembre 2009

Californication - Tu t'ennuies, mon loulou ?

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Commençons tout d'abord par casser un mythe qui n'a que trop duré : oui, j'avais juré dans un article précédent que l'on ne m'y reprendrait plus. Et oui, je me suis renié. Parce que non, ce n'est pas moi qui commande à la maison. C'est ma femme. C'est elle qui décide quelle série nous regardons quand, et donc si elle dit "Youpi ! regardons la nouvelle saison de Californication", je n'ai plus qu'à m'exécuter - mais je ne me prive cependant pas de ronchonner.

De cette troisième occurrence des aventures de Hank Moody je n'attendais rien, ayant déjà presque totalement oublié la précédente. Ça tombe plutôt bien : elle n'a pas grand-chose à donner hormis - soyons sport - un final plutôt touchant. Si l'on a beaucoup rapproché Californication de Nip/Tuck pour son côté sexy-trash tendance n'importe quoi, il convient de préciser à ce propos que Ryan Murphy a tout de même envoyé du mega-lourd durant ses deux premières saisons, ce que Tom Kapinos, essoré depuis la fin de la première, n'a jamais été fichu de faire. C'est donc sans illusion qu'on s'y colle en 2009, et c'est sans illusion qu'on en ressort : au bout de quelques épisodes, il est évident pour quiconque en douterait encore que Californication tourne à vide et n'est plus qu'un produit de consommation courante, éventuellement agréable sur le moment mais totalement oubliable une heure après. D'ailleurs, pour la peine, je ne vous dirai pas que c'est mauvais. Car pour ce faire, encore faudrait-il que j'ai le moindre souvenir des épisodes (heureusement je prends quelques notes).

Faut-il pour autant brûler nos posters de David Duchovny ? Il y a de quoi se poser la question. Cette année déjà, on n'y allait plus que pour ses beaux yeux (ce salaud est si classe qu'il pourrait me faire changer de bord). De plus en plus fugace, le plaisir procuré par ses errances californiennes est désormais plus proche de la branlette devant un magazine porno que d'une partie de jambes en l'air déjantée (la métaphore n'est pas subtile - la série non plus). D'ailleurs on n'est pas loin de l'éjaculation précoce si l'on considère que l'essentiel de cette troisième saison est dit dans le premier épisode : comme tous les scénaristes en manque d'inspiration, ceux de Californication nous jouent évidemment le coup du retour-aux-sources-qu'on-sait-bien-que-ce-sera-pas-aussi-bien-mais-qu'on-va-faire-semblant, la jouissance sera sans doute réelle... elle sera surtout misérable et sans surprise... à se demander si ce n'est pas une stratégie subtile de la part de Showtime que de lancer systématiquement cette série un peu avant les autres de la saison. Pour nous convaincre à défaut de mieux de nous rabattre sur une de ces filles de joies sur le retour, qui mâchent le chewing-gum pendant l'amour (Gainsbourg). On pourrait même se dire que le season premiere, en forme de teaser, est un piège grossier : en refaisant de Hank un véritable séducteur et en le replaçant dans un milieu (en l’occurrence - et comme dans la saison un - bobo et bien réac sous des dehors libérés) au sein duquel sa simple présence suffit à créer le décalage, Kapinos est parvenu à défaut de fraîcheur à relancer un peu l'intérêt de son feuilleton. Que tout le monde se rassure : ça ne dure pas. De reconversion franchement peu convaincante du zozo en professeur de creative writing, en digression runkliennes sans queue ni tête (enfin façon de parler : quand Runkle est là on ne voit précisément que son crâne et sa...)... les sketches sont de moins en moins efficaces, les interactions entre le héros et le reste du monde absurdes, et c'est une véritable prouesse si l'excellent (en général, pas ici) Peter Gallagher parvient à sortir la tête haute de ce naufrage.

Bref : Californication fait du Californication, la fille de joie n'est plus très verte et sans doute serait-t-il temps qu'elle se range des caravanes - ses gémissements ont de plus en plus de mal à faire un peu illusion.


