jeudi 27 août 2009

Diving With Andy - Gourmandises ?

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Quand on voit le nom invraisemblable d’un groupe comme The Pains Of Being Pure At Heart, on se dit qu’il devrait y avoir une ligne dans les lois imposant à tout ensemble de plus de deux personnes souhaitant faire de la musique de s’adonner à un brainstorming d’une semaine avant d’opter pour un nom définitif. C’est vrai ça : qu’y a-t-il de plus important que le nom d’un groupe ? Ou d’un artiste ? Quel aurait été la carrière de Nick Cave s’il s’était appelé Nicolas Pelletier ? Celle des Smiths s’ils s’étaient baptisés The Hungry Boys From Manchester ? Que serait devenue l’histoire de la pop si David Bowie avait continué sa carrière sous le nom de David Jones, ou si Marc Bolan n’avait pas abrégé le nom de Tyrannosaurus Rex ? Pas sûr que Nirvana aurait connu le même succès s’il avait conservé sa première appellation : Fecal Matter.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Tout simplement parce qu’au gré d’une impardonnable faute d’inattention, j’ai été convaincu durant toute ma première journée d’écoute que le groupe que j’étais en train de découvrir se nommait Sugar Sugar (en réalité c’est le titre de l’album). Or non seulement ça ne m’a pas choqué sur le coup… mais en plus cela me semblait-il tout à fait bien choisi, comme nom de groupe. Un parfait résumé du programme musical proposé, de son univers coloré comme du côté acidulé de sa pop.

Évidemment, ça marche tout aussi bien en choisissant Sugar Sugar comme titre d’album, même si c’est quand même plus courant. Il suffit d’écouter le premier titre… c’est à dire "Sugar Sugar" (décidément), pour s’en convaincre. Le genre de titre idéal pour égayer un dimanche matin pluvieux, surtout s’il faut se donner du courage avant de sortir pour aller au marché. Même commentaire puissance dix concernant la piste suivante, vivifiante "You Don’t Have to Cry", charmante à tout point de vue et, pour tout dire : absolument excellente.

« À tout point de vue »… c’est un peu ça le problème, qui transparaît assez rapidement. Si l’on a de toute évidence affaire à un disque intéressant, son côté « bien sous tout rapport » a tendance au bout d’une poignée d’ écoutes à lasser quelque peu. On a beau y revenir, gratter du mieux possible l’épaisse couche de sucre qui l’enveloppe, on peine à y trouver des fêlures — voire tout simplement à être ému. Or cet album ne se veut pas juste une collection de chansons pop revigorantes. Les titres plus langoureux, plus mélancoliques ne manquent pas ("Merry Dance", le björkien "Farewell")… mais ils ne font jamais vraiment mouche. Sugar Sugar séduit définitivement plus par son insouciance que par son âme, par ses chansons les plus légères ("Colour-blind", par exemple, que Rufus Wainwright n’aurait pas reniée) plutôt que par des passages se voulant hypnotiques mais se révélant parfois sinon ennuyeux, du moins anodins.

Le potentiel est bien là, pourtant, et l’aisance mélodique, les qualités instrumentales et vocales, évidentes. Il n’empêche : l’album perd de son attrait chaque fois qu’il s’éloigne de son titre-sujet, pour redevenir une réussite dès que les rythmiques s’emballent un peu et que le côté jazz/lounge repasse au premier plan — façon Elysian Fields jovial ("Kate Weal, Johnny Call & Mr Rose"). Difficile du coup de complètement décrocher… mais pas facile non plus d’être complètement emballé par un disque dont l’ouverture était des plus prometteuses. L’ensemble est un peu trop inégal pour convaincre pleinement ; il n’est cependant pas dénué de charme ni d’intérêt, et mérite qu’on s’y attarde, sans en attendre plus que ce qu’on attendrait d’un bon film de pur divertissement. Ou d’un bonbon acidulé : c’est toujours bon à prendre, mais de là à s’en nourrir…

Ah au fait : le groupe porte le nom de Diving With Andy. Moins évocateur que Sugar Sugar, mais plus joli.


Sugar, Sugar
Diving With Andy | Universal, 2009

14 commentaires:

  1. Un groupe qui porte super bien son nom en effet...
    C'est franchement agréable à la première écoute, puis au bout d'un moment, on se sent quand même pas mal barbouillé.

    Bilan: un titre de ci de là c'est parfait, mais sinon, l'album entier je suis pas sur de pouvoir me le refaire sans somnoler (le classique problème quand on mange trop lourd.)

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  2. je n'ai pas écouté le disque mais les ai vus en concert,
    et je pourrais recopier ce que tu en dis,
    bien sous tout rapport, bien fait mais...
    où est le petit "truc"? le petit "plus"?

    pas trouvé.
    sympa, voire très sympa, mais pas excitant

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  3. N'est-ce pas ?...

    (en tout cas ce sont des génies du packaging :-)

    La chronique date un peu (j'ai dû la publier au printemps sur Culturofil), mais même avec le recul je n'en changerais pas un mot. Album difficile à noter, d'ailleurs, du coup...

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  4. Ton introduction me fait penser à "And you will know us by the trail of the dead", un nom de groupe totalement improbable et tuant à prononcer dans une conversation, mais tellement génial. Heureusement qu'ils n'ont pas fait de séance de brainstorming, eux ! ;-)

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  5. C'est vrai que celui-ci est un genre de sommet insurpassable pour le commun des mortels... :-)

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  6. ya un titre qui passe sur nova (je sais pas le titre), et c'est un peu ça qu'il en ressort. c'est doux mais énervant parce que sans passion ni énergie

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  7. insurpassable...
    ca vaut pas Meanwhile back in communist russia...

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  8. Dahu Clipperton27 août 2009 à 21:18

    Sans oublier Kids Indestructible

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  9. je retourne écouter Sugar...
    ou Zucchero, je ne sais plus

    ou New Fads Automatic Daffodils, à moins que ce ne soit Ned's Atomic Dustbin...

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  10. klak >>> tu sais moi la radio... mais oui, j'ai cru lire que le disque faisait un peu de buzz (faut dire qu'il a été bien "lancé" sur le Net en amont...).

    Lyle >>> désolé mais à côté de l'énaurme, grandiloquent, interminable et incompréhensible And You Will Know Us By The Trail Of Dead je trouve que Meanwhile Back In Communist Russia c'est limite ascétique :-)

    Dahu >>> euh... je ne comprends pas trop ce qu'il a de particulier, ce nom...

    Yosemite >>> mouais, petit joueur tout ça ;-)

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  11. Des bons noms de groupe...

    "Accidental decapitation through masturbation" (sans doute un groupe qui reprend du David Carradine)

    "Gee That’s A Large Beetle I Wonder If It’s Poisonous"

    "A Cat Born In An Oven Isn’t A Cake" (Ca c'est mon petit préféré)

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  12. C'est vrai que le dernier il envoie sévère... :)

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  13. ""Accidental decapitation through masturbation" (sans doute un groupe qui reprend du David Carradine)
    "

    guic voulait parler de reprises des beatles, vous aurez corrigé vous-mêmes ^^

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