Tiens. Un livre découvert sur les blogs. Ça faisait longtemps. Et ça faisait encore plus longtemps que je ne m'en étais pas mêlé. Depuis pas loin d'un an et ma colère sourde après lecture de l'insupportable Chemin des sortilèges, j'avoue un peu honteux avoir cessé de me préoccuper des buzz bloguiens et avoir décidé de me fier plutôt à moi-même qu'aux autres pour choisir mes lectures. Mais voilà : avec moi, les bouderies ne durent jamais bien longtemps. Cette année plus qu'aucune autre, avec une rentrée littéraire dont je ne sais pas trop quoi faire vu que les noms des auteurs me sont moins familiers que précédemment (*).
Ce qui est ironique là-dedans, c'est que celui d'Antoine Laurain ne m'est pas inconnu puisque j'avais lu son précédent livre, Fume et Tue. Que je n'avais pas franchement aimé (je ne l'avais même pas aimé du tout en dépit de qualités stylistiques incontestables, son côté un peu tape-à-l'oeil-regardez-comme-je-suis-original m'avait un peu gavé... je crois que je n'avais même pas été au bout). Pourtant j'y suis allé quand même, à ce Carrefour des nostalgies, car contrairement à une idée reçue que je viens moi-même d'alimenter ci-avant, lorsque tout le monde dit que c'est bien, en général, ç'a quand même de bonnes chances d'être au moins un peu bien (attention : tout le monde sur les blogs, hein... pas tout le monde tout le monde).
Et effectivement... c'est un peu bien. C'est même presque beaucoup bien, si l'on excepte un début un peu long à la détente, qui du coup rend un peu difficile l'exercice du résumé (il contraint à s'avancer trop loin dans le roman - du moins à mon sens). Mais bon, admettons qu'Antoine Laurain n'écrive pas pour les blogueurs souhaitant faire des résumés de ses livres (je ne serais même pas surpris que d'autres le fassent tant nous vivons une drôle d'époque) et à tout prendre, les romans ne pouvant être réduits à des formules demeurent les plus intéressants. Pas de bol, il y a une formule parfaite pour ce texte au titre trompeur (et moqueur ?) : Carrefour des nostalgies, c'est "Place des grands hommes" repris par Beck. On garde la nostalgie, le fantôme du passé, on vire les arrangements tout pourris de Gérard Presgurvic pour les remplacer par une épure intelligente, on injecte une bonne part de vice à l'affaire et on laisse sur le feu jusqu'à ce que la cocotte explose et accouche d'un résultat complètement barré.
La plus grande qualité de ce roman (oui parce que ce n'est pas une chanson, hein) a été maintes fois citées par d'autres, elle n'en demeure pas moins d'une rareté et d'un talent admirable : impossible lorsque l'on commence Carrefour des nostalgies de savoir où l'on va échouer. On démarre avec un homme politique local dégagé aux dernières élections et un peu turlupiné par le spectre de sa jeunesse (et encore, même pas tant que ça)... on se retrouve embarqué d'une histoire enlevée et particulièrement bien menée, dont les strates se superposent délicatement pour mieux s'agglomérer à la fin. Du strict du point de vue technique, Laurain rivalise sans peine avec certains grands du polar (tout en n'en écrivant cependant pas un... oh quoique...), et la fluidité de la narration est réellement impressionnante. Il y a bien quelques passages un poil plus faibles, il n'empêche que le sentiment final reste plus que positif et... bon allez, ok : c'est beaucoup bien. Vendu !
👍👍 Carrefour des nostalgies
Antoine Laurain | Le Passage, 2009
(*) Nan mais j'ai fini par m'en sortir, hein ! Mais cet article date un peu, en réalité, et au moment de la rentrée effectivement, je ne savais vraiment pas quoi lire dans les nouveautés.
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Ce qui est ironique là-dedans, c'est que celui d'Antoine Laurain ne m'est pas inconnu puisque j'avais lu son précédent livre, Fume et Tue. Que je n'avais pas franchement aimé (je ne l'avais même pas aimé du tout en dépit de qualités stylistiques incontestables, son côté un peu tape-à-l'oeil-regardez-comme-je-suis-original m'avait un peu gavé... je crois que je n'avais même pas été au bout). Pourtant j'y suis allé quand même, à ce Carrefour des nostalgies, car contrairement à une idée reçue que je viens moi-même d'alimenter ci-avant, lorsque tout le monde dit que c'est bien, en général, ç'a quand même de bonnes chances d'être au moins un peu bien (attention : tout le monde sur les blogs, hein... pas tout le monde tout le monde).
