mercredi 26 août 2009

Chuck - Victory for the Comic Nerd

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Cela commence comme un plaisir coupable et ça finit comme une véritable addiction. Enfin... pour être exact : ça commence surtout par une fuite à toutes jambes, après avoir entrevu une fois par hasard, un dimanche après-midi sur TF1, Chuck en version française. Un véritable cauchemar : le doublage semblait avaler le second degré ou les dialogues, ne gardant de l'esprit de la série originale que les situations burlesques, le comique visuel... bref : la première couche. Or toute bonne série, a fortiori lorsqu'elle est une comédie, ne fonctionne que grâce à la superposition de plusieurs couches (d'humour, le cas échéant).

Disposées de manière assez schématiques au départ, les strates de Chuck sont assez facilement identifiables (c'est très bien, ça nous fait un cas d'école) : espionnage parodique (couche N°1) + relation sentimentale entre Chuck (l'espion malgré lui, transformé en super-ordinateur par accident) et Sarah (la bombe atomique - dans tous les sens du terme - chargée de sa protection) + satire du monde de l'entreprise (Chuck et son meilleur ami Morgan bossent dans un genre de Darty local nommé The Buy More). A cela il faut ajouter une couche supplémentaire que les scénaristes vont rapidement user jusqu'à la corde : le décalage entre le monde de Chuck et celui d'où surgissent Sarah et Casey (son autre démon-gardien), la planète des gens ordinaires dont le héros V.S. la planète des espions d'où vient sa dulcinée, monde sans foi ni loi où tout n'est la plupart du temps que mensonge et illusion. Double décalage même, puisque bien entendu les proches de Chuck ignorent tout de son secret.

Ceci suffit à remplir une première saison parodiant avec un bonheur évident les Alias, Mission:Impossible, 24 et compagnie, sans véritable arc narratif mais sans non plus qu'on en éprouve vraiment le manque. Le plaisir coupable par excellence : on en picore un petit bout ici ou là, quand on a le temps, qu'on éprouve le besoin de vider la tête... etc. C'est un peu la série qu'on n'a jamais spécialement envie de regarder, mais qu'on retrouve toujours avec plaisir. Jusqu'au moment où les choses basculent. Pour le spectateur comme pour Chuck, son parfait reflet dans le fond : le plaisir coupable devient addiction en même temps que le protagoniste aux airs d'Inspecteur Gadget se pique à ce jeu d'espions auquel il essayait autrefois vainement d'échapper. Chuck a beau répéter inlassablement qu'il aimerait avoir une vie normale, on n'en croit pas un mot : imaginatif, culotté, il se révèle de plus en plus doué pour ses missions de plus en plus compliquées, gagne progressivement le respect et l'amitié de ses deux gardes du corps, pour finalement achever de se révéler à lui-même. C'est que Chuck (et ce paramètre est particulièrement habilement exploité par les scénaristes) n'est pas le premier loser venu : il était un des plus prometteurs étudiants de Stanford avant de s'en faire virer dans des circonstances troubles (explicitées au terme de la première saison). Il est avant tout un type brillant ayant raté la première partie de sa vie, et son goût pour les jeux vidéos, son travail de vendeur ou sa timidité maladive de devenir au fil du temps les véritables couvertures. L'argument est certes des plus classiques ; son traitement est cependant suffisamment malin pour vaincre nos dernières résistances - a fortiori parce qu'au terme de la saison 2007-08 on ne se soupçonnait pas une évolution aussi drastique dès l'année suivante.

En toute logique la seconde saison creuse donc ces thèmes, avec il faut le reconnaître un véritable talent. La seule chose qui manque à Chuck pour en faire une série de tout premier ordre, en fait, c'est le suspens. C'est de parvenir à ce que les intrigues d'espionnages soit moitié aussi captivantes que l'évolution des caractères ou les séquences parodiques (ça n'a rien d'impossible, Buffy le faisant très bien avec le fantastique). Le reste n'a fait que se bonifier au fur et à mesure que les audiences s'effritaient, à commencer par le jeux de comédiens tout à fait excellents (Zachary Levi monté sur ressorts, Yvonne Strahovski jouant à la perfection avec son image de bombe sexuelle, Adam Baldwin faisant son Adam Baldwin, mais en pire). De quoi nourrir quelques regrets face à l'annonce d'une saison 3 morcelée, la chaîne ayant divisé le budget par deux, viré des scénaristes et s'apprêtant à purger le casting...


👍 Chuck (saisons 1 & 2)
créée par Josh Schwartz & Chris Fedak
NBC, 2007-09

6 commentaires:

  1. Ah ! Vous aussi vous aimez Chuck ? Je ne savais pas, mais cela me fait plaisir. Je me reconnais très bien dans votre introduction : on commence par un petit plaisir, et l'on se prend au jeu. C'est vrai que la série gagne énormément en épaisseur, par la suite.

