dimanche 7 juin 2009

Jarvis Cocker, entre Oscar Wilde et Mister Bean.

...
... et soudain, ça m'a frappé : Jarvis Cocker a quelque chose de Kyle MacLachlan. Voilà pourquoi depuis toujours il me semble sympathique !

Mais soyons sérieux une seconde : y-a-t-il une seule personne présente l'autre soir au Bataclan qui n'ait pas passé un des plus agréables moments de cette saison ? Sans doute même les petites amies des vieux fans de Pulp, traînées sur place à contre-cœur sont-elles rentrées ravies. Probablement même que le plus farouche détracteur de Cocker, s'il avait fait le déplacement, serait reparti enchanté par sa soirée...

Le fait est que la séduction scénique de ce bon vieux Jarvis est sans limite, si tant est que l'on accepte d'emblée qu'un spectacle de l'auteur de 'Common People' sera plus qu'un concert - une performance. Certains arrivent avec des show rodés au rot de bière près. Cocker, lui, passe son temps à improviser, la plupart du temps en racontant n'importe quoi entre les morceaux, et en faisant n'importe quoi pendant. Au point qu'en sortant, on se promet de consacrer un de ces jours un article digne de ce nom à son don pour le mime et à son sens burlesque des plus chapliniens.

Aussi jeudi dernier a-t-il assuré son numéro habituel, quelque part entre Oscar Wilde et Mister Bean (ce qui on en conviendra ratisse large), sans qu'on ait jamais vraiment envie de le faire taire lors de ces interminables speeches, et presque sans qu'on ait envie de lui réclamer un titre de Pulp (ce à quoi il ne cédera pas, sans qu'on sache vraiment pourquoi d'ailleurs - ce n'est pas comme s'il était l'auteur de tous les titres de son ex-groupe). Accompagné d'un groupe carré et discret (il faut dire que Jarvis lui-même prend toute la place), il a pioché nonchalamment dans ses deux albums, baragouiné quelques trucs dans un français approximatif qu'il aura été le premier à déplorer, et assuré en sautillant plus de deux heures de show (avec trois rappels en tout). Comme toutes les stars jouant à domicile (il vit à Paris depuis six ans) il en a fait beaucoup trop, et comme tous les publics de régionaux de l'étape on n'a pas eu l'idée de le lui reprocher. Il était question ce soir-là de générosité, de rencontres impromptues, de spontanéité. L'image la plus évidente pour définir Cocker est sans doute celle d'un type qui n'a ouvert des bières que pour les offrir aux gens du premier rang. Comme à chacun de ses concerts depuis la dissolution de son groupe, on n'était pas venu applaudir une pop-star, mais saluer un vieux pote qui faisait le show en ne manquant pas une seule occasion de nous faire participer - pour un peu on aurait pu confondre le Bataclan avec une salle communale. Certains artistes faussement humbles passent leur temps à remercier le public, voire à clamer qu'ils ne seraient rien sans lui. Jarvis Cocker, lui, préfère le faire sentir. Dire que c'est tout à son honneur serait en dessous de la vérité, tant ce genre d'attitude est devenue rare chez les artistes grand-public.