Californication (saison 3), créée par Tom Kapinos (Showtime, 2009)

20 commentaires:

  1. La vache. C'est ce qui s'appelle cogner comme un sourd !

    J'ai bien ri :)

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  2. Bon, ça va, tu n'as pas insulté David...

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  3. Ouais. Chuis d'accord. J'ai passé quelques bons moments mais en général: gros caca.
    J'attends la saison 4 que je regarderai parce que David quoi (argument de vente imparable) (même pas peur)

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  4. Bonjour Thomas,

    Il y aurait un article intéressant à écrire sur Showtime, Dexter et Californication. Séries lancées à peu près à la même époque, au succès disproportionné par rapport à leurs qualités réelles, et qui n'ont de cesse de décliner au fur et à mesure qu'elles deviennent des phénomènes de société.
    Je suis perplexe face à ce network, dont on voudrait nous dire qu'il est devenu la nouvelle Hbo, à cette différence qu'à l'époque de son règne sans partage, la qualité des programmes d'Hbo (Oz, Six feet under, Sopranos, Wire) était indiscutable. Ce qui est loin d'être le cas de ceux de Showtime, un peu moins bons chaque année.

    Bon dimanche.

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  5. Dis donc, tu sembles t'y connaitre vachement en filles de joie... :)

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  6. Intéressant, ce que dit Bloom. Je n'ai jamais été grand fan de Californication mais c'est vrai que cette saison était affligeante. Voilà des années que je n'avais pas vu une série aussi creuse, vaine, inutile. Californication, en tout cas à l'heure actuelle, est une illustration du néant scénaristique et artistique. Comme vous le dites tous, Duchovny vaut mieux que ça.

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  7. Phénomène de société, Californication ?!! La série n'a jamais atteint un million de spectateurs aux Etats-Unis. Et encore, cette année les audiences ont bien baissé...

    Elle doit surtout son relatif succès au fait qu'elle soit diffusée juste après Dexter (un vrai carton pour sa part) qui la tire comme un gros boulet...

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  8. De toute façon, j'attends que Duchovny remette un pull angora et des talons hauts pour ma part... :-D

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  9. @ Lil : Un phénomène de société n'a rien avoir avec les audiences réelles. Combien de personnes se sont mises à lire Bukowski, après avoir vu cette série ? Quelles sont les ventes de dvd ? Les téléchargements ? Les seules audiences ne disent pas tout.

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  10. Showtime or not Showtime... je me suis posé la question après avoir vu Nurse Jackie, elle aussi hyper surcotée. Si vous ajoutez à ça le fait que je n'aie jamais accroché à Weeds, que j'ai trouvé Queer as Folk assez naze, que L Word est tout de même très inégale et que Dead Like Me est finie depuis un bon moment... il ne reste pas grand-chose de si génial sur Showtime, à part peut-être Les Tudors (bénéfice du doute - puisque je ne l'ai pas vu). Il me semble que la nouvelle HBO serait plutôt AMC avec ses deux chef-d'oeuvres Breaking Bad et surtout Mad Men.

    (oui, je teste l'écriture des coms en gras, ce matin ^^)

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  11. "le nouvel Eldorado pour les séries branchées, trash ou anticonformistes"

    Voilà, exactement. Showtime, c'est très branché, mais loin d'être génial...

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  12. Je reviens à Californication.

    Sans vouloir être provocateur, est-ce que quelqu'un a une idée de comment cette série peut encore avoir du succès après une saison aussi nulle ?

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  13. Moi ce côté film de cul sans les scènes de cul, j'aime beaucoup...

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  14. La saison 2 traine encore sur mon disque dur, "vierge" de mon regard, si je puis dire...

    Alors vu l'engouement pour la S3, je suis pas pressé... et MAD MEN me fait vraiment du pied (surtout grâce à toi, Thom)

    Systool

    PS : Oui, je suis en mode métaphore à connotation sexuelle, ce soir, allez savoir pourquoi... les fêtes de Noël, sans doute...

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  15. Moi aussi. Je crois que c'est parce que le concept de "mère Noël" est assez... ^^

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