Et effectivement... c'est un peu bien. C'est même presque beaucoup bien, si l'on excepte un début un peu long à la détente, qui du coup rend un peu difficile l'exercice du résumé (il contraint à s'avancer trop loin dans le roman - du moins à mon sens). Mais bon, admettons qu'Antoine Laurain n'écrive pas pour les blogueurs souhaitant faire des résumés de ses livres (je ne serais même pas surpris que d'autres le fassent tant nous vivons une drôle d'époque) et à tout prendre, les romans ne pouvant être réduits à des formules demeurent les plus intéressants. Pas de bol, il y a une formule parfaite pour ce texte au titre trompeur (et moqueur ?) : Carrefour des nostalgies, c'est "Place des grands hommes" repris par Beck. On garde la nostalgie, le fantôme du passé, on vire les arrangements tout pourris de Gérard Presgurvic pour les remplacer par une épure intelligente, on injecte une bonne part de vice à l'affaire et on laisse sur le feu jusqu'à ce que la cocotte explose et accouche d'un résultat complètement barré.
La plus grande qualité de ce roman (oui parce que ce n'est pas une chanson, hein) a été maintes fois citées par d'autres, elle n'en demeure pas moins d'une rareté et d'un talent admirable : impossible lorsque l'on commence Carrefour des nostalgies de savoir où l'on va échouer. On démarre avec un homme politique local dégagé aux dernières élections et un peu turlupiné par le spectre de sa jeunesse (et encore, même pas tant que ça)... on se retrouve embarqué d'une histoire enlevée et particulièrement bien menée, dont les strates se superposent délicatement pour mieux s'agglomérer à la fin. Du strict du point de vue technique, Laurain rivalise sans peine avec certains grands du polar (tout en n'en écrivant cependant pas un... oh quoique...), et la fluidité de la narration est réellement impressionnante. Il y a bien quelques passages un poil plus faibles, il n'empêche que le sentiment final reste plus que positif et... bon allez, ok : c'est beaucoup bien. Vendu !
👍👍 Carrefour des nostalgies
Antoine Laurain | Le Passage, 2009
(*) Nan mais j'ai fini par m'en sortir, hein ! Mais cet article date un peu, en réalité, et au moment de la rentrée effectivement, je ne savais vraiment pas quoi lire dans les nouveautés.
Que d'avis positifs ! Ca donne envie.
RépondreSupprimerN'est-ce pas ? ^^
RépondreSupprimerLes grands esprits se rencontrent, je viens de terminer mon papier pour Discordance ^^ Contrairement à toi, j'ai moins aimé que Fume et tue (que je trouvais de toutes façons meilleur que Ailleurs si j'y suis), mais ce que j'aime chez Antoine Laurain, c'est son style discrètement sensuel, son écriture élégante et surtout cette capacité de romancier-conteur "comme on en fait plus".
RépondreSupprimerJe ne savais pas qu'il y en avait encore un avant Fume et tue...
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est un sacré conteur, doté d'une capacité rare à "embarquer le lecteur" !
Toutes les blogueuses adorent Antoine Laurain... J'en avais déduit que c'était pour son physique plus que pour ses qualités littéraires (comme je suis mauvaise langue ;-). Mais si toi aussi tu t'y mets... faut voir !
RépondreSupprimerPS : tiens l'odyssée des séries n'est pas terminée :-)
Je ne sais même pas quelle tête il a !...
RépondreSupprimer(PS : oui, comme tu le vois, ça fini ce soir... d'ailleurs tu n'as pas voté, je crois ;-)
Des larmes ? De consternation ?
RépondreSupprimerah bah j'avais bien aimé fume et tue pour son écriture et son côté grinçant - bon c'est vrai que j'ai chez moi les 100 bonnes raisons de continuer à fumer que je n'hésite pas à dégainer à la moindre provocation(je ne fume pas souvent mais je fume si je veux :-)))) et je lirai bien celui-là aussi d'ailleurs (la vidéo de fashion fait des ravages, c'est ça quand on est bien coiffée ;-))
RépondreSupprimerFashion >>> non !!! d'Emotion-avec-un-grand-E !
RépondreSupprimeryueyin >>> c'est vrai que moi avec mes cheveux qui pousse seulement en hauteur, je n'ai aucun espoir :-(
Bizarrement, je n'arrive pas à te prendre au sérieux sur ce coup-là. :)
RépondreSupprimerTu sais si j'avais voulu me payer ta tronche... j'aurais mis le lien de la vidéo :-D
RépondreSupprimerAh, je le savais! :)))
RépondreSupprimerTu es toujours là où je ne t'attends pas ! tu as préféré ce "carrefour" à "fume et tue" !!! en tous les cas, j'aime beaucoup ton billet...
RépondreSupprimerMerci pour le lien!
RépondreSupprimerA présent, je devrais encore lire ceux (ou déjà celui) qu'il a écrit(s) avant "Fume et tue". Ils m'ont l'air assez introuvables, surtout...