    J'ignorais qu'elle était "menacée", par contre. C'est une mauvaise nouvelle pour mes soirées d'ennui.

    BBB.

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  2. Mon frère avait téléchargé "Chuck", j'étais quelque peu sceptique quant à cette nouvelle série. Je me suis finalement laissée embarquée. Le personnage de "Chuck" m'a bien plu, voire même séduite. J'ai beaucoup apprécié son humour décalé, sa façon d'incarner un peu l'esprit " geek" mais tout en finesse ni prise de tête. Malheureusement, je ne pense pas que le personnage ait réussi à sauver la série. Si dans la saison 1 ; on se laisse tenter au niveau de ce qu'on peut appeler "intrigue" même s'il faut le reconnaitre est c’est un bien grand mot ; on reste néanmoins sur notre faim et on espère quelque chose mais on ne sait pas trop quoi . Ou peut être si, plus d'actions (mais pas des actions se contentant d'un vol d'hélicoptère ou d'une cascade) non plutôt une action entrainant une véritable intrigue et donc du suspense. En revanche j'ai trouvé amusant que Chuck soit un peu le personnage à "protéger" étant donné qu'on lui confie des information secrètes malgré lui , et que Sarah soit la super agent qui a pour mission de le défendre contre tous ses détracteurs . Bien sur Chucki chéri se prend d'amour pour elle. Et elle aussi en pince un peu pour lui mais chuttt , Sarah est une professionnelle et elle serait volontiers partisane du " on ne mélange pas vie professionnelle et vie privée" . Je n'ai pas fini la saison 2 et je suis d'accord pour dire que les personnages gagnent en épaisseur. Mais hélas, je n'ai pas vraiment accroché et me suis lassée. J'ai eu l'impression que les épisodes se ressemblaient que Sarah volait toujours au secours du Chuck "gnangnan», un peu comme Superman pour Lois Lane sauf que la les sexes ont été inversés, victoire de féministe ? Pas si sur, car je me suis prise à vouloir dire secrètement à Chuck " mais p****, fais quelque chose, Sarah ne sera pas toujours la pour toi " . Je me rappelle tout de même d’un épisode ou elle est fière de lui, car le voila ayant accompli des " miracles". Bref, je pense être restée sur ma faim (je le redis une 2ème fois donc c’est que je le ressens vraiment :p) , les personnages pour moi auraient pu évoluer autrement . J'aurais aimé que Chuck sorte un peu du moule " gentil garçon espion sans le vouloir" mais d'un autre coté je reconnais que ça aurait été risqué de le faire évoluer de la sorte. Sarah m'a ennuyée, je me suis même prise à la détester au bout de quelques épisodes, ah mais serais je jalouse ??? Mais non ... Mais le pire reste l'intrigue, quelque chose qui ne passe pas, d’inachevé, des actions qui se répètent où l'on devine la fin. C'est dommage ! Car je vois bien au fond que Chuck n'est pas qu'un looser accro aux jeux vidéo et aux ordinateurs, mais quelqu'un aux potentialités non exploitées. Alor choix délibéré de la part des scénaristes ou erreur de leur part ?

    Je sais n’avoir pas vraiment évoque les autres personnages comme l’autre protecteur de Chuck, ou encore son meilleur ami à « Buymore » ou peut être même la sœur de Chuck que l’on avait déjà vu dans la série « What about Brian » , mais pour moi peu importe c’est de l’esprit de la série que je voulais évoquais sans toutefois oublier les autres personnages , bien évidement !

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  3. est-ce que purger le casting consiste à nous imposer des scènes de lavement?

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  4. BBB. >>> en fait elle a même failli s'arrêter carrément.

    Layla >>> je suis en grande partie d'accord avec ta quasi chronique... à un détail près : je trouve justement que la saison 2 sort du schéma de Chuck le pauv' garçon sauvé par Sarah. Il est de plus en plus souvent le sauveur au fil des épisodes. C'est vrai qu'il réclame souvent son ancienne vie, mais y croit-il lui-même ? Nos interprétations divergent sur ce point. En revanche une chose est sûre : sans vouloir te trahir la fin de la saison (des fois que tu la verrais) il est évident que dans la 3, Chuck ne sera définitivement plus le même petit garçon appelant toujours Sarah à l'aide (je n'en dis pas plus ^^)...

    Arbobo >>> ah ah... non, j'imagine que la purge ce sera de virer tous les geeks qui jouent dans la série, qui ne sont pas assez glamour pour le téléspectateur américain de base :-)

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  5. Chuck est de retour ! ;-)

    Alors, et cette saison 6 de Desperate Housewives, qu'en penses-tu ?
    Je continue de trouver, après 12 épisodes, que, loin d'être excellente, elle relève quand même sacrément le niveau. Très plaisante, en tout cas !

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  6. Oui ! J'ai vu que le petit gars était de retour pour un baroud d'honneur.

    Et j'aurais pu signer mot pour mot ta remarque sur les femmes au foyer désespérées ;-)

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